Vaderlandsche letteroefeningen. Jaargang 1865
(1865)– [tijdschrift] Vaderlandsche Letteroefeningen– Auteursrechtvrij1.Monsieur,
Quoique je n'ai pas l'honneur d'être connu personellement de Vous, mon nom Vous devra l'être par une lettre de Mr. le conseiller d'Etat intime de Zimmerman, que j'ai délivré chez Vous dans l'Eté passé, ayant manqué alors de Vous y rencontrer. Depuis ce temps-là j'ai été empêché de reprendre un nouveau tour vers | |
[pagina 412]
| |
Wolfenbuttel, par les indispositions continuelles, où je suis en proie, et qui me mettent hors d'état de sortir. Je prends donc la liberté, Monsieur, de m'adresser par ces lignes à votre indulgence qu'on m'a dépeint comme très extraordinaire pour les pauvres Etrangers, Exilés, Réfugiés, Emigrés qui se trouvent dans ma situation. Il s'agit d'une chose très simple, mais il faut que je Vous supplie de m'y éclaircir par un petit mot de lettre. C'est de savoir, si parmi les manuscrits qui se trouvent à la Bibliothèque il y a (comme on me l'a assuré) un Manuscrit des Jul. Pauli Receptae Sententiae, et de la Legum Mosaicarum et Romanarum Collatio. Vous connaîtrez ces deux ouvrages anciens, Monsieur, dont la meilleure Edition est celle de Schulting dans sa Jurisprudentia Antejustinianea, publiée à Leide, mais qu'on a répétée à Leipsic 1737. - Il m'intéresse extrèmement de savoir si ces deux Ms. existent véritablement à la Bibliothèque, et s'ils sont d'une certaine ancienneté? J'espère, Monsieur, que Vous daignerez bien avoir la complaisance de m'en informer, et en cas qu'ils existent, si je dois me munir d'un consentiment particulier de Monseigneur le Duc pour avoir l'avantage de les examiner? En Vous demandant pardon pour l'importunité, j'ai l'honneur d'être Monsieur, avec beaucoup de considération,
Votre très humble
bilderdijk.
Brunsvic ce 22 Mai 1805. | |
2Monsieur,
Je Vous ai infinement d'obligations, Monsieur, pour l'illucidation dont Vous avez bien voulu m'honorer par raport aux Jul. Paulus etc. En conséquence, j'ai demandé à Mgr. le Duc la permission d'avoir ce Ms. chez moi pour quelque temps; mais comme ce n'était qu'un des articles d'une lettre assez longue que j'avais l'honneur d'écrire à Son Altesse sur plusieurs sujets, auxquels il ne m'a pas encore été répondu qu'en partie, il se put, ou que ce point-là ait été oublié, ou bien que j'y aurai encore la réponse. Cependant je saisirai la première occasion pour renouvcler mon instance, car je ne doute nullement, qu'elle ne me soit accordée. | |
[pagina 413]
| |
J'ai l'honneur, Monsieur, de Vous présenter ci-joint un Exemplaire d'un petit receuil d'Observations sur le droit RomainGa naar voetnoot1) pour la Bibliothèque Ducale. Comme c'est le seul sur du bon papier qui m'en restait après les présens que j'étais obligé d'en faire aux Cours de Brunsvic et de la famille Stadhoudérienne, je me trouve dans la nécessité, Monsieur, de Vous prier d'en vouloir bien accepter un pour vous-même, sur du papier ordinaire. Je Vous en demande pardon, Monsieur; mais ne connaissant pas ici les coutûmes, je n'ai pas pris les arrangemens nécessaires pour me mettre dans le cas de satisfaire à mes obligations, ainsi qu'il ne me reste plus par raport à ce sujet, que flebile beneficium cessionis bonorum, et de donner ce que j'ai au lieu de ce que je devais. Veuillez agréer, Monsieur, les assurances des sentimens distingués, avec lesquels j'ai l'honneur d'être,
Monsieur, Votre très-humble
Brunsvic ce 31 Juillet 1805. | |
3.Monsieur!
C'est avec bien de reconnaissance que j'ai l'honneur de Vous retourner le Ms. de la Bibliothèque Ducale, que Vous avez bien voulu me confier. C'est une pièce fort curieuse, Monsieur, et qui, quoique n'étant pas ce que je m'imaginois, n'a pas laissé de m'être très utile sous bien de raports. Je trouve, Monsieur, que feu le Professeur Conradi de Helmstad en a fait mention dans ses Parerga, où il en donne un Extrait figuratif qu'il accompagne entre autres de ces mots: ‘Pervetustus Codex Monasterii Wissenburgensis, quem Bibliotheca Augusta hodie servat, in quo post legem Salicam Breviarum ex interpretationibus corporis Mariciani contractum extat etc.’ De grâce, Monsieur, quel est ce Monastère | |
[pagina 414]
| |
ou couvent de Wissenburg; de quelle manière et depuis quand ce Codex est-il parvenu dans la Bibliothèque Ducale; ct comment Mr. Conradi a-t-il sû cela? Voila trois points qui m'intéressent infiniment, et que peut-être Vous me pourriez éclaircir. Je sens que j'abuse de votre bonté; mais pardonnez à l'indiscrétion, si j'ose Vous les proposer, Monsieur. Le passage de Conradi, dont je parle, se trouve dans la nouvelle Préface de l'Edition de 1740, page XXVIII. - Le petit carton, attaché en dedans de la reliure, marqué ‘97 Mst. Weiss’ paroit s'y raporter. Je suis extrèmement faché, Monsieur, que l'état de ma santé ne me permet pas de me rendre chez Vous, tant pour Vous témoigner de bouche l'obligation dont je suis pénétré vis-à-vis de Vous, que pour Vous demander bien de renseignements par raport à la Bibliothèque et aux Mss. tant Juridiques que de Littérature du medium aevum. N'y en a-t-il pas un Catalogue, que je pourrois consulter sur ces deux objets? J'ai l'honneur d'être avec les sentimens les plus distingués,
Monsieur, Votre très-humble
Brunsvic, ce 14 Septembre 1805. | |
4.Monsieur,
Vos plaintes, Monsieur, ne sont que trop justes, et je m'en avais fait déjà bien de reproches, quand votre aimable et indulgente Lettre vint à mes secours pour me donner l'audace d'avouer une faute que je n'osois plus ni pallier ni excuser. Sensible à vos bontés, Monsieur, je ne prolongerai plus l'embaras que je puis Vous avoir causé, et j'ai l'honneur de Vous retourner cijoint le Catalogue en question en vous priant de vouloir bien agréer ma reconnaissance et mes remerciments pour l'usage qu'il m'a été permis d'en faire. Cependant comme je n'ai pas tiré encore toute l'utilité que je m'étais proposé, je serai enchanté, Monsieur, de profiter de l'offerte que vous daignez me faire, et de le redemander encore (pour quelques jours) lorsque je serai plus à même de vaquer à cet objet, que malheureusement je ne le suis dans ces momens. | |
[pagina 415]
| |
L'Etat pénible où je me trouve par raport à ma santé, et la nécessité de m'occuper jour et nuit d'un objet qui excluait toute autre occupation, et qui m'entraine toujours plus loin, voilà, mon cher Monsieur, la vraie source de ce retard inopiné, dont je me suis rendu coupable, et que je serois plus honteux encore de vouloir défendre, que de l'avoir commis. Que mes souffrances physiques et morales s'exaspèrent encore par la fatalité des calamités publiques, qui en amènent aussi de personnelles à moi, rien de plus naturel, Monsieur; et Vous pénétrez fort bien quels en doivent être les effets sur une constitution comme la mienne, abimée par un enchaînement de malheurs et de frustrations qui n'ont cessé jusqu'ici de me poursuivre. Je mets un prix infini, Monsieur, à la part que vous daignez y prendre, et j'accepte les voeux que Vous faites pour le soulagement de mon sort, avec toute la reconnaissance que cette généreuse compassion ne doit inspirer. Puisse l'année qui va commencer, adoucir à la fin tous les maux où l'humanité se trouve plongée et que nous partageons tous, dans un plus grand ou moins degré. Il y a longtemps que j'ai désiré de faire une course à Wolfenbuttel, mais les forces me manquent absolument. Le credula vitam Spes fovet et melius cras fore semper ait c'est ce qui me soutient. Je me trouverois très- heureux, Monsieur, de Vous signifier en personne, comme je suis pénétré des bontés que Vous me témoignez, et de Vous offrir les sentiments d'un cocur tout rempli d'estime et de gratitude, avec lequel j'ai l'honneur d'être, Monsieur,
Brunsvic ce 9 Decembre 1805. | |
5.Amsterdam, le 10 Decembre 1811.
Monsieur!Ga naar voetnoot1). La seconde Classe de l'Institut de Hollande, dont l'organisation à été confirmée par decrèt de Sa Majesté l'Empereur et Roi, du 21 Octobre dernier, s'occupant de la langue et de la littéra- | |
[pagina 416]
| |
ture Hollandaise, ne doit négliger aucune des sources, dont cette branche de l'ancienne langue Teutonique découle; et l'on n'a pas besoin, Monsieur, de Vous expliquer l'importance des restes précieux du Franc-Theodesque pour ce qui constitue l'objet de ses recherches et de ses travaux. C'est sous cet aspect, Monsieur, que la Classe ne peut que s'intéresser vivement à un Manuscrit de Willeramus, qui doit se trouver dans la Bibliothéque de Wolfenbuttel, Manuscrit unique (à ce qu' on vient d'être informé) tant par son ancienneté que par une paraphrase Latine en prose, et autres parties, qui ne se trouvent ni dans les Editions connues ni même dans les Ms. de Vienne. J'ajoute que selon les renseignements qu'on vient de recevoir, ce Ms. est quoté du No. 131 et qu'il a appartenu autrefois à l'illustre Marquardus Gudius, dont le catalogue le marque du No. 289 à la page 50-51. Associé à notre corps littéraire comme Membre Correspondant, Vous ne refusercz pas, Monsieur, d'obliger notre Classe par le service qu'elle va Vous demander par rapport à ce point. Il s'agit d'être informé, si l'on pourrait obtenir la communication de ce Ms., et sous quelles conditions? On sait qu'il a été consenti quelquesfois à de tels emprunts de livres, moyennant une garantie publique ou privée. Nous désirerions d'apprendre la disposition des règlements de la Bibliothèque à cet égard, et nous nous flattons, Monsieur, qu'en tout cas (à moins qu'il n'y eut quelque obstacle invincible) l'Institut Hollandais pourra jouir d'un tel avantage, ne fût-ce que par les rapports partieuliers de Sa Majesté, le Roi de Westphalie, avec l'Empereur et Roi, notre Souverain. Si cependant vous trouviez, Monsieur, que ce qu'il y a d'inconnu ou d'extraordinaire dans ce Ms. n'est pas d'une telle importance que nous le croyons d'après les renseignements recus, la Classe se bornerait à demander une copie exacte de la dite paraphrase Latine, et de la Préface, avec une collation à faire sur l'Edition de Merula ou de Scilterus; et c'est à quoi nous espérons que dans ce cas lá, Vous voudrez bien concourir par vos soins, qui seront reconnus, comme il appartiendra. Veuillez agréer, Monsieur, la considération distinguée de notre Classe, qui sera flatteé de l'honneur de votre réponse, et permettez que j'y joigne l'assurance la plus positive de mes respects particuliers. Dans l'absence du Secretaire perpétuel,
bilderdijk. | |
[pagina 417]
| |
6.Amsterdam ce Avril 1812. Monsieur!
Dans la réunion des quatre Classes ou divisions qui forment l'Institut Hollandais, dont l'organisation a été conformée par decrèt Impérial du 20 Octobre dernier, la seconde Classe est appelée à s'occuper de tout ce qui regarde la littérature, les antiquités, et l'histoire de notre païs. Elle ne peut donc que s'intéresser à tout ce qu'il y a de monuments qui puissent contribuer à éclaircir ces objets. Et comme il y a lieu de croire que les bibliothèques ou Musées de l'Allemagne, en contiendront de différents genres, Vous ne trouverez rien de plus simple, Monsieur, que son désir de s'en informer par le moyen de ceux de ses membres correspondants qui sont à portée d'en suppéditer des renseignements. C'est comme tel, Monsieur, que la dite Classe a recours à votre bonté, et l'on se flatte, que Vous voudrez bien servir par rapport à ce point. Il s'agit dans ceci principalement de vieux Manuscripts Hollandais ou Flamans dont on sait que quelques uns ont été conservés dans les collections publiques ou privées des différentes parties de l'Allemagne, mais on ne se borne pas à ce seul idiome. L'Allemand des temps les plus reculés jusqu'au quatorzième siècle nous intéresse également avec tous les dialectes Tudesques, le Gothique, l'Anglo-Saxon, le Runique; et même l'Anglais de la dite époque. On souhaiterait, Monsieur, de savoir, ce qu'il en existe de remarquable dans vos départements. C'est la même chose des briques ou pierres gravées, des figures etc. qui se rapportent par exemple à la Nehalennia de notre Zeelande, au culte des nixes ou nicken de vos contrées etc. Au reste, ce n'est pas à un savant de votre ordre qu'on ait besoin de detailler, eequ'il y a de plus important pour les recherches oú nous nous sommes voués. Vous voyez, Monsieur, ce qu'on ose Vous demander; ce serait une indiscrétion des plus graves, si l'on n'avait lieu de compter sur l'étendue de vos connaissances, sur votre position locale, et sur cet empressement qu'on Vous connaît à contribuer au bien des lettres. Permettez donc que je Vous prie de vouloir bien m'honorer des informations que Vous aurez la faculté et la com- | |
[pagina 418]
| |
plaisance de donner sur ces objets, et veuillez agréer l'assurance de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur de Vous saluer.
Dans l'absence du Secretaire perpétuel, bilderdijk. | |
7.Amsterdam, le 29 May 1812. Monsieur!
La Lettre que Vous prîtes la peine de m'écrire à l'occasion de mes perquisitions sur le Ms. de Willeramus m'a touché vivement, et toute la Classe n'est pénétrée que des mêmes sentimens par raport aux désastrueuses nouvelles que Vous nous mandiez relativement à l'apparence de votre destitution. Depuis ce moment j'ai craint de Vous incommoder par mes lettres que je ne trouvois pas le moyen d'affranchir, et telle a été notre persuasion que le partage de la bibliothèque de Wolfenbuttel fût effectuée, qu'au sujet d'un autrc Ms. de la même bibliothèque la Classe a cru devoir s'adresser à Mr. Grimm, Bibliothécaire Royal à Cassel.Ga naar voetnoot1) C'est par celui-ci que nous apprenons maintenant, qu'au moins le transport ne s'est pas opéré jusqu'ici, et nous nous flattons qu'en conséquence votre emploi ne sera pas supprimé. Permettez donc, Monsieur, que je continue à Vous considérer sous cet aspect, et ne prenez pas en mal, si l'on Vous a passé dans une chose qui Vous regardait principalement et directement. La découverte de quelques vieux Mss. Hollandais ou Flamands dans le Cercle de Suabe a donné lieu à notre Classe de marquer par une lettre circulaire à ses correspondans l'intérêt qu'elle prend à tout ce qui regarde notre ancienne langue et les dialectes qui y tiennent. J'ai l'honneur de la joindre à celle-ci. Vous pourrez trouver, Monsieur, que l'objet de cette circulaire y est énoneé d'une manière très vague; mais Vous pénètrerez fort bien, qu'il y a eu des raisons pour ne pas trop distinguer, et je Vous assure, foi d'honnête homme, que nous ne prétendons point de Vous contester vos anciens ouvrages ou de spolier les bibliothèques d'Allemagne. Mais il faut avouer que votre ancienne littérature | |
[pagina 419]
| |
et la nôtre se tiennent par la main, et qu'il est impossible de les séparer l'une de l'autre. Au reste, l'invitation de la Classe vient déjà d'avoir d'excellens effets, quant à l'intérieur de ce païs. Je vous parlais tout à l'heure d'un Ms. relativement auquel nous avions écrit à Mr. Grimm. C'est celui de Maerlant, intitulé der Naturen bloeme; ouvrage du 13e sieèle, et plus connu sous le nom du bestiaire de Maerlant. La Classe en possède un autre Ms. qu'elle désire de comparer avec celui de Wolfenbuttel, et Mr. Grimm en étant informé (dans une correspondance entamée avec lui particulièrement sur d'autres restes du même auteur) s'est offert galamment de nous le procurer, et l'on a accepté cet offre. J'ai cru vous devoir expliquer cette marche d'une affaire qui Vous pourrait étonner, en cas que le Ms. se trouve encore sous votre garde, comme j'ai lieu de supposer. Au reste, je ne doute pas que Vous ne soyez disposé à concourir à un service si essentiel pour l'objet de nos recherches communes. Vous nous obligeriez beaucoup, Monsieur, en nous instruisant si votre Bibliothèque possède la Heymelicheit ou le Wapen Martijn, ou autres pièces connues ou inconnues de MaerlantGa naar voetnoot1) Veuillez me mander, s'il y a quelque voye pour vous faire tenir mes lettres et quelques rapports faits à l'Institut, francs deport. Excusez celle-ci, et soyez persuadé de la véritable considération et de l'attachement particulier avec lequel j'ai l'honneur d'être,
Monsieur, Votre très trumble et obéissant Serviteur, bilderdijk. |
|