Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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(Kopenhagen), 26 Dec. 1741.J'ai vu les ministres. J'ai commencé par Mr. De Schulin au quel j'ai remis ma lettre de créance. Il m'a reçu avec politesse, mais il m'a parlé au sujet des différens qui subsistent entre la République et le Dannemarc avec hauteur. A peine m'a-t il laissé le tems de faire des représentations, ‘Le Roi’, dit-il, ‘a été fort offensé par la conduite de la République à son égard de ne témoigner aucune considération pour un Prince Protestant et pour un bon allié qui s'est fait un plaisir de vivre en bonne intelligence avez la République, et voilà’, ajouta-t-il, ‘comme on en use à notre égard, dans un tems où elle se laisse donner des loix par la France et que le maintien de la liberté et de la Religion lui paroissent peu digne de son attention. Le Roi’, continua Schulin, ‘n'a pu regarder la déclaration faite d'envoier deux vaisseaux pour soutenir la pesche illicite, que comme une déclaration de guerre. Il ne se plaint pas moins du stile que du fond de la Chose, trouvant les expressions fort offensantes. ‘Ce que l'est surtout’, a-t-il dit, ‘c'est que ce n'a été qu'une menace, puisque ces vaisseaux de guerre n'ont pas paru’. Il m'a assuré ensuite qu'il n'y avoit aucune espérance d'accommodement si l'on vouloit continuer à disputer les limites de 4 milles, protestant que le Roi ne s'en désisteroit pas et que pour conserver ses droits et les prérogatives de sa couronne à cet égard, il étoit prêt à soutenir une guerre de vingt années. Il a ajouté encore qu'il me parloit avec franchise, dès le commencement; qu'il étoit inutile de se flatter d'aucun tempérament; que je serois précisément aussi avancé dans un an, que je l'étois dans cette première conférence. Que pour m'en persuader je n'avois qu'à parler à ses collègues qui me tiendroient le même langage. J'ai répondu que j'aurois été bien aise de traiter avec lui seul. A quoi il m'a répondu, que cela ne se | |
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pouvoit pas: les affaires se traitoient en commun, dans le conseil: Qu'il souhaitoit que je visse les autres ministres Holstein et Berkentin. Qu'il n'avoit pas plus tôt apris mon arrivée, qu'il s'est douté de ma commission et qu'il l'avoit aussitôt dit à la Reine. Il est par conséquent impossible de traiter cette affaire comme vous l'avez souhaité. Je ne puis m'adresser à autre qu'à Schulin et tout l'art du monde n'auroit changé aux dispositions où je l'ai trouvé. Larrey espère que M. le Pens. se rapellera ce que j'ai dit du caractère de Schulin dans la dernière conversation que j'ai eu avec lui et M. de B. L'effet justifie entièrement ces idées et fait voir que Larrey ne s'est pas trompé. Holstein et Berkentin m'ont parlé à peu près comme Schulin, mais avec plus de ménagement; témoignant être portez à un accommodement. Tous ont promis de faire raport au Roi de ma commission, souhaitant que je puisse être l'instrument du rétablissement de l'ancienne harmonie. Tous aussi ont assuré que le Roi ne laisseroit pas l'affaire in statu quo; que pour soutenir les limites de quatre milles, il continueroit d'envoier des Frégattes dans la mer du Nord etc. Schulin entr'autres choses m'a dit encore qu'on croit, peut-être les retenir par le commerce, mais qu'après avoir bien examiné les choses, il se trouvoit que tout l'avantage du commerce étoit pour la Hollande. Que le Roi n'y avoit que de désavantage et qu'il le verroit cesser dès demain sans le moindre regret. Quand j'ai objecté la perpétuité des traitez, il a répondu qu'on ne prétendoit pas toucher au tarif du Sund, mais qu'on ne manqueroit pas de révoquer toutes les prérogatives dont la nation Hollandaise jouit. Que l'expédition en avoit déjà été faite, que c'étoit par modération que la cour ne les avoit pas encore voiées aux Douanes et pour laisser une porte ouverte à l'accommodement. Holstein a dit que le Roi ne demandoit pas mieux que de vivre en bonne intelligence avec l'Etat, que c'étoit pour cela que S.M. ne faisoit pas difficulté de déclarer qu'elle ne prétend en aucune manière troubler la navigation et la pesche des Hollandois dans la mer du Nord, hors des 4 miles; Qu'il me prioit de faire sentir qu'on auroit tort de s'opiniâtrer là-dessus en Hollande; qu'il | |
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ne faloit pas laisser à autres, qui voit (sic) de mauvais oeuil cet accomodement, le plaisir de se réjouir de la mésintelligence. Berkentin a dit qu'il croit que autre (sic) avoit souflé le feu en Hollande pour en retirer le fruit. Je n'entre pas dans le détail de mon plaidoier. J'ai allégué tout ce que mes papiers, la raison, la nature de l'affaire et mon imagination ont pu me fournir. Ce début est d'assez mauvais augure, et je ne vois pas beaucoup de jour à réussir, si on persiste dans ces sentimens. Je ne voi même aucun moien de faire changer ces dispositions: puisque il est imprudent de faire des offres à Schulin et qu'il est inutile d'en faire ailleurs. Il faut attendre l'effet de la dernière réponse, que Coymans n'avoit pas encore présenté quand j'ai parlé à ces Messieurs, pour juger de l'espérance qui me reste. Il faudroit savoir si on a fait d'abord les difficiles pour obtenir des meilleures conditions, ou si on m'a montré les véritables sentimens dans lesquels on est. C'est ce dont Larrey poura mieux juger dans quelques tems. Je suplie Mr. le Pensionaire, de me donner ses ordres ultérieurs...... |
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