fonnées près de l'arcade, sourcillière. Et le sommeil n'est malheureusement qu'un instant entre cette tombée des paupières et leur relèvement. Un terrible travail que celui d'Etat de Veille (un tas de vieilles seront d'accord avec moi).
Ce qui endort l'automobiliste c'est d'avoir un volant qui ne parle pas, une conduite rapide et une digestion lente. Le peintre, quand il se trace un itinéraire au pinceau, quand personne ne le questionne sur le sens de ce cammionnage de couleurs, quand il gratte et enduit, agit et s'agite, quand il agite ses flacons, ses cheveux, ses blancs de plomb, sa garance, son devenir, quand il se voit faire de grands gestes et se surprend à parler tout haut, il s'endort - lui aussi - au volant de ses préoccupations.
L'assoupissement est un moment très important de la journée. C'est peut-être à ce moment-là que tout pourrait se résoudre; que tous les problèmes pourraient se dissoudre, que nous pourrions enfin les confondre. Mais ils s'entendent, eux, pour plonger un immense bâton dans notre roue? Nous, nous les voyons dans un trou, certains de les avoir immobilisés. En vérité, c'est eux qui nous tiennent et fredonnent la berceuse, c'est eux qui nous versent de la route aux fossé, qui nous bordent et nous disent: - ‘Là... là... c'est tout... là’.
Le comble, c'est le fameux réveil en sursaut. Il vient on ne sait pourquoi, généralement comme une giffle - un coup de règle sur les ongles.
Or, cette nuit, il m'avait semblé - et cela de manière précise - avoir repris le dessus. Je les avais tous confondus, les problèmes, tous confondus, ils en étaient bleus, ils n'avaient vraiment plus de quoi être fiers. C'est moi qui avait possédé les Bâtons, on s'était taillé une clef dans les Gramures et seule la Langue - si mes souvenirs sont exacts - seule la Langue... non, la Lance... la Lampe... - et seule...
Le temps qu'il faut à pleine cuillère pour se mettre au travail, est lourd comme un paquet de mer. Il nous lèche les pieds, de jour en jour, de marée en marée et pour ma part quelques