Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdLonden, 13/24 mei 1751Ga naar voetnoot1)Ma dernière lettre étoit écrite un peu à la hâte et V.A.S. s'en sera bien aperçue. Depuis j'ai eu le tems de penser au contenu de | |
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la lettre de l'impératrice au prince d'OrangeGa naar voetnoot2), aussi bien qu'à ce qui fait l'objet du rescriptGa naar voetnoot3), que monsieur de Reischach a reçu. Pour ce qui regarde la lettre de l'impératrice il est certain, que la lettre est vive, mais il faut aussi considérer sur quelles suppositions l'impératrice raisonne et dans ces suppositions je ne trouve pas la vivacité excessive, parceque la matière est d'une très grande importance en elle-même et pour ses suites. D'un autre côté il faut considérer, que c'est une lettre écrite au prince d'Orange et que si elle est vive elle est pourtant amiable, puisque l'impératrice y dit, qu'elle préfère cette voye à celle de faire la demande par un mémoire présenté aux Etats Généraux pour ne donner point d'occasion a des brouilleries. A quoi l'impératrice ajoute une réflexion très sage. C'est que si ses intérêts à elle en souffroient, ceux du prince d'Orange en souffriroient d'avantage. De sorte que je ne vois absolument rien dans la lettre, dont le prince d'Orange doive se faire de la peine, moins encore en être choqué. Du reste quant au fond de l'affaire je n'en suis pas informé. La méthode de traiter les affaires a été jusques à présent si irrégulière et si peu conforme à ce qui devoit être pour être bien, qu'il est impossible à ceux, qui ne sont informés que par pièces et par morceaux de donner aucun conseil sensé au Prince. Cette affaire-ci est une affaire militaire et étrangère en même tems. On l'a traitée comme une affaire purement militaire et ceux, qui ont depuis quelque tems été consultés sur les affaires étrangèresGa naar voetnoot4), n'en ont rien su. Comme affaire militaire elle auroit dû être communiquée à V.A.S. et concertée et arrangée avec elle. Et si le prince d'Orange agissoit en conformité de ce qui a été arrêté avant que V.A.S. a été priée d'entrer au service de la République et suivoit le pied sur lequel il vous a demandé à l'impératrice et sur lequel il vous a prié de venir, vous aurez dû, monseigneur, avoir été consulté dans ce double point de vue, considérant l'affaire comme militaire et comme étrangère. Si au lieu de cela le prince d'Orange a consulté ou a laissé agir de leur chef des gens, qui ont mal à propos et contre toute bonne politique gâté l'affaire et embarqué la République dans un mauvais pas, c'est au prince d'Orange à le réparer et à faire sentir à ces gens combien il a raison d'en être mécontent. J'attens avec grande impatience de savoir quel parti il aura pris sur cette | |
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lettre et si le Prince y aura répondu ou non et de quelle façonGa naar voetnoot5). Pour moi j'ai toujours désapprouvé le tour d'esprit dans lequel on traite chez nous les affaires avec la cour de Vienne et particulièrement celles des Païs-Bas. Mais malheureusement pour les affaires j'ai trouvé, que par un effet des menées de Gronsfeld, De Back, Haren etc. pendant mon absence, le Prince et la Princesse étoient si fort prévenus contre tout ce qui venoit de moi, qu'on n'a pas donné la moindre attention à ce que j'ai dit sur cette matière depuis mon retour quoique je fusse plus en état que personne de juger de ce qu'il faloit faire et de la méthode la plus probable de réussir. Aussi l'affaire de la barrière est-elle restée au croc et il y a une année de perdue. Quant à ce qui regarde les ordres, que monsieur de Reischach a de faire des représentations à V.A.S., je ne vois pas, que cela doive le moins du monde vous embarrasser. Il est vrai, que cela peut donner occasion à une éclaircissement ou à un éclat. Mais en ce cas, monseigneur, ce n'est pas vous, qui y donnés occasion et non seulement vous mettez tout à fait à couvert de tout reproche de la part de l'impératrice, mais elle doit rendre justice à votre prudence et à la modération avec laquelle vous vous êtes conduit jusqu'à présent. Il est vrai, que cela doit changer et ne peut plus durer sur le pied présent. C'est de quoi nous sommes déjà convenus et sur quoi nous devons prendre un parti final sans perte de tems à mon retour, que je hâterai le plus, qu'il me sera possible. Pour ce qui me regarde, moi, si monsieur de Reischach m'en parle, je lui dirai tout net, que le Prince d'Orange ni personne ne m'a jamais parlé d'aucune affaire relative aux Païs-Bas et je désapprouve absolument tous les conseils violents donnés au Prince et tous les moyens violents, qui ont été mis en oeuvre. Non seulement je lui permettrai, mais je lui prierai de l'écrire tout net à sa cour. Il est bien plus facile encore à V.A.S. de prévenir les mauvaises impressions, que cette affaire pourroit occasionner à Vienne touchant votre personne et d'en empêcher les effects. J'entens fort bien ce que V.A.S. me dit touchant ceux, qui voudroient mettre le stadhoudérat sous la protection de la France. Ce sont les mêmes, qui disent, que le prince d'Orange doit être bien avec le roi de France pour pouvoir montrer les dents au roi d'AngleterreGa naar voetnoot6). C'est Gronsfeld. Je suis très mortifié du chagrin, que ceci vous cause. Mais vous avez rien à vous reprocher, car je défie, qui que ce soit, de trouver | |
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rien à mordre sur votre conduite. Et votre réputation est si établie, que le public décidera en votre faveur. Il faut enfin, que tout ceci finisse. Et de quelque façon cela tourne, soit que les affaires changent en mieux et que vous restiéz ou que vous soyez obligé de quitter la partie, cela vous fera toujours honneur et vous justifiera. Il est vrai, que le prince d'Orange en souffrira. Mais ce ne sera pas votre faute. Ce ne sera pas la mienne non plus, car j'ai assez souvent averti le Prince et la Princesse des mauvaises conséquences, qui devoient suivre, si on ne vouloit pas suivre un autre route. J'espère, que Larrey m'informera au net de tout ce qui s'est passé dans cette affaireGa naar voetnoot7). J'en dirai pas un mot à RichecourGa naar voetnoot8), à moins qu'il ne m'en parle le premier et alors je ménagerai votre nom. J'écris celle-ci d'avance, lundi-matin, parceque demain je dois aller avec mylord Anson à bord du capitaine Rodney avec qui mon fils doit aller en mer. Il doit mettre à la voile dimanche prochain. Je donne à ceci la plus sérieuse attention, par tendresse et par affection, mais aussi par devoir, ne sachant pas de meilleure méthode pour faire comprendre à mon fils, ce qu'il me doit, qu'en m'acquittant avec la plus scrupuleuse exactitude de ce que je lui dois. Je serai de retour en ville demain au soir. Le reste de la semaine jusqu'au départ final du vaisseau je demeure en ville. Après cela je compte d'aller dans la province de Norfolk où j'ai des terres, que je dois voir et y établir quelque ordre. Cela me prendra en tout huit jours au bout desquels je serai de retour ici. Et j'espère d'avoir après cela bientôt fini ce que j'ai à faire de plus ici, de repartir et d'être de retour avant la fin du terme, que je m'étois préscrit à mon départ de La Haye. Je n'ai pas encore vu le duc de Newcastle en particulier, ni eu aucune conversation sérieuse ni suivie avec lui. Toute la semaine passée a été occupée par l'affaire de la régence. Il me paroît extraordinaire qu'un ministère soit totalement occupé d'une affaire domestique au point à devoir laisser traîner toute autre pendant des semaines, mais quand on voit avec quels singuliers personnages ils ont à faire et que l'on considère l'importance de l'établissement d'une régence, pour laquelle il n'y avoit rien de pourvu par l'acte de succession ni par aucune loi, l'on ne peut pas s'étonner, que l'on y donne non seulement de l'attention, mais aussi du tems requis pour faire la chose bien. | |
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Je compte de voir aujourd'hui le duc de Newcastle un peu plus à loisir. Je réserve à mon retour à particulariser sur les personnes et sur les affaires d'ici, sur lesquelles je n'ai pas encore finalement déterminé mon jugement. Mais je puis déjà d'avance dire comme mon opinion, que le parti du duc de Newcastle prévaudra et l'emportera sur Bedford, Sandwich etc. Cela est encore dans une espèce de balancement. Il y a actuellement vacants les postes de grand ecuier, de premier gentilhomme de la chambre et de président du conseil, qui seront d'un grand secours pour la formation des arrangements. Et je ne doute pas, que le duc de Newcastle ne fasse tout son possible pour faire entrer dans le ministère ou dans les postes mentionnés ci-dessus des personnes, qui par leur poids et par leur crédit soutiendront non seulement son crédit national (à lui), mais aussi son système pour les affaires générales de l'Europe. En ce cas nous gagnerons. Je profitai de chaque circonstance pour l'avancement de ce système. Mais je ne dois rien gâter par aucune précipitation. Et la méthode, que je me suis prescrite est de demander comment on doit faire et sur quoi compter, afin de savoir comment je me puis et dois conduire. C'est la meilleure manière avec lui. Elle me mène au but et ne commet personne. Je n'en puis guères même employer d'autre, car je ne puis parler au nom de personne. |
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