Septentrion. Jaargang 39
(2010)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 50]
| |
Oméga mineur
| |
[pagina 51]
| |
se dresse sur leur crâne; ça leur donne l'air de sangliers furieux aux dents jaunes. L'un d'eux tète une bouteille remplie d'un liquide ambré - ça pourrait être de la bière, ça pourrait être de l'urine, l'expression de l'homme est compatible avec les deux hypothèses. Le deuxième type a une étoile de David peinte sur les semelles de ses bottes; il peut ainsi piétiner l'État d'Israël à chaque pas. Le troisième arbore un rictus calculé d'une magnanimité chevaline. Ils avancent vite, et se dirigent droit vers le garçon au bras en écharpe. Des voix silencieuses tournent autour du quatuor (la victime, ses agresseurs) - les pensées non dites des passagers du wagon. Je sens du dégoût et de la répulsion dans ces voix, mais également une nuance menaçante d'approbation, et ici et là quelques applaudissements silencieux. Le garçon a l'air asiatique. Un sac à dos glisse de l'épaule d'un des skinheads, par hasard bien sûr; il heurte le bras du garçon, encore par hasard; puis il atterrit pesamment tel un sac de plomb sur l'entrejambe du garçon. Son cri de douleur est le seul bruit dans le wagon. Le train ne roule plus, il glisse, le paysage est gelé, les regards des passagers se raidissent en une vacuité tendue. Presque le seul bruit.
Il faut un événement déclencheur; il faut quelque chose. Pas la peine que ce soit une étincelle dans un baril de poudre - un simple roulement de tambour suffit parfois. En voici un. J'émets deux sons. Un. Je fais claquer ma langue contre mon palais mou. Deux fois. Tss-tss. Deux. J'émets un bruit de protestation assourdi. Je dis: ‘Hé!’ C'est tout ce qu'il fallait. Tss-tss. Hé! La roue grinçante dans une machine par ailleurs parfaitement huilée. Pendant un court instant, les rouages se figent puis, soudain, se remettent en branle, plus vite, plus fort, pour rattraper les trois secondes perdues. Trois secondes, c'est tout ce qu'il m'a fallu pour m'empêtrer dans l'histoire de cette ville ainsi qu'une chauve-souris dans la coiffure baroque d'une soprano d'opéra.
*
Selon Daniel C. Dennett (La Conscience expliquée), les êtres humains sont purement des représentants virtuels d'eux-mêmes. Nos buts et nos intentions dérivent tous du fait simple et non prémédité que les molécules organiques capables de créer des copies d'elles-mêmes ont plus de chance de survie que celles qui ne le peuvent pas. Nos corps sont des machines complexes, ne servant qu'un seul but; faciliter l'acte de copier. L'évolution et le développement ont modifié nos cerveaux d'une façon telle qu'ils sont devenus incapables de simuler des autoreprésentations au point d'en être eux-mêmes les dupes. Considérez, par exemple, un des mystères triviaux du cerveau, à savoir la scission remarquable entre ses deux moitiés (une moitié est spécialisée dans le langage et le temps, l'autre dans l'espace): c'est une scission dont nous ne faisons jamais l'expérience. Prenez le profond miracle de la synchronisation éclectique, l'impulsion quantique à 40 Hz de conscience qui évolue sur les ondes de l'activité cérébrale asynchrone: ce que ‘nous’ sommes ne revient à rien de plus qu'un cavalier de | |
[pagina 52]
| |
l'apocalypse fantôme sur un cheval non existant et pourtant très réel. La conscience est un théâtre dans lequel nous ne pouvons voir que des actes parfaitement prédéterminés ou survenus depuis longtemps, et cependant nous avons l'illusion d'une liberté d'improvisation encore inégalée par n'importe quel musicien de jazz. Nos cerveaux sont les auteurs de nos vies. Nous sommes seulement les acteurs. Autrement dit: souvent nous agissons d'abord, et seulement après avoir agi nous pensons.
Il y a quelque chose qui cloche chez le type qui se dirige vers moi. Son poil au menton est trop blond, la couleur de ses yeux trop azur, son allure trop Wotan, et il est également trop grand - il remplit trop bien son rôle. Des protections en acier au bout de ses bottes luisantes, récemment cirées. Que puis-je faire? Je me lève. Et exactement comme autrefois dans la cour d'école, je reste sans rien dire et laisse l'autre camp faire le premier pas. Mauvaise idée. N'importe quel bagarreur des rues sait ça: celui qui renonce à l'initiative a déjà à moitié perdu.
C'est un ballet, une suite de mouvements acrobatiques d'autant plus excitants à regarder que le soliste qui les accomplit est pris dans l'étreinte mortelle d'un blouson de cuir et d'un coton brut d'ouvrier, avec des chaînes clinquantes autour de la taille et ses dix orteils emprisonnés dans des bottes à lourds talons, fermement lacées et montant à mi-mollet. Un courageux terre-à-terre en avant avec un poing aux jointures blanches derrière le dos, un pas de chat glissant qui force son partenaire à répliquer par un demi plié et un fendu, suivis de l'inévitable glissade en arrière. Bien. Nous avons là un rythme. Sa main s'enfonce dans la poche de son blouson et sa paume contient maintenant une belle quantité de pfennigs et de thalers, son poing devenant ainsi une masse froide au bout d'un bras parfaitement tendu. Nous dansons. Ses bras décrivent une orbite. Les pièces attrapent un dernier éclat doré du soleil. Lui: coup du pied. Moi: en l'air, suivi par un couru convaincant. Lui: en face. Moi: en terre. Lui: fouetté. Moi: un échappé sauté accompli tout sauf brillamment. Et maintenant le type me saute dessus en couinant telle une chauve-souris: battement!; battement tendu!; battement frappé!!; grand battement!!! Moi: en croix. Un pied s'enfonce sous mes côtes et on me retourne sur le côté.
Une danse simple, qui ne dure qu'une dizaine de secondes, sans quasiment le moindre contact entre nos deux corps - ça suffit à me mettre à terre en position foetale, me cramponnant le ventre, me serrant les couilles. Puis il recule d'un pas. Il appelle ses deux potes. Ils s'accroupissent et me regardent avec curiosité, des ingénieurs rassemblés autour d'un engin présentant un étrange problème mécanique, des gamins s'attroupant autour d'un hanneton, prêts à lui arracher les pattes les unes après les autres. ‘T'as encore la nostalgie du gaz, hein, après toutes ces années?’ Ça veut dire quoi, ga, tout d'un coup? Confusion ethnique? Est-ce dû à mes longs cheveux noirs et bouclés? Mes mèches sont-elles un peu trop longues à leur goût? ‘Tss.’ Le chef m'imite. ‘Tss-tss.’ Ses disciples l'imitent. Je vois les bouts ronds des bottes du chef en un gros plan grotesque; je vois ses genoux ressortir dans son jeans noir. Le boulet rond de sa tête se penche. Comme il serait facile de le renverser. Il doit y avoir trente passagers dans le | |
[pagina 53]
| |
compartiment, trente adultes contre ces trois corbeaux déchainés. Comme il serait simple de tirer le frein d'urgence. Comme il serait simple d'appeler la police du rail avec un portable, de leur demander de nous attendre à la prochaine station. Non, le trio est sûr et certain que rien de tout cela ne se produira. Ils sont pareils à des lions; ils dorment à découvert parce qu'ils règnent. Le chef reste accroupi, les deux autres se lèvent. Ils remontent leurs manches, ils enfilent leurs coups-de-poing. Leur rictus est déformé par la première montée d'adrénaline de haute qualité. Le chef se penche au-dessus de moi. ‘Ne le prends pas personnellement’, murmure-t-il, ses lèvres à une distance obscène de mon oreille. Il opine d'un air encourageant. ‘Mais ne refais jamais ça, d'accord?’ Une poignée froide de doigts osseux caresse mon front. Ce sont les gestes, la voix, l'expression peinée d'un père qui doit punir son enfant, non par méchanceté, mais parce que son fils a enfreint les règies. Il est la proie d'un destin tragique, il n'a tout simplement pas le choix. Tendrement, il tend la main vers mes tempes, m'ôte délicatement mes lunettes. ‘Les agressions doivent être chaotiques et bâclées, et relativement hasardeuses, mon ami. Tu comprends? Tu n'es pas d'accord?’ Puis il crache le mot. Le signal. ‘Jude!’ Quel est le protocole de la torture? Est-on censé hurler et pleurer, parce que c'est là, après tout, ce qu'on fait tous sous la torture - est-ce cela qu'on attend de nous? Ou serait-il plus convenable de garder un silence stoïque et de réprimer ses gémissements? Mais alors, si l'on pousse un cri, faut-il appeler son dieu ou sa mère? Ou doit-on lancer des insultes au visage d'un de ses agresseurs? Va-t-il s'agir du bel instant vespéral où je rencontre ma mort? Ce vibrant morceau de planète qui suit son cours prescrit sur des roues incertaines sera-t-il ma tombe? Personne ne tire le frein d'urgence. ‘T'en as pas eu assez, Juif?’ Assez? Assez pour faire couler des larmes de douleur et de frustration sur mon visage. (Elles coulent par terre, diluent les filaments gluants de mon sang.) Assez pour relâcher les sphincters de mon corps. (Cette partie est invariablement censurée dans les scènes de combat: le clan qui capitule se laisse aller, la puanteur amère signifie sa défaite.) (Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Ce n'est rien de plus que la puanteur de l'humanité, après tout.) Ma tête est sur le point d'exploser. Mes lèvres sont tout enflées. Ma langue est un gant de cuir assoiffé, qui racle douloureusement mes gencives à nu. Mes couilles doivent être de la mousse écumante. Mes sourcils se fendent. La douleur court-circuite le système qui nous permet de nous vivre comme distincts des autres. La douleur met à jour les pièges de la conscience: la Douleur est le grand Égalisateur. Un voile rouge tombe sur mes yeux. (Le cerveau qui cède ou les artères qui rompent?) (...)
(...) Grüneberg - Karl Israël - fait des heures supplémentaires. Il a fermé sa boutique et retourné le panonceau indiquant ses horaires, mais les rideaux sont encore levés. Il les baissera quand il partira. Karl Israël a une raison de s'attarder, une raison secrète. Cette raison s'appelle Monika. Karl Israël aime ce moment de tranquille songerie, surtout en novembre, quand le crépuscule s'attarde. Il aime penser sans penser, laisser son esprit vagabonder sur les chemins agréablement indéfinissables qu'aime à emprunter l'esprit, penser à elle, à sa jolie comptable qui restera à jamais inaccessible. Le crépuscule, après tout, n'est pas juste un temps propice à la réflexion, c'est également le temps de l'idylle, et Grüneberg a l'intelligence de combiner les deux, et de ruminer amoureusement. Ce sont là des moments qu'il aime prolonger, des moments à déguster du bout de la langue. Et très vite ces moments deviennent des minutes, il arrive même parfois qu'ils se changent en heures. Karl Israël aime laisser aux molécules | |
[pagina 54]
| |
de la présence quotidienne de Monika dans la boutique le temps de s'enfoncer dans les antichambres de sa conscience. Après ces songeries, quel bonheur de prendre le dernier tram pour rentrer, ou - quand il n'arrive pas à s'arracher à sa transe avant l'arrêt des transports publics, ce qui n'est pas si rare - de rentrer à pied à la lueur des réverbères, tandis que les premiers flocons de la saison se posent prudemment sur vos cheveux. Grüneberg est un homme généreux, et très intelligent. Ses pensées sont honorables; il garde ses distances. Monika est aryenne. Depuis que les lois de Nuremberg sont entrées en vigueur, tout rapport sexuel entre les deux races est strictement interdit. Et ce qui est interdit est interdit. C'est comme ça et pas autrement. Il faut bien que règne un peu d'ordre dans le pays. Les lois sont garantes de l'ordre. Et voilé. Chacun trouve sa place au soleil, et chacun fait ce qu'il est censé faire. Mais un homme a bien le droit de rêver, non? Un esprit de vagabonder? Mais si jamais cet aveu vous scandalise, sachez qu'il n'y a vraiment pas de quoi: les rêves de Grüneberg sont extraordinairement chastes. Il rêve de promenade en montagne dans les Alpes souabes; il rêve d'un petit hôtel avec une cuisine familiale et un feu de cheminée dans la salle à manger; il rêve d'assister à un récital maladroit près d'un pianiste inconnu dans la mairie - peut-être l'homme jouera-t-il pour eux quelques modestes sonates de Mozart. Monika aime-t-elle Mozart? Dans ses songeries, Grüneberg s'égare le plus loin possible, loin de tous ceux qui en ville les connaissent, jusqu'à un endroit où personne ne serait capable de remarquer leur différence ethnique, où leur amour ne dérangerait personne. Et tandis qu'il rêvasse, il accomplit les tâches mécaniques d'un boutiquier: il vérifie les stocks, il replie les chemises, il redresse la rangée de mocassins, il arrange les cravates pour hommes, il nettoie les vitrines avec son haleine et la manche de sa chemise. Il est dans l'arrière-salle, é sortir ses registres, quand il entend du bruit dans la boutique. Oh! non, pense-t-il. L'été, des vauriens ont peint des slogans sur ses vitrines. Ça n'a pas été une mince affaire que de nettoyer les vitres. Heureusement, personne n'a protesté pendant qu'il s'activait - pour autant qu'il le sache, le gouvernement avait fait passer une loi interdisant d'enlever les inscriptions antisémites - mais personne non plus ne lui avait proposé son aide. Pas même Monika. Elle s'était baissée pour passer sous l'échelle et était entrée dans la boutique en rougissant. Avait-elle eu honte de travailler pour lui, pour un Juif? Grüneberg sort de la réserve, peut-être un peu plus nerveusement qu'il le devrait. Ne laissez jamais paraître votre agacement. Un homme se tient sur le seuil. ‘C'est fermé’, dit Grüneberg. Aïe. C'était assez sec, et nettement plus agressif que nécessaire - pourquoi offenser un client dont le seul tort est d'arriver tard? Mais Grüneberg a besoin de son temps calme; il a besoin de sa paix. Pourquoi les gens ne comprennent-ils pas que même quelqu'un comme Karl Israël a besoin d'un peu de quiétude? L'homme est en uniforme. Ils sont si nombreux à se promener en uniforme ces temps-ci. Cette observation étonne légèrement Grüneberg, comme s'il ne s'en apercevait que maintenant, pour la première fois, après cinq longues années de régime nazi. Comment l'homme a-t-il fait pour entrer? La porte était bien fermée à clé, non? Regardez la main de l'homme. Cette main se balance lentement sur le côté, lestée par un lourd fardeau. Une batte vernie en érable est dans cette main; elle brille dans la lumière jaune qui se déverse librement par la porte grande ouverte. Une auréole argentée de verre brisé s'étale aux pieds de l'homme. À cette heure-ci! En juin, les chemises brunes ont brisé les vitrines en plein jour, mais ils l'ont laissé tranquille - si l'on excepte les graffitis datant d'il y a quelques semaines, sa boutique a été épargnée. Un bon signe, s'était dit Grüneberg. Comme par hasard, en ce 16 juin, Monika avait pris son jour de congé, et elle était chez le bijoutier quand dix jeunes hommes en uniforme d'Hitler-Jugend brisèrent les vitrines en agitant des couteaux de boucher dans | |
[pagina 55]
| |
l'air - la dague officielle des Hitler-Jugend devait être trop précieuse pour être souillée par du sang juif. Ils déclarèrent à tue-tête que les Allemands-Sudètes avaient besoin d'espace (devrait-on leur réserver des logements dans les boutiques juives, alors?) et se mirent à enfiler toutes sortes de bagues en or sur leurs doigts fins de garçons, à fourrer rapidement des montres et des colliers de perles dans les poches de leurs uniformes. Cela ne prit que quelques minutes; puis ils ressortirent par les vitrines brisées. Une farce de gamin, avait pensé Grüneberg, une farce coôteuse, mais néanmoins une farce. Monika ne pensait pas de même. Elle avait été très contrariée et elle s'était précipitée à la boutique de Karl pour voir si tout allait bien. À la fois contrariée et soulagée, elle avait - une brève, une trop brève seconde - posé sa tête sur l'épaule de Karl Israël. Pendant un bref, un trop bref instant, Karl Israël avait entonné un rassurant nah-nah! dans son oreille, puis il avait murmuré: ‘Allons, fillette, ce n'est pas si grave’, tandis que sa main décrivait des cercles sur son dos. C'était ce qu'un vieil oncle préoccupé était censé faire, et personne n'aurait pu y voir le geste d'un galant. Mais cela avait néanmoins rendu Karl Israël heureux, cette brève communion du corps et de l'oreille, ce contact physique qu'il n'aurait pu raisonnablement espérer avec Monika, vu les circonstances actuelles. Et voilà qu'un de ces jeunes farceurs venait de se matérialiser devant les yeux mêmes de Karl. L'intrus fait quelques pas; il dévisage le commerçant troublé. Il glisse plus qu'il ne marche, c'est un serpent chaussé de souples bottes de cuir. Il s'arrête pile devant Grüneberg. La batte roule par terre, l'homme l'a simplement laissée tomber. Puis il tend une main vers les tempes de Grüneberg, un geste d'une tendresse maternelle. Des deux mains, il ôte les lunettes du commerçant; il les glisse dans sa poche de poitrine. L'homme est blond, mais d'une étrange blondeur brumeuse; ses yeux ont le bleu glacial d'un lac l'été; sa bouche a quelque chose de mélancolique, avec un sourire quasi compatissant aux commissures - voici un homme qui regarde un autre homme intensément, un prédateur jaugeant la peur qui palpite dans les yeux de sa proie. Il n'est pas difficile de comprendre ce qui se passe ici. On a là un homme avec une batte, et c'est le soir. L'homme parle doucement. Karl Israël doit tendre l'oreille pour le comprendre. ‘Les agressions se doivent d'être chaotiques et bâclées, Herr Grüneberg, et pour ainsi dire aveugles. N'est-ce pas? Est-ce que vous comprenez? Est-ce que vous êtes d'accord, Herr Grüneberg?’ C'est ce que dit l'homme. On pourrait presque croire qu'il s'excuse. Puis il crache le mot. Le mot qui sert de signal. ‘Jude!’ La chair est périssable. Nous sommes tous des chiens de paille, sur le point d'être jetés dans le feu sacrificiel. Les lis des champs s'étiolent à la chaleur de l'été, les oiseaux tombent épuisés du ciel, les carpes gèlent dans la glace d'hiver; même les os d'un jeune homme sont fragiles. C'est la vie. Une troupe, une horde, une meute de loups envahit la boutique. Les éclats de verre fichés dans leurs semelles déchirent le tapis. Leurs battes et leurs matraques entonnent le chant des âges - ils sifflent et ils soufflent, puis ils détruisent tout ce qu'ils touchent, en rythme. Le géant blond, qui est désormais derrière lui, passe ses bras autour de Grüneberg et presse le dos du commerçant contre sa poitrine; il redresse le menton affaissé de Grüneberg avec la main: Regarde ça, ne rate rien, tu dois voir ça! Extraits de la traduction qui paraîtra en avril 2010 aux éditions Le Cherche midi de Paris. |
|