Septentrion. Jaargang 36
(2007)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesPaul Biegel (1925-2006), photo Kl. Koppe.
‘Un maître du conte musical’: c'est ainsi qu'on appelait parfois Paul Biegel, auteur néerlandais de livres pour enfants, qui vient de mourir à l'âge de 81 ans. Paul Biegel avait d'abord voulu être pianiste, mais il n'a pas tardé à s'apercevoir lui-même qu'il avait bien plus de dispositions pour la littérature que pour la musique. C'était un conteur très prolixe, et ses récits regorgeaient de personnages de contes de fées: rois, lutins, fées, magiciens, brigands et animaux. On y voit couramment s'affronter le bien et le mal. Les histoires qu'il a écrites pour des enfants un peu plus grands sont souvent caractérisées par une atmosphère menaçante et oppressante. Lauréat de nombreux prix dans le monde littéraire néerlandophone, Biegel a notamment reçu les plus hautes distinctions dans le domaine de la littérature pour la jeunesse. Plusieurs de ses livres ont également paru en traduction française: Le petit capitaine (titre original: De kleine kapitein, Hachette, 1979), Le Festin de l'éléphant (titre original: Het olifantenfeest, Hachette, 1980), Le Brigand de Mademoiselle est avancé (titre original: De rover Hoepsika, Librairie Générale Française, 1987), La Princesse rousse (titre original: De rode prinses, Hachette Jeunesse, 1990) et Le Royaume de l'araignée (titre original: De zwarte weduwe, Nathan, 1992).
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Quel est le néerlandophone qui connaît l'histoire moderne de la France mieux que H.L. Wesseling? Dans Frankrijk in oorlog (La France en guerre), cet historien néerlandais parcourt près d'un siècle de l'histoire de France au fil des conflits armés que le pays a connus durant cette période. Sa narration alerte, émaillée de multiples anecdotes et digressions, ne handicape nullement la structure de l'ouvrage. Frankrijk in oorlog se présente comme un triptyque qui a pour panneau central la première guerre mondiale (celle à laquelle la France a payé le plus lourd tribut en vies humaines) et pour panneaux latéraux la guerre franco-allemande de 1870-1871 et la seconde guerre mondiale. Avant la guerre de 1870-1871, la France était une puissance mondiale, ne fût-ce que par l'ampleur et la qualité de son armée. La débâcle encourue face aux Prussiens a amorcé le déclin. Les victoires remportées au cours des deux guerres mondiales ont fait un moment illusion, mais il sera désormais impossible d'inverser la tendance. D'importantes conquêtes de territoires en Afrique du Nord, dans l'Afrique noire et en Indochine ont mis un baume sur la plaie, mais Dien Bien Phu est tombée en mai 1954 et le soulèvement en Algérie a suivi peu après. Si la France a encore pu, malgré tout, sauver les apparences, elle le doit, selon Wesseling, à la vision politique et au charisme de Charles de Gaulle. H.L. Wesseling est professeur honoraire d'histoire contemporaine à l'université de Leyde et Vice-président du Conseil de Coopération franco-néerlandais. Il est membre du Comité de conseil de Septentrion. voir Septentrion, XXX, no 4, 2001, pp. 190-191 et XXXII, no 3, 2003, pp. 14-19 -
‘Je suis un type qui fait frire de petits poissons’. C'est ainsi que se définissait le prêtre-homme politique néerlandais David van Ooijen, qui s'est éteint début novembre 2006 à l'âge de soixante-six ans. | |
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Le 8 août 1914: un soldat français assure la garde à la frontière est.
Theo van Doesburg, plan pour le café / dancing de l'Aubette à Strasbourg, 1926-1928.
Il fut le dernier ecclésiastique à faire partie du Parlement des Pays-Bas, où il siégea dans les années 1970 et 1980 dans les rangs du parti social-démocrate Partij van de Arbeid (PvdA). David van Ooijen était issu d'une familie ouvrière catholique. En 1961, il entra dans l'ordre des dominicains. Après ses études de théologie et de philosophie morale à l'université de Nimègue, il fut ordonné prêtre en 1966. C'est la même année qu'il rallia le PvdA. Malgré une mise en garde de la hiérarchie de l'Église, l' ‘abbé rouge’ fut élu en 1971 à la Deuxième Chambre des Pays-Bas. Sans avoir été une personnalité politique de tout grand format, Van Ooijen fut un homme avenant, un rassembleur qui avait gagné l'estime de ses collègues, tous partis confondus. Cela ne l'empêcha pas d'affirmer clairement son point de vue sur différents sujets. Pacifiste convaincu, il fut adversaire déclaré de l'armement nucléaire et de l'OTAN. Lorsqu'il défendait les démunis, les minorités ethniques ou les gens du voyage, il parlait en connaissance de cause. Avec une amie, il a habité durant quelques années en communauté dans un bidonville d'Arnhem. Quasiment diabolisé par les catholiques conservateurs, il a toujours, en revanche, pu compter sur le soutien des dominicains.
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‘Sans couleurs, l'architecture est inexpressive, aveugle’, écrivait l'artiste néerlandais Theo van Doesburg (1883-1931) en 1928 dans la revue De Stijl. Ce qu'il voulait dire par là, il allait le montrer la même année à Strasbourg, où il eut le privilège, en compagnie de ses coreligionnaires avant-gardistes Sophie Täuber et Hans Arp, de réaménager l'ancienne caserne Aubette en paradis des loisirs. Les nouvelles installations accrochaient le regard avec leurs nombreux grands espaces rehaussés par des couleurs éclatantes, sorte de tableaux de Piet Mondrian en 3D. Paradis, l'Aubette de la place Kléber ne l'a jamais vraiment été. Les salles étaient jugées très froides, trop modernes. Très vite, napperons et guirlandes ont orné les tables, et la petite salle des fêtes s'est même retrouvée affublée d'une décoration baroque. Le cachet du bâtiment disparaissait à vue d'oeil. Un triste sommet fut atteint au début des années 1980 lorsque le complexe accueillit le nouveau réfectoire scolaire Flunch. Au terme d'une étude approfondie menée par l'expert néerlandais Mariël Polman pour reconstituer les tons d'origine et la composition des couches de peinture, la salle des fêtes, le bar et la cage d'escalier ont retrouvé leur éclat des années 1920. La restauration s'est achevée en 2006. Flunch a disparu. Le rez-de-chaussée a été loué pour 70 ans à un promoteur immobilier.
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Jusqu'au 20 décembre 2006 s'est tenue à l'Institut Néerlandais à Paris une exposition consacrée à l'oeuvre de Desiree Dolron (o 1963), l'une des photographes néerlandaises les plus insolites de notre époque. L'exposition était axée sur trois séries de photos de l'artiste: Exaltation (1991-1999: des rites religieux et des corps en transe), Gaze (1996-1998: sujets plongés dans l'eau comme dans un songe) et Xteriors (2001-2006: série dans laquelle la photographie numérique du XXIe siècle entre en dialogue avec l'histoire de l'art). Les Éditions Xavier Barral et l'Institut Néerlandais ont édité un catalogue d'exposition abondamment illustré. Rudi Wester, directrice de l'Institut | |
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Desiree Dolron, Shiva-Ratri (Inde), 1992, dans la série Exaltation.
Néerlandais, en a rédigé l'introduction. Le catalogue comprend des textes de Mark Haworth-Booth et Pierre Assouline. voir www.institutneerlandais.com -
Nous sommes début 1920. Le jeune artiste flamand d'avant-garde Fernand Berckelaers (qui serait mieux connu dans la suite sous son pseudonyme Michel Seuphor) rencontre une jeune femme souffrante mais jolie comme un coeur, Alice Nahon, à l'époque la poétesse la plus lue en Flandre. Elle a cinq ans de plus que Berckelaers, mais c'est le coup de foudre. Dans Seuphor et Alice Nahon, Agnes Caers, qui a bien connu Seuphor durant les dernières années de sa vie, nous livre de cette brève mais poignante histoire d'amour un joli récit qui s'articule entre autres sur la lettre poème d'Alice, Verlangen (Désir), parue en août 1921 dans la revue Het Overzicht de Berckelaers. Le poème est reproduit en néerlandais et dans une traduction française due à Agnes Caers elle-même. Seuphor et Alice Nahon est une publication commune des éditions bibliophiles De Blauwe Reiger, créées par Agnes Caers, et de la revue Archipel d'Alain Germoz. Ainsi qu'ils le disent eux-mêmes, Agnes Caers et Alain Germoz ont voulu par cet ouvrage restituer ‘à Seuphor le plus flamboyant de son passé flamand et aux lettres néerlandaises une fort belle aventure d'amour et de littérature’. Adresses: De Blauwe Reiger, rue du Collège 22, B-1050 Bruxelles et Archipel, Jan van Rijswijcklaan 7/2, B-2018 Antwerpen. ISBN: 90 80507 7 41 Alice Nahon (1896-1933).
Le cinquantième anniversaire de l'Institut Néerlandais de Paris ne passera pas inaperçu (voir les pages 59-64 du présent numéro). Il sera marqué par des dizaines de manifestations culturelles qui s'étaleront sur l'année entière. Ce programme est inauguré par la Saison Néerlandaise ‘Haut les Pays-Bas!’, organisée en partenariat avec CULTURESFRANCE, l'opérateur délégué des ministères français des Affaires étrangères et de la Culture et de la communication pour les échanges culturels internationaux et l'aide au développement. Au cours d'une conférence de presse donnée début décembre 2006, Olivier Poivre d'Arvor, directeur de CULTURESFRANCE, a salué la Saison Néerlandaise comme un premier signe de la volonté de la France d'axer davantage sur l'Europe son ouverture aux cultures étrangères. Le coup d'envoi a été donné le 11 janvier 2007, avec le vernissage à L'Institut Néerlandais de l'exposition Rembrandt... Bouquet final, en clôture d'une série de six expositions parisiennes centrées sur la figure de Rembrandt. Ce vernissage était rehaussé par la présence de la reine Beatrix des Pays-Bas. Pour clôturer la Saison Néerlandaise, l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille accueillera le 28 mars, dans une grande soirée littéraire, théâtrale et musicale, des auteurs néerlandophones et francophones. Cette soirée sera organisée en collaboration avec l'association flamande Behoud de Begeerte (Gardez le Désir), qui assurera la mise en scène, la composition et la régie. ‘Haut les Pays-Bas!’ est parrainé par Willem, le célèbre dessinateur humoristique néerlandais. Le programme comprend une cinquantaine de manifestations qui se répartissent sur tout le territoire de l'Hexagone et ont pour thèmes les | |
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arts plastiques, les arts appliqués, la musique, le cinéma, le théâtre, la danse, ou encore la littérature et la langue néerlandaises. voir la brochure éditée par l'Institut Néerlandais et les sites www.institutneerlandais.com et www.culturesfrance.com Le logo de Haut les Pays-Bas!, dessiné par Willem.
Du 3 mars au 27 mai 2007, le Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers fait admirer trente véritables petits joyaux de l'histoire de la peinture, en l'occurrence des diptyques de Primitifs flamands tels que Rogier Van Der Weyden - Rogier De Le Pasture, Hugo Van Der Goes, Hans Memling, Gerard David et Quentin Metsys. Cette exposition, la première à rassembler autant de tableaux disséminés à travers le monde, a pu être mise sur pied grâce à un accord de partenariat entre la National Gallery of Art de Washington et la Harvard University. L'art du diptyque a connu son apogée dans les Plats Pays entre 1400 et 1600. Muni de charnières, le panneau s'ouvre comme un livre. Par leur extrême raffinement, de tels chefs-d'oeuvre ne pouvaient que séduire les classes privilégiées, tant l'aristocratie que la bourgeoisie naissante. voir www.kmska.be et www.vlaamsekunstcollectie.be Jusqu'au 28 mai 2007, la Fondation de l'Hermitage à Lausanne présente une importante exposition consacrée à la peinture beige de la fin du XIXe siècle. Offrant pour le première fois en Suisse une vision globale de l'art belge de cette période, La Belgique dévoilée, de l'impressionnisme à l'expressionnisme met en lumière le groupe des XX et celui de La Libre Esthétique, grâce auxquels les artistes belges se sont inscrits parmi les plus novateurs de l'avant-garde européenne. L'exposition s'articule autour l'impressionnisme (et le néo-impressionnisme), le symbolisme et l'expressionnisme. Elle rassemble une centaine de toiles et de dessins, dont, entre autres, des oeuvres signées Émile Claus, James Ensor, Henri Evenepoel, Fernand Khnopff, Théo Van Rysselberghe, Félicien Rops et Léon Spilliaert. voir www.fondation-hermitage.ch | |
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