Septentrion. Jaargang 37
(2008)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Actuelles‘L'exécuteur testamentaire de notre civilisation’: c'est ainsi qu'a été jadis surnommé le philosophe néerlandais Frans Hemsterhuis (1721-1790). Ce Frison a incontestablement été au XVIIIe siècle le plus grand philosophe des Pays-Bas. Très apprécié de plusieurs contemporains, surtout des Allemands (entre autres Lessing, Goethe et Herder), il a aussi exercé une forte influence sur la génération littéraire suivante (Hölderlin, Novalis). En 1775, la jeune princesse prussienne de Gallitzin s'est adressée au célèbre philosophe, lui demandant de la guider dans ses lectures. Hemsterhuis, jusqu'à sa mort, entretiendra une correspondance avec la princesse. Les lettres portent souvent sur des questions quotidiennes mais contiennent également une foule de réflexions philosophiques très intéressantes. Hemsterhuis se montrait généralement sceptique à l'égard de grands philosophes tels que Diderot, Descartes ou Leibniz. Il leur préférait Newton, mais son véritable modèle était Socrate. Nous disposons depuis peu d'un attrayant florilège de la correspondance (française) entre Hemsterhuis et la princesse de Gallitzin. Les lettres ou fragments ont été choisis, introduits et commentés par Marcel Franz Fresco. Lettres de Socrate à Diotime. Cent cinquante lettres du philosophe néerlandais Frans Hemsterhuis à la princesse de Gallitzin est édité par le Frankfurter Verlagsgruppe à Francfort s. Main. voir Septentrion, XXXIII, no 2, 2004, pp. 21-29 Le numéro 1 / 2005 de Septentrion contenait un article de Ian Buruma (o 1951), émaillé de références autobiographiques, sur l'attitude ambiguë que les Pays-Bas ont aujourd'hui encore par rapport à la Deuxième Guerre mondiale et la question juive. En janvier 2008, cet essayiste anglo-néerlandais s'est vu remettre le prestigieux prix Érasme. Cette distinction, attribuée annuellement par la fondation Praemium Erasmianum à une personne ou à une institution qui a fourni une contribution particulière à la culture en Europe, était décernée cette année pour la cinquantième fois. Elle est assortie d'un montant de 150 000 euros. Ian Buruma, né à La Haye de mère britannique et de père néerlandais, s'est signalé par de nombreuses publications sur les relations Est-Ouest. Il a également beaucoup écrit au sujet des Pays-Bas, sa demi-patrie. Dans son dernier livre, il analyse les causes et les conséquences de l'assassinat de Theo van Gogh (Murder in Amsterdam: The Death of Theo Van Gogh and the Limits of Tolerance). voir Septentrion, XXXIV, no 1, 2005, pp. 3-12 Band (Trait d'union), l'association par excellence des Flamands de Wallonie, a cessé d'exister. Elle avait été créée en 1958 par Joris Sevenants (1907-1991), qui, alors directeur des Jardins d'Annevoie (province de Namur), avait été alerté par la problématique des Flamands établis en Wallonie. Le dernier président du groupement a été Rein Houben. En ses plus beaux jours, l'association a compté de nombreuses sections aux quatre coins de la Wallonie. Elle a longtemps publié sa propre revue Band, à laquelle a succédé le bulletin d'information Bandnieuws. | |
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Frans Hemsterhuis (1721-1790).
Ce n'est évidemment pas sans nostalgie que l'on se rappellera les heures de gloire de Band. Mais son déclin peut aussi être vu d'une autre manière. Si la nécessité d'une pareille association ne se fait plus sentir, c'est que l'intégration des dizaines de milliers de Flamands vivant en Wallonie est bien réelle.
Mots sans frontières - Woorden zonder grenzen. Tel est le titre de l'anthologie de poésie dont le contenu a été choisi par les conseillers provinciaux de la province de Flandre-Occidentale et les conseillers généraux du Nord. Elle matérialise une amitié transfrontalière et culturelle et se veut un symbole des liens étroits existant entre la Flandre-Occidentale et le département du Nord. Depuis 1989, en effet, la Flandre-Occidentale et le département du Nord multiplient les échanges culturels dans les domaines du livre et de la poésie. Mots sans frontières - Woorden zonder grenzen est introduit par un court avant-propos de Paul Breyne, gouverneur de la province de Flandre-Occidentale, et Bernard Derosier, président du Conseil général du Nord. Le recueil renferme une centaine de poèmes d'auteurs essentiellement francophones et néerlandophones, à la fois de grands classiques et des poètes contemporains. Tous les poèmes ont été repris en français et en néerlandais, et l'éditeur a eu le bon goût de mentionner en regard de chacun d'eux le nom de la personne qui l'a choisi. Sur les poètes eux-mêmes, le lecteur n'apprendra cependant rien. Dommage, car bon nombre d'entre eux sont totalement inconnus dans l'autre communauté linguistique. Au minimum, desLe 26 mai 1943 à Amsterdam.
dates de naissance (et, le cas échéant, de mort) auraient aidé à les situer. Direction de l'action culturelle du Conseil général du Nord, 24, boulevard Carnot, F-59000 Lille (tél. + 33 (0)3 20 63 54 45 / fax + 33 (0)20 63 59 75) - Provinciehuis Boeverbos, Koning Leopold III-laan 41, B-8200 Brugge (tél.: + 32 (0)50 40 31 11 / fax + 32 (0)50 40 31 00) L'artiste Sam Dillemans (o 1965) est essentiellement auteur de portraits et de nus. Le réalisateur Luc Lemaître et le scénariste Sam Degraeve lui ont consacré un étonnant documentaire qui a décroché au 21e Festival international des programmes audiovisuels (FIPA) de Biarritz, début 2008, le FIPA d'or du meilleur documentaire de création. Sam Dillemans. De waanzin van het detail (Sam Dillemans. La rage du détail) était une des treize oeuvres sélectionnées pour la compétition ‘Documentaires de création et essais’. Cette récompense est d'autant plus remarquable qu'elle a été obtenue face à des concurrents aussi redoutables que Afghanistan, le choix des femmes (de la Belge Hadja Lahbib), Enfances massacrées (Rémy Burkel) et To die in Jerusalem (Hilla Medalia). De waanzin van het detail montre un artiste passionné, mû par une pulsion intérieure ravageuse, un homme au style très physique alliant vigoureux coups de brosse et épaisses giclées, mais aussi un conteur doué, lâchant des salves ininterrompues de traits qui font mouche. Il prend exemple sur Van Gogh, Picasso, Rubens ou encore Goya. Pour lui, ce ne sont pas des peintres d'hier, mais | |
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Sam Dillemans, Zelfportret (Autoportrait), 1998.
d'aujourd'hui et de demain, éclaboussant le monde d'un génie qui, jour après jour, inspire Dillemans, le déprime et le frustre. voir Septentrion, XXXI, 2002, no 1, pp. 35-43 Un Flamand qui remporte le prix triennal de Poésie de la Communauté française de Belgique: cela s'est passé en mars 2008. Le lauréat est Jan Baetens (o 1957), qui est attaché au département des sciences de la littérature et à l' Instituut voor Culturele Studies de la Katholieke Universiteit Leuven. La distinction, dotée d'un montant de 8 000 euros, lui a été décernée pour le recueil Cent fois sur le métier. On peut parler de vocation poétique tardive chez Jan Baetens, car il n'a commencé à publier qu'à l'âge de 38 ans. Mais il a poursuivi sur sa lancée, publiant différents recueils chez Les Impressions nouvelles. Adepte de ‘l'écriture à contraintes’, il ne craint pas de s'imposer différents paliers de difficulté qui contrecarrent la spontanéité. Le choix d'écrire en français n'est qu'un de ces obstacles. Jan Baetens estime que la poésie doit prioritairement avoir pour sujet le quotidien. Cent fois sur le métier renferme cent poèmes. Chacun d'eux évoque une profession différente, et chacun est écrit dans un style particulier qui se veut évocateur de la profession. www.lesimpressionsnouvelles.comLidewij Edelkoort. Cela peut échapper aux francophones, mais la personne qui porte ce Le pompier, un des cent métiers évoqués dans le recueil de Jan Baetens.
genre de nom est en quelque sorte prédestinée à truster les distinctions prestigieuses. En février 2008, Lidewij Edelkoort (o 1950), directrice et présidente du conseil d'administration de la Design Academy Eindhoven, a été faite chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres. Les insignes de ce titre lui ont été remis dans son studio parisien. Fondée en 1947, la Design Academy Eindhoven est le seul établissement des Pays-Bas proposant une formation spécialisée exclusivement consacrée au design et menant au diplôme de bachelor. Elle est à l'avant-garde de l'innovation et de l'évolution et jouit d'une excellente réputation bien au-delà des frontières du pays. Parmi les diplômés de la Design Academy Eindhoven figurent quelques noms connus. Citons au hasard: Hella Jongerius, Maarten Baas, Bertjan Pot, Jurgen Bey et Richard Hutten. www.edelkoort.com Si Lidewij Edelkoort est à présent chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres, la chorégraphe flamande Anne Teresa De Keersmaeker (o 1960) porte désormais le titre de commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres. Déjà officier en 1999, elle a reçu fin février 2008 les insignes de la plus haute distinction dans cet ordre, un honneur qui est échu à très peu de Belges. Le nom de De Keersmaeker est, notamment avec ceux de Jan Fabre, Wim Vandekeybus et Alain Platel, lié au renouveau de la danse en Belgique. Sa compagnie de danse Rosas existe depuis plus de vingt-cinq ans. Elle a également créé à Bruxelles une école internationale de danse | |
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Lidewij Edelkoort (o 1950).
(PARTS), qui attire des étudiants du monde entier ou presque. L'oeuvre d'Anne Teresa De Keersmaeker est, depuis longtemps déjà, très prisée des francophones du pays et d'ailleurs. Au fil des années, la compagnie Rosas est même devenue une habituée du Théâtre de la Ville de Paris. www.rosas.be Le 7 avril 2008 a eu lieu dans la grande salle des séances du palais de l'Institut de France à Paris la remise des prix Descartes-Huygens 2007. Ces prix récompensent chaque année un chercheur français et un chercheur néerlandais qui ont contribué activement au développement de la collaboration scientifique entre la France et les Pays-Bas. Chacun des lauréats reçoit un montant de 23 000 euros afin de couvrir les frais d'un séjour de six mois respectivement en France, pour le lauréat néerlandais, et aux Pays-Bas, pour le lauréat français. La Koninklijke Nederlandse Akademie voor Wetenschappen (KNAW, Académie royale néerlandaise des arts et des sciences) a décerné son prix à Catherine Secretan, directrice de recherche au CNRS et membre depuis 1995 de l'unité mixte de recherche de l'Institut d'histoire de la pensée classique. Catherine Secretan est spécialiste de Spinoza et de l'histoire des idées à l'âge classique. Elle centre ses travaux sur la pensée néerlandaise aux XVIe et XVIIe siècles. Elle a publié dans Septentrion des articles au sujet de son maître Paul Dibon et du savant flamand Simon Stevin (1548-1620). Anne Teresa De Keersmaeker (o 1960), photo St. Vanfleteren.
Le lauréat néerlandais est choisi tour à tour par l'Académie des sciences et par l'Académie des sciences morales et politiques. Cette année, le prix a été octroyé à Pim den Boer, professeur à l'Universiteit Amsterdam, où il est titulaire de la chaire d'histoire culturelle de l'Europe. Pim den Boer a toujours entretenu des liens privilégiés avec la France et les historiens français, auxquels il a consacré une thèse sous la direction de H.L. Wesseling. À Paris, il a organisé plusieurs colloques sur les lieux de mémoire et l'identité nationale en France et aux Pays-Bas. voir Septentrion, XXIV, no 3, 1995, pp. 66-68 et XXXV, no 1, 2006, pp. 53-58 | |
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