philosophique que sur celui de la forme pure, prit rang dans la littérature flamande. Boon avait nourri le dessein ambitieux de faire entrer la vie entière dans la structure brisée mais pleine de sève du roman, refusant tout choix prémédité, cherchant la description brute, presque surhumaine à force d'apreté tragique, de la déchéance moderne. Roman pessimiste encore, mais dont la revendication sociale s'était doublée d'une lancinante inquiétude métaphysique et même d'une certaine attirance par la nature du mal. C'est encore la fascination du mal, de l'ombre et du négatif qui nourrit les dernières oeuvres de Boon et qui se traduit par les milles libertés que prend l'auteur avec le langage, avec la composition classique du roman, avec la vraisemblance.
Lorsqu'en 1949 ce rénovateur de quarante ans voulair bien se joindre aux jeunes du moment, l'on vit naître une revue ‘Tijd en Mens’ (Le Temps et les Hommes) et un mouvement, uniquement tournées vers l'exploration. A ce moment l'art expérimental prit un esor général en Flandre, comme il venait de le faire dans les Pays-Bas. Ce furent les débuts d' Hugo Claus, d'Albert Bontridder, de Remy C. Van de Kerckhove, de Marcel Wauters, de Ben Cami, d' Erik van Ruysbeek.
Claus écrivit son premier roman ‘De Metsiers’ (traduit en français sous le titre ‘La Chasse aux Canards’) et remporta d'emblée le prix littéraire le plus important du pays, il fit paraître ses poèmes et publia ses dessins et tableaux. Chez lui l'exploration se fait surtout dans ces domaines ambigus ou l'inconscience et le savoir, l'instinct et la volonté se touchent, se croisent et parfois se dévorent. Pourtant toute son oeuvre est orientée vers une existence plus saine, plus ouverte, plus paienne aussi, loin de toute morale étriquée. Mais il est vrai qu'il a interprété l'aspect louche et visqueux de certaines existences et de certaines situations dans un langage où ses dons poétiques et ses facultés d'observations atteignent parfois la grandeur du mythe.
Bontridder est plus passionnée que lui, tout ausi surprenant et grave, quoique moins divers en sans virtuosité aucune. Lui aussi a choisi la révolte et dans son grand poème lyrique ‘Dood