Septentrion. Jaargang 39
(2010)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesBordant le sud de Bruxelles, l'idyllique forêt de Soignes n'est pas qu'un lieu idéal de détente, elle a également stimulé la créativité de nombreux peintres. C'est ce que nous apprend l'ouvrage richement illustré Les Peintres de la forêt de Soignes - De schilders van het Zoniënwoud, paru à l'occasion de l'exposition éponyme organisée par le musée d'Ixelles. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque l'industrialisation suscita par réaction un intérêt croissant pour la nature, plusieurs groupes d'artistes firent de la forêt de Soignes leur thème de prédilection. Emmanuel Van de Putte, l'auteur de l'ouvrage, présente entre autres l'école de Tervueren, les peintres du Rouge-Cloître à Auderghem, de la ‘Vallée des artistes’ à Linkebeek et les peintres regroupés sous le nom d'‘Uccle Centre d'Art’. Si l'on veut mieux connaître la forêt même, on trouvera à coup sûr ce que l'on cherche dans La Forêt de Soignes. Connaissances nouvelles pour un patrimoine d'avenir. L'ouvrage est paru à l'occasion du centième anniversaire de l'association Les Amis de la forêt de Soignes / De vrienden van het Zoniënwoud. Il propose un panorama des découvertes récentes et des nouvelles recherches à propos de la forêt de Soignes: son cadre historico-géographique, la flore et la faune, l'influence mutuelle du milieu physique et du milieu biologique, les associations de protection.
- Les Peintres de la forêt de Soignes est paru aux éditions Racine à Bruxelles (ISBN 978 2 87386 618 1) Début février 2010, le Conseil des ministres des Pays-Bas décidait d'inscrire la langue néerlandaise dans la Constitution néerlandaise. Le cabinet souligna que l'on parlait un nombre croissant de langues aux Pays-Bas, notamment à cause de la diversité de la population, et que l'anglais y gagnait particulièrement du terrain. Il faut éviter que la position de la langue néerlandaise s'affaiblisse. La modification apportée à la Constitution ‘doit garantir qu'aux Pays-Bas on puisse s'exprimer en néerlandais en toutes circonstances’. La position de la Frise sera également prise en compte. L'une et l'autre décision sont définies dans un projet de loi qui a été soumis à l'avis du Conseil d'État. Les textes de la loi et de l'avis ne seront rendus publics qu'au moment de leur présentation à la Deuxième Chambre. Cette décision du Conseil des ministres des Pays-Bas fait suite aux accords sur la place du néerlandais signés en février 2007 par les trois partis de la coalition gouvernementale, le parti chrétien-démocrate CDA, le parti social-démocrate PvdA et la Christen Unie. Après la chute de ce cabinet, on est en droit de se demander ce qu'il adviendra de cette proposition. Cette disposition constitutionnelle, absente dans des pays comme les États-Unis et l'Allemagne, existe bel et bien dans d'autres pays tels que la France, l'Italie et la Belgique. La Belgique possède trois langues officielles: le néerlandais, le français et l'allemand.
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‘Réconcilier les littératures belges d'expression néerlandaise et française’: c'est à la réalisation de cet objectif que la nouvelle série Belgica, une | |
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René Stevens, Premières Feuilles (Vallon des Trois-Fontaines - forêt de Soignes), vers 1919, collection musée d'Ixelles © SABAM Belgique 2010.
initiative des éditions Voetnoot, devrait apporter désormais sa contribution. Les trois premiers volumes de cette série ont paru début mars 2010. Elle est dirigée par le critique littéraire flamand Dirk Leyman, connu surtout dans les milieux littéraires de langue néerlandaise pour son blog De papieren man, qu'il définit lui-même comme une ‘information littéraire à la carte’. S'ouvrant à la fois à la littérature flamande et à la littérature d'expression française de Belgique, Belgica accueille en ses pages des textes et des récits courts. Les trois premiers tomes renferment des textes du poète flamand Paul Van Ostaijen (1896-1928) et des auteurs flamands contemporains Yves Petry et Stefan Hertmans. Les trois tomes suivants paraîtront à l'automne 2010, avec entre autres des textes de Paul Willems (1912-1997), l'un des derniers auteurs flamands d'expression française. www.voetnoot-publishers.nl ‘Le haut niveau artistique collectif de ses prestations depuis les années 1980’: cet éloge concis mais éloquent vient justifier l'attribution du prix du Prins Bernhard Cultuurfonds 2010 à la formation néerlandaise l'Orchestre du XVIIIe siècle. Cette importante distinction est dotée d'un montant de 75 000 euros. Qui plus est, elle va de pair avec la création d'un fonds culturel, avec un capital de départ de 75 000 euros également. Ce fonds est attribué en propre à l'ensemble couronné qui peut en définir lui-même le nom et les objectifs. Il faut associer l'Orchestre du XVIIIe siècle au nom de Frans Brüggen (o 1934). Flûtiste de formation, il a cree l'orchestre en 1981 et il a su lui donner une reputation internationale. Également en France Brüggen est tout sauf un inconnu. Durant quelques années il a été chef de l'Orchestre de Paris. L'Orchestre du XVIIIe siècle est un ensemble symphonique dont l'effectif compte plus de 50 instrumentistes issus de 23 pays. Il se produit trois ou quatre fois par an, généralement au plan international, et interprète des oeuvres de compositeurs du XVIIIe siècle et du début du XIXe. Les instruments sont d'époque ou sont de fidèles répliques de fabrication plus récente. www.orchestra18c.com Faut-il encore présenter Hugo Claus (1929-2008) au lecteur francophone? S'il existe un auteur flamand dont la renommée est établie dans le domaine francophone, c'est bien Claus. Mais Claus ne fut pas seulement prosateur, dramaturge et poète, il fut également cinéaste et plasticien même. C'était en somme un personnage inclassable qui, de surcroît, avait l'habitude de raconter cent histoires aux journalistes. Il suffirait de couper et de coller, de ranger et d'arranger des extraits des entretiens qu'ils avaient avec Claus pour dresser un portrait extraordinaire de cette personnalité pratiquement insondable. Or c'est précisément l'opération entreprise par l'auteur et journaliste flamand Mark Schaevers afin de composer un portrait ‘de traits d'esprit, de demi-vérités et de mensonges’. Il a écrit un | |
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Hugo Claus (1929-2008), photo D. Samyn.
monologue intitulé très justement La Version Claus. Ce monologue est désormais édité en version française. La traduction est signée Alain van Crugten qui se fit un nom avec Le Chagrin des Belges, sa traduction du roman de Claus Het verdriet van België, et qui traduisit aussi de nombreuses pièces de théâtre de Claus. Avant la parution de La Version Claus, le texte en français avait été interprété au théâtre à Bruxelles par l'acteur flamand Josse De Pauw, à savoir au Centre culturel Flagey et au Théâtre national. paru aux éditions Aden à Bruxelles (ISBN 978 2 8059 0058 7) -
Début mars 2010, l'auteure flamande Lieve Joris (o 1953) a été nommée chevalier du prestigieux ordre des Arts et des Lettres. La cérémonie s'est déroulée à la Maison Descartes d'Amsterdam. En juillet 2009, elle avait reçu déjà le prix Nicolas Bouvier. Née en Flandre, Lieve Joris réside cependant aux Pays-Bas depuis l'époque où elle étudiait le journalisme. Elle s'est illustrée dans les récits de voyage, à la limite entre journalisme et littérature. Elle a coutume de faire une description minutieuse de la vie de la population locale dans un contexte socioéconomique et politique compliqué. Elle s'intéresse beaucoup à la vie de l'ancienne colonie belge du Congo (dans quatre livres, pas moins) mais aussi à d'autres pays d'Afrique, du monde arabe et de l'ancien bloc de l'Est. Pour l'heure, elle semblerait se tourner davantage vers la Chine. Plusieurs ouvrages de Lieve Joris ont été publiés en version française chez Actes Sud. www.actes-sud.fr -
Les Pays-Bas et René Descartes: même en cette année 2010 le pays et le philosophe semblent indissociables. Une lettre récemment découverte par le chercheur néerlandais Erik-Jan Bos (université d'Utrecht) révèle que Descartes a sensiblement modifié la structure originelle de ses Meditationes de prima philosophia (1641), son oeuvre philosophique majeure. Cette lettre, qui comporte quatre pages, est datée du 27 mai 1641. Descartes l'écrit de Leyde à Marin Mersenne, le mathématicien et philosophe français chargé d'imprimer son ouvrage. C'est la fin de la missive qui nous apprend les remaniements profonds souhaités par Descartes. Il demande à Mersenne de sacrifier trois textes: une traduction latine de la quatrième partie de son Discours de la méthode (1637), qui devait se placer en début de volume, l'avant-propos des Meditationes mêmes, et une introduction aux premières objections qu'il avait reçues. Pour les remplacer, Descartes envoie à son correspondant un nouveau texte d'avant-propos, celui des Meditationes, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Comme il l'indique dans sa lettre, Descartes a voulu retirer les termes virulents dans lesquels il s'en prenait initialement à l'ingénieur Pierre Petit pour réfuter les critiques véhémentes formulées par ce dernier à l'égard de son traité philosophique.
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Professeur à l'université de Gand, l'historien Marc Boone a publié dernièrement À la recherche d'une modernité civique. La société urbaine des anciens Pays-Bas au bas Moyen Âge. La société urbaine des Pays-Bas méridionaux, qui correspondent grosso modo à la Belgique actuelle, représentait au bas Moyen Âge une culture politique profondément originale. Il est donc très surprenant que le monde francophone ait longtemps négligé le rôle et la composition de cette société urbaine bien spécifique. La dernière vision globale qui en ait été donnée était due à Henri Pirenne (1862-1935), éminent professeur de l'université de Gand que l'on considère généralement comme le fondateur de l'école gantoise. En dialogue avec son grand prédécesseur, Marc Boone renouvelle et approfondit la vision de l'activité politique et idéologique des grandes villes des Pays-Bas méridionaux à partir de la fin du XIIIe siècle. Il montre notamment le rôle central tenu par les élites corporatives dans la construction des identités urbaines. À la recherche d'une modernité civique est un ouvrage rafraîchissant, grâce entre autres à ses interprétations novatrices et à ses points de vue originaux. Il offre en outre une synthèse précieuse des avancées récentes en histoire urbaine des Plats Pays, d'autant que celles-ci sont, pour l'essentiel, contenues dans des articles en néerlandais peu accessibles aux lecteurs francophones. paru aux éditions de l'université de Bruxelles (ISBN 978 2 8004 1466 9) Gustave Van De Woestyne, Paysan ou la réponse, 1911, Museum voor Schone Kunsten, Gand © SABAM Belgique 2010.
À gauche: buste de René Descartes. Le musée des Beaux-Arts de Gand présente, jusqu'au 27 juin 2010, une très belle rétrospective de l'oeuvre de l'artiste flamand Gustave Van De Woestyne (1881-1947). On range souvent, par commodité, l'oeuvre de Van De Woestyne avec celle des artistes de la première école de Laethem-Saint-Martin (prés de Gand), mais elle n'a pas connu la même évolution que celle de la plupart des expressionnistes flamands. Van De Woestyne subit et assimila différentes influences avant de livrer une oeuvre singulière, où transparaît parfois une vision d'une originalité déroutante. Il fut symboliste, passionné d'art médiéval (notamment par les primitifs italiens et flamands) mais proche en même temps de courants modernistes tels que l'expressionnisme et le néoréalisme. Soulignons aussi ce trait saillant: bon nombre de ses tableaux trahissent une inspiration religieuse très marquée. L'exposition propose au public pas moins de 145 oeuvres empruntées à des musées ou provenant de collections privées. www.mskgent.be | |
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