Apprentissage des langues étrangères aux Pays-Bas et en Belgique
On se rappelle que la politique linguistique de l'Europe a comme objectif ‘d'entretenir et de développer la diversité de la vie culturelle en Europe par une connaissance accrue des langues nationales et régionales, y compris les moins largement enseignées’ (recommandation R (98) de la Commission européenne). À cette fin, un Plan d'action a été proposé en 2004, visant le multilinguisme en adoptant le but explicite que le plus grand nombre de citoyens européens soit capable de parler deux langues en plus de leur langue maternelle. On peut se demander ce qu'il en est maintenant aux Pays-Bas et en Belgique.
Aux Pays-Bas, l'apprentissage de l'anglais a été rendu obligatoire dans l'enseignement primaire ‘pour familiariser les enfants avec l'anglais comme langue internationale’ (article 9 de la loi sur l'enseignement primaire). Normalement les élèves commencent l'apprentissage de l'anglais dans les deux dernières années de l'école primaire. Entre-temps, plus de 500 écoles primaires offrent déjà un enseignement de langues étrangères dans les premières années de la formation (onder- en middenbouw). Puis, au niveau de l'enseignement secondaire, tous les élèves de la formation de base (Basisvorming) suivent en principe deux langues étrangères (l'anglais et le français ou l'allemand), mais dans les sections plus fortes (havo, vwo) les élèves doivent apprendre une troisième langue, qui peut être une langue de l'Union européenne, mais aussi le russe, l'arabe, le turc ou le frison.
En Belgique, la situation est plus compliquée et moins uniforme. Étant donné qu'il y a eu plusieurs réformes de l'État qui ont finalement divisé le pays en quatre régions linguistiques (la région unilingue néerlandaise, la région unilingue française, la région bilingue bruxelloise et la région allemande), dans lesquelles les trois Communautés peuvent indépendamment déterminer leur politique linguistique, il y a de grandes divergences dans l'apprentissage des langues étrangères.
En Flandre, le français est imposé à tous les élèves à partir de la cinquième primaire comme deuxième langue. Mais une nouvelle Note linguistique (Taalnota) du ministre de l'Enseignement Pascal Smet, approuvée par le gouvernement flamand en 2011, propose que les élèves des écoles flamandes puissent choisir entre l'anglais et le français comme première langue étrangère. L'anglais obtiendra ainsi, comme le français, le statut de deuxième langue dans l'enseignement flamand. De cette façon, la Flandre prône l'apprentissage de la deuxième langue du pays, le français, et de la langue véhiculaire européenne, l'anglais. Mais les écoles flamandes auront également la possibilité de proposer l'apprentissage d'autres langues de l'Union européenne, ainsi que des langues des pays dits BRIC, c'est-à-dire le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Cette proposition devrait être mise en place à partir de l'année scolaire 2013-2014.
Au sud du pays, l'enseignement francophone ne rend pas obligatoire l'apprentissage du néerlandais comme deuxième langue. On peut donc juger comme au moins étrange la réaction de la ministre de l'Enseignement obligatoire de la Communauté française, Marie-Dominique Simonet, qui trouve la Taalnota ‘contraire à l'ouverture de la Flandre vers ses partenaires wallon et français’. En effet, les Wallons ont, eux, le choix entre le néerlandais, l'anglais ou l'allemand comme deuxième langue. Depuis le décret du 13 juillet 1998, les cours de langue sont généralisés à partir de la cinquième primaire, à raison de deux périodes par semaine. Jusqu'à aujourd'hui, le néerlandais reste de loin la seconde langue la plus choisie par les élèves de primaire. Selon les statistiques de l'Etnic (le service de statistiques de la Communauté française) de 2009-2010, le néerlandais est choisi dans 1 459 établissements, contre 631 pour l'anglais et 42 pour l'allemand. Par contre, la situation est totalement différente dans l'enseignement secondaire. Là, le néerlandais est nettement en perte de