Septentrion. Jaargang 39
(2010)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 92]
| |
ActuellesL'écrivain flamand Willem Elsschot (1882-1960) est une figure majeure de la littérature moderne de langue néerlandaise. Il est traduit aujourd'hui dans plus de vingt langues. Sa prose se caractérise par un style dépouillé, presque laconique; elle met au jour surtout la petitesse de l'être humain (de l'auteur lui-même, bien souvent) avec un mélange surprenant d'ironie, de cynisme et de compassion. Après avoir publié la traduction française de quatre ouvrages d'Elsschot, Le Castor astral à Bordeaux édite cette fois, dans sa collection Escales des lettres, la nouvelle Le Bateau-citerne (titre original Het Tankschip). La traduction est de Marnix Vincent. Le personnage principal, Jack Peeters, est la victime d'un certain Boorman, un fieffé roublard que l'on retrouve dans d'autres livres d'Elsschot. Fin 1939, le crédule Peeters achète un bateau dont la valeur devrait apparemment augmenter de manière spectaculaire après la guerre. Mais il y a loin du rêve à la réalité. Renonçant aux normes et aux conventions, Elsschot, lui-même fondateur et directeur d'une agence de publicité, offre avec ce récit une nouvelle satire percutante du monde des affaires. ISBN: 978 2 85920 797 7 Dans son numéro 3 / 2009, Septentrion publiait un texte important de Xavier Tricot sur les relations que le peintre flamand James Ensor (1860-1949) a entretenues avec Paris. L'article est paru peu avant le vernissage de la grande exposition Ensor tenue au musée d'Orsay. Cette exposition a permis au public français de pénétrer plus avant la singularité foncière de ce peintre, son oeuvre insolite à la croisée du fauvisme, du luminisme, de l'expressionnisme et de l'art populaire. Mais le public francophone connaît peu les écrits de James Ensor, près d'une centaine de textes rédigés entre 1882 et 1946 en diverses circonstances. Plusieurs sont écrits dans un style éblouissant et témoignent d'une virulence sans pareille. Ensor y célèbre la bonne peinture, honnit les architectes qui défigurent sa belle ville d'Ostende et vitupère contre la bêtise, les arrivistes, les malfaisants de tout poil qui occupent le devant de la scène. Grâce aux éditions de la Différence, le lecteur se familiarisera avec les écrits de James Ensor. Sa correspondance a été rassemblée dans le soixante-quatorzième volume de sa collection au format de poche Minos. Ces lettres sont accompagnées de notes dues à Colette Lambrichs, qui dirige la collection. Elle signe aussi une introduction détaillée. Les deux cahiers entièrement en couleur qui présentent des peintures d'Ensor confèrent à cette édition un cachet particulier. ISBN 978 2 7291 1843 3 Parmi nos abonnés et nos fidèles lecteurs se trouve un nombre appréciable de francophones dont les ancêtres sont néerlandais ou belges. De ce point de vue, leurs patronymes sont éloquents. Les personnes qui s'interrogent sur | |
[pagina 93]
| |
Willem Elsschot (à droite, 1882-1960) et Simon Carmiggelt (1913-1987).
l'origine de leur nom néerlandais disposent depuis peu d'un outil bien utile. En effet, le Meertens Instituut d'Amsterdam et l'université d'Utrecht ont inauguré récemment un site web qui reprend les 314 000 noms de famille figurant en 2007 dans les registres des communes néerlandaises. Il suffit d'interroger la banque de données Nederlandse Familienamenbank en tapant un patronyme pour découvrir le nombre de personnes qui portent ce nom. Une carte des Pays-Bas vous permet aussi de les localiser. Le site fournit des informations complémentaires sur une centaine de milliers de ces noms de famille: explication de l'origine, mentions anciennes du nom, renvois à la littérature relative au patronyme ou sa généalogie. Les noms de famille les plus courants sont depuis longtemps De Jong (86 000), Jansen (75 000) et De Vries (73 000). La banque de données signale également la présence de noms allochtones tels que Yilmaz, Nguyen et Ali. www.meertens.knaw.nl/nfb/ -
‘Les idées reçues sont tenaces. Nées du bon sens populaire ou de l'air du temps, elles figent en phrases caricaturales des opinions convenues. Sans dire leur origine, elles se répandent partout pour diffuser un “prêt-à-penser” collectif auquel il est difficile d'échapper...’. Cet extrait provient du livret La Hollande paru dans la collection Idées reçues éditée par les éditions Le Cavalier bleu. La collection Idées reçues passe au crible vérités et demi-vérités. Pour rédiger La Hollande, on a fait appel à l'éthnologue Thomas Beaufils, directeur du Réseau Franco-Néerlandais à Lille, directeur de la revue Deshima et membre de la rédaction de Septentrion. Beaufils veut vérifier si la ‘Hollande’ est vraiment couverte de champs de tulipes et se demande pourquoi les ‘Hollandais’ ont la réputation de ne pas savoir cuisiner, pourquoi la prostitution serait en ‘Hollande’ un métier comme un autre. Au total, c'est une quinzaine d'idées reçues qu'il examine à la loupe; il a prévu aussi un court abécédaire. Il reste qu'un titre comme Les Pays-Bas aurait mieux convenu à cet ouvrage que La Hollande. Comme l'auteur l'écrit lui-même, le terme Nederland (Pays-Bas) s'est imposé au XXe siècle dans le langage courant, la Hollande désignant uniquement deux provinces: la Hollande-Septentrionale et la Hollande-Méridionale. ISBN 978 2 84670 261 4 -
Le Néerlandais moyen est fier du poldermodel, ce système qui fait figure aux Pays-Bas de modèle unique de concertation et de débat entre partenaires (sociaux) comme préalable à toute prise de décision susceptible d'avoir d'importantes répercussions politiques et sociales. Or ce fameux poldermodel serait... d'origine française! C'est du moins ce qu'affirme Roeland Audenaerde (attaché à l'université de Metz - UFR lettres et langues) dans sa thèse de doctorat consacrée à Louis de Bonald. Le penseur catholique Louis de Bonald a vécu de 1754 à 1840. D'abord partisan de la Révolution française, il s'y est opposé ensuite lorsque l'Église | |
[pagina 94]
| |
Anita Concas (o 1932).
catholique lui est apparue soumise aux desseins révolutionnaires. Des mots d'ordre tels que liberté, égalité, démocratie ne pouvaient, selon lui, qu'engendrer de nouveaux conflits armés. De Bonald était partisan d'une concertation harmonieuse, particulièrement entre patrons et travailleurs. Au XIXe siècle, les idées de Louis de Bonald furent reprises partiellement aux Pays-Bas par des personnalités influentes du monde politico-religieux qui créèrent différentes associations préfigurant le CDA, le parti chrétien démocrate de l'actuel Premier ministre Jan Peter Balkenende. Il n'en fallait pas plus pour que l'on établisse le lien historique. voir Septentrion, XXVII, no 4, 1998, pp. 11-15 Le 29 janvier 2010, Anita Concas (o 1932) s'est vu remettre le prix des Phares du Nord à l'Institut Néerlandais de Paris. Elle est la troisième à remporter cette prestigieuse distinction bisannuelle. Philippe Noble et Annie Kroon en furent les précédents lauréats. Instauré par la Fondation pour la production et la traduction de la littérature néerlandaise (devenue aujourd'hui la Fondation néerlandaise des lettres) et par le Fonds flamand des lettres, le prix des Phares du Nord récompense la meilleure traduction française d'une oeuvre majeure de langue néerlandaise. Le montant de ce prix est de 5 000 euros. Née en Tunisie, Anita Concas habite aux Pays-Bas depuis 1957. Le prix qu'elle a reçu récompense sa traduction de Het huis van de Moskee (La Maison de la mosquée) de KaderAbdolah, auteur iranien qui écrit en néerlandais. Mais le jury n'a pas ménagé ses éloges en saluant la qualité de l'ensemble de l'oeuvre d'Anita Concas comme traductrice. Elle a traduit notamment des oeuvres en prose de Harry Mulisch (o 1927), Oek de Jong (o 1952), H.M. van den Brink (o 1956) et Arnon Grunberg (o 1971) et a collaboré comme traductrice à la revue Septentrion. voir Septentrion, XXXVII, no 2, 2008, pp. 92-93 Dans le numéro 1 / 2008 de Septentrion, Christian Laporte présentait l'ouvrage du journaliste flamand Pascal Verbeken (o 1965) Arm Wallonië. Een reis door het beloofde land (Pauvre Wallonie. Un voyage à travers la terre promise). Une traduction française de ce livre vient de paraître au Castor astral, dans la collection Escales des lettres. Dans cette version, les aspérités du titre ont été gommées: l'ouvrage s'intitule cette fois La Terre promise: Flamands en Wallonie. En outre, l'édition française ne reprend pas les photos qui, souvent, assombrissaient la version néerlandophone. En 1903, le journaliste francophone d'origine flamande Auguste De Winne écrivait À travers les Flandres, récit qui racontait son voyage dans les ‘puits de tristesse’. Les choses ont bien changé depuis. Il y a longtemps que la Flandre a cessé d'être une région très pauvre et la Wallonie traverse aujourd'hui une période particulièrement difficile. Pascal Verbeken se livre à une analyse sans parti pris et sans concessions de la société wallonne. Il donne la parole à des dizaines de Wallons dont beaucoup sont issus de familles flamandes qui ont trouvé refuge autrefois en | |
[pagina 95]
| |
Willem Jacobsz. Delff, portrait de Constantin Huygens (1596-1687).
‘terre promise’. L'ensemble livre un portrait multiple et touchant d'une région en pleine transition. L'ouvrage est préfacé par Geert van Istendael et contient par ailleurs des morceaux choisis du classique À travers les Flandres d'Auguste De Winne. La traduction française est signée Anne-Laure Vignaux. ISBN 978 2 85920 801 1 -
Le Néerlandais Constantin Huygens (1596-1687) était un poète, un musicien et un diplomate de grande valeur. Au cercle de ses amis appartenait notamment Béatrice de Cusance, duchesse de Lorraine. Ces deux personnalités qu'à peu près tout opposait parvinrent cependant à s'entendre à merveille. Pendant dix ans, elles s'écrivirent abondamment, quand elles ne se retrouvaient pas à La Haye, à Anvers ou à Bruxelles. Leur correspondance éclaire à peu près tous les aspects de leur existence. De nombreuses lettres font découvrir au lecteur leurs goûts (poésie, musique, peinture), leur vie de famille, leurs idées sociales et les événements politiques dont elles furent les témoins. Ineke Huysman et Rudolf Rasch ont réuni cette correspondance dans un ouvrage intitulé Béatrix en Constantijn. De briefwisseling tussen Béatrix de Cusance en Constantijn Huygens 1652-1662 (Béatrice et Constantin. La correspondance de Béatrice de Cusance et Constantin Huygens 1652-1662). À l'origine, ces lettres étaient écrites en français mais elles ont été reproduites dans une traduction néerlandaise. Rudolf Rasch estAntoon Van Dyck, portrait de Gérard Seghers, École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
musicologue. Il est professeur et chercheur à l'université d'Utrecht. Ineke Huysman travaille à l'Institut d'histoire néerlandaise. Elle prépare actuellement une biographie de Béatrice de Cusance. paru aux éditions Boom (www.uitgeverijboom.nl) -
Jusqu'au 7 mai 2010, l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris présente ses chefs-d'oeuvre baroques flamands dans le cabinet de dessins Jean Bonna. Issues de la collection Jean Masson donnée en 1925, ces feuilles sont dues aux plus prestigieux dessinateurs du XVIIe siècle (Pierre Paul Rubens, Antoon Van Dyck, Jacob Jordaens) mais aussi à leurs proches collaborateurs (Abraham Van Diepenbeeck, Pieter Soutman, Theodoor Van Thulden). L'exposition permet de découvrir la variété de leurs talents dans des genres aussi différents que la peinture religieuse, la mythologie, le portrait, le paysage, la scène de genre et la nature morte. Elle donne aussi l'occasion de reconstituer le contexte dans lequel ces oeuvres ont vu le jour aux Pays-Bas méridionaux, alors sous domination espagnole. Le catalogue de l'exposition a été rédigé par Emmanuelle Brugerolles et Camille Debrabant. www.ensba.fr | |
[achterplat]
| |
|