Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesIl n'y a pas très longtemps, le nom de Lens, la ville du nord de la France, évoquait automatiquement pour beaucoup de gens le Racing Club de Lens, la populaire équipe de football. Alors que le club traverse une passe délicate, la ville s'enorgueillit aujourd'hui d'un nouveau pôle d'attraction, et pas n'importe lequel. Le 12 décembre 2012 a eu lieu l'inauguration du Louvre-Lens, une antenne du célèbre musée parisien. Le nouveau temple des Muses a été conçu par l'un des bureaux d'architecture les plus en vue dans le monde, le japonais SANAA. Le bâtiment se présente comme une immense galerie de verre, totalement transparente et blanche. Elle dégage une impression aux antipodes de l'image morne que l'on avait jusqu'ici de la cité minière. Le Louvre-Lens organise jusqu'au 23 septembre 2013 sa première exposition internationale: L'Europe de Rubens. On peut y admirer pas moins de 170 oeuvres de Pierre Paul Rubens (1577-1640) mais aussi des peintures de ses maîtres et de quelques-uns de ses contemporains. Toutes proviennent des collections du Louvre et de prestigieux musées européens et américains. À travers les peintures, les dessins, les sculptures et les objets d'art, l'exposition veut ‘restituer le dynamisme de la création rubénienne’ en évoquant sa ‘culture artistique européenne’. Né près de Cologne, installé à Anvers après un long séjour en Italie, à l'oeuvre aussi à la cour d'Espagne et à la cour d'Angleterre, Rubens est un artiste de dimension européenne et son travail a été largement déterminé par le contexte européen sur le plan politique, social, religieux et économique. En terminant cette ‘Actuelle’, adressons un compliment au Louvre-Lens. Le musée a réussi avec brio à assurer sa communication en trois langues: en français, en anglais et en néerlandais. www.louvrelens.fr Existe-t-il une ‘poésie belge’? La revue littéraire trimestrielle Deus ex Machina répond à cette question en publiant Le Pot belge, numéro thématique bilingue rassemblant précisément des poèmes écrits en Belgique. L'initiative de Deux ex Machina vise à offrir aux deux grandes communautés linguistiques de Belgique l'occasion de faire plus ample connaissance avec la poésie du voisin. Les poèmes des auteurs francophones sont publiés en néerlandais et ceux de leurs confrères néerlandophones en français. Les poètes d'expression française qui ont été retenus sont Laurence Vieille, Antoine Wauters, Éric Brogniet, Serge Delaive, Guy Goffette, Pascal Leclercq, Vincent Tholomé et Frans De Haes. Ce dernier est également un fidèle collaborateur de Septentrion comme traducteur de poésie. Les poètes d'expression néerlandaise repris dans ce numéro sont Delphine Lecompte, Jan H. Mysjkin (très connu aussi comme traducteur), Johan De Boose, David Troch, Lies Van Gasse et Michaël Vandebril. Dans le même numéro thématique, on trouvera des poèmes qui ont pour thème la Belgique (écrits par Maarten Inghels, Andy Fierens et Max Temmerman) et d'autres écrits par des poètes étrangers qui se sentent très proches de la Belgique: le Breton Olivier Cousin et l'Anglais Will Stone. Deux textes de réflexion (l'un | |
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de Benno Barnard, l'autre de Jan Pollet) portent sur la question: existe-t-il une ‘poésie belge’? www.deusexmachina.be Le poète frison Tsjêbbe Hettinga est décédé début mars 2013 à l'âge de 64 ans. Ceux et celles qui l'ont vu à l'oeuvre peuvent en témoigner: Hettinga récitait ses vers d'une manière qui n'appartenait qu'à lui, à la façon d'un barde frison. Il incarnait l'art poétique oral, comme celui qui a dominé la littérature de Homère au Moyen Âge. Aveugle, Hettinga était d'autant plus fasciné par la présence et l'absence de lumière. Il parlait souvent de la rude vie des marins en Frise et au pays de Galles, mais plus souvent encore, sa poésie parlait de la lumière, du vent et de l'eau. Il a acquis définitivement sa place dans le monde littéraire avec Frjemde kusten (Côtes étranges), recueil où sa poésie s'épanouit pleinement. Avec ses vers au souffle puissant et des poèmes généralement longs, animés d'un déferlement baroque, Hettinga se révéla comme un vrai forgeron de la langue qui a fait en sorte, avec beaucoup de verve, que le feu ne perde son intensité à aucun moment. voir Septentrion, XXXVII, no 4, 2008, pp. 79-81Les éditions L'Instant même (ville de Québec) ont publié En attendant les Barbares, un recueil d'essais de Luc Devoldere (o 1956). La version néerlandaise de cette oeuvre, Wachtend op de Pierre Paul Rubens, Étude de cavaliers, 1610-1615, Royal Collection Trust, Royaume-Uni.
Barbaren, date de 2002. Monique Nagielkopf en a réalisé une excellente version française. La barbarie nous menace-t-elle et notre monde vacille-t-il sur ses bases? Ces questions servent globalement de point de départ à une série d'essais très intéressants. Comme l'annonce le texte de la jaquette, tantôt l'auteur se livre à un parcours philosophique (il parle entre autres de Nietzsche et d'Alain), tantôt il aborde la littérature à partir des outils classiques que sont la rhétorique, la poétique et la stylistique (avec une attention particulière pour Horace, Montherlant et Yourcenar). Devoldere ressuscite aussi de grandes figures telles que Ératosthène, Quintilien et Érasme. Devoldere a publié par ailleurs plusieurs essais, principalement sur l'Italie. En tant que rédacteur en chef, il collabore activement aux divers ouvrages et revues publiés par Ons Erfdeel vzw, l'association flamando-néerlandaise éditrice de la présente revue. C'est ainsi qu'il a parcouru pas moins de quatre fleuves pour le livre Ces fleuves qui nous unissent; il a écrit aussi un essai dans Ces trains qui nous unissent et dans Frontière / Grens 1713-2013 paru récemment. www.instantmeme.com Si vos pas vous conduisent dans le Morbihan (dans le sud de la Bretagne), profitez-en pour voir l'ancienne mairie entièrement rénovée de la municipalité de Pont-Scorff. Vous y découvrirez les étonnantes sculptures en bois réalisées par l'artiste néerlandais Pierre de Grauw (o 1921). Ces oeuvres, qui vont de la figuration au style | |
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Pierre de Grauw, En elle-même, bronze, 1984.
archaïque le plus abstrait, ne sont pas les seules réalisations de De Grauw dans le village. Une petite promenade vous fera découvrir une demi-douzaine de sculptures monumentales en bronze, cuivre et ardoise. Pierre de Grauw pratique la peinture et la sculpture dès le plus jeune âge. En 1950, il s'établit en France. Dans son atelier de Bagneux (Hauts-de-Seine), il a poursuivi pendant plus de soixante ans une réflexion nourrie souvent de sujets bibliques, mais toujours dans une perspective humaniste, non confessionnelle et philosophique. Le thème qui domine son oeuvre est l'homme, dans sa double composante masculine et féminine. Les éditions Apogée de Rennes ont publié récemment une monographie intitulée Pierre de Grauw. Sculptures, dessins, peintures. Cet ouvrage passe également en revue les oeuvres majeures de De Grauw, les expositions qui lui ont été consacrées et les expositions collectives auxquelles il a participé. www.editions-apogee.com Il y a trois cents ans que la paix d'Utrecht a été signée. Cette grande conférence diplomatique européenne mettait fin à la guerre de succession d'Espagne. Elle détermina aussi la frontière entre les Pays-Bas autrichiens et ce qui était alors le royaume de France. Cette frontière, qui n'a guère subi de modifications depuis, marque aujourd'hui la limite entre la Belgique et la France. Pour l'association flamando-néerlandaise Ons Erfdeel vzw, éditrice de Septentrion, l'occasion étaitbelle d'éditer un nouveau livre: Frontière / Grens 1713-2013. Avec trois cents ans de recul, cette publication se propose de reconnaître et d'explorer la frontière franco-belge. Que représente-t-elle pour les écrivains flamands et français qui ont grandi dans son voisinage? Deux randonneurs longent la frontière depuis le Risquons-Tout jusqu'à La Panne en notant ce qu'ils voient. Des photographes mettent la région frontalière en images. Des poètes et des essayistes méditent sur la signification des frontières. Qui veut les dépasser doit d'abord les respecter. Le livre, dont il existe une version néerlandaise, contient notamment des extraits - prose et poésie - de Marguerite Yourcenar, Michel Quint, Annie Degroote, Jacques Darras, Davide Longo, Jozef Deleu, Anne Provoost, Luuk Gruwez et Herman Leenders. Il propose des essais et des notes écrits par Régis Debray, Ludo Milis, Geert van Istendael et Joep Leerssen ainsi que des récits de voyage de Luc Devoldere et Wim Chielens. Michaël Depestele, Stephan Vanfleteren et Michiel Hendryckx ont réalisé les photos. www.onserfdeel.be C'est par le plus grand des hasards que la radiotélévision publique anglaise BBC a découvert une peinture inconnue de Anton Van Dyck (1599-1641). Cet artiste flamand considéré généralement comme le plus grand portraitiste du xviie siècle est né à Anvers. Il fut longtemps le peintre de la cour du roi d'Angleterre Charles I. La peinture était entreposée au Bowes Museum, dans le comté de Durham (dans le nord- | |
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Anton Van Dyck, Portrait d'Olivia Boteler Porter, vers 1633, Bowes Museum, Durham.
est de l'Angleterre). Au départ, on a cru qu'il s'agissait d'une copie jusqu'au jour où la BBC publia une photo de la peinture sur Internet. Cette photographie s'inscrivait dans le cadre d'un vaste projet conçu par la BBC visant à publier sur l'internet l'intégralité des peintures à l'huile existant au Royaume-Uni. Dans le portrait d'Olivia Boteler Porter, dame d'honneur de la première femme de Charles I, un historien de l'art reconnut un original du maître flamand. Christopher Brown, expert de l'oeuvre de Van Dyck et directeur de l'Ashmolean Museum d'Oxford, fit une étude approfondie de l'oeuvre et confirma le diagnostic de l'historien. La peinture fut jadis estimée entre 3 500 et 6 000 euros: cette découverte lui donne désormais une valeur de 1,2 million d'euros. voir Septentrion, XXVIII, no2, 1999, pp. 3-11 Depuis l'an 2000, les Pays-Bas ont leur ‘poète national’. L'idée d'attribuer ce titre à un poète vient de Grande-Bretagne où elle avait été introduite en 1616. Aux Pays-Bas, le poète national se doit d'écrire un poème plusieurs fois par an à l'occasion d'un événement (inter)national d'ordre culturel, politique, sportif ou social. Normalement, un nouveau poète national devait être choisi tous les quatre ans, mais, décédé depuis, l'écrivain Gerrit Komrij, le premier poète à avoir été désigné pour remplir cette fonction, y avait renoncé prématurément. En 2013, les Pays-Bas en sont donc à leur quatrième poète national et pour la première fois le poète est une femme, Anne Vegter (o 1958). Le jury qui l'a choisie salue en elle ‘une poétesse d'une grande polyvalence,Anne Vegter, photo M. Doomernik.
une écrivaine dont l'engagement social n'est pas nouveau et qui, au fil des ans, paraît acquérir de plus en plus de force.’ Le jury juge sa poésie très accessible et salue son ‘esprit ouvert’ et sa ‘langue incisive’. Par ailleurs, Vegter a écrit des pièces de théâtre et des livres pour enfants. Au printemps 2014, Vegter se propose de parcourir toutes les régions, toutes les localités des Pays-Bas qui ont vu disparaître leurs bibliothèques et centres culturels par suite de mesures d'économies aveugles. Elle veut associer dans ses activités les médias modernes et des mobilisations éclair (flashmobs) ou des moyens éprouvés comme les slogans scandés dans les manifestations. Elle entend aussi utiliser la poésie comme ‘remède radical contre la domination du langage politico-économique’. www.dichterdesvaderlands.nl |
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