Septentrion. Jaargang 33
(2004)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesIl fut un temps où beaucoup de Flamands étaient pauvres. Durant l'entre-deux-guerres, les hommes du pays flamand s'en allaient encore, quelquefois par groupes imposants, à la recherche d'un emploi dans les charbonnages wallons. Le roman néerlandais Fleurs de Flandre, d'Annie van Keymeulen (o1952), évoque, davantage que la vie de ces ouvriers, l'existence de leurs compagnes. Les récits de Van Keymeulen sont poignants, ont la couleur de la misère, de la tuberculose, de la solitude, de l'angoisse, des maltraitances sexuelles, du dur combat mené jour après jour pour la survie dans une contrée inconnue. Deçà, delà, des critiques sont aussi formulées contre l'Église, qui désapprouvait les mariages entre les gens de Flandre et de Wallonie mais se montrait nettement moins sourcilleuse quand un père de famille engrossait sa propre fille. Fleurs de Flandre est un ouvrage intéressant, par moments même prenant, qui a en tout cas le mérite de nous faire revivre un épisode quasiment oublié de l'histoire de Belgique. Ce roman est paru aux Éditions De Geus à Breda (www.degeus.nl). ISBN 90 4450 37 07. ◆ Le 30 août 2004, le Flamand Guy Cools a pris le relais du regretté chorégraphe Jean-Pierre Perreault (décédé fin 2002) à la direction artistique de la Fondation Jean-Pierre Perreault (Montréal). Au moment d'entamer sa mission, Guy Cools en a confié les grandes lignes au journal local Le Devoir: son idée de base était de transformer une structure de compagnie en un centre chorégraphique. Pour Cools, un centre chorégraphique doit à la fois être un lieu de création, de recherche et de rencontre pour la communauté de la danse ainsi qu'un centre de documentation et d'information pouvant accueillir des colloques. Guy Cools a longtemps travaillé comme programmateur de la section danse du centre artistique Vooruit à Gand. Il a contribué à la rédaction de quelques chapitres du livre La Danse aux Pays-Bas et en Flandre aujourd'hui, publié par la Stichting Ons Erfdeel (Fondation Notre Patrimoine), éditrice de Septentrion. Voir www.fjpp.org ◆ A partir de fin avril 2005, Montréal sera pour un an capitale mondiale du livre. Jusque-là, c'est Anvers qui porte ce titre prestigieux patronné par l'UNESCO. La cité de la célèbre imprimerie Plantin-Moretus offre un programme international étendu et très éclectique qui a pour élément central le livre sous ses formes les plus diverses. Le programme d'Anvers en tant que ville du livre s'articule en trois volets: le présent, l'histoire, l'avenir. Causeries, représentations, concerts, festivals, expositions, foires du livre et séances de présentation d'ouvrages font d'Anvers, une année durant, le lieu de rendez-vous incontournable pour tous les amoureux du livre. Septentrion a participé à l'événement. Le 9 septembre 2004, sa rédaction a organisé une soirée littéraire à la bibliothèque municipale d'Anvers. Le poète flamand Leonard Nolens (o1947) y a donné lecture de quelques fragments de son oeuvre. La comédienne Chris Lomme a lu des extraits du roman Les Évasions d'Olivier Trickmansholm de Michel Seuphor (1901-1999). Surtout connu comme défenseur de l'art abstrait, Seuphor a passé la majeure partie de sa vie à Paris, mais est né et a grandi à Anvers. Le poète et prosateur Werner Lambersy (o1941), lui aussi natif de la métropole, s'est très tôt installé à Bruxelles, puis à Paris. Il est venu lire des extraits d'une oeuvre en prose, Anvers ou les anges pervers. Voir Septentrion, xxxiii, no 2, 2004, pp. 45-63 / www.abc2004.be ◆ Mettre l'urbanisme à la portée de tous, à travers un pavillon d'accueil, des expositions et des salles de conférence. Voilà les objectifs de la toute nouvelle Maison de l'urbanisme de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce point de contact, d'information et de recherche vise à sortir l'urbanisme du domaine des juristes et des architectes pour le rendre aux Bruxellois. Son site d'implantation a été | |
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‘Tintin en ville’, Hergé/ Moulinsart/2004 - Fondation Hergé.
André Kuipers (o 1958).
judicieusement choisi: les Halles Saint-Géry, situées au coeur de l'île Saint-Géry, qui constitue le berceau même de Bruxelles. A qui devait échoir l'honneur d'inaugurer la Maison de l'urbanisme, sinon à Tintin, le héros national des Belges? Dans ses albums, Hergé ne cite jamais explicitement Bruxelles. Mais tous les ‘tintinologues’ pourront indiquer sans peine les nombreux albums dans lesquels Bruxelles est évoqué d'une manière ou d'une autre. Par le biais de maquettes en trois dimensions, l'exposition d'ouverture ‘Tintin en ville’ a décortiqué, avec humour, l'univers bruxellois de Tintin. L'exposition ‘Construire une ville’, qui se tenait parallèlement, a remonté le temps et a tenté d'expliquer le Bruxelles d'aujourd'hui à partir du passé. Une grande maquette de la Région de Bruxelles-Capitale constituait le point central de cette exposition. Adresse: Halles Saint-Géry, place Saint-Géry, B-1000 Bruxelles / Tél. + 32 (0)2 502 44 24. ◆ ‘Ne te laisse pas démonter, persévère’. Telle était la devise de Thea Beckman, auteur néerlandais de livres pour enfants, qui est décédée au printemps 2004 à l'âge de 80 ans. Depuis la disparition d'Annie M.G. Schmidt (1911-1995), Beckman était célébrée par tous comme la nouvelle grandmère de la littérature pour la jeunesse d'expression néerlandaise. Les premiers romans de Beckman, dans les années 1950, ne s'adressaient qu'à un public adulte. Ce n'est que dans les années 1970 qu'elle a découvert sa véritable vocation de romancière pour les jeunes. Une bonne histoire, aux accents véridiques, avec un message mais sans excès de morale: telle était la base de sa démarche. Elle a surtout publié des romans historiques, pour lesquels elle rassemblait toujours une solide documentation. Presque tous ses livres sont traversés par un personnage d'enfant à l'esprit critique, au caractère indépendant, voire entêté. Beckman aimait les enfants à la personnalité marquée. Dans le choix de ses personnages centraux, elle montrait une certaine prédilection | |
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pour les filles, et celles-ci abordaient souvent les garçons de front sans aucun complexe. Les ouvrages de Thea Beckman ont été traduits en plusieurs langues mais, bizarrement, pas encore en français. Son plus gros succès de librairie, Kruistocht in spijkerbroek (Croisade en jeans), sera incessamment porté à l'écran. ◆ Un Néerlandais, un Russe et un Américain sont dans un avion... Cela ressemble au début d'une blague comme on en raconte souvent en Belgique pour se moquer de l'un ou l'autre pays. Le 19 avril 2004, le Néerlandais, le Russe et l'Américain ne se trouvaient pas à bord d'un avion, mais d'un vaisseau spatial. Ils s'étaient envolés de la base russe de Baïkonour en direction de la station spatiale internationale ISS. Le Russe et l'Américain allaient rester dans la station, tandis que le Néerlandais revenait sur terre en compagnie de l'équipe qui avait elle-même séjourné et travaillé un certain temps dans la station. Le 30 avril, ils atterrissaient sans encombre dans la steppe du Kazakhstan. L'astronaute néerlandais était le médecin André Kuipers (o 1958). Après Wubbo Ockels, il est le second Néerlandais à avoir effectué un voyage dans l'espace. Kuipers, qui a notamment collaboré à la récente mission du Flamand Frank de Winne, a participé à bord de l'ISS à des expériences néerlandaises et européennes. Entre autres, il a testé un gilet ‘à vibrations’. Ce gilet aide les astronautes à s'orienter dans l'espace. En apesanteur, nos sens ne distinguent pas le haut et le bas. Les vibrations peuvent recréer artificiellement cette différence. Kuipers avait également emporté des lampes d'une nouvelle génération. Il a étudié comment faire en sorte qu'elles consomment moins d'énergie, ce qui revient à augmenter leur durée de vie. Voir Septentrion, xxiii, no 1, 1994, pp. 49-53 et xxxii, no 1, 2003, pp. 194-195. ◆ ‘Provocateur, pluraliste, passionnant’: ces qualificatifs figuraient sur le petit dépliant annonçant le Festival de cinéma de Douarnenez (Bretagne). L'édition 2004 de ce festival s'est déroulée du 17 au 24 août et avait pour thème principal ‘Les Belgiques’. Les organisateurs présentaient le cinéma ‘belge’ comme un écheveau quasi impossible à démêler, tant il est vrai que les cinéastes belges, des deux côtés de la frontière linguistique, abordent sous des angles inattendus les thèmes les plus variés dans les genres les plus divers. Mieux vaut éviter de citer des noms et des titres, car on risquerait d'oublier l'un ou l'autre film ou réalisateur important. Contentons-nous des genres: dans la production belge, le documentaire (souvent très engagé au point de vue social) et le cinéma d'animation ont toujours été très bien cotés. Le court métrage, qui ne requiert généralement pas un gros budget, a récolté plusieurs distinctions ces derniers temps. Quant au long métrage, grâce à une brochette de cinéastes de talent, il a cessé d'être le parent pauvre qu'il était naguère encore. Une constante assez frappante dans le long métrage flamand est qu'il affectionne particulièrement de porter des oeuvres littéraires à l'écran. En plus d'un programme cinématographique très étoffé, le festival comportait également des débats, des entretiens et des stages. Parmi les participants venus de Flandre, on notait entre autres la présence de l'écrivain flamand Geert van Istendael, du rédacteur en chef de Septentrion Luc Devoldere et des cinéastes Robbe de Hert, Lieven Debrauwer et Raoul Servais. ◆ Les Flamands ne savent pas grand-chose de ce qui se passe au sud de la frontière linguistique. Voilà une amère réflexion que l'on entend fréquemment. Pourtant, de temps à autre, de louables efforts sont consentis pour maintenir le contact avec les principaux faits de la vie culturelle en Belgique francophone. En 1997, la revue littéraire Deus ex Machina a consacré un numéro thématique aux lettres françaises de Belgique. Sept ans plus tard, le Kunsttijdschrift Vlaanderen publie un imposant dossier Cultuur in Wallonie-Bruxelles. Dans l'article introductif, le ‘spécialiste’ flamand de la Wallonie Guido Fonteyn énumère un certain nombre d'éléments qu'il interprète comme premiers signes d'une renaissance wallonne. | |
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Édouard Manet, ‘Combat entre le U.S.S. Kearsarge et le C.S.S. Alabama’, huile sur toile, 1864, ‘Philadelphia Museum of Art’.
Fuite après un bombardement sur Oost-Vleteren (Flandre-Occidentale), 1915, Musée royal de l'armée, Bruxelles.
Le tableau brossé à larges traits par Guido Fonteyn est ensuite détaillé dans différents articles. Denis Gielen et Sophie Trivière présentent le déjà réputé MAC ou Musée d'art contemporain de Laurent Busine, situé à Grand-Hornu. Marc Dubois jette un regard sur l'architecture contemporaine, et pas moins de trois articles sont consacrés aux heurs et malheurs de la littérature belge de langue française (Marie Nicolaï, Claude Raynaud et Emile Kesteman). La musique (Valérie Dufour) et l'art moderne (Hugo Brutin) ne pouvaient évidemment être oubliés. Ce cahier Vlaanderen nous offre donc un tour d'horizon très détaillé de la culture dans le sud du pays, encore que l'on s'étonne de n'y trouver aucun article sur le cinéma, domaine où la Belgique francophone se distingue particulièrement. Adresse administrative du Kunsttijdschrift Vlaanderen: Kaplotestraat 17 B, B-8750 Wingene / pol.lagrain@planetinternet.be ◆ Édouard Manet peintre de marines? Si le ‘père des impressionnistes’ est surtout réputé pour avoir croqué des scènes de la vie citadine moderne, beaucoup ignorent qu'il est l'auteur d'une quarantaine de ‘marines’. Une bonne partie de ces toiles sont exposées au Musée Van Gogh d'Amsterdam jusqu'au dix octobre 2004. L'exposition est organisée en collaboration avec The Art Institute of Chicago et le Philadelphia Museum of Art. La première marine de Manet lui a été inspirée par un épisode marquant de la guerre de Sécession américaine. Un vaisseau nordiste, le U.S.S. Kearsarge, avait coulé un redoutable flibustier sudiste au large de la côte normande. Manet a su immortaliser cette scène avec talent à partir d'articles de presse. Dans la suite, Manet a passé ses vacances à plusieurs reprises au littoral de la Manche et sur la côte atlantique. De ces séjours, il ramenait des croquis et des études qu'il retravaillait dans son atelier. Ses marines se caractérisent par des angles de vue insolites, un surprenant ordonnancement interne des compositions et une palette de coloris très réduite. | |
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L'exposition organisée au Musée Van Gogh met en évidence le contexte artistique dans lequel Manet a peint ses marines, avec des références à des prédécesseurs (notamment Gustave Courbet) et à des contemporains (entre autres Johan Barthold Jongkind et Pierre-Auguste Renoir). Une partie importante de l'exposition est consacrée aux échanges sur le plan artistique entre Manet et le jeune Monet. Le catalogue, qui n'est malheureusement disponible qu'en anglais, peut être commandé auprès du Musée Van Gogh. Voir www.vangoghmuseum.nl ◆ ‘Je dois avouer que j'ai été assez heureux là-bas, que je m'y suis fait de bons amis et que j'ai été bien réconforté dans mon exil’. Cette phrase est extraite du journal d'Achilles van Walleghem, vicaire de Dikkebus (Flandre-Occidentale), qui a fui vers la France au début de la première guerre mondiale et a longtemps séjourné à Rouen. La citation d'Achilles van Walleghem a été reprise dans Vluchten voor de oorlog. Belgische vluchtelingen 1914-1918 (Fuir devant la guerre 1914-1918. L'histoire des refugiés belges pendant la première guerre mondiale). Cet ouvrage est paru à l'occasion d'une exposition du même nom qui s'est tenue jusqu'au 22 août 2004 au Musée In Flanders Fields à Ypres. Quelques textes nous relatent l'équipée des réfugiés belges aux Pays-Bas, en France et en Grande-Bretagne. Les nombreuses photos et citations qui accompagnent les textes sont émouvantes et, pour certaines, attendrissantes. Le livre a été réalisé conjointement par plusieurs auteurs: Piet Chielens, coordinnateur du Musée In Flanders Fields, Michaël Amara, Hans op de Beeck et Kristin van Damme. Il est édité par le Davidsfonds en collaboration avec le musée In Flanders Fields et Tijdsbeeld (Gand). Voir www.inflandersfields.be + www.davidsfonds.be Hans Vanacker |
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