Une collection haut de gamme: le musée Mayer Van den Bergh
Le 3 mai 1901, le collectionneur d'art anversois Fritz Mayer Van den Bergh mourut des suites d'une chute de cheval. Il n'avait que 43 ans. Au cours de sa brève existence, il avait réussi à se constituer une impressionnante collection d'art. Celle-ci allait être intégralement conservée après son décès grâce à sa mère qui avait toujours soutenu la passion de son fils.
Fritz Mayer Van den Bergh était le fils d'un entrepreneur allemand qui s'était établi à Anvers et d'une mère anversoise. Après la mort de son père, Fritz décida de se consacrer exclusivement à une seule activité: collectionner des oeuvres d'art anciennes. Bien qu'il s'intéressât à des formes d'art d'une grande diversité et que sa collection contienne, par exemple, de la porcelaine chinoise et japonaise, son attention s'était essentiellement portée sur l'art produit dans les Plats Pays aux XIV
e, XV
e et XVI
e siècles. S'approvisionnant sur le marché international de l'art, il acheta quelque 4 000 pièces, des tableaux, sculptures, tapisseries,
La façade du musée Mayer Van den Bergh d'Anvers.
dessins, vitraux, monnaies, qu'il fit venir à Anvers. Ami avec les plus grands spécialistes de son temps, Mayer Van den Bergh était lui-même un éminent expert dont les connaissances en matière d'art étaient saluées bien au-delà des frontières de son pays. Souvent, il acquit des oeuvres qui à cette époque ne suscitaient guère d'intérêt. Exemple: l'achat du tableau
Margot la folle de Pieter Brueghel. En 1897, au cours d'une vente aux enchères organisée à Cologne, il sut mettre la main sur cette peinture pour une somme ridiculement basse (488 francs belges, prétend-on). Personne ne montra un quelconque intérêt pour ce ‘paysage fantomatique’. On dit que Mayer Van den Bergh reconnut sur-le-champ cette oeuvre, laquelle avait fait partie de la collection de l'empereur Rodolphe II, parce qu'il connaissait à peu près par coeur le
Schildersboek (Livre des peintres) de Carel van Mander (1548-1606), le biographe des peintres du Nord. Aujourd'hui,
Margot la folle est le tableau phare du musée.
Un an après l'achat de cette peinture, Mayer Van den Bergh fit son acquisition la plus importante. Au nez et à la barbe d'autres collectionneurs et d'institutions de renom (dont le Louvre), il réussit à s'approprier la fameuse collection Carlo Micheli. Aussi découvre-t-on dans sa collection bon nombre d'oeuvres d'art médiévales originaires de France, comme par exemple de précieux panneaux d'ivoire français datant des XIIIe et XIVe siècles et une brillante série de reliefs en marbre et en albâtre du XIVe siècle.
1898 fut pour Mayer Van den Bergh une année faste parce que, en plus de la collection Carlo Micheli, il eut la chance de pouvoir acquérir un célèbre livre d'heures datant du XVIe siècle lors d'une vente aux enchères chez Christie's. Il est vrai que cette fois-ci il dut mettre sérieusement la main à la poche parce qu'il lui fallut débourser pas moins de 1 420 livres sterling, somme considérable pour l'époque. Mais il faut bien dire qu'avec ses 80 miniatures et ses 149 ornements décoratifs dans les marges, ce manuscrit compte parmi les plus somptueux réalisés dans les Pays-Bas du Sud. Le Breviarium, qui, depuis sa vente, porte le nom de son acquéreur, est un livre d'heures contenant les prières à réciter au