Commisération sincère à l'endroit de l'homme:
Herman Brusselmans
Herman Brusselmans (o1957), écrivain prolifique s'il en est, auteur à ce jour de plus de trente titres, a remporté son premier succès au milieu des années 1980, grâce à son roman ‘De man die werk vond’ (Louis Tinner, bibliothécaire). Dans cet ouvrage, le lecteur fait la connaissance de ce Louis Tinner, responsable de la bibliothèque récréative de l'ONEM à Bruxelles. Ses journées s'y déroulent dans un désoeuvrement et un ennui complets (voir extrait). Ce livre, premier élément d'une trilogie complétée par les romans ‘Heden ben ik nuchter’
(Aujourd'hui, je suis à jeun) et ‘Zijn er kanalen in Aalst’ (Y a-t-il des canaux à Alost?), compte parmi les oeuvres maîtresses de Brusselmans, à l'instar de sa ‘Trilogie des Ex’ (voir extrait). Ces trois romans - Ex-schrijver (Ex-écrivain), Ex-minnaar (Ex-amant) et Ex-drummer (Ex-batteur) - relatent une crise personnelle dans la vie de l'auteur: l'échec de son premier mariage et la mort de sa mère. Après cette ‘Trilogie des Ex’, son oeuvre, sans jamais renier une inspiration fortement autobiographique, a progressivement réservé une place plus grande à la fiction, sans doute avec du bon et du moins bon. Nombre de lecteurs ont le sentiment que Hermans Brusselmans se paie tout bonnement leur tête: sa prose est jugée outrancière, l'auteur n'apparaît occupé que de sexe, de boisson et de rock 'n roll et, pour comble, l'intrigue, dans la plupart des cas, se voit réduite à la portion congrue. La raison en est, affirme Brusselmans, ‘que [j'ai] écrit ce qui est vrai: il ne se passe jamais rien qui vaille la peine, sauf peut-être le réconfort.’
Ses nombreuses apparitions sur le petit écran dans les années 1990 ont placé Herman Brusselmans dans le landernau des Flamands célèbres. Chaque nouvelle parution est pour lui l'occasion d'une interview dans les quotidiens et hebdomadaires populaires les plus importants et d'invitations dans toutes sortes de talk-shows. En Flandre, si Brusselmans a petit à petit gagné en notoriété, c'est finalement davantage comme personnage public que comme écrivain. C'est quelque peu regrettable, car pour iconoclaste, provocatrice et nihiliste que passe son oeuvre aux yeux de ses détracteurs, il n'en demeure pas moins qu'en Herman Brusselmans se cache un brillant humoriste et un styliste de valeur, témoignant d'une commisération sincère à l'endroit de l'homme, dans toute sa vulnérabilité.