Septentrion. Jaargang 32
(2003)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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J. van Somer, ‘Monnik gewekt door non’ (Moine éveillé par une religieuse).
Patrick Roegiers (o1947) (Photo Houcmant).
Dessin de Gerard Fieret (Photo ‘Haags Gemeentemuseum’).
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ActuellesSi, en 2003, vous déambulez dans le quartier chaud d'Amsterdam, vous n'y penserez peut-être pas mais, au xviie siècle déjà, les Pays-Bas étaient le ‘sex-shop de l'Europe’. Alors que l'essor de la littérature érotique française ne remonte qu'au xviiie (avec les romans libertins du marquis de Sade), de nombreux romans érotiques ont été publiés aux Pays-Bas dès 1670, et ce non seulement en néerlandais, mais aussi dans plusieurs autres langues, pour être ensuite écoulés clandestinement de l'autre côté des frontières. Dans Het woord is aan de onderkant. Radicale ideeën in Nederlandse pornografische romans 1670 - 1700 (Les dessous ont la parole. Les idées radicales dans le roman pornographique néerlandais 1670-1700), Inger Leemans étudie le genre sous différents angles: auteurs, récits, éditeurs et lecteurs. L'auteur examine plus particulièrement les motivations des écrivains, qui donnaient libre cours à leur imagination dans le domaine du sexe et fustigeaient en même temps de manière impitoyable l'hypocrisie du bourgeois néerlandais. Het woord is aan de onderkant, ouvrage de plus de 400 pages abondamment illustré, est publié aux Éditions Vantilt à Groningue (ISBN 90 75697 89 9). ◆ Luc Beyer de Ryke: un nom qui dit incontestablement quelque chose aux Belges francophones. Pendant dix-huit ans, il a présenté le journal télévisé de la RTBF, la radio-télévision publique de la Communauté française de Belgique. Luc Beyer de Ryke a également été député européen et membre du conseil communal de la ville de Gand, où il fut un des derniers représentants de la communauté gantoise francophone. C'est précisément au déclin de la culture francophone en Flandre que Beyer de Ryke consacre son ouvrage Les Lys de Flandre. Vie et mort des francophones de Flandre (1302-2002). De Ryke est un homme cultivé, qui a beaucoup lu. Il | |
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est l'héritier d'une riche tradition gantoise, qui, notamment avec Maurice Maeterlinck, Charles van Lerberghe et Suzanne Lilar, a donné à la francophonie une coloration particulière. On l'aura compris: en dépit du regard passablement nostalgique qu'il porte sur la Flandre, son livre mérite de retenir l'attention du lecteur, pas seulement francophone mais aussi néerlandophone. Ce qui ne nous empêchera pas de regretter que sa vision des choses prenne peu en compte la nécessité socioculturelle de l'affranchissement de la Flandre. Les Lys de Flandre est édité chez François-Xavier de Guilbert, 3, rue Jean-François-Gerbillon, F-75006 Paris (ISBN 2 86839 792 1). ◆ Provoquer une rencontre entre le cinéma et l'architecture dans un décor de théâtre: une vraie gageure. Le Nederlands Architectuurinstituut a relevé le défi, en comparant les conceptions d'un cinéaste renommé avec les théories d'un éminent architecte. Des personnalités choisies en dehors des Pays-Bas, puisqu'il s'agit de deux figures légendaires de la francophonie, Jacques Tati et Le Corbusier. L'exposition Tatirama, qui a fermé ses portes le 27 avril 2003, mettait en parallèle le regard de Tati sur le monde moderne et la culture de masse et la manière dont Le Corbusier concevait l'habitat, le travail, la mobilité, les loisirs et le patrimoine. Des idées formulées par Le Corbusier étaient confrontées à des images extraites des films les plus connus de Tati. Tatirama présentait aussi des dessins de Jacques Lagrange, décorateur et coscénariste de Jacques Tati. Adresse: Nederlands Architectuurinstituut, Museumpark 25, NL-3015 CB Rotterdam / www.nai.nl ◆ Infatigable, Alain Germoz poursuit la publication d'Archipel, une revue qui fait le bonheur de l'amateur de littérature le plus difficile. Archipel en est déjà à son vingtième volume. Ce numéro 20 aborde notamment l'oeuvre du poète brugeois Renaat Ramon (o1936), illustrée par une série d'aphorismes et par le poème Midi - en néerlandais et en traduction française. Épinglons aussi le poème Journal par-dessus bord de Werner Lambersy (o1941), Anversois de naissance qui s'est totalement converti à la culture française. Patrick Roegiers (o1947), ‘Belge de Paris’ et auteur du Mal du Pays, a également les honneurs de cette édition. Au cours d'un entretien très fouillé avec Alain Germoz, il explique comment, de la capitale française, il voit la Belgique, ses problèmes, mais aussi ses qualités. Voir Septentrion, XXXII, no 2, 2003, pp. 78-80. ◆ Tout le monde à La Haye connaît Gerard Fieret (o1924) et sa dégaine de clochard. Avec une vieille bécane chargée de seaux et de sacs, il s'en va régulièrement nourrir ses amis les pigeons à trente-deux endroits différents de la ville. Fieret n'a pour ainsi dire pas de domicile. Il a naguère trouvé refuge dans un dépôt des services de voirie. A l'heure actuelle, c'est une petite caravane qui lui sert de logement. Durant la journée, on le rencontre souvent dans des ‘coffee-shops’, mais, même là, il n'est pas toujours bien reçu. Au risque de tomber dans le cliché, nous dirons qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Fieret est avant tout un surdoué du dessin, de la photographie et de la poésie. Ce que des amis avaient prédit depuis longtemps est en passe de devenir réalité: le monde artistique a découvert ses talents. Récemment, le prestigieux Haags Gemeentemuseum (Musée municipal de La Haye) a accueilli deux expositions de l'oeuvre de Fieret, l'une consacrée à ses dessins, l'autre à ses photos. Il est aussi prévu d'organiser au nouveau Fotomuseum Den Haag une grande exposition à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de l'artiste. D'autre part, son recueil de poèmes Lied van de hardstenen engel (Chant de l'ange de pierre de taille) - qui est le dixième d'affilée - a été l'objet d'une critique très favorable. Le ‘poète maudit’ de La Haye est bien autre chose que l'irrécupérable marginal aux pigeons. ◆ | |
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G.H. Breitner, ‘Meiden in de sneeuw’ (Filles dans la neige), 1894-1896, collection ‘Stedelijk Museum’, Amsterdam.
Constant, ‘Terre brûlée’, 1951, collection ‘Stedelijk Museum Schiedam’ (Photo B. Goedewaagen) © SABAM Belgique 2003.
Bruges: le nouveau pont sur la ‘Coupure’ (Photo D. Samyn).
12 - 1: ce n'est pas le score d'un match de football d'avant-guerre, mais le rapport entre les articles sur la linguistique ou la méthodologie et ceux consacrés à la littérature dans le dernier n/f. Cet annuaire de l'Association des néerlandistes de Belgique francophone (ANBF) offre à ses membres un forum qui leur permet de faire connaître les résultats de leurs projets ou de leurs recherches. Le lecteur qui feuillette le récent n/f ne pourra que constater que les études néerlandaises dans la francophonie portent essentiellement sur la production de structures par ‘pôles’ touchant à la méthodologie et à l'ordre des mots, avec particules indiquant les nuances, intonations de phrase, ou encore le néerlandais de Belgique dans le dictionnaire Van Dale. Le seul article qui déroge à la règle est celui consacré à l'écrivain neérlandais Charlotte Mutsaers. Cette disproportion entre les sujets traités traduit, nous semble-t-il, l'évolution de l'ANBF depuis quelques années. A l'origine, l'association s'était principalement fixé pour objectif de réfléchir à l'avenir de l'étude du néerlandais dans les universités de Belgique francophone et, par extension, dans l'ensemble de la francophonie. Après quelque temps, elle a également pris contact avec l'enseignement supérieur non-universitaire, davantage orienté vers la pratique, ce qui a contribué à polariser l'attention sur les aspects didactique et linguistique. Si bien que l'ANBF, de groupe de contact pour néerlandistes francophones, semble être devenue un cénacle spécialisé en linguistique et en problématique de l'enseignement. n/f est paru aux Éditions Vantilt (ISSN 13777645). ◆ ‘Stad en Land’: tel est le thème de l'exposition d'oeuvres d'art du xixe siècle qui est encore ouverte jusqu'au 10 août à la Nieuwe Kerk (Nouvelle église) à Amsterdam. Elle réunit 175 tableaux, dessins et sculptures de quelque 70 artistes (parmi lesquels de grands noms tels que Vincent van Gogh, Édouard Manet et Camille Corot). Toutes les oeuvres présentées proviennent de la ‘réserve’ du Stedelijk Museum d'Amsterdam: faute de place, la collection a été, pendant plusieurs années, prêtée à d'autres | |
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musées ou simplement entreposée. La vie en ville est notamment immortalisée par les peintres amstellodamois G.H. Breitner et Isaac Israëls. La beauté, parfois idéalisée, de la campagne se retrouve surtout chez les représentants de l'École de Barbizon (entre autres J.B. Jongkind et Gustave Courbet) et de l'École de La Haye (où les artistes les plus importants sont Jacob Maris, Anthonij Mauve et H.W. Mesdag). La Nieuwe Kerk est située sur le Dam à Amsterdam. Tél.: + 31 (0) 20 626 81 68 / Fax: + 31 (0)20 622 66 49 / www.nieuwekerk.nl ◆ Pour le Musée municipal de Schiedam (près de Rotterdam), 2003 est une année-charnière. Jusqu'à fin septembre s'y tient une exposition intitulée Cobra: de kleur van vrijheid (Cobra: la couleur de la liberté), qui, pour la première fois, permet au grand public de découvrir l'impressionnante collection Cobra de ce musée. Le musée de Schiedam a commencé a constituer cette collection dès les années 1950, époque où l'art Cobra, ‘barbouillage enfantin’, ne rencontrait souvent que mépris. Ces dernières années, la collection a fait peau neuve: plus de 150 oeuvres ont été dépoussiérées, restaurées et remises sous cadre. L'exposition comporte entre autres des oeuvres majeures de Karel Appel, Constant et Eugène Brands. En plus des peintures, sculptures, gouaches, aquarelles, oeuvres graphiques et textiles, elle offre à la curiosité de l'amateur une panoplie de documents intéressants qui font d'une manière ou d'une autre référence au mouvement Cobra (notamment des revues, lettres et invitations). Adresse: Hoogstraat 112, NL-3111 HL Schiedam/stedelijk.museum.schiedam@kabelfoon.nl ◆ Maître de conférences au département d'études néerlandaises à l'Université Marc-Bloch de Strasbourg, Thomas Beaufils est également, depuis le début de l'année 2003, membre de la rédaction de Septentrion. La Flandre n'a plus de secrets pour lui. Il suffit pour s'en convaincre de lire La Flandre, un ouvrage de plus de 350 pages paru dans la série ‘Guide autrement’ chez l'éditeur du même nom. Chacun trouvera certainement ce qu'il cherche dans ce guide, qui aborde les sujets les plus divers et fourmille de détails intéressants. Trois villes ont particulièrement retenu l'attention de l'auteur: Bruges, Gand et Anvers. Dans divers textes d'une grande clarté, Beaufils parcourt l'histoire de Flandre, en s'intéressant notamment de près aux arts plastiques, à l'architecture, à la langue et à la littérature. Son texte est émaillé ici et là d'extraits d'auteurs flamands, en vers comme en prose. Le livre renferme d'autre part une foule de coordonnées très utiles pour qui veut visiter la Flandre - adresses des transports en commun, musées, hôtels, restaurants et même parcs d'attractions - avec, en fin de volume, une petite carte de Flandre et une autre reprenant l'itinéraire complet du tramway du littoral (de La Panne à Knokke). A tous les touristes francophones: la Flandre vous souhaite la bienvenue! (ISBN 27467 03416 / www.autrement.com). Dans Le Livre noir du colonialisme, un ouvrage de 900 pages paru chez Robert Laffont et rédigé sous la direction de Marc Ferro, figure aussi un article très documenté de Thomas Beaufils: Le colonialisme aux Indes néerlandaises. Ce large récapitulatif de l'histoire, doublé de considérations politiques, économiques et sociales, est également l'occasion pour l'auteur de dresser un bilan de la présence des Pays-Bas aux Indes néerlandaises (l'actuelle Indonésie) et d'analyser les difficultés que les Néerlandais ont éprouvées à surmonter la perte de leur colonie (www.laffont.fr). Hans Vanacker |
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