Septentrion. Jaargang 31
(2002)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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L'‘Atlantikwall’ (Mur de l'Atlantique) à Raversijde (près d'Ostende).
Petrus Apianus, ‘Description du monde universel’, Coninx, Anvers, 1584.
Connie Palmen (o1955) (Photo R. Dijkstra).
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ActuellesLe Fort Napoléon d'Ostende, construit en 1810 afin de parer aux menaces d'invasion anglaises, le Boyau de la Mort sur le front de l'Yser (datant de la première guerre mondiale), le château des Comtes à Gand: voilà quelques-uns des nombreux châteaux forts, forts et fortifications édifiés en Flandre depuis l'époque romaine jusqu'au xxe siècle. Dans un livre richement illustré, Burchten en forten en andere vestingen (Châteaux forts, forts et autres fortifications), Luc de Vos, professeur à l'école militaire de Bruxelles braque les projecteurs sur plus de trente ouvrages fortifiés, chefs-d'oeuvre d'une grande ingéniosité. Remparts romains et châteaux forts médiévaux voisinent avec des forts modernes et des bunkers datant des deux guerres mondiales. Bénéficiant d'un regain d'intérêt pour l'architecture militaire, la plupart de ces édifices, longtemps laissés à l'abandon, ont été restaurés il y a peu. Adresse: Davidsfonds, Blijde-Inkomststraat 79-81, B-3000 Leuven / www.davidsfonds.be ◆ Gemma Frisius, Gerard Mercator, Abraham Ortelius, Cornelius de Jode: ce ne sont que quelques-uns des nombreux cartographes flamands des xvie et xviie siècles présentés, en mai-juin 2002, au public canadien à Ottawa dans le cadre de l'exposition La Filière belge, organisée à la Bibliothèque nationale du Canada. En collaboration avec les Archives nationales du Canada, cette bibliothèque renommée avait rassemblé cartes, atlas, gravures et autres documents authentiques datant de la période phare de la cartographie flamande. L'exposition s'était, entre autres, attachée à montrer comment la carte du Nouveau Monde, autrement dit du continent américain, avait été dressée. Une brochure bilingue (français / anglais), éditée par la Bibliothèque nationale et par les Archives nationales du Canada, sous le titre La Filière belge / The Belgian Connection accompagnait l'exposition. La publication contient une introduction intéressante rédigée par Claire | |
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Carbonez - Dejaeger qui a prêté un concours substantiel à la réalisation de l'exposition. La cartographie flamande connut son âge d'or au xvie siècle. Le contexte socioéconomique et sociétal n'y était pas étranger. A l'époque, les Pays-Bas du Sud comptaient parmi les régions les plus riches d'Europe. Vers 1540-1550, Anvers était le port le plus important de l'Europe occidentale et le plus grand centre de commerce mondial. A l'université de Louvain, Gemma Frisius fonda un centre de cartographie où étudierait notamment Gerard Mercator. La cartographie pouvait bénéficier de nouveaux procédés d'impression permettant de reproduire la même carte à de nombreux exemplaires. Ainsi, la maison anversoise de Christophe Plantin, imprimeur d'origine française, devenait un vecteur important dans la diffusion d'ouvrages, de récits de voyage et d'atlas consacrés au Nouveau Monde. Voir Septentrion, XIX, no 4, 1990, pp. 51-54. ◆ Quelles idées peuvent traverser la littérature d'un pays dont on dit qu'il a pour montagnes les nuages et à quelles surprenantes inclinations un pays plat prépare-t-il les esprits qui l'habitent? Dans L'oeil de l'eau. Notes sur douze écrivains des Pays-Bas, Jacques Beaudry, professeur de littérature à l'université de Sherbrooke (Canada), essaie de trouver une réponse adéquate à ces questions. Dans ce livre, Beaudry ne se propose pas de débrouiller toute l'oeuvre de chaque auteur retenu, mais d'atteindre en elle un de ces noeuds où s'entrelacent une émotion et une vision, de rendre compte d'une sensibilité, d'un esprit, d'un regard. Voici les douze écrivains qui font l'objet d'une brève présentation: W.F. Hermans (1921-1995), Gerard Reve (o1923), Jan Wolkers (o1925), Harry Mulisch (o1927), Cees Nooteboom (o1933), J. Bernlef (o1937), Jacques Hamelink (o1939), Jeroen Brouwers (o1940), Maarten 't Hart (o1944), Frans Kellendonk (1951-1990), Connie Palmen (o1955) et Joost Zwagerman (o1963). Le livre a paru aux Éditions Liber à Montréal (ISBN 2 89578 008 0). ◆ Le Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers a accueilli, il y a peu, un important retable représentant la légende de sainte Dymphne. Il a été peint par Goswin van der Weyden (1465-1538), petit-fils du célèbre primitif flamand Rogier van der Weyden (Rogier de le Pasture). Le retable se compose de trois panneaux centraux et de quatre panneaux latéraux. A l'origine, il comptait quatre panneaux centraux, mais l'un d'eux s'est perdu. D'après la tradition populaire, Dymphne était la fille d'un roi païen irlandais du viie siècle. Elle dut fuir son père tombé amoureux d'elle. Le roi réussit toutefois à retrouver sa fille et la fit décapiter. Commandé par l'abbaye de Tongerlo (province d'Anvers), l'ouvrage fut longtemps conservé dans l'église abbatiale, plus exactement dans la chapelle dédiée à sainte Dymphne. Vendu au xixe siècle, il réapparut en 2001 chez Sotheby's à Londres où il fut vendu aux enchères et acquis par les amateurs d'art Paul Janssen, P.-D.G. de l'entreprise pharmaceutique Janssen Pharmaceutica, et son épouse Dora Janssen. Prêté par le couple pour une durée indéterminée, le retable peut être admiré au musée anversois. ◆ Au printemps 2002 moururent deux personnalités politiques qui ont joué un rôle important dans la politique belge et flamande: Rika de Backer (o1923) et Gaston Geens (o1931). Tous deux appartenaient au CVP (parti socialchrétien, rebaptisé CD&V). Leur carrière politique s'est déroulée dans une période où la Belgique a évolué petit à petit d'un État unitaire centralisé vers un État fédéral. Rika de Backer fut la première femme à se voir offrir un portefeuille ministériel en Belgique. De 1974 jusqu'au début des années 1980, elle fut ministre flamand de la Culture. Elle se fit l'ardent défenseur d'une approche globale et cohérente en matière de politique culturelle flamande. Une de ses réalisations les plus importantes fut la création, à Amsterdam, du Centre culturel flamand De Brakke Grond. De Backer joua également un rôle important | |
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Pieter Paul Rubens, ‘Boréas enlève Orithya’, huile sur toile, 1615, ‘Gemäldegalerie - Akademie der bildenden Künste’, Vienne.
Arnon Grunberg - Marek van der Jagt (o1971) (Photo Kl. Koppe).
Frans Schuursma, ‘Intellectuel en panne’, 1983.
dans la politique européenne. Elle fut l'une des figures de proue du parti démocrate-chrétien PPE (Parti populaire européen). Le sort de l'Afrique centrale fut l'un de ses soucis majeurs. Elle connaissait à fond la complexité de la situation politique et socioéconomique de cette région et s'efforçait de défendre de manière conséquente les droits des populations locales. Gaston Geens fut, de 1981 à 1992, président du gouvernement régional flamand, appelé à l'époque Vlaamse Executieve. Bien que l'Executieve eût beaucoup moins de compétences et de moyens que ceux dont dispose l'actuel gouvernement flamand, Geens réussit à asseoir la notoriété de la Flandre à l'étranger. Il était fermement convaincu que les Flamands ‘devaient mieux faire ce qu'ils faisaient eux-mêmes’. Afin de dynamiser l'industrie flamande, il lança la DIRV (Derde industriële revolutie in Vlaanderen - Troisième révolution industrielle en Flandre), axée sur les développements de la microélectronique et de la biotechnologie. Le salon biennal international Flanders Technologie fut sa grande fierté. ◆ L'oeuvre de Pieter Paul Rubens (1577-1640) se trouve dispersée à travers le monde. On ne peut admirer qu'un nombre limité de ses toiles aux Pays-Bas et en Belgique. C'est dire l'intérêt de l'exposition qui s'est tenue jusqu'au 28 juillet 2002 à l'hôtel de ville de Bruxelles. Les amateurs d'art ont pu y admirer une vingtaine de tableaux du maître anversois, tous prêtés par la prestigieuse Gemäldegalerie de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Le comte autrichien Anton Lamberg (1740-1822), diplomate de haut rang et collectionneur d'art passionné, fit don de sa collection d'oeuvres de Rubens à la Gemäldegalerei. La collection se compose essentiellement de superbes esquisses à l'huile de petit format. Ne disposant pas de l'espace nécessaire, le comte ne pouvait acheter qu'un nombre restreint de grands formats. Parmi les oeuvres les plus célèbres accueillies par | |
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l'exposition figurait entre autres Boréas enlève Orithya (1615). ◆ Pour les écrivains qui veulent à tout prix cacher leur identité, les temps s'annoncent difficiles. Aux Pays-Bas et en Flandre, les passionnés de littérature se sont demandé pendant des mois qui se dissimulait derrière le mystérieux pseudonyme ‘Marek van der Jagt’. Un programme informatique italien vient d'élucider l'énigme. A l'université de Rome, une équipe de mathématiciens a découvert que chaque auteur laisse inconsciemment dans ses écrits une espèce d'empreinte digitale que certaines techniques mathématiques peuvent identifier. Les chercheurs se sont inspirés des idées développées par l'Américain Claude Shannon, inventeur du concept ‘entropie’. Utilisant des méthodes de calcul extrêmement sophistiquées, l'‘entropie’ indique la quantité d'information superflue que contient un message. L'‘entropie’ varie, bien entendu, d'un écrivain à l'autre. Un roman et un article d'opinion, signés Marek van der Jagt, ont été soumis aux scientifiques romains. Ceux-ci sont arrivés à la conclusion que le mystérieux auteur ne pouvait être qu'Arnon Grunberg (o1971), l'écrivain néerlandais présenté dans Septentrion comme ‘le maître du burlesque’. Grunberg s'est vu contraint d'avouer que les chercheurs avaient découvert le pot aux roses. Auparavant, quelques critiques littéraires avaient, eux aussi, prétendu que Marek van der Jagt était bel et bien Arnon Grunberg, ce que ce dernier s'était entêté à nier. Voir Septentrion, XXIX, no4, 2000, pp. 73-75. ◆ Vivre à bord d'une péniche et de cet observatoire insolite avoir chaque jour l'occasion de scruter Paris, voilà le privilège dont jouit le peintre néerlandais Frans Schuursma (o1938). Depuis 1978, son bateau est amarré à l'un des quais de la Seine, face à la tour Eiffel. Schuursma qui aime se qualifier lui-même d'‘expressionniste modéré’, réalise une oeuvre intéressante. Des gens, des animaux, des cyclomoteurs, des cafetières dispersées çà et là (clin d'oeil adressé à son bateau bercé par l'eau) et même la tour Eiffel sont représentés d'une manière originale. Schuursma concrétise ses perceptions visuelles dans des formes primaires qui ressemblent par leur fraîcheur et leur spontanéité à des dessins d'enfant. Ceux qui désirent se familiariser davantage avec l'oeuvre de Schuursma peuvent se procurer La couleur prend vie, un livre d'art somptueusement édité. L'ouvrage contient la reproduction de plus de quarante tableaux avec une introduction substantielle signée Patrick de Kouroch. La couleur prend vie a paru aux Éditions Van Spijk Art Projects (Pays-Bas) (ISBN 90 6216 554 0). Hans Vanacker |
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