Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermd13 mei 1751J'allai entre onze et midi au Cockpit attendre le duc de Newcastle, qui revenoit de Clairmont. Il me dit, que nous prendrions notre tems pour parler d'affaires et qu'il avoit en attendent donné ordre que l'on préparât pour moi une copie de toute la correspondance en SaxeGa naar voetnoot1). Je lui dis, que Holdernesse m'avoit déjà montré | |
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les dernières lettres, par lesquelles j'avois vu l'état de la question et que je le pouvois assurer, que la République ne prendroit aucun engagement, ni n'entreroit dans aucune mesure simplement électorale et qu'elle ne payeroit plus la moitié au grand jamais, de sorte que si ces deux points n'étoient pas préalablement ajustés, il étoit inutile de penser à rien faire du tout avec nous. Le duc prit cela fort tranquillement et me dit, qu'il faudroit voir comment surmonter ces difficultés; qu'il étoit toujours dans le système, mais qu'il avoit à combattre ses meilleurs amis; qu'il étoit en tout bien avec son frère pour l'intérieur, mais que d'abord qu'il s'agissoit d'affaires étrangères ils étoient à couteaux tirés (by the ears). Il me dit aussi, que le roi ne vouloit pas entendre parler de donner de l'argent; que l'autre jour le roi lui avoit parlé de la supériorité, que la France gagnoit dans l'empire et que lui (duc de Newcastle) ayant pris cette occasion de dire, qu'il faloit en cela imiter la France, dont S.M. louoit la prudence, le roi s'étoit tout d'un coup mis à pester contre les princes allemandsGa naar voetnoot2). Je lui dis, qu'avant de partir d'ici, je devois pourtant savoir où j'en étois, parceque ne vouloir pas contribuer au continent c'étoit l'abandonner; que si on le vouloit abandonner ici, on me le devroit dire, afin que je me n'exposasse pas à être sifflé en soutenant un système insoutenable; que d'un autre côté je ne savois chanter qu'une seule chanson et que j'aimois mieux me taire et me retirer, que d'être obligé de changer de système ou de soutenir un parti mitoyen, que je regardois comme la ruine de tout; que si on perdoit l'empire on perdroit la République, et que je priois qu'on m'en avertit à tems pour prendre les mesures à l'avenant. Le duc de Newcastle me dit, que j'avois la plus grande raison du monde, qu'il dit, qu'il avoit représenté cent et cent fois au roi et à ses collègues précisement sous ce point de vue et me dit, qu'il tâcheroit de me donner quelque réponse avant mon départ. Je lui dis, que je serois charmé de savoir où nous en étions, mais que je lui devois dire et répéter, que je ne m'étois chargé d'aucun message en Hollande, ni n'en prendrois d'ici; que je tâcheroit de voir clair ici et que je ne dirois en Hollande que ma propre opinion et mon propre jugement. Il me dit, que j'avois raison, que c'étoit tant mieux et que l'on | |
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auroit ici plus d'égard pour mon opinion, qu'on ne l'auroit pour ce qui viendroit du prince d'Orange, qui n'avoit pas de système fixe, que le moindre incident dérangeoit et qui oublioit ce qu'il avoit lui-même dit, lorsqu'il s'agissoit de l'exécuter, comme il avoit fait dernièrement à l'occasion de ce qu'il avoit été convenu en ma présence à LooGa naar voetnoot3). Je lui dis, que le Prince y revenoit pourtant. Il me dit, qu'oui, mais qu'il l'avoit totalement mis à quartier. Il me dit aussi que l'on avoit perdu Cologne pour 10 milleGa naar voetnoot4) et que nonobstant la fausseté de WredeGa naar voetnoot5) il étoit sûr, qu'on auroit pu avoir le Palatin pour 40 mille, si on s'y étoit pris bien à tems; que l'élection étoit une affaire très populaire; qu'on avoit très fort gouté et approuvé ce qui avoit fait l'été passé et que depuis que Cologne avoit été perdu, on se moquoit de tout ce qui s'étoit fait comme une duperie; que l'on disoit, que tout ce que l'on faisoit en Allemagne, étoit à pure perte et argent jetté et que la France viendroit toujours à la traverse avec plus d'argent et romproit tout. Et nous convînmes que nonobstant tout ce ...Ga naar voetnoot6) là, nous devions voir ensemble ce qu'il y auroit à faire pour en venir à bout. Il paroissoit très content et de très bonne humeur de n'avoir pour plaider pour lui. Et la conversation étant tombée sur les personnes, je lui demandai comment il étoit avec Bedford et Sandwich. Il me dit: ‘mal’ et avec Sandwich sur aucun pied, qu'ils ne se parloient point et n'avoient plus rien à démêler ensemble. Je lui dis, que me trouvant ici sans aucune affaire publique et simplement comme particulier, je ne me mêlois de rien de leurs | |
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affaires et que je croyois devoir voir et vivre avec tous ceux, que je connoissois. Il dit, que j'avois raison. Je lui demandai comment il étoit avec Anson. Il dit: ‘parfaitement bien’; qu'Anson étoit son grand ami. Je lui demandai comment avec Granville. Il me dit: ‘parfaitement’. Je lui demandai, si je pouvois parler d'affaires avec lui. Il me dit, qu'il m'en prioit très fort; que Granville étoit entièrement dans notre système et que je pouvois lui tout dire sur les affaires étrangères; que sur l'intérieur je n'avois que faire de lui parler. Mais du reste tout; que Granville devoit certainement être ménagé; qu'il pouvoit être fort utile. N.B. J'étois convenu avec mylord Berkeley; que je ferois cette demande touchant Granville. Dans la même conversation le duc de Newcastle me demanda comment j'étois avec la Princesse. Je lui dis: ‘Comme toujours’. Je lui demandai comment il étoit lui. Il me dit, qu'il n'en savoit rien, mais qu'il la ménageoit, parcequ'on a besoin d'elle. Je lui dis, que la Princesse travailloit à diminuer mon crédit en Hollande et que je savois, qu'elle faisoit la même chose ici et qu'elle avoit fait des démarches très fortes pour cela et même des offres pour aller en avant avec l'Angleterre, pourvu que ce fût sans moi et sans Charles. Le duc de Newcastle se mit à rire et repondit seulement: ‘Yes, but that won't do’. (Oui, mais elle ne réussira pas). Je dinai le même lundi 13 may chez Sandwich avec Holdernesse, RodneyGa naar voetnoot7), PrettonGa naar voetnoot8), lady AncramGa naar voetnoot9) et du reste en famille. Sandwich alloit en venoit et avoit l'air assez agité avant le dîner. A dîner fort gai. Après dîner il me tira apart, me demanda ce que je pensois de tout ce que je voyois, me parla sérieusement du désagrément de la situation, mal avec Newcastle depuis le différend à Aix la ChapelleGa naar voetnoot10). (Je l'interrompis pour lui dire, que ce n'étoit pas d'Aix, mais de NestelroyGa naar voetnoot11), qu'il faloit dater la brouillerie; que je le lui avois prédit alors dès le jour-même et qu'il en voyoit l'effet. Il en convint). Il plaignit à moi, que le duc de Bedford, qui étoit | |
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son ami, manquoit de talents pour soutenir un parti et ne savoit ni profiter de son poids réel, ni le faire valoir; que lui Sandwich pensoit sérieusement à se retirer non par choix, mais par nécessité, ne sachant pas, s'il pouvoit maintenir son terrein; que monsieur Pelham avec qui il étoit bienGa naar voetnoot12), lui avoit témoigné être content de tout ce qui s'étoit fait à Aix, excepté d'un seul papierGa naar voetnoot13) par moi et envoyé par Sandwich où l'état de la question étoit si clairement constaté sur le point, qui faisoit alors la différence entre le duc de Newcastle d'un côté et Sandwich et moi de l'autre; que le duc de Newcastle devenoit par là responsable de l'événement en cas que la négociation eut mal tourné et que c'étoit ce qui avoit fait de la peine non seulement à Newcastle, mais aussi à Pelham, qui ne pouvoit que s'intéresser pour son frère, quoique du reste monsieur Pelham convint parfaitement des principes sur lesquels la négociation à Aix a été poussé et terminée par préférence aux principes à ceux, que le duc de Newcastle a suivis. (Volgt een opmerking over Sandwich en Newcastle) que ce qui avoit indisposé le duc de Newcastle étoit, que lui Sandwich s'étoit attaché au ducGa naar voetnoot14) et à la princesse Amélie et que la jalousie de Newcastle les avoit brouillés. Sur le total je vois, qu'ils sont irréparablement brouillés et que si Newcastle ne peut pas venir à bout de mettre Sandwich et les siens hors d'emploi, Sandwich le harassera de façon qu'il sera obligé de quitter ou s'il reste, de rester sans crédit et sans honneur. J'ai depuis appris, que Sandwich ne garde aucun ménagement dans ses discours et condamne publiquement les mesures de Newcastle et du chancelier. Allant avec Sandwich en bâteau à Vaux Hall il m'a parlé en anglois devant les bateliers contre le bill de la régence et puis en riant ajouta: ‘Mais j'ai voté pour’. Après quoi la conversation étant tombé sur H. FoxGa naar voetnoot15) il m'en a dit beaucoup de bien. (A Aix il m'en a parlé comme d'un homme très dangereux, d'un très mauvais sujet et avoit en ma présence et chez moi concerté avec AnsonGa naar voetnoot16), ce qu'il faloit dire au duc de Newcastle alors pour l'empêcher de prendre des mesures avec Fox et de le laisser monter plus haut dans le ministère). Mais je le laissai dire sans le faire souvenir d'Aix. |
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