Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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Aken, 24 April 1748.......J'approuve fort la lettre que vous avez écrite au Greffier. J'avoue que l'on vous expose, et j'en suis au désespoir; et si c'étoit dans une affaire particulière je serois d'avis que vous pourriez pousser les choses à bout et foudre la cloche; mais comme il y va du tout pour la République, pour l'Angleterre et pour toute l'Europe, il ne faut pas quitter la partie, mais continuer à ramer contre le torrent, et tenir du moins les pièces ensemble. Personne n'est dans une situation plus désagréable que moi. Tout ce que j'ai dit l'année passée en Angleterre de la disposition des esprits et de l'état actuel alors de la République était vrai aussi. Le Prince avait en main les moiens de faire tout ce qu'il m'a ordonné de dire, mais il les a laissé échaper, nonobstant toutes les représentations réitérées, qui lui en ont été faites; et à présent les choses sont détériorées à un très grand point, de façon que je ne vois pas comment il fera pour se sauver dans le public. A présent il ne s'agit pour moi que de continuer dans mes principes jusqu'au bout, et d'empêcher que l'on ne fasse ici aucune négotiation séparée. Il est vrai qu'il est impossible de faire une bonne paix, mais il l'est aussi de continuer la guerre. Et puisqu'il en faut faire une mauvaise, il la faut du moins faire ensemble, et tâcher de conserver les débris de l'Alliance pour en rajuster les morceaux à la première occasion, qu'il faudra travailler de préparer. Je crois que pour cet effet ma présence est beaucoup plus utile ici qu'à la Haye. Sandwich et Chavannes sont dans la même opinion, et je suis persuadé que vous le serez aussi, quand vous considérez cette seule circonstance-ci, c'est que dans la situation où sont les choses, et la disposition d'esprit où est le Prince, je ne puis lui rien dire, qui n'implique un reproche, quelque tour que j'y donne, à cause que les faits parlent et qu'il ne peut pas avoir oublié tout ce que je lui ai dit. Ajoutez à cela | |
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que le timon du vaisseau est à présent ici et que d'ici je puis donner des impressions en Hollande, au lieu que de là je n'en pourrois donner ancune ici; et je ne saurois pas même ce qui se passe ici, car ce que je sai ici, ne me parvient que par la confiance personnelle qu'on met en moi, et je n'écris que ce que je crois qu'on doit savoir. Mr. de St. Séverin est fort réservé avec nous autres et s'il travaille, c'est en Hollande sous main. Il ne se flatte pas de réussir à me gagner et je ne crois pas qu'il trouve que Hasselaar en vaut la peine. Ce dernier est si aise d'être hors de chez lui, et loin de sa femme, sans qu'il lui en coûteGa naar voetnoot1), et si peu au fait de quoi que ce soit, que cela n'est pas croiable. Ce n'est pas un jeu joué. Car dans les conférences particulières, que nous avons euë avec les ministres, ou bien il n'ouvre pas la bouche, ou bien il montre son ignorance. Haren n'est pas encore ici, et je doute qu'il quitte la Haye, avant que d'avoir arrangé totalement ce qui regarde son commissariat des Suisses. Il a tant pris de soin de s'afficher pour ce qu'il est, qu'il est connu sur ce pied; et je suis sûr, que quand il sera ici, les ministres de nos alliés ne lui diront rien. Sa présomption est très grande, mais son savoir très petit. Pour Mr. de Katwijck, j'en suis fort content, parce qu'il s'attache à moi par préférence; à quoi il voit bien lui-même pu'il doit trouver son compte et se procurer plus d'agrément. Mais il n'est pas assez au fait non seulement pour savoir se conduire, mais pour pouvoir s'informer de ce qu'il ne sait. Cela prouve, je vous l'avoue, que notre Ambassade est ridiculement composée. Mais de cela même il résulte que je ne puis la quitter, tant que je ne recevrai pas d'ordres contraires à mes principes. Tout ce que j'ai reçu jusqu'à présent suppose non seulement mais spécifie le plus parfait concert avec Sandwich, et j'ai reçu des ordres adressés à moi seul | |
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avec pouvoir de les communiquer ou non à mes confrères. Concludendo, il faut provisionnellement que je reste dans cette affaire-ci. J'aurois presque oublié de vous dire, que le Greffier m'a promis de bouche et me l'a répété par écrit depuis que je suis ici, qu'il ne prêtera jamais sa main à aucune négotiation séparée, qu'il le refusera tout net, et je ne fais aucun doute qu'il ne tienne parole. Quant à PallardyGa naar voetnoot1), non seulement j'étois convenu de tout avec le Prince, de Back et Wibo; mais j'ai encore écrit une lettre très forte au Prince. Je n'ai pas eu de réponce à cet article. Ceci est d'une nature différente. Il faut qu'on me tienne parole, ou qu'on dise pourquoi. J'en veux avoir pied ou ailes, et je l'aurai: car cela me regarde encore plus que Pallardy, puisque c'est à moi qu'en veulent ceux qui sous main et par des détours que je ne sai pas arrêtent cette affaire; ce dont je suis convaincu de plus en plus par les discours de Hasselaar. Hier j'ai parlé avec Sandwich et nous sommes convenus qu'il en faloit écrire au Duc, et le consulter là-dessus. |
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