Poésies(1995)–Charles Beltjens– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 190] [p. 190] Christus liberavit nos! I ‘Aimez-vous’, disait-il, ‘et fraternellement Partagez-vous le sol, vin, bétail, miel, farine; Le sort est plus changeant que la vague marine, Le bonheur luit plus haut que votre firmament. Souffrez, et suivez-moi,’ - Le plus affreux tourment Meurtrit son front, ses mains, ses flancs et sa poitrine, Son sublime gibet garantit sa doctrine, Le pur sang de son coeur scella son testament. Cette sueur divine, en arrosant la terre, A-t-elle assez coulé pour être salutaire? - Vous en faites douter, ‘pasteurs du genre humain, Quand devant l'avenir, épouvantable arcane, On voit le vieux Satan, torche au poing, qui ricane, Parmi vos noirs canons qui vont tonner demain. II Le Christ! vous l'invoquez sans cesse, à tout propos; Le jour, devant sa Croix vous tombez en prières, Et, vampyres, la nuit, de vos mains meurtrières Dans le linceul du Christ vous taillez vos drapeaux! Il a maudit le glaive; et toujours, sans repos, Votre orgueil, décimant les cités ouvrières, Vers le morne abattoir de vos hordes guerrières Fait cheminer le peuple en lugubres troupeaux! Rois Chrétiens, plus fatals que le Moloch antique, C'est à vous qu'il songeait, le Sauveur prophétique, Lorsqu'à Gethsémani, venant le secourir, Un ange l'entendit gémir, prêt au supplice: ‘Mon père, de ma lèvre éloigne ce calice, Mon père, vainement pour eux je vais mourir!’ [La Revue Belge 1-1-1890]. Vorige Volgende