du Sleswig sous la tyrannie allemande, ou les Finlandais sous la tyrannie moscovite; mais quel mal a donc fait aux Flamands la France actuelle? C'est par elle qu'ils connaissent une langue presque universelle, cette langue si belle qui les met en contact avec les grandes idées, avec les grands courants du monde. Que seraient-ils sans la connaissance du français? Ils seraient relégués à l'égal des peuples les moins favorisés de la terre. Ces gens n'apprécient pas leur bonheur, et leur ingratitude égale leur injustice. Ils s'obstinent étroitement à ne pas vouloir admettre un état de choses né de la force toute puissante des événements et des circonstances. Ils ferment les yeux et les oreilles devant cette réalité incontestable, que la Belgique, aussi bien la Wallonie que la Flandre, est une nation bilingue, et que, par conséquent, la véritable expression de son peuple doit inévitablement se formuler, pour chacune des deux races très différentes qui l'habitent, en deux langues. Tous, Flamands ou Wallons de quelque développement intellectuel, nous devons absolument connaître, et bien connaître, le français. A quoi bon s'épuiser à vouloir remonter un courant si puissant? Que de temps et de forces inutilement perdus! Certes il serait préférable d'être une seule grande race homogène et de ne parler qu'une seule grande langue; mais, puisque nous ne sommes pas cette race, sachons donc au moins profiter des avantages que même cette situation défavorable nous offre.
Voyez l'exemple de la Hollande, dont le développement intellectuel moyen est incontestablement supérieur au nôtre. Les flamingants ne manqueront pas de dire que la Hollande doit cette supériorité à son unité de langage. Je crois, pour ma part, qu'elle provient surtout de ce que les Hollandais, parlant une langue que l'on ne comprend guère en dehors de leur pays, ont énormément gagné à être forcés, sous peine de se trouver isolés dans la vie, d'apprendre les grandes langues véhiculaires du monde. Et, en effet, tout Hollandais de quelque éducation connait, outre sa langue maternelle qu'il ne néglige jamais, l'allemand, l'anglais et le français. Ont-ils pour cela perdu leur caractère, les qualités et les défauts de leur nationalité? Je ne connais pas de peuple qui soit resté plus profondément national que le peuple Hollandais, au milieu