Septentrion. Jaargang 43
(2014)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesLa Frise et le frisonArrêtons-nous un moment en Frise, cette province du nord-ouest des Pays-Bas que l'on regarde souvent comme une région un peu particulière. Par la langue qu'on y parle, par exemple, le frison, langue maternelle de plus ou moins 400 000 personnes. Pour les francophones, le frison ressemble beaucoup au néerlandais, mais ce n'est ni du néerlandais, ni un dialecte. C'est une langue germanique à part entière, comme l'anglais, le néerlandais, l'allemand et les langues scandinaves. La Frise et le frison semblent avoir le vent en poupe. Leeuwarden sera Capitale européenne de la Culture en 2018, mais depuis le 1er janvier 2014 il existe aussi une Taalwet Frysk (Loi sur la langue frisonne) qui reconnaît notamment le frison comme la seconde langue officielle des Pays-Bas. C'est aussi grâce à cette loi qu'a été instauré un Orgaan voor de Friese Taal (Organe de la langue frisonne) chargé de conseiller le gouvernement national et l'autorité provinciale sur un large éventail de questions linguistiques. De plus, la province de la Frise dispose désormais de pouvoirs propres en matière d'enseignement dans la langue frisonne. On voudrait que la contribution de la province quant au contenu, quant à la politique et aux finances améliore la qualité et le dynamisme de l'enseignement du frison et favorise la transmission de cette langue aux jeunes générations. Signalons aussi l'existence, depuis février 2014, du Taalportaal Nederlands en Fries (Portail linguistique néerlandais et frison) qui propose des informations linguistiques accessibles à toutes et à tous à propos du néerlandais et du frison. www.taalportaal.org | |
David Van ReybrouckLa présente revue a ouvert largement ses colonnes à l'oeuvre de David Van Reybrouck (o 1971), historien de la culture, prosateur, dramaturge, poète et chroniqueur flamand. Plusieurs de ses oeuvres ont été traduites en français, mais c'est surtout Congo. Une histoire, édité chez Actes Sud, qui l'a rendu célèbre dans le monde francophone. Ces dernières années, Van Reybrouck s'est révélé un citoyen engagé. C'est ainsi qu'il a lancé et animé le G1000, processus de démocratie directe intéressant qui rassemble un millier de Belges en quête d'une meilleure organisation du pays. Il a rassemblé ses idées sur une démocratie opérationnelle dans un petit livre intitulé Tegen verkiezingen dont la traduction française (Contre les élections) a paru aux éditions Actes Sud. Cette traduction est signée Philippe Noble et Isabelle Rosselin. Dans Contre les élections, Van Reybrouck évoque la crise de confiance de la population à l'égard de la démocratie représentative. Il cherche d'ailleurs des moyens pour combattre cette ‘fatigue démocratique’, ce qui n'est pas neuf en soi puisque en Belgique, dans les années 1990, notamment, diverses idées pour rapprocher la politique et le citoyen avaient déjà été lancées. Mais Van Reybrouck va beaucoup plus loin. Il | |
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Le drapeau frison.
défend l'idée d'un système bireprésentatif, avec des élus et des citoyens... tirés au sort. ISBN 978 2 330 02942 5 | |
La guerreLe centième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale conduit à réfléchir sur les atrocités et les conséquences des conflits et des guerres en général. L'une des nombreuses villes belges qui ont souffert énormément de la Première Guerre mondiale est Louvain. Fin août 1914, l'armée allemande boutait le feu à la prestigieuse bibliothèque de l'université tandis qu'une grande partie du centre-ville partait également en fumée. L'exposition Ravage. Art et culture en temps de conflit, qui se tient au musée M de Louvain jusqu'au 1er septembre, commémore ce terrible événement mais ne se limite pas au sort subi par la cité universitaire. L'exposition montre, en partant de cinq thèmes, comment des artistes plasticiens et des photographes, classiques ou contemporains, tentent d'illustrer dans leurs oeuvres les séquelles des conflits les plus divers. À Louvain également, dans la salle gothique de l'hôtel de ville, on a fait la présentation du numéro thématique Oorlog (Guerre) de la revue de poésie Het Liegend Konijn (Le Lapin menteur). Jozef Deleu, fondateur et ancien rédacteur en chef de Septentrion, puis fondateur de Het Liegend Konijn, a réuni dans ce numéro thématique pas moins de 383 nouveaux poèmes écrits par 112 auteurs d'expression néerlandaise. Chacun y exprime sa vision personnelle des ravages causés par les guerres au mépris total de l'être humain, de son milieu naturel et de sa culture. www.ravage1914.be/fr | |
Jan HoetLe Flamand Jan Hoet, que l'on a souvent surnommé le ‘pape de l'art’, est décédé fin février 2014 à l'âge de 77 ans. Hoet était une personnalité à la fois inspiratrice et contestée qui n'a cessé, tout au long de sa carrière, de chercher la nouveauté dans l'art sans jamais craindre la controverse. Il était primordial à ses yeux d'éveiller l'être humain et, au besoin, de le secouer. Il y est parvenu, incontestablement. En 1975, Jan Hoet devenait le premier directeur du musée d'Art contemporain de la ville de Gand. Il fit tout de suite l'acquisition d'oeuvres d'artistes relativement peu connus alors comme Panamarenko et Joseph Beuys. Au début, il dut ranger ces oeuvres dans les réserves du musée des Beaux-Arts de Gand. Mais il lutta sans relâche pour qu'un véritable musée d'art contemporain voie le jour à Gand, un combat qu'il finira par remporter. C'est en 1999, sur le site du | |
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Jan Hoet (1936-2014).
Citadelpark, que le S.M.A.K. ou Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (musée municipal d'Art contemporain) ouvrit ses portes. Hoet jouissait depuis longtemps d'une renommée internationale. En 1986, à Gand, il avait organisé avec Chambres d'amis une exposition en quelque sorte révolutionnaire. À l'heure de la retraite et de ses adieux au S.M.A.K., Hoet partit pour la ville allemande de Herford où il allait créer, dans un immeuble conçu par Frank Gehry, un nouveau musée qui portera le nom de MARTa. Hoet est resté jusqu'à sa mort le défenseur infatigable de l'art contemporain, organisant lui-même ou collaborant à l'organisation d'expositions importantes. Hoet compte parmi les grands conservateurs internationaux de ces dernières décennies: on le considère généralement comme l'égal du Suisse Harald Szeemann, de l'Allemand Kaspar König et du Néerlandais Rudi Fuchs. Il a joué un rôle de pionnier en révélant au public et en faisant apprécier des artistes aussi ‘difficiles’ que Joseph Beuys, Marina Abramovic, Bruce Neuman, Luciano Fabro et Mario Merz dont il a assuré la promotion. Il a fait connaître par ailleurs des artistes belges à l'étranger. Il a offert à Luc Tuymans, Raoul De Keyser, Guillaume Bijl, Thierry De Cordier et Panamarenko un tremplin de choix pour accéder à la renommée internationale. voir Septentrion, XXI, no 2, 1992, pp. 3-6 et XXVIII, no 3, 1999, pp.65-67 Gerard Mortier (1943-2014).
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Gerard MortierQuelques jours à peine après la disparition de Jan Hoet, il fallut dire adieu à un autre coryphée du monde culturel. Début mars 2014, Gerard Mortier, un grand nom de la scène lyrique, est décédé à l'âge de 70 ans. Gerard Mortier n'a d'abord connu qu'une notoriété relative limitée à la Flandre. Sa grande percée date des années 1980. Mortier a accédé à la renommée internationale en qualité d'intendant du théâtre royal de la Monnaie. Il y a fait venir de grands scénographes de France et d'Allemagne et il a élaboré avec succès une programmation très novatrice. En 1992, Mortier fut nommé manager et directeur artistique du Festival de Salzbourg. Il révolutionna complètement une programmation jusqu'alors classique et rigide, ce qui suscita de nombreuses réactions. Mais Mortier continua d'oeuvrer en pays de langue allemande. De 2002 à 2004, il fut le premier intendant de la Ruhrtriennale. En juillet 2004, Mortier devint directeur de l'Opéra national de Paris où il éprouva des difficultés à s'acclimater. Toutefois, après quelque temps, sa vision et sa ligne d'action remportèrent l'adhésion de la presse française. Les dernières années de sa carrière se déroulèrent dans un climat assez tumultueux. Les spécialistes de l'opéra s'accordent généralement à juger impressionnantes les réalisations de Gerard Mortier et les nouveautés qu'il a introduites, même s'il attachait moins d'importance à la direction administrative et à la | |
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gestion entrepreneuriale. Quant au président François Hollande, il fit l'éloge du talent de Mortier et de son sens de l'originalité. Il admirait également la façon dont Mortier défendit jusqu'à sa mort la cause de la culture en Europe. voir Septentrion XXXI, no 1, 2002, pp. 81-83 et XXXVI, no 3, 2007, pp. 33-39 et http://septentrionblog.onserfdeel.be | |
Anton ValensLorsque les éditions Actes Sud éditèrent Homme de ménage en 2010, cette traduction française du premier roman du Néerlandais Anton Valens (o 1964), écrivain et peintre, reçut un accueil favorable de la critique, notamment dans les pages de la présente revue. Dans ce livre, Valens dépeint une période pénible de sa propre existence au cours de laquelle, pour survivre, il dut travailler pour un service d'aide à domicile. Actes Sud vient d'éditer un deuxième roman de Valens: Poisson (titre original: Vis). Cette traduction est due à Annie Kroon. Cette fois encore, le roman comporte des éléments autobiographiques. L'ami d'un artiste peintre en manque d'argent l'invite à embarquer quelques jours sur le chalutier de son père. Le temps d'une campagne de pêche, il s'agira de renforcer l'équipe, d'apprendre l'efficacité, de travailler sans relâche. Loin de toute dérive existentielle, notre homme est confronté à l'âpreté d'un milieu singulier, un monde où ses émerveillements se heurtent aux impératifs du rendement. Michaël Borremans, The Angel, 2013, détail © Zeno X Gallery, Anvers.
ISBN 978 2 330 02685 1 | |
Michaël BorremansJusqu'au 3 août 2014, le palais des Beaux-Arts Bozar de Bruxelles accueille l'exposition As sweet as it gets, vaste rétrospective qui présente une centaine d'oeuvres de l'artiste flamand Michaël Borremans (o 1963). Rassemblée par Borremans lui-même et par l'Américain Jeffrey Grove, cette exposition se présente en deux parties. Dans la première, les toiles de Borremans sont accrochées sur fond de murs blancs dans des espaces généreusement éclairés. Le visiteur passe ensuite dans des espaces sombres où les dessins et les oeuvres multimédias de l'artiste sont mis en valeur. Michaël Borremans a fait sa percée internationale à la fin des années 1990 avec une oeuvre très diversifiée (dessins, tableaux, films) où il fait ressortir de manière suggestive et ironique l'absurdité de l'existence et le côté trompeur de la représentation. Il ne craint pas les références personnelles à des tableaux historiques, de Vélazquez notamment, de Goya et de Manet. Son oeuvre opère aussi de nombreux rapprochements avec la littérature, la photographie et le cinéma. www.bozar.be |
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