Septentrion. Jaargang 32
(2003)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Tjienke Dagnelie, ‘Masque’, macramé, 32,5 (sans les franges).
Pierre de Grauw, ‘Job’, bois, 20 × 35 × 170, 1956, détail.
Marcel Thielemans (1911-2003) (Photo ANP).
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ActuellesDes Néerlandais dans les Ardennes belges: tout de suite, on imagine des vacanciers qui viennent par milliers installer leur tente ou leur caravane dans les plus beaux endroits et descendre en kayak les rivières pittoresques que sont l'Ourthe, la Lesse ou la Semois. Rien de semblable dans l'histoire de l'artiste néerlandaise Carolina ‘Tjienke’ Dagnelie (1918-2001). Dans les années 1950, elle a accompagné son mari dans les Ardennes. Elle ne les quitterait plus. Tjienke Dagnelie a passé la première partie de sa jeunesse à Java. A 13 ans, elle est revenue aux Pays-Bas. Après ses études secondaires à Arnhem, elle est partie pour la Belgique, où elle a étudié à l'Institut supérieur des arts décoratifs de la Cambre (Bruxelles) sous la direction du maître graveur Joris Minne. Elle allait trouver en Ardenne le cadre idéal pour travailler à son oeuvre très éclectique, dont une synthèse a été présentée dans une monographie par le critique d'art, essayiste et poète Roger Brucher. Dans Tjienke Dagnelie. Quand le trait se fait lumière, sens et diversité d'une oeuvre, Brucher propose une vue d'ensemble des itinéraires de création de cette artiste et une analyse détaillée des divers genres qu'elle a pratiqués (illustration de livres, dessin, aquarelle, lavis, monotype, gravure sur lino et sur bois, peinture à l'huile, émail, papiers collés, os sculptés, macramé, photographie expérimentale). Cet ouvrage, agrémenté de nombreuses photos en couleur et en noir et blanc, est paru aux Éditions Éole à La Roche-en-Ardenne (ISBN 2 87186 027 0). ◆ Anne Gazeau-Secret, ambassadrice de France aux Pays-Bas, compte parmi les plus fervents défenseurs de la diversité culturelle en Europe. Le 10 avril 2003, elle a cosigné avec Edmond Duckwitz, ambassadeur d'Allemagne aux Pays-Bas, une lettre ouverte dans le quotidien NRC Handelsblad. Tous deux déplorent la désaffection que subit la branche ‘deuxième langue étrangère’ dans l'enseignement secondaire aux Pays-Bas. Tous les élèves, ou presque, choisissent | |
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l'anglais comme première langue étrangère. L'intérêt pour l'apprentissage d'une seconde langue étrangère est quasi inexistant, si bien que le français et l'allemand risquent, à brève échéance, de disparaître des programmes. Les ambassadeurs regrettent le monopole artificiel de l'anglais dans les contacts économiques et politiques entre pays voisins ou entre États qui entretiennent depuis des siècles des relations réputées très solides. Ils soulignent aussi l'importance des contacts et liens d'amitié personnels entre Néerlandais, Français et Allemands. D'où la nécessité de connaître le français ou l'allemand. Dans une interview parue le 24 mai 2003 dans l'hebdomadaire Vrij Nederland, l'ambassadrice de France a redit son inquiétude devant cet appauvrissement culturel. Elle n'en est pas pour autant pessimiste quant à l'avenir des relations franco-néerlandaises. Après une difficile période de malentendus et en dépit d'une divergence de vues pendant la crise irakienne, les rapports semblent à nouveau s'améliorer depuis 2000. Les ministres des Affaires étrangères sont même convenus de renforcer la concertation bilatérale. ◆ La date du 27 avril 2003 restera marquée d'une pierre blanche dans l'histoire de l'AMSAB de Gand (Archief en Museum van de Socialistische Arbeidersbeweging -Archives et Musée du Mouvement ouvrier socialiste). Ce jour-là, l'AMSAB a pu exposer pour la première fois la collection de blocs de bois et de galvanos du graveur Frans Masereel (1889-1972) dont il venait de faire l'acquisition. Ces oeuvres avaient été découvertes au printemps de 1999 dans les caves de la maison d'édition suisse Europa Verlag. Les 301 blocs de bois et les 386 galvanos constituent une découverte exceptionnelle. Ils datent d'une période durant laquelle, suivant les connaisseurs, Masereel était au sommet de son art de sculpteur sur bois. Les pièces les plus remarquables sont les Images de la passion d'un homme, une série de 25 blocs que l'on croyait disparue. En plus de ces blocs de bois et galvanos, le musée gantois a également acquis la correspondance complète que l'artiste a échangée avec son éditeur suisse Oprecht Verlag (devenu dans la suite Europa Verlag). Le manque de place dans le musée empêche d'exposer toute la collection. L'AMSAB est d'ailleurs à la recherche d'un lieu plus spacieux et étudie actuellement avec le Musée des Beaux-Arts de Gand la possibilité d'organiser prochainement une exposition Masereel de grande envergure. Voir Septentrion, xxvii, no 2, 1998, pp. 25-31. ◆ L'artiste néerlandais Pierre de Grauw (o1921) réside en France depuis plus d'un demi-siècle, en fait depuis qu'il y a été envoyé par l'ordre des augustins, dont il a fait partie jusqu'en 1975. Son activité artistique en France a surtout été axée sur la sculpture. Il s'inspire de la Bible, certes, mais aussi du quotidien et du contemporain. Pour lui, le sacré n'est que le miroir sublimé de la réflexion profane, où les grandes questions universelles sont tout aussi présentes. Chez Somogy Éditions d'art, à Paris, a été publiée sous le titre Pierre de Grauw, sculpteur une monographie richement illustrée présentant son oeuvre en détail. En tant que sculpteur, De Grauw a travaillé les matériaux les plus divers, notamment la terre, le plâtre, le bois, le cuivre et le bronze. De nombreux exemples sont donnés pour chaque genre. Deux introductions en forme d'essai situent l'oeuvre de ce sculpteur-théologien dans un large contexte historique. De Grauw s'explique dans une interview sur les choix qu'il a faits dans le domaine artistique (ISBN 2 85056 498 2). ◆ A la mi-mai 2003 décédait, à l'âge de 91 ans, Marcel Thielemans, ancien chef d'orchestre du swing band néerlandais The Ramblers, fondé en 1926 et repris au Guinness Book of Records comme étant le plus ancien orchestre de jazz au monde. Marcel Thielemans - qui n'a aucun lien de parenté avec Jean ‘Toots’ Thielemans - est né à Schaerbeek, près de Bruxelles. C'est en 1933 qu'il a rejoint les Ramblers. Il s'est essentiellement fait connaître comme trompettiste et principal chanteur de la formation, mais il a aussi dirigé l'orchestre de 1978 à 1997. | |
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Gerrit Kouwenaar (o1923) (Photo D. Samyn).
Claude Monet, ‘Tempête, côte de Belle-Ile’, 1886, Musée d'Orsay, Paris.
Bois d'Édouard Vermorcken, d'après Nicaise de Keyser, collection F. Godfroid.
Si on retient surtout la légendaire souplesse de leur swing, il ne faut pas oublier que la radio a fortement contribué à la popularité des Ramblers à leurs débuts. Ils ont participé à plus de 3 000 émissions. The Ramblers ont gravé plus de cinq cents titres sur disque vinyle et CD. ◆ Pour la première fois de son histoire, l'Église orthodoxe russe d'Europe occidentale est dirigée par un non-Russe, l'archevêque Gabriël (o1946). Le 1er juin 2003, il a été solennellement intronisé ‘archevêque des paroisses de la tradition russe d'Europe occidentale’. La cérémonie a eu lieu en la cathédrale russe de Paris. L'archevêque Gabriël, de son vrai nom Guy de Vylder, est originaire de Lokeren, près de Gand. Sa formation initiale le destinait à devenir prêtre catholique romain, mais il n'a pas terminé ses études. Au début des années 1970, il a opté pour l'Église orthodoxe russe, où il a gravi tous les échelons de la hiérarchie. Sa nomination à la dignité d'archevêque lui confère autorité sur les paroisses orthodoxes depuis la Norvège jusqu'à l'Espagne. L'Église orthodoxe russe s'est implantée en Europe occidentale au début des années 1920, époque où de nombreux Russes fuyaient le régime communiste. Initialement, l'Église dépendait du patriarche de Moscou. Lorsqu'elle est tombée entièrement entre les mains de Staline, une partie de sa branche d'Europe occidentale a cherché refuge auprès du patriarche de Constantinople. L'archevêque Gabriel appartient à cette mouvance. ◆ Lors des rencontres internationales de poésie Poetry International de la mi-juin 2003, une soirée entière a été dédiée à la poésie du ‘vijftiger’ néerlandais Gerrit Kouwenaar (o1923). Voici comment ce dernier s'exprimait dans le quotidien néerlandais NRC Handelsblad du 13 juin 2003 à propos de la poésie dans son pays: ‘Les poètes intéressants sont ceux qui n'ont pas le sentiment de devoir rendre des comptes à la langue. La langue n'est rien de plus qu'un matériau. N'hésitez pas à la malaxer, faites-en quelque chose. | |
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Pareille conception de la poésie est impensable en France. La poésie française a son charme: elle restera toujours la poésie française, très bien faite, très intéressante, mais invariablement conçue à la française: la langue est trop fière pour accepter d'être malmenée, c'est un principe sur lequel on ne transige pas. La même chose vaut pour l'Allemagne. Le meilleur poète était Paul Celan, mais l'allemand n'était que sa deuxième ou troisième langue. Toujours est-il que lui, du moins, osait faire violence au langage. Mais il n'a pas de successeur. Et c'est bien là que réside l'intérêt de la poésie néerlandaise. Elle se démarque fondamentalement des autres en ce sens que, pour nous, la langue n'est pas sacrée. Nous avons le courage d'y aller hardiment, de désarticuler la langue. C'est pourquoi je pense que, si vous la comparez à celle des pays qui nous entourent, notre poésie ne fait vraiment pas mauvaise figure’. Voir Septentrion, xxxii, no 1, 2003, pp. 176-178. ◆ Durant l'été 2003, la ligne côtière de La Panne à Knokke a fait parler d'elle. Le projet 2003 Beaufort, qui se déployait sur tout le littoral, était le clou d'une grande offensive culturelle de charme, mais le Musée d'art moderne d'Ostende n'était pas en reste, avec l'exposition 'Marines côte à côte' qui s'y est tenue jusqu'au 28 septembre. Cette exposition se voulait confrontation entre peintres de différentes générations, avec la mer pour fil rouge. On pouvait y voir, parmi d'autres, des oeuvres de Claude Monet, Gustave Courbet, F.J. Turner, James Ensor, Constant Permeke, Léon Spilliaert, Jean Brusselmans et Henri Victor Wolvens (qui détenait une sorte de brevet en matière de paysages de plage et de marines). Luc Tuymans, peintre plus actuel, était bien représenté, lui aussi. La mer est ou a été pour tous ces artistes l'inspiratrice d'une création multiforme, où la puissance des éléments le dispute à la rêverie. Adresse: Romestraat 11, B-8400 Oostende/www.pmmk.be Au sujet de 2003 Beaufort, voir Septentrion, xxxii, no 3, 2003, pp. 67-70. ◆ La Gravure sur bois au xixe siècle: tel est le titre du pavé que Remi Blanchon a publié sur ‘l'âge du bois debout’ en France et ailleurs. Préfacée par Pierre-Jean Rémy, de l'Académie française, cette étude retrace les origines (britanniques) de la gravure sur bois et relate comment cette discipline artistique s'est popularisée en France à partir de la fin du xviiie siècle - début du xixe. En Belgique, il a fallu attendre 1836 pour voir paraître le premier ouvrage contenant des gravures sur bois debout: Les OEuvres de Victor Hugo. Cette année 1836 est une année clé, marquée également par la fondation à Bruxelles d'une École royale de gravure. L'artiste et professeur anglais Henry Brown allait jouer un rôle majeur dans cet établissement, car il a formé plusieurs éminents spécialistes de la gravure sur bois debout. La plupart de ses élèves étaient des Bruxellois, mais on trouve également parmi eux des Flamands tels que les frères Vermorcken. Un des jeunes artistes les plus talentueux a été François Pannemaker, dont la réputation allait franchir largement les frontières du pays. L'étude très fouillée de Remi Blanchon se subdivise grosso modo en deux parties: un historique détaillé (où la Belgique figure en bonne place) et un dictionnaire biographique très complet des graveurs sur bois du xixe siècle. Quelques superbes reproductions confèrent à l'ouvrage un cachet supplémentaire. La Gravure sur bois au xixe siècle est une publication des Éditions de l'Amateur, 25, rue Ginoux, F-75015 Paris (ISBN 2 85917 332 3). Hans Vanacker |
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