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Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal- en Letterkunde 1933 (1933)

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Titelpagina van Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal- en Letterkunde 1933
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tijdschrift / jaarboek


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal- en Letterkunde 1933

(1933)– [tijdschrift] Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal- en Letterkunde–rechtenstatus Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd

Vorige Volgende
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[p. 399]

Brieven van Hendrik Conscience aan Melchior Baron von Diepenbrock, prinsbisschop van Breslau, uit het Erzbischöfliches Diözesan-Archiv te Breslau,
Door Prof. Dr. Alfons Nowack, archiefdirecteur.

Melchior Diepenbrock werd in 1844, toen hij nog domdeken te Regensburg was, opmerkzaam gemaakt op Hendrik Conscience door een artikel in de Augsburger Allgemeine Zeitung van 11 Juli, getiteld: Die flämische Literatur und ihre hervorragenden Schriftsteller. Daarin werd van hem getuigd, dat ‘een onverklaarbare betoovering uitgaat van zijn pen, van zijn lippen, zoodat het volk erdoor geboeid wordt en dit zijn woorden als honig opzuigt’.

Toen nu een geestvolle, Vlaamsch-kennende dame van haar reis door België drie kleine werken van Conscience had meegebracht, nl. ‘Hoe men schilder wordt’, ‘Wat eene moeder lyden kan’ en ‘Siska van Roosemael’, die bij J.E. Buschmann verschenen waren, en den wensch uitdrukte, dat Diepenbrock die in 't Duitsch zou vertalen, gaf hij gaarne gehoor aan dit verzoek en ontving van Conscience, wien hij om mededeeling van zijn werken gevraagd had, het vriendelijke bericht, dat deze zich zeer vereerd zou achten als zijn ‘bescheiden pennevruchten’ door hem zouden vertaald worden.

In 1845 publiceerde Diepenbrock onder den titel ‘Flämisches Stilleben’ de drie vertellingen, die levendige belangstelling opwekten voor het als schrifttaal haast geheel onbekende Vlaamsch en een grooten lezerskring bereikten. Diepenbrock bleef ook nadien in briefwisseling met den dichter, die steeds verder op zijn roemrijke baan voortschreed. In 1845 ging Diepenbrock over tot het prinsbisdom Breslau en werd door paus Pius IX in 1850 tot kardi-

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[p. 400]

naal verheven. In het aartsbisschoppelijk Diozesanarchiv aldaar bevinden zich de zeven hiernavolgende in 't Fransch geschreven brieven van Conscience, dagteekenend uit de jaren 1847 tot 1849, en een brief van Alexander von Humboldt aan Conscience. Zij werden alle te Antwerpen geschreven.

I.
Anvers, ce 9 janvier 1847.

Monseigneur et Cher Bienfaiteur,

 

J'ai été bien dangereusement malade et n'ai pu quitter ma chambre pendant plus d'un mois. Je souffrais beaucoup d'un dérangement dans les intestins et ne pouvais m'occuper de rien, tellement mon intelligence s'était affaiblie. Grâce à Dieu j'ai recouvré la santé, sans que le mal ait laissé d'autres suites qu'une maigreur peu visible et déjà presque vaincue.

A la réception de la dernière lettre de V.E. (Votre Eminence)Ga naar voetnoot(1) j'ai envoyé mon ouvrage à M. de HumboldtGa naar voetnoot(2) avec une lettre comme V.E. me l'a conseillée. Le volume est parti par voie de libraire, je ne dois donc point m'étonner de ne pas avoir encore reçu de réponse.

Peut-être mon ouvrage n'est-il pas encore parvenu à V.E., car ces sortes d'expéditions subissent souvent de très longs retards. Mon nouveau conte de la vie flamande, intitulé Lambrecht HensmansGa naar voetnoot(3), est sous presse, il doit paraître en février. Je m'empresserai d'en adresser un exemplaire à V.E.

Je n'ai pas écrit à Mr. Votre frère que j'avais parlé à V.E. de sa demande; il m'a demandé après cela de faire insérer pour son compte un avis dans nos journaux, avis qui ne portait d'ailleurs pas son nom et qui concernait le commerce. Je lui ai rendu ce petit service avec plaisir. Depuis ce moment notre correspondance est terminée.

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[p. 401]

A l'occasion du jour de l'an toute ma famille et moimême (sic) nous nous sommes souvenus avec reconnaissance du bien que V.E. nous a fait dans ma personne, et nous avons adressé à Dieu des voeux sincères pour qu'il daigne vous réserver des jours longs encore et surtout exempts de contrariétés. Qu'il vous accorde la santé, ce plus précieux des biens terrestres!

M. Wappers se joint à nos souhaits et se recommande au bon souvenir de V.E.

 

Monseigneur et cher Bienfaiteur
Votre serviteur reconnaissant et dévoué
Conscience

II.
Anvers ce 30 mai 1847.

A son Eminence Monseigneur le Prince Evêque de Breslau,

 

Monseigneur,

 

Je suis bien content d'avoir reçu la bonne lettre de V.E. du 21 ct., car je n'eusse pas osé Lui écrire sans autre motif que celui de me rappeler à Son souvenir et Lui exprimer ma reconnaissance ou Lui parler de mes chagrins ou de mes joies. Ses instants sont trop précieux.

M. l'abbé Negrelli m'a envoyé un exemplaire de la Vita domestica et une lettre, dans laquelle il me faisait entendre qu'il allait en écrire à votre Eminence. En lisant cette traduction j'ai été (pour autant que je comprenne l'italien) étonné de la manière tout à fait coulante et originale dont la langue italienne rend le ton naïf du Flamand. Il faut que la traduction que Vous avez daigné faire soit bien fidèle et bien naturelle, pour que je retrouve mon ouvrage presque sans altération, même encore dans une traduction romane faite d'après une traduction tudesque.

J'ai publié il y a environ un mois l'esquisse de moeurs intitulée Lambrecht Hensmans. Le premier exemplaire en a été adressé à V.E., mais comme j'emploie la voie de libraire, il se peut que cet exemplaire ne soit pas encore arrivé à Breslau. Il en a déjà

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[p. 402]

paru une traduction allemande chez Marcus à Bonn; cette édition se ressent de la hâte que l'on y a mise, car elle me semble pleine de fautes typographiques. Il est dit sur la couverture: Unter mitwirkung des verfassers, quoique cela ne soit pas le moins du monde; mais comme le traducteur, qui demeure à Bruxelles, rend des services à notre cause flamande, je ne pense pas qu'il convienne que je me brouille avec lui pour si peu de chose et que j'ouvre peut-être avec lui une polémique désagréable.

La misère est si grande dans nos pauvres Flandres (le pays le plus riche de l'Europe cependant) que je ne me sens pas le courage d'en essayer la moindre description; la bienfaisance quoique générale est impuissante à combattre le fléau de la famine. Notre Société de Littérature a tenu dernièrement une Séance Solennelle, j'y ai prononcé un discours en faveur des Flandres, et, sous l'influence de mes douloureuses paroles, j'ai fait une collecte avec la demoiselle de notre Gouverneur de la province. Le lendemain nous avons adressé à divers curés des Flandres une aumône de 1200 francs. C'est beaucoup dans les circonstances actuelles, car la charité publique est réellement épuisée.

Monseigneur et cher Bienfaiteur, vous devez avoir des chagrins, vous si bon et si généreux! Le peu que les journaux m'apprennent sur ce qui se passe dans le diocèse de Breslau suffit pour me plonger dans la tristesse, chaque fois que par l'esprit je me transporte auprès de Vous. Je vois V.E. luttant de bonté et de patience avec la misère qui frappe le pauvre, avec les dissensions qu'on cherche à semer dans l'Eglise, avec l'immoralité qui se produit au grand jour. L'homme qui combat pour le bien trouve sans doute la force et le courage dans la sainteté de sa mission; mais il y a aussi des moments où, dans la solitude, le plus fort laisse pencher la tête et éprouve du regret de devoir user sa vie dans cette lutte éternelle contre l'esprit du mal, qui se reproduit sous mille formes et reste toujours debout pour éprouver les bons. Vous, Monseigneur, qui aviez besoin de paix et du bonheur que l'on trouve à faire le bien, vous avez accepté une lourde croix, je le comprends maintenant. Puisse le Seigneur donner à V.E. la santé du corps et la force de l'esprit; puisset-il vour préserver si ce n'est de la douleur, que ce soit au moins de ses effets.

J'ai bien souffert aussi de mon cóté. Une maladie grave m'a tenu d'abord au lit et dans la chambre pendant trente jours. C'était une inflammation violente des intestins. Peu de jours après ma guérison il m'est arrivé une chose étrange, qui m'a ôté une dizaine d'années de ma vie, j'en ai l'inébranlable conviction. Je

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[p. 403]

demeure près du chemin de fer dans le faubourg; de mon jardin je vois de cent pas sur le chemin. Ce jour-là, en revenant de la ville, je remarquai près de la route ferrée un chardon d'une espèce qui m'était inconnue et je priai mon beau-père, qui est un vieillard, de l'aller déplanter pour le mettre dans mon jardin. En y allant il emmena mon fils, qui a quatre ans (rassurez-vous Monseigneur; avant de continuer je dois prévenir V.E. je n'ai eu qu'une peur non fondée) je poursuis: Mon enfant et son grandpère pouvaient être rendus à l'endroit désigné. Un convoi passe et s'arrête avec violence; les lamentations remplissent l'air; j'entends crier sur la route: un enfant tué, un enfant écrasé. Je monte sur un banc de mon jardin, je vois emporter un cadavre mutilé... grand comme mon enfant, habillé comme mon enfant. Je renonce à vous peindre ce que j'éprouvai alors. Je suis resté pendant cinq minutes (tout un siècle) dans la conviction intime que je venais de voir emporter mon enfant. Je préparais mon épouse défaillante à recevoir ce coup terrible, lorsque le grandpère est accouru avec mon fils. Le malheur avait frappé une autre famille. Je suis resté quatre jours sans dormir, j'ai visiblement vieilli, et maintenant encore mon sommeil est souvent troublé par des terreurs inexplicables et des tressaillements sans motif. Le corps et l'âme ont subi en moi une rude atteinte, et il me faudra une grâce particulière et beaucoup de temps pour recouvrer la plénitude et l'énergie de mes facultés. D'un autre côté, je souffre d'une persécution incessante de la part des personnes qui voient en moi un obstacle à la réalisation de leurs désirs anti-nationaux ou anti-conservateurs. La politique est ici la lutte la plas déloyale, la plus hargneuse et la plus cruelle qu'il soit possible d'imaginer. Amour du bien, patriotisme, talent, modération, rien n'y fait. Avec ce (?) nom public il n'est même pas permis de rester dans la neutralité; on en serait toujours violemment arraché, fût-ce même par les bons. Ajoutant à cela que ma place est insuffisante pour l'entretien de ma famille et que je fais de vains efforts pour obtenir quelque avancement, il sera facile de comprendre que les moments de tristesse et de chagrins sont nombreux dans ma vie. Votre bonté m'a acquis une place exceptionnelle dans la littérature de mon pays; cela ne m'empêchera pas de traîner une existence inféconde et précaire, et de laisser mes enfants dans le dénuement le plus complet lorsqu'il plaira à Dieu de m'appeler à Lui.

Je remercie la noble Dame von Bonstetten de son aimable souvenir. Je lui adresserai mon ouvrage dès que j'aurai l'occasion de le faire par voie de libraire. J'espère que Mademoiselle von

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[p. 404]

DiepenbrockGa naar voetnoot(1) se porte bien et est aussi heureuse qu'Elle peut l'être dans ce temps d'épreuve.

Que Votre Eminence me pardonne la longueur de cette lettre et daigne croire à mes sentiments d'inaltérable gratitude.

 

Monseigneur, de Votre Eminence,
le plus dévoué serviteur,
Conscience

III.
Anvers, ce 21 octobre 1847.

A Son Eminence Monseigneur le Prince-Évêque de Breslau.

 

Monseigneur et Cher Bienfaiteur,

 

Je me hâte d'écrire à Votre Eminence pour l'informer d'une chose qui ne peut manquer de lui faire plaisir. Mr. WappersGa naar voetnoot(2) a fait un voyage en Allemagne et a été accueilli partout avec une sympathie tout à fait exceptionnelle. A Berlin M. le Baron Al. Von Humboldt lui a remis une lettreGa naar voetnoot(3) pour moi. M. Wappers est de retour aujourd'hui. Je Vous adresse, ci-contre, copie de la lettre de l'illustre voyageur, ce qu'elle contient de flatteur pour moi, dira à V.E. l'importance extraordinaire que je dois attacher à un pareil document, surtout dans un moment où les attaques et les calomnies déchaînées contre moi depuis bien des mois, me feraient douter moi-même de ma vocation et de ma conscience. Il n'y a plus (sic) au monde de doctrine que l'on ne m'ait prêtée, pas de moyen machiavélique que l'on n'ait employé pour me nuire; au point qu'il y a beaucoup de gens ameutés

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[p. 405]

contre moi sans savoir dire au juste pour quelles raisons. D'abord l'on a attaqué mon caractère, puis mes ouvrages, puis l'académie parce que je m'y trouve; on m'a tout contesté, tout décrié. C'est un système organisé de longue main par les partis extrêmes, qui voudraient ravir au peuple flamand ses sentiments de paix et ses moeurs pures, au profit d'idées creuses et de théories subversives. Je suis le premier obstacle à cette corruption; ils croient que derrière moi se trouve la porte par où il leur faut passer - et de là les efforts inouïs qu'ils font pour me déplacer. Ils m'ont fait beaucoup de mal sans doute; mais en ce qu'ils recherchent comme but ils n'y ont pas réussi le moins du monde. Je suis encore debout et tant que je le serai ils ne parviendront pas à mettre le Voltairisme (sic), le communisme etc. à l'ordre du jour chez les Flamands. Ici je suis obligé de m'oublier moi-même, de négliger ma défense individuelle pour veiller à l'esprit que l'on tend à introduire parmi les habitants des communes flamandes. Loin de moi l'idée d'empêcher que la civilisation fasse son chemin jusque dans la dernière hutte, j'y aiderai de toutes mes forces, mais je refuse d'accepter sous le nom de civilisation ces mille formes de l'esprit de mécontentement avide et égoïste, qui tend à briser tous les liens de la société actuelle. Je souffrirai encore beaucoup avant que cette nouvelle lutte ne soit terminée, mais quelque puisse en être l'issue, il me restera toujours plus que je n'aurais osé espérer d'obtenir jamais.

En présence de tant d'ennemis qui me dénigrent, la lettre de M. Von Humboldt est comme tombée du ciel pour m'inspirer du courage et de la confiance. Dans cette marque de sympathie de l'homme que je vénère, avec une espèce d'adoration pour l'esprit de la haute science dont nul ne semble rempli comme lui, je dois voir une faveur particulière de la providence, laquelle, comme V.E. me l'a déjà dit, semble visiblement me protéger. Cette lettre sera le plus beau joyau que je pourrai léguer à mon fils; et à cette fin je la conserverai réligieusement avec quelquesuns des témoignages de la bienveillance de V.E.

J'ai envoyé une copie de la lettre à Berlin à un ami de Mr. CorneliusGa naar voetnoot(1), qui m'aime beaucoup et qui voit souvent Mr. Von Humboldt; j'ai fait cela pour savoir de Berlin si je pouvais faire un usage public de la lettre. J'ai été poussé à cette démarche par Mr. Wappers et par Mr. le Consul Général de Prusse, qui prétendent que la lettre est visiblement écrite et arrangée pour

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me faire du bien, si je jugeais utile de la publier. Comme je n'ai pas pu refuser ici d'en laisser prendre des copies par des personnes très haut placées, qui tenaient à en avoir le texte, et même à quelques amis, je craignais des indiscrétions que l'on aurait pu commettre dans le dessein de me servir. J'ai voulu demander à Mr. Humboldt lui-même la permission de faire usage de sa lettre; mais les mêmes personnes me l'ont déconseillé en disant que ce serait tenter la délicatesse de l'illustre personne. J'attendrai maintenant l'avis de Berlin. J'écrirai aujourd'hui à Mr. Humboldt, qui est à Paris, pour le remercier, et je lui ferai comprendre qu'il serait possible que mes amis fissent usage de sa lettre. Je lui demanderai pardon d'avance. S'il tenait à ce que cela n'eut pas lieu, il aurait encore tout le temps de me le faire savoir. En ce cas je me garderai bien de lui désobéir - et l'on ne saurait rien de la lettre, à moins que l'on ne la publie à Berlin avant que j'aie eu le temps de l'empêcher. Et cela pourrait être, car les personnes qui possèdent la copie sont les mêmes, en préférence de qui Mr. von Humboldt a dit qu'il allait m'écrire et à qui il doit avoir laissé entendre quel était son but. C'était à une grande fête que Mr. Cornelius a donné (sic) à Mr. Wappers. J'ose espérer, Monseigneur et cher bienfaiteur, que vous excuserez cette longue lettre. Le ciel vous donne le bonheur et la santé!

Monseigneur, de Votre Eminence
Le très humble et très reconnaissant serviteur.
Conscience

 

Copie.

 

4 Monsieur Hendrik Conscience, à Anvers,

 

Monsieur,

 

Un grand artiste, qui s'honore de votre amitié et que l'Allemagne envie à votre noble patrie, veut bien se charger de ces lignes. Elles sont l'expression d'un sentiment d'admiration dû au caractère d'originalité native, de simplicité touchante, d'aménité vertueuse, qui sont la source des impressions que vous savez produire, et dont le reflet ne se perd même pas dans des traductions plus ou moins heureuses. En portant ce jugement de vos ouvrages, surtout de ce boek des natures qui répond si bien à

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[p. 407]

son titre, je me fais l'interprête de cette Allemagne trop longtemps dédaigneuse envers les idiomes, d'une même parenté, mais modifiés par des différences d'organisation intellectuelle et physique difficiles à saisir. J'ai eu le plaisir de lire moi-même au Roi et à la Reine, au haut de la colline historique de Sans-Souci quelques-unes des nobles productions de votre sensibilité, interprêtées par un Prince de l'Église, digne de vous comprendre. On est sûr de plaire dans une soirée dont vous faites les frais, Monsieur. J'ai appris avec une vive satisfaction que S.M. le Roi Léopold, appréciateur éclairé du vrai mérite, vous ait donné une marque de sa haute confiance en vous rapprochant de ce qu'il a de plus cher.

Agréez, je vous prie, Monsieur, l'hommage des sentiments affectueux du voyageur préadamite de l'Orenoque et des steppes d'Asie.

(signê) Al. Humboldt

IV.
Anvers, le 1et Décembre 1847.

Monseigneur et Cher Bienfaiteur,

 

Accordez-moi comme un nouveau bienfait la permission de chercher une consolation, en vous entretenant des chagrins sans nombre qui m'assaillent de tous côtés maintenant. Votre Eminence sait depuis combien de temps je Lui ai signalé les manoeuvres des ennemis de ma cause patriotique contre moi. J'ai eu longtemps la force de lutter contre la calomnie et contre l'envie. Aujourd'hui le pouvoir dans notre pays est tombé aux mains de personnes ennemies de tous mes protecteurs et de la cause que je défends. Il en résulte que ceux qui m'attaquent empruntent à l'appui du Ministère même une force, qui m'accable, et comme le Ministère actuel est venu au pouvoir avec l'appui de toutes les sociétés secrètes et des clubs, il règne par la violence et par l'intimidation. Déjà il a destitué une vingtaine de Gouverneurs et de sous-Gouverneurs, sous le prétexte avoué qu'ils appartiennent à l'opinion catholique: or comme je suis réputé également appartenir à cette opinion, le parti qui triomphe pour le moment crie, à qui veut l'entendre: Conscience doit être brisé; il partira d'Anvers ou il mourra à la tâche! Le système qu'ils ont employé pour parvenir à ce but est une machination infernale.

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[p. 408]

D'abord ils ont crié et écrit contre moi de manière à faire croire, que c'est faire acte de libéralisme que de me persécuter, et un titre à la protection de l'opinion dominante. Ensuite ils ont effrayé mes amis par des menaces les plus affreuses.

C'est presqu'en pleurant que beaucoup d'entre eux viennent me demander de ne pas les suspecter parce qu'ils s'éloignent de moi: des raisons de famille, la perspective d'être enveloppés dans la persécution qui m'enveloppe leur en fait un devoir. Mais tout ceci n'est rien encore. Mr. Wappers, notre plus grand peintre, est mon protecteur et mon ami. A cause de cela ils ont juré de détruire sa réputation. Lui aussi doit être brisé et quitter Anvers. Un journal radical de notre ville a été chargé d'ouvrir le feu contre l'académie de peinture; il a dit contre ce glorieux établissement les choses les plus absurdes; mais comme le prétexte était attendu, le Ministère s'apprête maintenant à réorganiser l'académie, de manière à ce que Mr. Wappers doive donner sa démission de directeur. Quant à moi, l'on supprimera la place que j'occupe; c'est-à-dire on nommera un secrétaire au lieu d'un greffier. Ce changement de nom leur permettra de me mettre dehors, sous prétexte de suppression d'emploi. Tous les honnêtes gens savent ce qui se fait et dans quel but on le fait; mais il règne dans notre pays une espèce de terreur qui rend tout le monde muet. Notre bon Roi lui-même est impuissant; on a déjà sacrifié grand nombre de ses plus dévoués serviteurs; il en souffre sans doute, mais fidèle aux lois constitutionnelles du pays, il doit laisser faire les ministres responsables.

Ainsi de tous mes amis, Mr. de LaetGa naar voetnoot(1), un de mes plus anciens compagnons d'armes, était chargé par le Gouvernement d'écrire l'histoire des travaux publics de Belgique. Au milieu de ce travail, et lorsqu'un volume de 600 pages est fait, on lui dit que le Gouvernement renonce à ce travail, sans donner le moindre motif Il est père de trois enfants et reste sans pain.

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[p. 409]

Il paraît que c'est dans peu de jours que paraîtra l'arrêté ministériel qui me privera de mon emploi. Cela me cause du chagrin, de devoir quitter une institution que j'aimais avec ferveur et à la splendeur de laquelle j'ai sacrifié mon temps et mes veilles. Quand j'y suis arrivé, l'académie comptait 400 élèves - aujourd'hui elle en compte 1300. Mes ennemis mêmes ont cent fois avoué que l'on devait en grande partie ce succès à ma sollicitude et à mon travail. Mais il ne s'agit pas de cela. Personne au monde ne formule contre moi le moindre reproche qui ne soit du domaine de la politique et cela leur suffit. On a été jusqu'au Roi pour me ravir sa faveur et l'emploi honorable qu'il m'a accordé. Je n'ai pas encore été appelé auprès de LL. AA.; mais, j'ose toujours espérer que S.M. me laissera la jouissance de la petite pension attachée au titre qu'Elle a daigné me conférer.

Mon parti est pris. Dès que je serai destitué j'irai demeurer dans un village, à une dizaine de lieues de ma ville natale; je tâcherai de retrouver le repos dans la solitude. Mes ennemis ne me laisseront pas tranquille pour cela; ils me craignent toujours. Je voudrais qu'ils puissent m'oublier. J'ai bien des difficultés à vaincre pour pouvoir jouir de l'ostracisme, auquel je me soumets. Issu d'une famille pauvre, j'étais le soutien matériel et moral de beaucoup de personnes, de vieillards. Maintenant les moyens me manqueront pour mon propre soutien. Que puis-je encore pour eux? Cependant la responsabilité qui m'incombe de ce chef est difficile à secouer, et peut-être devrai-je me soumettre à des sacrifices impossibles.

Voilà, mon cher et honoré bienfaiteur, les épreuves que; j'ai à subir, souffrant non seulement de mes propres malheurs. mais des malheurs que mon amitié a attirés sur d'autres personnes On veut m'écraser comme chef d'une cause, et pour me ravir mes appuis on frappe audessus et audessous de moi tous ceux qui partageaient mes idées.

Nous ne sommes soutenus d'aucune part; ce que nous mêmes et nos amis faisons pour nous défendre tourne contre nous, parce que c'est le pouvoir même qui veut nous atteindre. Pardonnezmoi, Monseigneur, d'avoir entretenu Votre Eminence de cette triste position; mais savoir que Vous, mon cher bienfaiteur, aurez connaissance de ce que je souffre est déjà une grande consolation pour moi.

De Votre Eminence
Le Dévoué et reconnaissant serviteur
Conscience.

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[p. 410]

V.
Anvers, ce 9 janvier 1848.

A Son Éminence, Monseigneur le Prince-Évêque de Breslau,

 

Monseigneur,

 

J'aurais dû peut-être remplir envers Votre Eminence un devoir de reconnaissance en Lui adressant mes voeux le jour même du renouvellement de l'année; mais la crainte d'être importun m'a fait retarder celle-ci jusqu'aujourdhui. Il est bien superflu, Monseigneur, d'exprimer ici de nouveau tout ce que mon coeur renferme de gratitude pour V.E., de respect et d'amour. Elle sait, j'en ai la consolante certitude, que je souhaite le bonheur de mon bienfaiteur plus que le mien propre peut-être, et que je suis prêt à remercier Dieu d'une joie qui arrive à V.E. comme s'Il avait daigné m'en combler moi-même. Je souffre beaucoup maintenant, mais que je sache V.E. en santé et jouissant de la paix de l'âme, autant que ces temps d'épreuve le permettent, j'aurai toujours de quoi remercier et bénir la providence comme d'une idée consolante dans mon malheur.

Ma situation n'est pas changée; je suis bien positivement au ban de tous les clubs qui se sont emparé dans notre pays de la direction des affaires. Ce règne, basé sur la violence et sur l'intimidation, ne peut durer toujours; il s'usera par l'exercice de la force brutale même.

Impuissant contre toutes ces passions déchaînées, contre toutes les calomnies organisées comme une trame mystérieuse et insaisissable, je plie sous l'orage et attends de meilleurs jours. Ah, je ne suis pas seul à souffrir ainsi. Ce qui se produit en Belgique est le même mouvement qui semble travailler l'Europe comme une fièvre sourde. C'est l'esprit d'invidualité (sic), d'égoïsme, de haine contre tout devoir social et religieux, qui s'est rué sur ceux qui croient qu'il y a dans l'organisation de la société actuelle des choses et des liens qu'il faut conserver à tout prix pour préserver la civilisation d'un retour vers la décomposition et la barbarie.

Pour vous donner une idée de la persécution morale que subissent ici les personnes dont les opinions ont été Catholiques ou Conservatrices, je ne citerai qu'un fait qui est personnel à des hommes connus de V.E.

Depuis le commencement de ma carrière, Mr Wappers

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[p. 411]

a été mon bienfaiteur et mon ami, j'étais moi son confident, son fait-tout, son défenseur, son frère. Nous étions sincèrement attachés l'un à l'autre, et aujourd'hui nous nous aimons encore d'une vive affection. Eh bien, par intimidation exercée par tous les moyens possibles, jusqu'à des menaces anonymes d'assassinat par surprise, au moyen des terreurs de sa famille, on est parvenu à l'isoler de tous ses amis. Il lui est défendu de me parler de sa situation et de la mienne, et il souffre comme moi et pour les mêmes motifs que moi! Je le vois tous les jours, mais il doit rester muet et moi, respectant sa douleur, je me tais également. Je ne vais plus jamais chez lui, pour lui éviter les reproches de ses ennemis. A moi on voudrait imposer l'obligation de haïr Mr Wappers comme la cause de la persécution, et à lui on dit la même chose de moi. Les autres amis et défenseurs de Mr Wappers sont frappés d'un interdit plus rigoureux encore, c'est à peine s'il ose les saluer. Si Votre Éminence voit quelqu'invraisemblance à de tels faits qu'Elle veuille se souvenir de la pauvre et malheureuse Suisse, où les passions ont pu montrer ce que pour eux signifient les mots de liberté, de justice et de tolérance.

Pour ce qui est de notre position à l'Académie, on n'y a encore rien changé pour le moment, si ce n'est que l'on nous fait subir mille petites persécutions. Il paraît que le Gouvernement, c. à. d. le Ministère, attendra la fin des séances de la Chambre pour toucher à cette institution.

Quant à moi, j'ai bien pris mon parti. Je laisse faire et écrire et ne me défends ni par actes ni par écrits. J'ai cherché ma consolation dans le travail, et viens de commencer un ouvrage en 3 volumes qui sera intitulé Jacob Van Artevelde (1340).Ga naar voetnoot(1) J'ai un plan superbe, du courage et de l'énergie en abondance, et si mon espoir n'est pas trompé, je ferai mieux que jamais cette fois.

En attendant que je puisse apprendre à V.E. qu'un changement notable s'est fait dans ma position, j'ose La prier de vouloir me pardonner mon extrême confiance dans sa bonté et d'excuser la hardiesse, que je prends de L'entretenir des détails de mes contrarietés et malheurs.

 

Monseigneur, de Votre Eminence,
le plus humble et le plus respectueux serviteur,
Conscience

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[p. 412]

VI.
Anvers, ce 10 juillet 1849.

Monseigneur et Cher Bienfaiteur,

 

La lettre de V.E. est venue jeter un rayon de consolation au milieu des chagrins de toute sorte qui m'abattent. Mon vieux père est décédé il y a huit jours. J'ai passé auprès de son lit les six derniers jours de sa longue maladie. Non pas, que ce soit cet événement qui m'ait comblé de douleur. J'ai vu mourir mon père, mais si doucement, si saintement, que l'idée de ce passage à une autre vie, dont je parlais avec lui, nous a semblé à tous deux une chose naturelle, une disposition divine, à laquelle il peut être heureux en de certaines circonstances d'avoir à obéir. A son dernier moment mon père a levé les yeux vers le ciel et il s'est endormi en souriant. Je l'ai embrassé - et cet adieu, que j'avais rêvé si terrible, ne m'a semblé qu'un appel au revoir. Je ne puis m'expliquer quel baume de consolation cette scène a versé sur mon esprit... Quelques jours après, la réalité du départ éternel a repris le dessus, et les regrets sont venus; mais il me reste une grande partie de l'impression surnaturelle que mon âme a reçue au moment solennel. C'est donc là, la mort du juste, telle que je l'ai vue décrite dans des livres pieux! Ce sont d'autres causes qui me découragent. Une fois j'ai écrit à Votre Eminence, que j'ai cru voir un terrible malheur arriver à mon fils, et j'ajoutai que cette secousse avait été si violente, qu'elle m'ôterait dix années de ma vie. Ses persécutions de toute nature dont j'ai été l'objet depuis ce moment, et que j'essuie encore, sont venues ajouter à cette impression. J'ai gagné une maladie nerveuse, qui réagit constamment sur l'estomac. Je crois qu'on appelle cela gastrite. Je ne sais plus travailler, les idées les plus noires me poursuivent; je recherche avec fanatisme la solitude, tout bruit, la parole de mes amis me fait mal; je perds la mémoire, et j'ai lieu de croire que je ne ferai plus grand chose.

Ma femme est également malade; malade de peur de l'épidémie, qui semble avoir choisi notre ville pour résidence. Elle a presque disparu dans le reste de la Belgique: à Anvers, depuis deux mois, elle fait trente victimes par jour. Jusqu'ici elle ne règne que du côté du port et de la rivière; comme je demeure à la campagne je ne connais pas un seul cas dans nos environs. Cependant tout le monde à Anvers, et dans la banlieu (sic), a

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l'imagination frappée, et la terreur est au coeur de tous. Voilà deux mois, que du matin au soir, des populations entières suivent en priant le chemin de la Croix (les stations), qui chez nous contournent la ville par les boulevards intérieurs). Les églises ne cessent d'étre remplies, et l'on chante trois services du soir différents, tellement la pensée du peuple s'est élevée vers Dieu en présence du fléau. - On signale aujourd'hui une décroissance dans la marche de la maladie. Puisse cet espoir se réaliser.

Mon ouvrage Artevelde a été reçu avec enthousiasme par les Flamands. J'ai été une fois à Gand pour affaires et j'y ai été l'objet de chaudes ovations. Hélas, je suis devenu presqu'insensible à tout ce qui pourrait me réjouir, ingrat envers le bonheur, je n'ouvre mon âme qu'aux impressions les plus noires, les plus désespérantes. Ma raison, mon énergie, se révoltent contre cette disposition d'esprit inexplicable; mais c'est comme une seconde âme qui est en moi et que je ne puis vaincre ni fléchir.

Fasse Dieu que je me trompe, mais il est en moi un sentiment, qui me dit que la vie, la vie d'action et de courage, se retire de moi et avec elle s'éteint le peu de moyens qui m'avait été donné. Peut être encore que ces sombres prévisions ne sont que l'effet d'un mal physique, que le temps peut guérir. Si je pouvais voyager pendant quelques semaines, cela me ferait du bien, je pense; mais bien des obstacles s'opposent à ce que j'obéisse à cette aspiration vers un changement de climat et de vues. Mes fonctions me retiennent à Anvers, surtout maintenant que l'on est officiellement aux aguets pour me trouver en défaut. D'un autre côté, dans ces temps critiques je ne puis quitter ma femme ni mes enfants.

Je bénis le Seigneur de ce qu'il ait accordé à V.E. et à sa bonne soeur la santé.

Que Votre Eminence veuille excuser mon griffonage et la tristesse qui règne dans cette lettre. Dans mon malheur je me souviens chaque jour de celui qui éclaira ma vie d'un éclat de bonheur et de joie, que je n'avais pas connu avant et je ne dois plus connaître désormais, ma gratitude envers Lui doit être éternelle.

 

Monseigneur et cher Bienfaiteur
de Votre Eminence
le très humble et très reconnaissant serviteur,
Conscience

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VII.
Anvers, ce 1er mars, 4 heures de relevée.

Son Eminence Monseigneur le Prince-Évêque de Breslau.

 

Monseigneur,

 

J'aurais voulu écrire plus tôt à V.E., mais les événements qui se pressaient et se suivaient de la manière la plus inattendue ne le permettaient pas. Aujourd'hui je me hâte de vous faire connaître quelle est la nature de l'impression produite en Belgique par la révolution soudaine, dont la France vient d'être le théâtre.

D'abord tout le monde a été saisi, stupéfait et comme terrassé par les nouvelles; bientôt le sentiment national a surgi intense et grandiose du danger même. Nos représentants de toutes nuances se sont donnés (sic) la main, l'opposition s'est réconciliée avec les ministres, et tous ont déclaré ensemble que de ce moment aucun parti ne pouvait plus exister en Belgique. La réconciliation a été sincère et l'on a exprimé au RoiGa naar voetnoot(1) la ferme volonté de défendre le trône et l'indépendance du pays.

Notre armée est appelée toute entière sous les armes; les conscrits se rendent à leur corps en chantant des chants belges; dans peu de jours (trois ou quatre) nous aurons 100.000 de troupes régulières, non compté la garde civique ou landwehr et les volontaires.

Le peuple est admirable d'enthousiasme patriotique et d'amour de l'ordre. Notre Roi se promène dans Bruxelles sans garde et sans suite; il est accueilli partout par des témoignage d'amour, nos jeunes princes se promènent dans le parc au milieu de la multitude.

Quelques communistes allemands ont voulu haranguer le peuple à Bruxelles, mais la police les a mis au violon en présence des Bruxellois qui riaient de cette folle tentative. Gand, Anvers, Liége, sont tranquilles; partout il y a de la confiance et de l'horreur du désordre. Les Bourgeois, dans les estaminets et ailleurs, ne souffrent pas que l'on chante des chants français comme la Marseillaise, etc. On ferme aussitôt la bouche à tout imprudent parleur.

Les journaux de Paris nous disent que nous avons proclamé la république et que notre bon roi est en fuite. Cette nouvelle

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a fait hausser les épaules. Il est même parvenu à Bruxelles des dépêches de Paris au Gouvernement provisoire de Belgique!!!

Voilà la situation actuelle; nous avons l'espoir de voir passer l'orage au-dessus de nos têtes sans être atteints. Si la France voulait nous conquérir, nous défendrions notre territoire avec énergie. Tous nos journaux sont unanimes dans ce sentiment. La Belgique a pris la résolution de ne pas provoquer la France, ni par son langage ni par ses actes; elle admet que la France est maîtresse de faire chez elle ce qui lui plait; mais elle emploiera tout son énergie pour la conservation de ses libertés, qui aujourd'hui sont encore aussi étendus que ceux (sic) de la république nouvelle.

Fasse Dieu que notre Patrie ne soit point trompée dans son attente. Aujourd'hui elle espère à bon droit; mais dans des temps comme ceux qui se passent tout est changeant comme le flot des mers.

Si quelque chose de nouveau se produisait, je me ferai un devoir de vous en informer, car tout le monde doit être aujourd'hui curieux de savoir jusqu'où le changement, qui menacent (sic) les idées, les états et les peuples, peuvent s'étendre.

J'ose espérer que V.E. jouit d'une bonne santé et qu'elle daignera excuser la hâte que j'ai mise à écrire la présente lettre.

 

De Votre Eminence,
le très humble et reconnaissant serviteur,
Conscience

voetnoot(1)
Diepenbrock was toen nog geen kardinaal. Pas op 30 September 1850 werd hij met het purper bekleed.
voetnoot(2)
Conscience stuurde in 1846 zijn boek ‘Eenige Bladzyden uit het Boek der Natuur’ aan Alexander von Humboldt (1769-1852), waarop deze hem, zij het eerst later, een zeer waardeerend schrijven liet geworden.
voetnoot(3)
Verscheen pas in 1847.
voetnoot(1)
Blijkbaar wordt bedoeld Apolonia von Diepenbrock, de innig-vrome zuster van Melchior. Om te vermijden, dat men haar naam tot dien van den Griekschen God Apollo zou terugvoeren, schreef zij haar naam met één 1.
voetnoot(2)
Baron Gustaf Wappers (1803-1874) was bestuurder van de Kunstakademie te Antwerpen.
voetnoot(3)
Jostes, in zijn Hendrik Conscience, 1917, blz. 49, zegt, dat Conscience's tegenstanders beweerden, dat deze brief gefingeerd zou zijn. Ondanks zijn eenigszins zonderling uitzicht valt aan de echtheid evenwel niet te twijfelen. Een andere vraag is, of Wappers, die den brief uit Duitschland meebracht, hem niet uitgelokt heeft om zijn gunsteling behulpzaam te zijn.
voetnoot(1)
Ridder Peter von Cornelius (1783-1867), die den monumentalen stijl in Duitschland grondvestte.
voetnoot(1)
Johan-Alfried de Laet (1815-1891), geneesheer, introduceerde Conscience in een kring van jonge mannen, die gekant waren tegen de klassieke richting en de eigenlijke dragers van de romantiek te Antwerpen waren. De Laet toonde hem in het tijdschrift l'Artiste twee sonnetten van zijn hand. De naam van De Laet was gedrukt, dus hadden velen dat gelezen. Dit maakte op Conscience den diepsten indruk. ‘Niet het schrijven op zich zelf, maar de zekerheid gelezen, veel en met vreugde gelezen te worden, was en bleef zijn hoogste doel, waar hij al 't andere aan onderwierp en dat het karakter van zijn schriften het meest heeft beïnvloed’. Op aansporing van zijn vriend ging Conscience ook gedichten schrijven, en zoo ontstonden weldra ‘de eerste zuchten van een niet begrepen dichter’. Franz Jostes, M. Gladbach, 1917, blz. 22 vlg.
voetnoot(1)
Verscheen 1849.
voetnoot(1)
Leopold I, Koning van België, (1790-1865).

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Over dit hoofdstuk/artikel

auteurs

  • Hendrik Conscience


editeurs

  • Alfons Nowack


datums

  • 9 januari 1847

  • 30 mei 1847

  • 21 oktober 1847

  • 1 december 1847

  • 9 januari 1848

  • 10 juli 1849