Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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Den Haag, .........Ga naar voetnoot1) Maart 1748.......J'en écrirois encore à votre frère, mais De Back m'a dit avant-hier qu'il doit repasser la Mer. Je lui ai demandé si c'estoit re infecta, mais il ne m'a pas répondu net sur ma demande: d'abord que votre frère sera icij, je concerterai avec lui les mesures à prendre pour lui et pour Huffel, par rapport à la Drossardie de Drenthe, aux Commissions, à Rechteren et à tout ce qui s'ensuit. Le Drossard de DrentheGa naar voetnoot2) se porte un peu mieux, mais c'est un corps cacochimique - - je l'ai connu beaucoup il y a dix ans - -, ainsi il ne la fera pas longue, et j'espère que nous serons prêts aux événements. Rechteren fait beaucoup sa cour au Greffier, à Grovestins le grand ChambellanGa naar voetnoot3), et aux autres courtisans. Il est matin et soir dans les antechambres et paroit de fort bonne humeur. Je suis moralement persuadé que le greffier sera d'avis qu'il faut lui laisser la commission: comme il est d'avis que le Prince ne doit pas rebuter les gens de qualité - - entendez LyndenGa naar voetnoot4), RandwijkGa naar voetnoot5), et leur semblables: le beau sijstème! - - | |
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Vous auriez eu de mes nouvelles la poste passée, mais le Duc m'avoit fait venir chez Lui pour me dire qu'il n'estoit rien avancé encore, et qu'il vous prioit de pousser les gens icy, et de les tirer de leur léthargie. Il me dit qu'il vous en avoit écrit et me chargea de vous écrire aussi, mais comme j'estois venu tard chez lui, la conversation dura si longtems que je n'eus plus le tems d'écrire. J'en avois parlé quelques jours d'auparavant au greffier, qui m'a repondu quil n'ij sçavoit autre moijen que d'employer le Prince de Wolffenbüttel; qu'il espéroit que l'avis d'un général, dont le Prince a bonne opinion, seroit écouté et qu'alors les instances réunies du Duc, du MaréchalGa naar voetnoot1), et du Prince de Wolffenbüttel feroit leur effet. Avant-hier ces trois princes ont estez en conférence chez le maréchal, qui ne sort point depuis quelques jours. Cette conférence a duré bien longtems; aprèz qu'elle fut finie, je parlai au Prince sur des affaires de notre Province - - dont je vous parlerai cy aprèz - -. S.A.S. ne fut pas de trop bonne humeur, et se plaignit du peu de complaisance que les alliés temoignoient pour la République. Elle nous raconta - - à de Back et moij - - que le Duc et le Maréchal n'avoient accordé â l'Etat que le tiers des prisonniers, faits à l'occasion de l'enlèvement du convoy français qui alloit à Bergen; que Lui avoit dit à ces messieurs que la République estoit traitée par ses alliez comme l'âne de...... - - je n'entendis pas bien le mot - -, que les membres du gouvernement en estoient fort mécontens, et qu'il ne seroit pas difficile de leur faire voir par des résolutions d'Etat sur ce sujet, que tout ce que Lui n'en disoit encore que personnellement, estoit le sentiment de toute la République. Je vous avoue qu'on est diablement mécontent de cela, et que je le suis aussi et il me semble que dans la situation, où nous sommes avec nos prisonniers, nous devions nous attendre à plus de complaisance, d'aequité et de justice du côté des alliez, qui nous coûtent une si furieuse somme, seulement pour les quartiers d'hijver sur | |
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notre territoire et qui durant ces quartiers d'hijver ont fait cette capture, sur ce même territoire, avec l'aide de beaucoup de nos propres trouppes. La bonne politique l'exigeoit aussi des Cours de Vienne et de Londres; le Prince en est piqué au vif, et je prendrai la liberté d'en parler encore aujourd'hui au Duc, quand j'irai Lui demander ses ordres pour vous; les mal intentionnez disent tout haut que les alliez sont charmez de nous voir si bas, et tant de nos trouppes prisonnières, pour que nous soijons absolument dans leur dépendence. Le Prince me dit aussi: ‘Je suis bien aise, Idd(ekinge), de pouvoir vous dire cecij, afin qu'on ne dise pas encore que ce sont les Franschgesinden qui m'ont inspiré cecij: car je suis seur qu'on en parlera dans trois jours beaucoup icij’. J'ai dîné trois fois dans huit ou dix jours à la Cour, et le Prince me parle fort ouvertement; il est vrai, que c'est sur des affaires de chez moij que l'occasion de cette assiduité a commencée, il faut aller en avant, mais je n'ai pas encore esté du soupéGa naar voetnoot1). La princesse m'a fait entrer chez Elle pour sçavoir, de moy-mesme, ce qui s'estoit passé à Groningue. J'ai pris cette occasion pour Lui faire un compliment, et pour m'offrir à son service: cela a esté trèz bien reçu; et Elle m'a répondu fort gracieusement: je bâtirai sur ces fondaments. Je l'ai raconté au Duc qui en estoit bien aise, et qui m'a dit que c'estoit le bon chemin et la véritable route. Il me parla fort confidamment et avec beaucoup de bonté et de franchise; je tâcherai de mériter toujours ses bonnes graçes. Je fairai mon possible de me continuer celles du Prince, et de m'attirer celles de la Princesse; tandis que je suis seur des vôtres et que je veus mourir votre très humble et toujours le même. |
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