Témoignage d'un immigré flamand
Quand il arriva au Québec à l'âge de 15 ans avec ses parents fermiers à Mol et ses neuf frères et soeurs, Jules Asnong ne parlait pas le français. Aujourd'hui, ce Flamand, qui ne nie pas ses origines, possède le plus bel accent québécois qui soit. Son père était agriculteur dans l'âme. Mais avec une ferme de 50 ha en Belgique, il ne pouvait espérer céder à chacun de ces enfants une exploitation convenable, le terrain devenant rare et cher.
La grande famille partit donc un beau jour avec armes et bagages. Le père racheta une ferme non loin de Montréal, où les fils travaillèrent avant de devenir adultes et de se tourner tous vers d'autres exploitations. Dans le cas de Jules, c'est au moment de son mariage avec une Québécoise qu'il fit l'acquisition d'une ferme abandonnée orientée vers l'élevage de vaches laitières. Il travailla très dur au début, pour convertir sa ferme, mais aujourd'hui il est très fier de sa ferme.
C'est à regret que Jules Asnong n'est jamais revenu en Belgique: ‘Avant, j'avais le temps et pas l'argent. Maintenant, c'est le contraire. Mais qu'on ne croie pas qu'il soit possible de faire fortune ici en six mois. Par contre, il y a de la place pour celui qui veut travailler.’
Il fallait vraiment avoir envie de la trouver, la ferme de Jules Asnong. Bien en dehors du petit village de Rigaud, lui-même distant de 100 km de Montréal, en pleine nature, on y voyait le bout du monde. ‘C'est vrai,’ conclut Jules Asnong en nous quittant, ‘nous sommes au bout du monde. Mais nous y sommes heureux.’
Extrait du quotidien belge de langue française ‘La Dernière Heure’ du 31 mars 1979.
Nous remercions l'historien flamand Marc Journée, qui nous a transmis ce témoignage.