Verzameling der Zangstukken bekroond door de Koninklyke Maetschappy van Fraeie Konsten en Letterkunde te Gent, den 18 van Weimaend 1816
(ca. 1816)–Anoniem Verzameling der zangstukken bekroond door de Koninklyke Maetschappy van Fraeie Konsten en Letterkunde– Auteursrechtvrij
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La journée de Waterloo,
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Mais déjà dans son cours la messagère aîlée
A d'un retour funeste effrayé vingt États,
Et d'un sommeil trop court l'Europe réveillée
Se relève en courroux, et s'apprête aux combats.
Déjà la vaste Germanie,
Frémissante à ce nom dès-long-tems odieux,
A de sa jeunesse aguerrie
Rassemblé les essaims nombreux.
Un cri farouche et belliqueux
Des remparts de Berlin au loin s'est fait entendre:
Albion livre aux vents ses altiers pavillons,
Et les vieux soldats d'Alexandre
Calmes et menaçans, serrent leurs bataillons.
Cependant le despote a ressaisi son glaive:
De la France épuisée il veut rouvrir le flanc;
Courbé par le malheur, son orgueil se relève,
Et c'est peu de régner, s'il ne verse du sang.
Dans son espoir féroce il appelle au carnage
Ces guerriers, dont naguère il trahit la valeur,
Et d'une voix tonnante adresse ce langage
A leurs légions en fureur:
‘Vous qu'a délaissés la victoire,
Je la ramène dans vos bras.
L'affront qui flétrit votre gloire
Vous demande d'autres combats.
Nous ressaisirons nos conquêtes,
Mais le fer doit les obtenir.
Venez, les périls sont vos fêtes,
Il faut triompher ou mourir.
Vous qu'a délaissés, etc.
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L'univers appartient aux braves:
Le faible doit semer, c'est nous qui moissonnons.
Je vous promets de l'or, du sang et des esclaves;
Marchons!’
Il dit: et d'un seul cri tous jurent de le suivre
Cent mille combattans, qu'un fol espoir enivre,
Déjà font retentir les hymnes du vainqueur.
Perfide! où conduis-tu leur téméraire ardeur?
En vain ta voix séduit leurs phalanges guerrières;
De quoi te serviront ces prestiges nouveaux?
L'infâme trahison a souillé leurs bannières:
L'honneur entoure nos drapeaux.
Mais la trompette sonne; et de leurs fiers rivaux
Le bronze au loin grondant annonce la présence.
On voit à l'autre bout de cette arène immense
Du Belge et de l'Anglais flotter les étendards;
Et leurs rangs, hérissés d'une forêt de dards,
Sur les guérets voisins s'étendent en silence.
Les chefs de nos jeunes guerriers,
Versant de nouveaux feux dans leurs coeurs intrépides,
Promettent à ces coeurs, de renommée avides,
Et des périls et des lauriers.
‘Soldats, en ce jour la Patrie
Se repose sur ses enfans.
Écoutez sa voix qui vous crie:
Belges, songez à vos sermens!
Cent fois les mains de la victoire
Ont couronné nos fiers Ayeux;
Jurons, héritiers de leur gloire,
Jurons de triompher comme eux!
Soldats, en ce jour la Patrie, etc.
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Cohorte vaillante et fidelle,
Sachons jusqu'au trépas défendre ce drapeau;
Notre Pays nous voit et l'Honneur nous appelle:
Vive la Belgique et Nassau!’
A l'instant tout part, tout s'élance:
Du glaive on voit jaillir l'éclair.
Chassé du tube qui le lance,
Le plomb fatal siffle et fend l'air.
Baissant son arme étincelante
Le bras tendu, le cuirassier
De son impétueux coursier
Guide la fougue obéissante,
Et dans ses rapides élans,
Penché sur la noire crinière,
Roule un nuage de poussière
Qui porte la mort dans ses flancs.
Les ennemis, pressés sous leurs aigles altières,
Invoquent à grands cris le nom de l'oppresseur,
Et fondant à la fois sur leurs fiers adversaires,
Semblent par le péril accroître leur fureur.
De leur choc épouvantable
La plaine au loin a tremblé,
Et sous leur masse innombrable
Le sol gémit ébranlé.
Là, des Chefs les voix tonnantes
Retentissant dans les rangs
Enflamment par leurs accens
Les cohortes frémissantes.
Ici, les timballes bruyantes,
Les sons précipités du clairon belliqueux,
Les sauvages clameurs du soldat furieux,
Et le cri déchirant des victimes mourantes,
D'une horrible harmonie épouvantent les cieux.
A coups précipités les foudres de la guerre
De membres palpitans jonchent au loin la terre.
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Le fer croise le fer: tout immole ou périt.
Sur les casques brisés les sabres retentissent,
Et les coursiers bondissent
Dans le sang qui jaillit.
ô Spectacle à la fois effroyable et sublime!
Sur le corps de Picton, Howard tombe égorgé.
Du plus saint dévoûment immortelle victime,
Brunswick vient de périr... Il est déjà vengé.
Au milieu des guerriers que ton exemple anime,
Guillaume, un coup funeste a menacé tes jours:
Mais un Dieu tutélaire en prolonge le cours,
Et sauve de l'état l'héritier magnanime.
Rien ne peut étonner, en ces instans cruels,
De l'héroïque ArthurGa naar voetnoot(1) l'audace et le génie,
Et vous, nobles enfans de la Calédonie,
Quel barde chantera vos exploits immortels?...
Long-tems, sur ce champ de carnage,
La mort, portant des coups égaux,
Entre ces terribles rivaux,
Dans ses fatales mains balance l'avantage.
Le Corse, écumant de fureur,
Accuse la fortune à le servir trop lente,
Et pressant ses guerriers d'une voix foudroyante,
Par un nouvel espoir ranime leur valeur.
Insensé! Sur ta tête il est un Dieu vengeur
Qui va sur tes débris signaler sa puissance.
Il doit punir le crime, et délivrer la France
De son farouche usurpateur.
Un héros chargé d'ansGa naar voetnoot(2), dont jadis la vaillance
Contre toi du Très-Haut accomplit les décrets,
A su, trompant ta vigilance,
Dans la profondeur des forêts,
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Sur tes flancs désarmés s'avancer en silence.
Ces altiers conquérans, pressés de toutes-parts,
Sont frappés à la fois d'une terreur subite.
C'en est fait: fugitifs, épars,
Dans ces funestes champs l'effroi les précipite:
Mais partout le vainqueur, volant à leur poursuite,
Fait flotter dans les airs ses sanglans étendards.
La bayonnette meurtrière
Perce les rangs éperdus,
Et dans le sang des vaincus
A longs traits se désaltère.
Egaré, furieux, et cédant à son sort,
L'usurpateur a fui.... Seul il consent à vivre:
Et ses vieux compagnons, dédaignant de le suivre,
Tombent avec honneur dans les bras de la mort.
Victoire, victoire immortelle!
Le Belge a défendu ses droits:
Peuple brave, Peuple fidelle,
Jouis du fruit de tes exploits.
Repose enfin, ô ma Patrie;
Qui peut t'attaquer désormais?
Repose-toi, terre chérie,
Dans la Victoire et dans la Paix.
Contrée heureuse, où la vaillance
Brille à côté de la beauté,
Unis les arts à l'opulence,
Et la gloire à la volupté.
Repose enfin, ô ma Patrie, etc.
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