Poésies
(1995)–Charles Beltjens– Auteursrechtelijk beschermd
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Les coqs
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Le Veau d'or devant lui courbe toutes les nuques;
Entendez-vous glapir ces êtres inhumains?
L'Art devient un sérail empli de vils eunuques;
Le peuple les écoute, et rit, et bat des mains.
Entendez-vous glapir ces êtres inhumains?
Leurs infames récits navrent les coeurs honnêtes:
Le peuple les écoute, et rit, et bat des mains;
Juvénal s'enfuirait devant ces proxénêtes.
Leurs infâmes récits navrent les coeurs honnétes;
- O Justice, quand done retentira ta voix? -
Juvénal s'enfuirait devant ces proxénêtes;
Catilina demain va monter au pavois.
O Justice, quand done retentira ta voix?
O jours d'opprobre, ô nuits d'affreuses turpitudes!
Catilina demain va monter au pavois;
Les justes s'en iront au fond des solitudes.
O jours d'opprobre, ô nuits d'affreuses turpitudes!
Les temples sont déserts, les lupanars sont pleins;
Les justes s'en iront au fond des solitudes;
- Héros, place aux bouffons debout sur leurs tremplins!
Les temples sont déserts, les lupanars sont pleins;
Où sont-ils, les anciens qui brisaient les obstacles?
Héros, place aux bouffons debout sur leurs tremplins!
Les foules vont hurlant: du pain et des spectacles!
Où sont-ils, les anciens qui brisaient les obstacles?
On se rue au théâtre, on assiège le bal;
Les foules vont hurlant: du pain et des spectacles!
- Dans l'ombre au loin s'avance à grands pas Annibal.
On se rue au théâtre, on assiège le bal;
Les jours sont au sommeil, les nuits sont à l'orgie;
Dans l'ombre au loin s'avance à grands pas Annibal.
Les Fléaux vont reprendre en choeur leur élégie.
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Les jours sont au sommeil, les nuits sont à l'orgie;
On n'a plus de vergogne, on n'a plus de remords;
Les Fléaux vont reprendre en choeur leur élégie;
- Coqs gaulois, savez-vous ce qu'en pensent les morts?
On n'a plus de vergogne, on n'a plus de remords;
L'avenir menaçant surgit, gros de mystères;
- Coqs gaulois, savez-vous ce qu'en pensent les morts?
Veillez! chantent les coqs. Veillez, penseurs austères!
L'avenir menaçant surgit, gros de mystères;
Entendez-vous hennir les chevaux du matin?
Veillez! chantent les coqs. Veillez, penseurs austères!
Soyez les fiers clairons sonnant dans le lointain!
Entendez-vous hennir les chevaux du matin?
Penseurs, prêtez l'oreille à nos voix sibyllines!
Soyez les fiers clairons sonnant dans le lointain!
L'aurore va bientôt éclairer les collines.
Penseurs, prêtez l'oreille à nos voix sibyllines!
La lune sur la terre épand son morne enui;
L'aurore va bientôt éclairer les collines.
- Oh! que le chant des coqs est beau pendant la nuit!
[La Revue Belge 15-1-1890] |
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