Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdDen Haag, 16 oktober 1751J'ai accusé la réception de la lettre de V.A.S. du 14eGa naar voetnoot1). Il me reste à y répondre un peu en détail. J'espère, que la réduction se fera d'une manière, qui réponde au but, qu'on se propose et qu' on l'arrangera, comme il convient au plus grand bien du service. Il y a quelques jours, que le Prince me dit, qu'il avoit remis le plan à V.A.S. et qu'il n'attendoit que votre arrivée pour mettre la main à l'oeuvre; qu'il me communiqueroit les diferens plans; que celui de monsieur Hop est dûrGa naar voetnoot2) et préjudiciable aux intérêts du Prince, puisqu'en le suivant, d'icy à un très grand nombre d'années, S.A. ne pourroit disposer de rien et qu'en ôtant toute possibilité de récompense et toute distribution de grâces, on perdoit un des grands motifs, qui doit animer les officiers à bien faire. Comme je n'ai pas vu le plan je ne suis pas en état de porter aucun jugement. J'ai l'honneur de connoître trop V.A.S. pour n'être pas persuadé, que les raisons, qui l'engagent à rester dans son gouvernement sont solides. Ce que vous me dites, monseigneur, et les commentaires de monsieur CornabéGa naar voetnoot3) m'ont mis au fait. Je suis au désespoir du tableau, que vous me faites et surtout de la situation des esprits à Vienne et particulièrement à votre | |
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égard, monseigneur. Je voudrois bien être éclairci de toutes les sources du mal et des moïens d'y remédier. S'il est impossible dans le moment présent de raccomoder les affaires on peut du moins adoucir les choses et empescher, qu'elles n'empirent. Je ne suis pas tout à fait de l'avis de V.A.S. sur le train, qu'on va prendre. Certaines indications lui font croire, que tout ira, selon les idées, que certaines personnes se forment. Je croi cependant, que le succès ne répondra pas à leur attente. Vous voïés très bien et très clairement, mais vous vous arrêtés trop et trop vivement sur les objets désagréables et vous ne présumés pas assés de vos forces et de celles des bien-intentionnés. Je doisGa naar voetnoot4) vous dire à cette occasion, que dans une conversation, que j'ai eue tête à tête avec le Prince, il m'a dit en propres termes, qu'il est enchanté de votre caractère; que toutes les fois, qu'il voioit V.A.S., son amitié et son affection pour elle augmentoit. Il m'a loué de l'air du monde le plus naturel et le plus pénétré votre mérite, vos talens, votre probité, votre discernement, votre droiture. Je vous assure, monseigneur, que le Prince étoit touché en me tenant ce language et que je l'ai été vivement en l'écoutant. Pareils sentimens devroient produire des effets, qui devroient en être la suite et les conséquences naturelles, je l'avoue, mais parceque cela n'est pas, je ne suis nullement d'avis, qu'il faille jetter le manche après la coignée. Croiés-moi, monseigneur, l'estime, qu'on a pour vous, produira son effet tôt ou tard et vous ferés beaucoup de bien. C'est quelque fois en avoir fait un très considérable, que d'avoir détourné un mal. Je crains, que ma morale ne vous paroisse froide et impertinente. Je sai, qu'au lieu de vous en fatiguer, je devrois aller à votre école. Mais je ne puis m'empescher de le répéter au nom de Dieu: ‘Ne nous décourageons point’. J'acquisce à vos idées. Restés à Bois le duc tant que vous le jugerés convenable. Je ferai tout au monde, pour qu'on vous y laisse, bien persuadé, qu'en cas de nécessité V.A.S. ne refusera pas de se prêter aux prières de ses serviteurs. Je n'ai pas eu occasion depuis la réception de sa lettre de parler à personne sur la durée de son séjour à Bois le duc. Je jetterai incessamment les insinuations nécessaires partout, où je le croirai convenable. L'affaire du canal est encore bien éloignée à ce qu'il me semble. Je rens mille grâces à V.A.S. du mémoire, qu'elle m'a envoié sur ce sujet. Je vais au premier jour examiner cette affaire. Vous savés, qu'il n'y a encore aucunes propositions faites à cet égard. Et nous | |
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n'allons pas vite. Ainsi on aura tout le tems de l'examen et de la réflexion. Je ne ferai au reste aucun usage de ce mémoire, qui servira uniquement à mon information particulière. Je ne prétens pas juger des motifs des Liégeois par raport à ce projet. Je croi, qu'on peut être assuré, qu'ils le désirent, parceque cela convient à leur intérêt. Est-ce le nôtre? Voilà de quoi il est question. Quant à monsieur de BiersetGa naar voetnoot5). Je ne le connois point. Monsieur Cornabé m'a dit, la principale raison pour laquelle V.A.S. le soupçonne de jouer un rôle double en cecy. Ce n'est là cependant qu' une probabilité. En homme, qui aime sa patrie et qui désire la réussite d'une chose, qui tend à l'avantage de cette patrie, il a pu faire usage d'un argument très propre à faire effet sur le Prince dans les dispositions, où sont les choses. J'avoue, que cela n'est pas délicat de la part de quelqu'un, qui marque de l'attachement au prince Charles, mais un Liégois peut être dispensé d'une grande délicatesse. Ce que V.A.S. me dit de la chaussée de communication de la FranceGa naar voetnoot6) au paîs de Liège me paroît de la dernière importance. La facilité du transport de la grosse artillerie par ce moïen à travers du Coudron et celle, qu'ils auront de commencer en cas de troubles par le siège de Maestricht, laissant Namur en arrière, méritent bien de l'attention. C'est cependant là un mal auquel je ne sai aucun rémède. Non monseigneur, il n'y a point de guerre déclairée entre B.Ga naar voetnoot7) et le Prince, mais les esprits sont à peu près dans les mêmes dispositions. Les dehors s'observent avec assés de décence. On ne parle plus de rien, n'y paroît guères qu'aux conférences. De prévoir ou cela pourroit nous conduire, la chose n'est pas possible. Il faudroit écrire un volume pour entrer dans les détails, cela ne se peut. Il y a eu une petite scène entre B.Ga naar voetnoot8) et Hop. Le premier a demandé à | |
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l'autre, ce qu'on avoit fait à MaestrichtGa naar voetnoot9); ou en étoit la réduction? Hop a répondû, que ce n'étoit pas encore un objet de délibération des collèges, et dit, qu'il lui demandoit la communication de tout aiant droit de les lui demander. Hop en est convenû, mais a dit, que dans ce cas il prioit de le lui faire ordonner par le Prince ou bien que lui-même en demanderoit la permission. On s'est arrêté à la dernière idée. Juges, si Hop rit sous cape et à quoi tout cela aboutira. Je vous envoïe cy-joint sous le sceau du secret un papier, que je vous prie de lire avec attention et d'examiner les considérations, que j'ai mis au bas. J'abandonne à la prudence de V.A.S., si elle juge pouvoir faire usage de mon idée, mais au nom de Dieu, que celui dont il est question ne sache jamais la démarche, que j'ai faite et qui part d'un coeur rempli d'amitié et d'estime pour lui. |
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