Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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plus loin que son nez, et qui se conduit avec beaucoup d'art et de prévoyance. Si vous en voulez tirer parti, il faut qu'il aie le fil, et alors il peut travailler de concert. Pour avoir le fil il faut qu'il sâche tout. C'est le seul homme dans l'Assemblée des Etats Généraux, à qui vous et moi puissions nous fier. Je sai qu'il est mon ami, et je suis sûr qu'il est le vôtre, et qu'il mettra tout son savoirfaire à nous soutenir, et à nous obliger tous deux, et je vous déclare que je ne lui cache rien, et que je prens ses conseils avec plaisir, et que je lui ferai ouverture de tout quand je le verrai. Il y a une chose sur quoi il faut que je vous prévienne, et dont vous ferez usage en conversation avec le Prince seul, et avec la Princesse seule, et avec aucun autre au monde - - excepté Iddekinge, que j'excepte une fois pour toutes - -. C'est que je vois clairement que dans le cours de cette négotiation il se trouvera des occasions où les Ministres de nos Alliés s'ouvriront à moi, quand ils ne le feront pas à d'autres, et qu'ils me permettront de faire au Prince et à vous des ouvertures qu'ils ne me feront qu'à condition que je réponde que le Pensionaire - - en qui personne ne se fie - - n'en sâche rien, non plus que Messrs. d'Amsterdam, ni tous les chefs de l'ancienne Cabale, à qui personne ne se fie non plus. Je vous écrirai sur ceci une lettre dans quelques jours, que vous pourrez montrer au Prince et à la PrincesseGa naar voetnoot1); en attendant, comme vous êtes averti, vous pouvez profiter de la première occasion, s'il s'en présente une très naturelle - - car il ne faut pas chercher à la faire naître - -, de dire quelque chose qui prépare les esprits. Hasselaar est un homme d'esprit, mais il manque d'expérience du monde et des affaires; et il est Amsterdamois jusqu'au bout des ongles. Sa qualité native fera que nos alliés ne se fieront pas en lui; et l'air grave et froid dont il se décore, n'engagera pas, je crois, les Ministres de France et de ses Alliés de s'ouvrir à lui. Du moins, je n'ai pas remarqué jusqu'à présent que Mr. de St. Séverin l'aye en rien recherché. Quant à Mr. de Katwijck, je compte d'en tirer grand parti, et je sais qu'il se félicitera de m'avoir pour collègue, car je lui procurerai des agré- | |
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ments, qu'il n'auroit pas, si je n'étois aussi sûr de lui que je le suis de son attachement au Prince, et de son amitié pour moi. [P.S.] Quand aurons-nous O.Z. Haren? Je compte que depuis que les 75 fl. courent à La Haye tout comme ici, il ne se pressera pas de venir. Il fera même accroire au public et à ses dupes qu'il a bien cru que ces conférences ne s'ouvriroient pas sitôt, que cela étoit naturel pour cinquante raisons, qu'il imaginera ex tempore, et rira de nous autres pauvres sots, qui sommes venu ici les premiers. Il ajoutera avec un air assuré et important bouffi, qu'il prendra bien soin d'y être avant qu'il y ait quelque chose à faire. J'attens le chiffre particulier entre vous et moi. |