Aken, 24 April 1748.
T(ibi) S(oli).
Je vous prie de vous souvenir de ce que je vous ai dit, que je ne voulois pas prêter la main à aucune chose qui déshonoreroit moi-même, le Prince, et la République. L'année passé j'ai parlé par ordre du Prince un langage tel (qu'il) convenoit à lui et à moi, si j'ose me mettre à côté avec lui, ce que je ne ferai pas en d'autres choses; mais en ce qui regarde mon honneur je me mets côté à côté avec qui que ce soit, et cela sans égard pour quelque rang que ce soit. J'ai promis au nom du Prince des choses qu'il se trouve à présent qu'on ne peut tenir. J'ai montré les choses sous un point de vue qui se trouve par l'événement n'être pas le véritable. J'ai pour ma satisfaction intérieure des preuves de la vérité de ce que j'ai dit, et j'ai la main du Prince pour prouver que je ne l'ai pas fait de mon chef. Mais cela ne fait pas ma justification dans le public, ni ne sauvera mon honneur. Il ne m'importe de rien d'être à couvert par l'Angleterre, cela ne change rien à la chose. Les choses y ont été sur un pied, que le Prince a été le maître de mener l'Angleterre comme il auroit voulu Myld. Chesterfield culbuté, et tous nos amis triomphants. Mais ce jeu-là, tout beau qu'il étoit, a été gâté, vous savez comment. A présent l'Angleterre jettera tout sur nous, et je ne sai que répondre. Je tremble de peur de ce que je recevrai de la Have. Mais si c'est quelque chose que je ne doive pas faire, je ne le ferai pas, soyez-en sûr. Adieu, tout à vous. Aimez-moi, et épargnez-moi du chagrin, si vous le pouvez. Si vous ne le pouvez, je vous plains. Mais je vous le répète: je ne ferai rien contre mes principes,
qui vous sont connus, quand tous les Princes du monde me l'ordonneroient.
Mille amitiés à Iddekinge, à qui vous montrerez celleci, et tout ce que vous avez aujourdhui. Je ne lui écris pas, mais je le prie de m'écrire.