Petits poèmes, à l'usage de l'enfance(1835)–Hieronymus van Alphen, Mattheus van Heyningen Bosch– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 100] [p. 100] Le nid d'oiseaux. conte. Un jour la petite Rosine, Trouva, dans un buisson d'épine, Un nid d'oiseaux fort bien caché: ‘Ah! je possède enfin ce que j'ai tant cherché, Dit-elle; quel bonheur! et que j'aurai de joie Avec ces aimables petits! Il faut que ma mère les voie, Et que, dans mon panier, je les porte au logis.’ Rosine rencontra sa mère, Qui lui conta ceci: ‘Ma chère enfant, crois-moi, N'enlève plus de nid: c'est un plaisir pour toi, Mais pour les vieux oiseaux quelle douleur amère! Combien tu les rends malheureux! Ne pleurerais-tu pas si, toi, Pierre et Julie, Vous étiez, malgré vous, éloignés de mes yeux? Chère Rosine! eh bien! que ton ame attendrie Ait compassion de ces vieux! Ne cherche pas ton allégresse [pagina 101] [p. 101] Dans ce qui peut d'un autre exciter la tristesse.’ - ‘Jamais, dit Rosine; jamais! Ah! j'en aurais trop de regrets. Mais, ma bonne Maman, écoute, Écoute ces pauvres petits! Ils ne font que crier: c'est qu'ils ont faim, sans doute.’ - ‘La faim seule n'est pas la cause de leurs cris, Répond la mère; et je suis sûre Que tu vas les faire mourir, Si, par beaucoup de nourriture, Tu crois les empêcher de crier, de gémir. Veux-tu goûter un vrai plaisir, Et voir, avec quel soin, avec quelle constance, Les autres viendront les nourrir? Assieds-toi seulement et garde le silence. Les vieux vont prendre, en ta présence, Des mouches et des vermisseaux, Pour les porter au nid de leurs jeunes oiseaux. Oui, grâces à la Providence, Comme nous ces oiseaux ont aussi des parens, Qui savent beaucoup mieux que notre intelligence, Ce qui convient à leurs enfans. Ils les aiment avec tendresse, Et les environnent sans cesse [pagina 102] [p. 102] De soins généreux et touchans: Dieu créa leur amour pour un si doux usage! Crains donc de troubler leur bonheur: Tu ne dois pas être plus sage Que le sage et bon Créateur.’ A sa mère obéit Rosine; Mais doucement, sans bruit, et sans toucher à rien, Elle allait souvent voir, dans le buisson d'épine, Si les jeunes grandissaient bien. Vorige Volgende