Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdDen Haag, 28 september 1751(Dankbetuiging). J'accuse d'abord la réception de vos gracieuses lettres du 21e, 22e, deux du 26e septembre et celle, qui accompagnoit la lettre de monsieur WilliamsGa naar voetnoot1), que j'ai communiqué à monsieur Roon, qui ne me l'a pas encore renvoié. Monsieur de Roon est arrivé icy dimanche au soirGa naar voetnoot2). Nous avons souppé tête-à-tête chés moi. Il n'a pas parû hier à la conférence, mais il a fait ensuite sa cour à S.A.R. Je ne le trouve changé en rien. Permettés-moi, monseigneur, de vous répondre par articles à vos lettres et de suivre l'ordre de cronologie, au risque de vous donner de l'ennuie et de me trouver dans le cas de reprendre plusieurs fois les mêmes objets, à mesure, que V.A.S. en parle. Je suis charmé, que V.A.S. aïe reçu ma lettre du 15e par monsieur le général Cornabé. Si la chose dépendoit de moi j'aurois assurément l'honneur d'écrire plus en détail et plus fréquemment, mais pour dire la vérité, je suis tellement accablé d'expéditions et de travail, que j'ai grande peine à y fournir. Il est certain, qu'on ne peut rien faire de plus au sujet de l'affaire de Namur, depuis | |
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que les gens sont remis au magistrat du lieu, qu'après le retour du Prince icy et après le rapport de monsieur Wybo, qui à cause de cette absence devoit traîner, car il n'aura pas eu ordre de donner son avis à d'autre, qu'au Prince. Quant au grand mémoire des griefs, il a été communiqué à monsieur HopGa naar voetnoot3), qui déjà a témoigné à S.A.R., qu'il en est scandalisé et indigné. On fera malgré tout cela du mieux possible, comptés là-dessus. Je n'ai pû encore en parler à monsieur de Roon. Connoissant, comme je le fais, la manière de penser des cours alliés, je ne suis nullement surpris que les bruitsGa naar voetnoot4), qu'on a répandu chés vous, aïent frappé le prince de Lichtenstein. Qu'entend-on de grâce par cette phrase: messieurs de Bentinck abandonnent la partie. Ils peuvent être plus ou moins dans la faveur, avoir plus ou moins la confiance intime, mais ils ne peuvent perdre leur influence. C'est ce que V.A.S. aura sans doute réprésenté au Prince de Lichtenstein pour empescher l'effet des jugemens déplacés. Il peut y avoir des mécontentemens personnels, mais le sistème se soutiendra, quoi qu'il arrive. J'ai, je vous l'avoue, monseigneur, assés grande idée de l'Impératrice Reine, pour que toutes sortes de bruits ne feront point d'impression sur elle. Elle doit penser en grand. Si elle le fait je ne crains et je n'appréhende point les bavarderies. La manière, dont V.A.S. pense pour l'ami Charles est digne d'elle. Je ne fais qu'une remarque sur ce sujet. A sa place je ne me confinerois pas en Overijssel par humeur, mais par raison. Je n'admets jamais l'humeur, je la pardonne. Vous craignés, monseigneur, que monsieur de Rhoon nous échappe sans Charles, mais, de grâces, abandonnons quelque chose à la providence. On sentira peutêtre l'utilité de la présence de Charles, on la désirera alors et c'est l'unique moïen de rémédier à certaines inconvéniens. C'est le seul, qui puisse faire honneur à Charles et la gloire de mes amis m'intéresse plus que la mienne. Je suis bien aise, que le mépris aïe suivi de si près le dépit de V.A.S. contre les mauvais propos de monsieur de Bartenstein. Vous avés prévu des dificultés en entrant dans la carrière, où vous | |
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êtes entré et en envisageant ces difficultés de plus près en seriésvous étonné? Non, monseigneur, je ne crains rien de tel de votre part. Vous pouvés avoir des peines et des dégouts, vous ne perdrés pas courage et quand vous me l'accuseriés, je n'en croirois rien. Vous devés être et vous serés une des principales colomnes pour le soutien des affaires de ce païs. Je l'ai jugé avant de vous connoître, très assurément. Je ne changerai pas d'avis, depuis que j'ai le bonheur de vous approcher; depuis que je puis de droit ajouter à ma vénération pour V.A.S. ces sentimens de confiance et du plus sincère attachement. Je vous assure, que les choses iront mieux, que vous ne pensés. Nos vuës sont pures, les moyens, que nous employons, honêtes; la providence les bénira. V.A.S. semble se défier de cette providence et d'elle-même. Au nom de Dieu, ne vous laissés pas aller à ces dispositions d'abbattement. Où en serons-nous avec un pareil découragement? Vous ne voiés, qu'une abyme de confusion et je vous vois. Cela me rassure. Vous voulés vous arrêter à BoisleducGa naar voetnoot5), je ne fais aucune représentation contre cette idée, mais je crois, pour de très fortes raisons, qu'il conviendroit, que V.A.S. parût icy auparavant, ne fût ce que pour quelques jours. Il ne m'est pas mal aisé de sentir, que le théatre où vous figurés actuellement ne vous convient guères. Je ne suis pas surpris, monseigneur, de ce que vous me dites de HGa naar voetnoot6). Il doit être animé contre monsieur Br., dont la conduite est inexcusable. H. devroit être plus sage, mais où sont ceux, qui se conduisent ainsi? Les confidences faites à H. touchant l'histoire de H. me font saigner le coeur. Je ne sai aucun remède à pareils inconvéniens. Cela me fait souffrir, mais cela encore ne me décourage point. Les confidences faites à L. sur la conduite des Altesses est de plus de conséquence, mais à cela encore il faudra chercher du remède et faire l'usage de quelqu'antidote. J'y mettrai ma portion, quand L. sera à La Haïe. Je ne parle pas de l'affaire de Saxe. V.A.S. a tout vû par le protocolle, par le traité même et par les pièces justificatives. J'ai peine à croire, malgré les singularités des couches de la dauphine, que cela fasse jamais un second tome du prétendant. Mille grâces très humbles du portrait du prince d'Orange. Je suplie V.A.S. de m'en faire acheter encore trois ou quatre. C'est une chose à conserver. | |
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Je porterai demain à S.A.R. la lettre de monsieur Williams à V.A.S., sans la produire à la conférence. Aussi bien ne contientelle rien de fort intéressant. Il voudroit être étayé; voilà tout ce que j'y vois. Les particularités des affaires de SuissesGa naar voetnoot7) sont contenues dans une lettre du général-major EscherGa naar voetnoot8) à moi comme V.A.S. l'aura vu dans le protocole. Je jugerai de la conversation courte et singulière de V.A.S. avec HnGa naar voetnoot9) quand j'en saurai les particularités. Je ne doute point, que V.A.S. n'aïe dit un mot au prince de Lichtenstein pour le prévenir, sans quoi je serois embarassé avec lui. Quant à la lettre de Gronsfeld, qui intrigue V.A.S., je ne doute pas, qu'elle ne vous aïe été montrée. Je l'ai vu. Je remets les détails jusqu'au moment de l'entrevüe. Au retour il faudra bien, que les raisons de l'entrevue avec B.Ga naar voetnoot10) se sachent. Je n'en suis pas fort curieux, parceque je croi, que cela ne fera pas grand mal. Mon sentiment particulier sur l'affaire de Saxe est, que Williams et CalkoenGa naar voetnoot11) devoient opter entre conclure ainsi ou ne point conclure du tout. Ils ont pris le premier parti; ils ont bien fait. Je ne m'étendrai pas d'avantage sur ce sujet. Lisés, je vous prie, avec attention le protocole de hier, vous y verrés plusieurs choses et anecdotes curieuses. Que ne donnerois-je pas pour avoir le bonheur de vous entretenir quelques heures! Mais de grâces, point de spleen. Je punirois bien notre ami Cornabé si j'étois à portée de le gronder. Il m'est impossible de répéter ce que j'ai écrit au Prince. Ce sont des livres. Sans y penser ma lettre en devient un. Pardonnés-le-moi. |
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