Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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Je suis fort contant de mon collègue Hasselaar pour la société, étant très gai et très bon compagnon...... Je l'ai trouvé fort réservé sur les articles qui m'intéressent le plus. Il s'est pourtant laissé échapper plusieurs choses, qui me font clairement voir comment il pense, et qu'il est autant attaché à présent aux anciens principes de sa ville qu'il l'auroit été il y a deux ans. Toutes les fois que le changement arrivé dans notre gouvernement est venu tout naturellement sur le tapis, il a toujours détourné la conversation, ou s'est tu. Une seule fois - - c'étoit à Doorweert - - il a dit qu'il souhaitoit bien de savoir tous les ressorts qu'on avoit fait jouer pour effectuer la Révolution. A quoi je n'ai rien répondu. Il a été à Bergen op Zoom pendant le siège, et m'a beaucoup conté de particularitez qui font fort peu d'honneur à Cronstrom. Une fois - - car cette matière est venue souvant sur le tapis - - il a dit que ceux qui l'y avoient envoié, avoient plus de tort que lui, que c'étoit un homme de 86 ans et sourd par dessus le marché. Quand je lui ai dit que Cronstrom étoit vieux à la vérité, mais qu'il étoit sain et avoit l'esprit très présent et savoit très bien ce qu'il faisoit et disoit, ne manquant ni par la mémoire ni par le jugement, il l'a avoué, et s'est tu, voiant où cela menoit. Je me suis tu aussi. Ayant remarqué que pendant tout notre séjour à Doorweert, non plus qu'en chemin, il n'avoit pas cherché à parler d'affaires, ni du sujet de notre commission, et nous trouvant de bonne heure à Hoogstraaten, près de Meurs, je lui ai fait plusieurs questions sur ce que le Pensionaire lui avoit dit devant son départ, et il m'a paru qu'il n'étoit guères contant du peu d'informations, qu'il en avoit reçues. Là-dessus j'ai tiré de ma cassette le plan qui a été arrêté entre le Prince et le Ministère d'Angleterre - - non pas l'Ultimatum, mais l'autre - -Ga naar voetnoot1). Il l'a lu à moitié, et puis m'a dit qu'il le feroit copier pour lui à Aix. A Juliers il m'a dit, qu'il avoit pensé au papier que je lui avois montré, qu'il regarda cela comme une pièce qui pourroit servir, si elle parvenoit aux Ministres ici d'une façon authentique; mais que sans un ordre de l'Etat il n'oseroit pas prendre sur lui de produire ce plan, | |
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en guise de contreprojet, comme c'en étoit le but. Je lui ai dit que quand il verroit tous les papiers que vous nous deviez envoyer par un CourierGa naar voetnoot1), il verroit que ce plan n'étoit absolument que le résultat de ce qui avoit déjà été proposé et que par dessus le marché l'on y alloit plus loin du côté de l'Angleterre, par raport à Cap Breton, qu'on n'avoit fait à Breda; que ce n'étoit que pour avoir quelque chose à répondre à ce que les François nous diroient, et que pendant le cours de la négotiation nous devrions demander des ordres; qu'aiant des couriers ici, nous pouvions toujours en moins de huit jours avoir réponse. Cette conversation en resta là. | |
24 Mars.Hier nous fûmes rendre nos visites. Je suis informé qu'il n'y a pas encore de maison louée pour le Ministre d'Espagne. Celui de France n'est pas encore arrivé. J'avois été prévenu sur le sujet du Comte de Kaunitz. On m'avoit tant dit qu'il étoit pincé et affecté, que je ne l'ai pas trouvé du tout tel, par comparaison avec ce que j'en attendois. Hier je passai une partie de la soirée chez lui. Je l'ai trouvé extrêmement poli, homme d'esprit et de connoissances, et d'une conversation très aisée et très dégagée. J'ai remis, depuis que nous sommes ici, à Mr. Hasselaar le plan en question, pour le faire copier pour lui. Hier au matin, justement comme nous allions sortir, est arrivé le Courier avec les pleinpouvoirs, l'alphabeth et les deux paquets de papiers, celui du Greffe et celui du Pensionaire. Revenant dîner j'ai ouvert en sa présence le paquet qui étoit adressé en commun aux Ministres. À table Monsr. Hasselaar m'a dit qu'il faloit voir si le plan que je lui avois donné étoit dans les papiers venus du Greffe; je lui dis qu'il ne pouvoit pas y être, puisqu'il n'avoit jamais été porté à la Conférence Secrette, moins encore aux Etats Généraux, et que personne, que je sâche, n'en a connoissance que le Prince, le Pensionaire, et vous. Dans le cours de la conversation il me dit qu'il avoit vu tout ce qui s'étoit passé. ‘Vous voulez dire le verbal,’ | |
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lui dis-je, ‘de Mrs. Wassenaar et Gillis.’ ‘Non,’ dit-il, ‘j'ai toutes les pièces de Breda, copiées de ma propre main; et ce n'est pas du Pensionaire que je les ai eues.’ De ce discours de Mr. Hasselaar je conclus deux choses: l'une que pendant les conférences de Breda il y a eu une correspondance particulière avec Messrs. d'Amsterdam, l'autre que Monsr. Hasselaar a reçu des instructions, ou du moins des informations particulières des gens de sa ville. Et je ne doute pas qu'il n'en reçoive encore pendant tout le tems de la tenue des conférences. Je ne sçais comment cela pourroit cadrer avec ce que je pourrois recevoir du Prince et de vous. Mais je crois devoir vous en avertir d'avance. Je n'aime pas à disputer, mais j'aime encore moins à céder des points que je juge essentiels. Je suis à présent embarqué ici, et j'y ferai tout de mon mieux pour m'y acquiter de mon devoir. Mais si je vois qu'il faille journellement disputer avec des collègues ignorants, mal informés ou mal intentionnés, ou que l'on veuille se servir de moi pour faire ce que Mrs. de Wassenaar et Gillis n'ont pas osé faireGa naar voetnoot1), j'aimerois mieux quitter non seulement le Congrès, mais toutes les affaires, et vivre pour moi seul, que de me prostituer, comme je ferois, si je travaillois à faire une paix sans l'Angleterre et la Maison d'Autriche. Voiez comme Amsterdam a précipité les affaires à NimegenGa naar voetnoot2). Encore, le Prince d'Orange alors avoit-il un premier Ministre qui n'avoit aucun intérest contraire à celui du Prince; et qui n'avoit rien à cacher, n'aiant rien fait qui ne pût voir le grand jour. Je ne saurois m'empêcher de faire ici en passant une remarque sur l'habileté, et la prévoiance du Prince d'Orange et du Pensionaire Fagel, qui ne pouvant arrêter le torrent, qui les entraînoit à une Pais quovis modo, prirent ce tems-là pour faire une alliance en particulier avec l'Angleterre, pour leur sûreté commune. C'est le Traité de 1678, par lequel les secours mutuels sont réglés, dont je veux parler. Et si vous suivez avec attention ce qui s'est passé à Nimegen, vous verrez que ce n'est rien que la crainte qu'avoit la France de l'effet immédiat de ce traité, qui a mis fin | |
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à cette guerre; car après l'indigne séparation de la République, la France avoit plus beau jeu jamaisGa naar voetnoot1). J'espère qu'à présent les choses iront mieux; car je ne vois plus de remède du tout, si elles vont mal. C'est au Prince à y avoir l'oeil, et à se servir de son authorité légitime et du pouvoir qu'il a en main pour cela. | |
26 Mars.Hier nous eumes une conférence préparatoire avec Mylord Sandwich et le Comte de Chavanne. (Waarschuwt voorzichtig te zijn ten opzichte van de door Engeland gewenschte garantie aan Pruisen van Silezië.) J'espère que cette affaire, qui doit aller aux Provinces, sera si bien examinée qu'elle échouera. Je me souviens d'avoir bien examiné la chose avec feu Mr. votre Oncle, et que la conclusion a été qu'il ne faloit pas nous mêler de cette affaire; et en Hollande on a toujours été contre, et on n'a pas même que je sâche délibéré là-dessus en forme. Ce qui est le parti le plus sage, si on n'en veut rien faire, comme j'espère qu'on n'en fera rien...... N.B. Les lettres in folio sont pour la Besogne Secrette, si le Prince le juge à propros; et celles in quarto pour le Prince et vous seul. |
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