Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermd
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3 mei 1751Arrivé à Londres à quatre heures après-midi. J'appris le même soir, que (L.L.) le duc de BedfordGa naar voetnoot1) n'avoit eu aucune conoissance préalable de tous les arrangements pour former la régence en cas que le roi vint à mourir durant la minorité du prince de GallesGa naar voetnoot2); que le mardi ou le mercredi auparavant le chancelierGa naar voetnoot3) avoit été chez le duc de Bedford pour lui communiquer les arrangements arrêtés et résolus et lui avoit fait une espèce d'excuse de ce que l'on étoit allé si fort en avant dans le cabinet pendant que lui, duc de Bedford, étoit retenu par un rhumatisme à la maison. A quoi le duc de Bedford avoit répondu fort poliment, qu'il étoit fort content des arrangements pris et qu'il les approuvoit beaucoup sans témoigner aucun mécontentement de ce qu'il n'avoit pas été consulté. Il est à noter, que le duc de Bedford (selon qu'on m'a représenté la chose) ayant entendu annoncer le chancelier, avoit crû, qu'il venoit de la part du roi lui redemander les seauxGa naar voetnoot4) et le chancelier de son côté avoit cru, que le duc de Bedford ne se payeroit pas de l'excuse du rhumatisme et renverroit les seaux, de sorte qu'ils s'étoient trompés tous deux. | |
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4 mei 1751Je fus informé qu'il y a (L.B.) quelque tems que la Princesse Royale fit faire ici des propositions et des offres d'engager le prince d'Orange a faire tout ce que l'Angleterre souhaiteroit, et à entrer dans toutes les mesures que l'on voudroit, pourvu que le ministère voulut rompre toute correspondance avec moi, et avec mon frère, mais surtout avec moi. Celui qui me dit la chose ne pouvoit pas bien se remettre la date précise à laquelle fixer le tems de cette proposition, qu'il m'a assuré savoir très bien et de très bon lieu. Mais il se remettoit pourtant que c'étoit quelques semaines avant la maladie de ma mère. De sorte que cela doit être arrivé à peu près en janvier de l'année courante. Il me dit que la proposition avoit été rejetée ici sur le champ avec hauteur et mécontentement très marqué. | |
5 mei 1751('s Avonds om zes uur een onderhoud met de prinsessen Amélie en Carolina). La conversation dura de trois jusques à près de huit heures. Le matin du même jour je fus à la cour, où je fus, d'abord que le roi fut retiré, accosté par mylord Sandwich, puis par la princesse Amélie et puis par le duc de Cumberland. La façon, dont la conversation s'enfourna et dont la Princesse se joignit à celle de Sandwich et puis le duc à celle des deux me parut fort marquée. Le duc me dit, qu'il vouloit, que je le vinsse voir à Windsor. Sandwich, après que tout fut retiré, voulut entrer avec moi en conversation, mais je la détournai lui disant, que j'étois ici pour mes affaires et que je serois spectateur et auditeur; du reste rien. Mais il témoigna beaucoup d'empressement de me voir chez lui. Du reste la conversation fut fort gaie et badine. Et tout en riant Sandwich me dit, que tout le monde étoit fou ici et que je les trouverois tous tels, qu'ils ne tenoient pas ensemble et qu'on ne savoit où on étoit. Je lui dis, que cela étoit bon et qu'en attendant, qu'ils s'arrangeassent entre eux; ils avoient apparemment pris leurs précautions pour que la terre ne tournât pas sur son axe. Il dit qu'oui. Moi: que j'en étois très charmé, parceque de cette façon ils avoient du tems de reste et rien ne pressoit pour le dehors. La conversation finit peu à peu sans devenir sérieuse. | |
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6 mei 1751Je fus au lever du roi. Etant resté dans la première antichambre j'y reçus par un page un message de mylord Holdernesse, qui étoit de service chez le roi leGa naar voetnoot5) priant d'entrer dans la chambre suivante, où je trouvai le duc de Newcastle. (J'avois été le samedi matin chez lui, mais comme c'étoit le jour, qu'il alloit à Clermont, je fus renvoyé par le message général, qu'il y avoit à la porte. Et le duc de Newcastel n'etant revenu que ce matin-là, je ne l'avois pas encore vu). Il me fit beaucoup d'amitiés, me demanda, si j'avois vu le roi en particulier. Je lui dis que non, ni ne le verrois à moins, qu'il n'y eut quelque raison, n'ayant rien à dire et n'étant chargé, ni n'ayant voulu me charger de rien, de sorte que je ne pouvois dire que mon avis particulier et mon opinion sur les affaires. ‘Tant mieux’, dit le duc de Newcastle, ‘nous sommes à présent fort occupéz avec l'arrangement de la régence. Cela durera cette semaine. Donnez-moi ce tems-là. Puis nous parlerons d'affaires’. Je lui dis, que j'en étois fort content. J'avois déjà été le matin au lever du duc de Cumberland et j'avois reçu le matin de bonne heure un billet de la princesse Amélie pour me rendre le soir à sept heures chez le duc. Après le lever du roi je fus à l'appartement où je fus d'abord acosté par la duchesse de Bedford, qui me fit beaucoup d'excuses de la part de son époux, qui étoit retenu chez lui par la goutte et un rhumatisme, sans quoi il n'auroit pas manqué de venir chez moi. Le soir à sept heures je fus chez le duc de Cumberland où je restai tête à tête avec lui jusqu'à huit et demi. Il y fut question de beaucoup de choses, tant sur les affaires intérieures de la cour, personalités etc., que sur le dehors et particulièrement sur la Hollande. Il s'informa beaucoup du prince Louis et entra dans un détail, qui me fit voir, qu'il étoit très bien informé et qu'on y étoit fort attentif. Les mêmes matières y furent traitées qui ont été le sujet des papiersGa naar voetnoot6), que j'ai laissés à La Haye et la conclusion fut, qu'il étoit absolument impossible, que les choses restassent sur le pied où elles sont, qu'il faloit, que la bombe crevât; que la seule précaution, qu'il y avoit à prendre, étoit pourque le public n'en souffrit point. Il me témoigna après cela beaucoup de méconten- | |
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tement sur la façon dont on régloit l'affaire de la régence et dont le duc de Newcastle en agissoit à son égard. N.B. Le duc me dit en parlant des affaires d'Allemagne et de l'Empire, que ce qui avoit fait, que l'Angleterre avoit traité et conclu avec la Bavière, étoit que le feu prince de Galles avoit promis de soutenir cette mesure de tout son partiGa naar voetnoot7) dans le parlement. | |
8 mei 1751Je menai mon filsGa naar voetnoot8) chez mylord AnsonGa naar voetnoot9) et la conversation étant tombée sur les brouilleries intérieures, je jugea de tout ce que j'en appris, que Sandwich a joué un rôle peu sage et peu prudent; qu'il a voulu brouiller Newcastle et PelhamGa naar voetnoot10); qu'il avoit réussi jusqu'à un certain point, mais que quand les deux frères ont vu, qu'on les vouloit séparer pour les perdre l'un par l'autre, ils se sont unis contre Sandwich. Quand je combine tout ce que j'ai entendu de tous côtés je vois, que Sandwich s'est perdu du côté du caractère personnel. L'on dit, qu'il a sacrifié Chesterfield à Newcastle, puis Bedford à Newcastle, puis Newcastle à Bedford et qu'il n'a pour but que de se maintenir sans égard pour le choix des moyens. Rien n'est plus capable de perdre un homme dans le public (en Angleterre comme dans tout autre gouvernement populaire ou mixte) que la perte de son caractère personnel. Le plan, quand Bedford est entré, étoit, qu'il restât secrétaire d'état jusqu'à ce qu'il convint de mettre dans ce poste Sandwich, qui en attendant devoit rester à la tête de l'amirauté, où mylord Anson, qui étoit le second, lui auroit succédé comme premier. Et c'est sur ce pied, que mylord Anson a soutenu Sandwich, qui engage à présent le duc de Bedford par le moyen de la duchesse à rester contre son goût et inclination et quoique les affaires en souffrent par indolence et par l'inactivité de Bedford et par la malhabileté des gens, qu'il employe dans son bureau. Anson ne s'accommode pas de cela et trouve, que la place de second dans | |
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l'amirauté ne lui vaut pas la peine, qu'il prend, faisant en effet l'office de premier, dont Sandwich a l'agrément, l'honneur et le profit. Newcastle n'ose pas encore mettre Bedford dehorsGa naar voetnoot11). Et il est plus que probable, que GranvilleGa naar voetnoot12) rentrera dans l'un des postes du cour, (non comme secretaire d'état). |
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