Journal tenu par Isaac Beeckman de 1604 à 1634. Tome 1: 1604-1619
(1939)–Isaac Beeckman– Auteursrecht onbekend
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Note sur le manuscritQuand il entreprit son travail, Beeckman rédigea pour lui-même deux sortes de notes: d'une part des extraits d'ouvrages qu'il lisait ou des compositions qu'il en tiraitGa naar voetnoot1), d'autre part des observations personnelles sur des textes qu'il avait étudiés ou sur des conversations qu'il avait euesGa naar voetnoot2). Il les tenait nettement séparées, et quoiqu'au cours du temps il ait eu parfois des raisons de ne pas suivre cette méthode, il parait en général ne pas s'en être départiGa naar voetnoot3). Les premières n'ayant pas été conservées, c'est donc des autres, fruit de ses propres méditations, que nous avons à faire état par la suite. Elles furent couchées d'abord soit sur des feuillets détachésGa naar voetnoot4), soit sur des carnets, que l'auteur appelle son ‘tafelboeckje’Ga naar voetnoot5). Puis elles furent mises au net, c'est-à-dire copiées sur un certain nombre de feuilles formant un grand dossier. On dirait que Beeckman a pris en commençant des feuilles de papier destinés autrefois à un autre usage. Ainsi s'expliquerait le fait que plusieurs pages initiales de son manuscrit portent en haut des titres d'une encre, semble-t-il, plus ancienne, et qu'en trois ou quatre endroits on y trouve, en plus petits caractères, des aphorismes tirés des auteurs classiques, et sans le moindre rapport avec les notes qui suiventGa naar voetnoot6). Ainsi s'éclaire aussi peut-être le choix du titre du manuscrit: Loci communes.... Anno 1604. Les théologiens d'alors discutaient volontiers de tels ‘loci communes’ et leur explication constituait une dogmatique plus ou moins complèteGa naar voetnoot7). Mais pour d'autres études on recommandait également ces recueils de ‘loci communes’ ou ‘adversaria’Ga naar voetnoot8). La mention de l'année 1604 peut faire croire que c'est cette année-là que l'auteur (il avait alors seize ans) se mit à écrire son journal. Cependant au bas de la première page du manuscrit (fol. 1recto), on est déjà à l'année 1608, ou peut-être même 1610. S'il y a donc sur cette page quelques notes datant de 1604, Beeckman doit avoir fait un tri parmi un grand nombre d'autres avant de les retranscrire. | |||||||||||
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Quant aux grands dossiers de papier qui furent employés avant que l'ensemble reçut sa forme actuelle, on peut distinguer les suivants:
A cause probablement des déplacements fréquents de Beeckman à partir du printemps de 1619, la transcription des notes ne fut reprise que beaucoup plus tard dans un dossier nouveau. Ce fut Beeckman lui-même qui travailla à ce dossier, dont les feuilles portent dans notre édition:
Or, dans une des dernières notes du lot dont nous venons de parler, à savoir celle de décembre 1626, au fol. 261verso, Beeckman nous apprend qu'il avait l'intention de mettre ses papiers en ordre (‘in ordinem redacturus’). Il semble qu'il ait remis alors à un copiste que révèle son écriture gothique, les paquets numérotés ci-dessus 2) et 3), transcrits autrefois par un autre copiste, avec les anciens carnets qui s'y rapportaient. Le nouveau copiste en profita pour collationner le texte des feuillets 50recto-119verso; en plusieurs endroits il ajouta de son écriture gothique, des mots omis et il compléta même quelques | |||||||||||
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notes; d'autre part il ajouta les figures aux places laissées en blanc. Enfin il acheva le paquet 3) interrompu jadis au milieu d'une note de mai 1619 au fol. 119verso, et il continua son travail par le paquet:
Au travail précédent il faut ajouter encore la copie qui allait comprendre:
Tous les lots précédents portent la marque de l'ordre dans lequel ils ont été composés. Nous voyons en effet pour toutes ces feuilles le même filigrane. C'est du papier d'origine alsacienne ou lorraine, appelé ‘fleur de lis simple’, destiné aux Pays-Bas et en usage à Middelbourg vers 1580Ga naar voetnoot1). Le lot 7) étant achevé, vraisemblablement vers l'époque (mai 1627) où il se fixa à Dordrecht, Beeckman se procura du papier à filigrane différent et plus compliqué. Une partie étant remise de nouveau au dernier copiste, celui-ci, laissant la première feuille 141 en blanc, écrivit encore:
C'est le même copiste qui écrivit:
En attendant ses copies, Beeckman, dès son établissement à Dordrecht, avait entamé pour ses notes ordinaires, un nouveau lot de papier débutant par fol. 297recto, qui montre le même filigrane que les derniers lots remis au copiste. A ce qui précède il y a cependant une remarque à faire à propos des feuilles laissées en blanc, au début ou à la fin des lots. Ayant formé en 1617 (fol. 58verso) le projet de noter certains détails relatifs à sa famille, Beeckman écrivit de bonne heure ses premières notes à ce sujet sur deux feuilles blanches au début du lot 2), numérotées ensuite 48recto, 48verso et 49recto, tandis que d'autres, concernant surtout la naissance de ses enfants en mars 1621, novembre 1622, mars 1624 et septembre 1627, furent couchées sur deux pages blanches, numérotées 49verso et 50recto. Puis il recourut encore au dernier copiste | |||||||||||
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pour lui faire transcrire son discours d'installation, prononcé à Dordrecht en juin 1627, sur quatre feuilles et demie de celles qui avaient été laissées en blanc dans le lot 7) (fol. 292recto-294recto)Ga naar voetnoot1). En inscrivant en avril 1628 de nouvelles notes généalogiques sur le fol. 314verso, completées plus tard au fol. 315recto, d'abord laissé en blanc, il continuait ses notes ordinaires à partir du fol. 315verso. Beeckman tenait à l'ordre chronologique de ses notesGa naar voetnoot2). Les indications généalogiques surtout interrompent cet ordre, mais il était utile de les avoir réunies le mieux possible. A l'époque indiquée Beeckman disposait donc de plusieurs lots distincts de documents. Ceci explique qu'on trouve parfois des renvois ainsi formulés: ‘Van dese materie is veel ende dickwils gesproken int voorgaende boeck’Ga naar voetnoot3) (fol. 297recto); ‘vide quae de hac re in alio libro latiùs notavi’ (fol. 301recto), ou ‘daer ick int ander boeck van geschreven hebbe’Ga naar voetnoot4) (fol. 301recto). Mais bientôt l'aspect des papiers subit un grand changement. Après avoir disposé les divers lots d'après l'ordre chronologique des notes (le lot 7) surtout devait nécessairement faire à cet ordre une grave infraction), il les remit en juin 1628 au relieur (fol. 320recto), y ajoutant un gros paquet de feuilles blanches pour les notes futures. Alors l'ancien format fut rogné de sorte que les dimensions des pages furent de 24,2 et 36,3 cm. Le tout fut revêtu d'une belle et solide reliure en veau, à tranches de bois couvertes de cuir et à double fermoir de cuivre, avec aux huits coins et sur les plats des ornements du même métal. Après l'exécution de cette reliure on ne trouve que des expressions de ce genre: ‘quodque huic libro insertum est’ (fol. 333recto) ou ‘quod etiam huic libro inseri jussi’ (fol. 352recto). Beeckman se sera plu alors à relire son manuscrit. En apportant quelques petites corrections, notamment dans les parties copiées, il résumait les notes dans les marges. La preuve que ces notes marginales ne sont pas contemporaines des textes, ressort d'abord de la présence, en face de quelques passages de 1620 et de 1624 (fol. 157verso et 195verso), du mot ‘microscopium’, alors inusité. D'autre part, tandis que certains gros caractères (par exemple au fol. 155verso) étaient atteints par le couteau du relieur, aucune d'entre elles n'eut à en souffrir. Enfin leur encre est de même couleur que celle du texte de la partie postérieure du volume. C'est donc en 1628 que Beeckman les rédigea, continuant à les juxtaposer à ses notes ultérieures. Tandis qu'il peut avoir procédé tout de suite au foliotage des feuilles nouvellement copiées, il aura numéroté plus tard les suivantes. Ce numérotage (défectueux d'ailleurs, puisque les pages venant après les fol. 261 et 370 ne sont pas chiffrées), s'arrête à 394, pour reprendre un peu plus loin à 398, puis de dix en dix 410, 420, 430, 440, 450, 460, ce dernier numéro suivi de douze feuilles encore non foliotées. Dans cette dernière partie de son manuscrit Beeckman rompt encore parfois l'ordre chronologique, notamment par des observations se rapportant à l'éclipse de Soleil du 10 juin 1630 (fol. 360recto) et par une lettre de Drebbel tombée entre ses mains, qu'il copie intégralement en mars 1631, sur des feuilles laissées en blanc (fol. 294verso-295verso). En 1633 il parle du progrès des maladies de la mère de Jean de Witt, de son propre beaufrère Abraham du Bois (fol. 424verso-426recto) et de son ami, le bourgmestre Van Berckel (fol. 436verso, 437recto, 439verso-440recto). C'est qu'il s'agit d'un même événément, ou d'une même personne, et l'auteur avait laissé de la place pour continuer sur le même sujet. On peut admettre qu'il en a été ainsi pour les remarques relatives au polissage des | |||||||||||
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verres qui se trouvent toujours sur des pages entières (422verso et 423recto, 430verso et 431recto, 435verso et 436recto, 443verso et 444recto, 446verso et 449recto, 452verso-456recto). Les notes ordinaires s'arrêtant en novembre 1634 (fol. 459recto), Beeckman remplit le reste du manuscrit par des observations sur ce polissage qui se succèdent jusqu'au 9 novembre 1635. Par ailleurs il avait commencé à écrire sur des feuilles de garde, laissées autrefois en blanc (fol. 234verso-238verso) des notes concernant ses derniers enfants et une statistique touchant sa propre personne et ses parents, répartie entre le 14 août 1629 et le 9 mai 1637Ga naar voetnoot1). Si l'on considère la grande quantité des notations, on peut donc constater que le nombre des anachronismes est assez faible; s'ils se produisent c'est qu'il s'agit de notations d'une nature spéciale et dont l'interpolation était souvent inévitable. Quoiqu'on puisse admettre qu'en général les notes de Beeckman nous mènent jusqu'à peu de jours avant sa mort, ou que ses remarques scientifiques se poursuivent jusqu'en novembre 1635, ses notes ordinaires, qui traitent des sujets les plus différents, ne vont en fait que jusqu'en 1634 (fol. 459recto). Il est difficile de croire que le savant qui coucha ses pensées sur le papier plusieurs années durant et presque jour par jour, ait cessé ce travail à cette date, alors qu'il continuait de manifester une grande activité scientifique. Plus plausible nous semble l'hypothèse de la perte de ses notes ultérieures, faute, peut-être, d'avoir été reliées aussi solidement que celles que nous possédons.
Après avoir décrit la composition du manuscrit, donnons quelques indications sur son contenu. A plusieurs reprises Beeckman assure qu'il cite toujours les auteurs mis par lui à contribution: ‘De tout ce que j'écris dans ce livre’ - dit-il en flamandGa naar voetnoot2) - ‘il n'y a rien que j'aie lu ou entendu, dont je n'aie pas nommé l'auteur, et quoique j'en aie lu ou entendu plus tard beaucoup, je laisse néan moins mes notes intactes, afin de ne faire pas des ratures, et de montrer le désavantage de n'avoir pas eu de bons maitres’. Il composa donc ses notes ‘addito authore’Ga naar voetnoot3), suivant une pratique d'autant plus louable qu'à son époque même les plus grands esprits ne reculaient pas devant le plagiat. ‘Soleo enim’ - écrivit-il plus tardGa naar voetnoot4) - ‘ex omnibus libris quos alicujus facio et ex quibus aliquid proficio, aliquid semper notare, quia nullus unquam in omnibus mihi placuit. Imò etiam honoris causâ nomino eos, ex quibus proficio, quod et cum praeceptoribus facerem, si ullos essem nactus; vides enim me etiam indoctos, imò pueros et mulierculos citare eorumque omnium mentionem facere; nullos igitur praeceptores, nullos libros habui nihilque didici quàm quorum hîc aliquando mentionem facio. Quod scribo ne quis miretur, si fortè viderit me mihi ascribere quod meum non est’. Ces lignes furent écrites lorsque l'auteur retrouva quelques-unes de ses pensées chez Zarlino et sous les mêmes conditions il pouvait sauvegarder ses propres droits en lisant BassonGa naar voetnoot5), KeplerGa naar voetnoot6), GaliléeGa naar voetnoot7) et BenedettiGa naar voetnoot8). Quoique Beeckman se soit donné beaucoup de peine pour conserver ses pensées, il ne songeait pas à la publication. ‘Si quid culpandi in ijs reperiatur’ - écrivit-il en décembre 1626, lorsqu'il rassembla ses papiersGa naar voetnoot9) - ‘author reprehenditur’, et même, peut-être sous l'impression des graves événéments que connurent les Pays-Bas après la mort du | |||||||||||
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prince Maurice, il renonça à toute gloriole d'auteur: ‘Mihi stat sententia haec omnia collecta, solis amicís meis tradere et, ne ad hostes patriae perveniant, belgico idiomate conscribere’, et, pour les mettre à l'épreuve, il se proposa ‘non uni, sed tribus minimum amicis haec tradenda, nec nimis temerè desperandum’Ga naar voetnoot1). Il ne se dissimulait pas que l'on pourrait juger avec quelque sévérité son talent d'écrivain: ‘Sciat me hinc duntaxat operam dare ut me ipsum aliquando intelligam, non ut haec ita in vulgus spargantur; ea enim verba, quae prima in mentem venere, posui, ubique manu celerrimâ post, si vivam, correcturus’Ga naar voetnoot2). En effet telles quelles ses notes n'étaient destinées qu'à son propre usage, mais si leur forme est parfois prolixe, les idées s'avèrent souvent justes et exactes. Une fois seulement, en 1628, probablement après sa nouvelle lecture, Beeckman espéra pouvoir composer un ouvrage lorsqu'il disposerait de loisirsGa naar voetnoot3). En tout cas il s'en est tenu à son ancienne décision. Un des amis dont il avait parlé, était Descartes, qui a dû voir les notes en 1618 et qui les vit probablement encore en 1628, puisque nous savons qu'il connait exactement le manuscrit en 1630. Un second ami était le P. Mersenne, qui au cours de la visite qu'il fit à Beeckman en 1630, passa des jours entiers avec le manuscrit sous les yeuxGa naar voetnoot4), en prit et en publia quelques extraitsGa naar voetnoot5). Enfin, le 1er août 1634, Beeckman pouvait aussi désigner comme troisième confident, un de ses anciens élèves: ‘D. Martinus Hortensius, in Illustri Amstelrodamensium Scholâ mathematum professor, vidit et cum judicio percurrit librum hunc meditationum mearum, post D. des Cartes et D. Mersennum tertius’Ga naar voetnoot6).
Après la mort de Beeckman, le manuscrit passa aux mains de son frère cadet Abraham, depuis 1636 recteur de l'école latine à Flessingue. Ceux qui avaient eu connaissance du manuscrit ne tardèrent pas de s'informer de son sort et d'en solliciter la communication, quand ils eurent appris la mort de l'auteur. ‘C'est grand dommage’ - écrivit Mersenne le 23 mai 1638 à Rivet à Leyde - ‘car il pouvoit donner quelque chose de bon en la philosophie, s'il eust voulu. Et je ne sçay que sera devenu un gros livre en blanc, où il escrivoit tout ce qui luy venoit en la pensee. J'y ay leu de belles choses’. Mersenne s'enquit encore du manuscrit auprès de Jean van Beverwyck, à Dordrecht, qui lui répondit le 27 juin 1638Ga naar voetnoot7). On a vu qu'Abraham Beeckman ajouta, vers 1638 ou 1639, quelques indications biographiques sur deux pages du manuscrit laissées en blanc (fol. 296recto et verso). Il fit plus encore et publia, en 1644, une centaine de notes de ce manuscritGa naar voetnoot8). Dans sa dédicace aux magistrats de Dordrecht, datée du 1er mai 1644, il avoue avoir jugé la mémoire de son frère ‘à caligine et oblivione esse vindicandam; praesertim quòd nunquam dedisset in mandatis, nisi credidisset posthumis operibus editis posteritati constare posse, tum veritatis liberam indagationem sibi fuisse propositam, tum Mathematico-Physicis scientiis aliquid addi.... Rogatu doctorum virorum sollicitatus, ne paterer umbris densis ingenium Fratris obrui, centuriam hanc ex multis ejus meditationibus compegi, | |||||||||||
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et eo quidem, quo ille meditatus fuerat, ordine volui exhibere, subinde etiam addito tempore, quo haec ei occurrerant, ne quis compilasse existimaret aliorum Philosophorum scrinia’. Cependant non seulement le choix est assez arbitraire, mais aussi certaines notes sont coupées en deux, et l'ordre, malgré l'assertion de l'éditeur, n'est pas observéGa naar voetnoot1). Mais dès alors l'intérêt était éveillé: Colvius copia une remarque musicologique de BeeckmanGa naar voetnoot2); en se référant à quelques passages expliquant l'action de l'aimant au moyen d'une ‘matière subtile’Ga naar voetnoot3), Jean Smith, de Nimègue, souleva même une question de priorité, en écrivant, le 22 août 1644, à Constantin Huygens: ‘Ostendit non Cartesio ista corpuscula primum in mentem venisse’Ga naar voetnoot4). Si Abraham Beeckman ne mit pas à exécution le projet qu'il avait formé de publier une seconde centaine de notes, du moins permit-il d'utiliser l'oeuvre de son frère. Nommé en 1652 recteur de l'école latine à Rotterdam, ce fut probablement dans cette ville qu'il entra en rapports avec Hendrick Stevin, fils du grand mathématicien, qui avait déjà publié, en 1649, des papiers laissés par son père. Ayant pu voir le manuscrit de Beeckman, Stevin relateGa naar voetnoot5); ‘Hebbende ons broeder Fredric Stevin zal. in syn joncheyt, geleden ontrent dertich jaren, ter studie gelegen by enen Heer Abraham BeeckmanGa naar voetnoot6), doen rector tot Rotterdam en groot liefhebber der wisconsten, hadde hy, BeecmanGa naar voetnoot7) by die gelegentheyt de hantschriften onses vaders Simon Stevin, die onder ons moeder doen noch overich waren (zynde deur haer onbedacht toelaten te voren al van vele der voornaemste gesift) ooc in hande gekregen, en daeruyt verscheyde stoffen in een boec van meer andere zynder eygen aenteyckeningen overgedragen, en onder anderen ettelicke gedachtenissen van watermolens en ander cam en staefwerc, dat wy t' zynder tyt en plaets, hier of elders, menen op te geven’. Après la mort d'Abraham Beeckman à Tholen, en 1663, la trace du manuscrit se perd pour longtempsGa naar voetnoot8). On ignore lequel de ses fils (Abraham, Elias, Enghel ou Daniel) en fut le détenteurGa naar voetnoot9), et on peut seulement supposer que leurs héritiers furent Samuel Beeckman, fils de Jacob, et mort en 1689, ou sa fille Marie (1671-1719), femme de Daniel Radermacher (1666-1708), dont un fils Samuel Radermacher (1693-1761) se maria avec une soeur de Pieter de la Rue, le biographe zélandais (1694-1770). Celui-ci donna dans la seconde édition de son livre une biographie d'Isaac Beeckman, tirée, dit-il ‘uit geschreven aantek(eningen) der familie’; il affirmait: ‘Isaac heeft verscheidene natuurkundige en mathematische schriften nagelaaten’ et mentionnait la publication de 1644Ga naar voetnoot10). Nous avons déjà relevé qu'en 1761 Daniel Radermacher, né en 1722 et fils du Samuel nommé plus haut, parmi ceux de ses ancêtres, possédait aussi quelques portraits de la famille BeeckmanGa naar voetnoot11). Plus tard encore des papiers relatifs à la famille Beeckman et appartenant à Mr. Johan Maurits, échevin et conseiller de Flessingue, fournirent des | |||||||||||
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renseignements sur Jacob, frère d'IsaacGa naar voetnoot1). En tout cas le manuscrit de celui-ci fut bien conservé, puisqu'on semble en avoir alors renouvelé les feuilles de gardeGa naar voetnoot2). Ce n'est qu'au siècle suivant qu'on le retrouve. Il était alors en possession d'Abraham-Jacob 's Graeuwen, né à Middelbourg le 14 août 1813, médecin dans cette ville, et y domicilié Lange NoordstraatGa naar voetnoot3). La généalogie de sa famille n'a rien de commun avec celle des BeeckmanGa naar voetnoot4). Il semble avoir été un grand collectionneur: dès 1840, dans les catalogues des ventes publiques, faites à Middelbourg par les libraires Jutting et J.C. et W. Altorffer, son nom figure régulièrement parmi ceux des acheteurs de peintures, de gravures et de curiosités scientifiquesGa naar voetnoot5). Toutefois notre manuscrit n'étant pas mentionné dans les catalogues du temps, il est probable que 's Graeuwen l'acquit par une autre voieGa naar voetnoot6). Après sa mort à Middelbourg le 14 avril 1878, ses héritiers confièrent le manuscrit à la librairie Van Benthem et Jutting à Middelbourg, et dans le catalogue de la vente publique de livres qui eut lieu les 28 octobre 1878 et jours suivantsGa naar voetnoot7), on le trouve sous le numéro 2186Ga naar voetnoot8). Il fut alors acheté pour la somme dérisoire d'un demiflorin par la Bibliothèque provinciale de Zélande, parce qu'il était indiqué comme étant l'oeuvre d'un Zélandais. Cependant la présence du manuscrit dans cette bibliothèque fut longtemps ignorée, et Mgr. Monchamp, en donnant, dans une étude sur les rapports de Beeckman et Descartes, des extraits de l'édition de 1644, ne put qu'exprimer l'espoir qu'on découvrît un jour la partie restée manuscriteGa naar voetnoot9). Ce fut en juin 1905 que nous le trouvions dans cette bibliothèque au cours d'autres recherches, et nous appelions l'attention sur lui par deux notesGa naar voetnoot10), tandis que M. Korteweg, professeur à l'Université d'Amsterdam, signalait la découverte à M. Adam, qui, après la mort du regretté Tannery, prit soin de la nouvelle édition des oeuvres de Descartes. M. Adam, persuadé de l'importance du manuscrit, fit partager sa conviction à M. Korteweg qui, en novembre 1905, proposa à la Société hollandaise des Sciences à Harlem, une publication intégrale ou partielle. Après le beau discours qu'il prononça le 19 mai 1906 devant l'assemblée des Directeurs, il fut décidé de faire effectuer une copie du Journal; un comité fut nommé en vue d'un examen plus approfondi du texte et le soin de l'édition fut confié à l'auteur de ces lignesGa naar voetnoot11). Plusieurs | |||||||||||
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savants applaudirent à cette décisionGa naar voetnoot1), en particulier M. Adam, qui donna, dans un nouveau tome de sa publication, plusieurs extraits du Journal accompagnés d'une ample introductionGa naar voetnoot2). Lorsque la Société précitée déclara ne pouvoir envisager qu'une édition partielleGa naar voetnoot3), la déception fut grandeGa naar voetnoot4). Les conséquences financières de la guerre l'empêchèrent même par la suite de mettre à exécution son projet et d'accorder des crédits aux éditeurs français ou hollandais, avec lesquels nous étions entrés en rapport en 1923 et 1925. Cependant les discussions sur la loi de la chute des graves que Beeckman et Descartes avaient eues en 1618, firent insister à nouveau des érudits comme WieleitnerGa naar voetnoot5), MilhaudGa naar voetnoot6), DijksterhuisGa naar voetnoot7) et KoyréGa naar voetnoot8) sur l'importance du manuscrit, dont nous-même publiâmes ailleurs d'autres fragmentsGa naar voetnoot9). Dès lors se manifesta derechef le désir d'une publication intégrale et notamment M. Jean Pelseneer, secrétaire du Comité belge d'histoire des Sciences, se donna, en 1935, beaucoup de peine de ce sujetGa naar voetnoot10). On revint à la charge à l'occasion du tricentenaire de la mort de BeeckmanGa naar voetnoot11). C'est alors que la Société anonyme Martinus Nijhoff à la Haye nous avisa qu'elle voulait bien satisfaire au désir général, en nous confiant le soin de l'édition. Nous lui exprimons ici les sentiments de notre vive reconnaissance. Nous remercions également M. le Bibliothécaire de la Bibliothèque provinciale de Middelbourg, qui a mis le manuscrit à notre disposition, la Société hollandaise des Sciences à Harlem qui nous a permis d'utiliser sa copie pour l'impression, et M. l'archiviste de Flessingue, par l'intermédiaire duquel nous avons pu consulter plusieurs ouvrages.
Sur la manière dont nous avons compris notre tâche d'éditeur, nous dirons ce qui suit: Nous n'avons pas suivi l'exemple des documents de l'époque qui reproduisent les phrases successives sans aucune interruption, mais souvent nous avons mis une phrase à la ligne. Contrairement à l'habitude de notre auteur nous avons placé une majuscule à chaque phrase nouvelle. La ponctuation qui faisait souvent défaut, est rectifiée. Les noms propres sont mis en capitales, les titres des livres, les proverbes, expressions ou citations, en italiques. En certains cas les mots latins sont pourvus des signes requis (verò, flatûs, etc.); les noms des corps célestes d'un majuscule (Sol. Terra, etc.). Les lettres se rapportant aux figures, ou les lettres indiquant des notes de musique, ne présentant le plus souvent aucune différence avec les autres lettres du texte, nous les avons imprimées, a nos risques et périls, en italiques; d'autre part ce | |||||||||||
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procédé rendait inutile la reproduction des points qui se trouvent parfois de chaque côté de ces lettres. Les figures sont numérotées, et les dates entre lesquelles les notes furent écrites, ou la date elle-même, ont été mises en haut des pages de même que le foliotage du manuscrit. Les notes figurant dans l'édition de 1644 sont pourvues d'un astérisqueGa naar voetnoot1). Au contraire nous avons supprimé les titres qui se trouvent en tête des pages initiales du manuscrit dont nous avons parlé ci-dessus. Ces modifications ou additions, dont la plupart peuvent aider à faciliter la lecture, sont faites sans mention spéciale. Cependant quand nous avons cru devoir procéder à des corrections ou réparer quelque omission, nous avons indiqué la leçon du manuscrit au bas des pages. Nous avons fait de même en joignant ou en séparant deux notes dans les parties copiées. Pour ne pas rendre trop volumineuse notre édition nous n'avons pas traduit le texte des notes écrites en flamand. Nous avons divisé le manuscrit en trois volumes: le premier comprendra les notes que Beeckman rédigea lorsqu'il était domicilié en Zélande; le second celles qu'il écrivit à Utrecht et à Rotterdam; le troisième reproduira celles de Dordrecht. Ces trois volumes seront précédés de notices indiquant l'adjonction de pièces d'autre provenance, la transposition de certains documents ou la suppression de certains autres. Un quatrième volume comprendra des Varia, des documents rassemblés par Beeckman ou par d'autres, et se terminera par un index des noms propres et une table des matières. |
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