Flamands et Flamingants
La Haye, le 5 février 1897
Monsieur le Directeur de l'Etoile belge,
Permettez-moi de demander l'hospitalité dans les colonnes de votre estimable journal pour un mot d'élucidation concernant mon article Flamingantisme et Flamingants, paru il y a quelques semaines dans un journal hollandais, et dont la traduction française a été lue hier au Sénat, par M. le ministre Bara. Je serai aussi bref que possible, désirant simplement dissiper un malentendu.
La presse flamingante tout entière s'est, à cause de cet article, ruée sur moi avec une véritable rage. Je n'ai évidemment rien à répondre aux écrits injurieux qui ont fait avalanche chez moi ces derniers temps et qui se condamnent d'eux-mêmes au ridicule et au mépris par leur extravagance: je veux uniquement protester contre certaine calomnie et établir certaine distinction, dont l'oubli pourrait engendrer des erreurs.
Les journaux flamingants m'ont accusé d'avoir rempli le rôle d'un traître en écrivant un article contre des gens et contre un mouvement dont, jusqu'alors, j'avais suivi les voies; et, doublement traître, pour l'avoir écrit au moment où, au milieu d'une lutte ardente, se décidait le sort du projet de loi Coremans-De Vriendt, pour les Flamands d'un intérêt vital.
Je constaterai d'abord que tout en étant Flamand de naissance et de caractère, et quoiqu'ayant écrit et écrivant en néerlandais, jamais je ne me suis laissé enrégimenter dans la petite clique sinécurienne, brouillonne et mesquine, que l'on appelle les flamingants. Je constaterai ensuite qu'ayant été en voyage durant plus de deux mois, que, n'habitant plus la Belgique et n'appartenant nulle part à aucun parti politique, j'ignorais absolument l'existence du dit projet de loi au moment où a paru mon article dans le journal hebdomadaire De