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L'expansion effrénée du cabaret néerlandais
Le décès de Toon Hermans, survenu le 22 avril 2000, marque à bien des égards la fin du ‘grand cabaret’ aux Pays-Bas, lequel était dominé par de grands noms, visait un public le plus large possible et se produisait de préférence sur de vastes scènes. Vers la fin des années 1950, Toon Hermans (1916-2000) formait avec Wim Sonneveld (1917-1974) et Wim Kan (1911-1983) le trio vedette du monde des fantaisistes. Ils remplissaient les salles et l'essor de la télévision contribua à asseoir définitivement leur réputation. Chacun des trois avait ses propres fans: les amateurs de satire à coloration politique optaient pour Kan, Sonneveld attirait les adeptes du show et du glamour, quant à Hermans, il séduisait surtout par sa clownerie et son exubérante extravagance.
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Les derniers grands noms
Depuis, le cabaret s'est tellement ‘démocratisé’ qu'il n'y a plus guère de place pour de tels monopoles. Freek de Jonge (o1944) et Youp van 't Hek (o1954) sont sans doute les seuls à pouvoir encore se disputer le prix du plus grand artiste de cabaret des Pays-Bas, mais ils en sont déjà à l'automne de leur carrière. Si De Jonge évoque quasiment dans chaque interview son admiration pour Toon Hermans, on est frappé par le nombre de nouveaux artistes de cabaret qui mentionnent Freek de Jonge comme source d'inspiration.
Un fil rouge court du clown de théâtre d'avant-guerre Johan Buziau, via Hermans et De Jonge, à la plupart des nouveaux talents du monde du cabaret. Ce qui rapproche les artistes de cette tradition c'est la propension naturelle à faire du cabaret, à donner sans compter de leur personne pour créer du divertissement. Cela n'empêche pas qu'il y ait des différences, par exemple d'engagement social des artistes. C'est peut-être chez De Jonge que l'engagement social est le plus prononcé, bien que l'étalage qu'il en fait ne soit pas également apprécié par chacun. Certains critiques lui reprochent son ton moralisant, son prêchi-prêcha, et trouvent que le fils de pasteur - qu'il est effectivement - transparaît trop dans ses shows. D'ailleurs, au sein de leur spectacle Hype (1998), les jeunes et talentueux humoristes des Vliegende Panters (Panthères volantes) ont su, dans un sketch sublime sur la ‘violence gratuite’, parodier magistralement le moralisme assez vaseux de De Jonge.
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Youp van 't Hek se situe en dehors de cette tradition, parce qu'il n'a rien d'un talent naturel, n'ayant guère ‘le rire au cul’ comme on a coutume de dire aux Pays-Bas. Le succès actuel de Van 't Hek est le résultat de près de trente années de labeur obstiné; dans presque tous ses spectacles perce toujours quelque chose du lutteur acharné à inculquer également à son public une tournure d'esprit faite de vigilance et de rejet de l'abrutissement et du nivellement. Ne déclare-t-il pas: ‘Mais je refuse de me résigner. Je vais continuer à me bagarrer. Quand je mourrai, on lira dans mon In Memoriam: il ne cessa de réveiller les gens de ses cris’ (Straatmagazine, octobre-novembre 2001).
Ce qui frappe, c'est qu'en dépit de toute cette pulsion missionnaire, Van 't Hek réserve surtout ses flèches aux petites contrariétés de la vie - le curieux paradoxe de la bière sans alcool, le larmoiement de certains programmes de télévision, la bienfaisance déplacée du nouveau riche - et qu'il ne s'enflamme guère pour les choses réellement importantes. C'est peut-être précisément cette retenue, cette esquive des grands thèmes, qui a fait de lui la coqueluche d'innombrables Néerlandais, jeunes et vieux. Chez Van 't Hek, il est bien rare qu'on en prenne soi-même plein la tronche, la critique peut toujours viser le voisin, bref, ses programmes comportent toujours la promesse rassurante d'une sortie vespérale sans histoires.
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Divertissement gratuit
La même remarque vaut également pour un certain nombre d'autres artistes de cabaret, vieux routiers des circuits, comme Herman Finkers (o1954), Hans Liberg (o1954) et Brigitte Kaandorp (o1963): remarquables talents qui peuvent se réjouir de l'intérêt du grand public mais qui semblent se soucier comme d'une guigne de toute évolution sociétale. Pour retrouver chez les fantaisistes une prise de position directe en matière politique ou sociétale, il faut remonter bien loin dans le passé.
La perspective de la visite aux Pays-Bas de l'empereur japonais Hirohito en 1971 poussa Wim Kan à tenter - du reste en vain - de s'y opposer. Dans une chanson pleine d'amertume, il exprima, lui qui avait été forcé en 1943 de travailler à la ligne de chemin de fer birmane, sa dénonciation de l'empereur et de cette visite d'État. L'action Bloed aan de paal (Sang au poteau) organisée en 1978 par Freek de Jonge et son complice de l'époque Bram Vermeulen est entrée dans la légende. Les Pays-Bas s'étant qualifiés pour le championnat du monde de football en Argentine, la gauche néerlandaise protesta contre le départ des joueurs pour un pays où le régime dictatorial du général Videla était soupçonné de meurtres et d'enlèvements à très grande échelle. Par leur action - également vaine - De Jonge et Vermeulen donnèrent une voix à cette protestation.
Les artistes de cabaret de la dernière génération se distancient ouvertement d'une telle ingérence et il est tout à fait impensable que l'un d'entre eux puisse se risquer de la sorte à aborder quelque thème politique ou sociétal que ce soit. Dans le cabaret sans prétention des deux dernières décennies, même les sujets les plus brûlants n'inspirent que des provocations gratuites, les protestations clairement formulées restant rarissimes. Le champion actuel de ce courant nihiliste est
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Youp van 't Hek (o1954).
Hans Teeuwen ( o1967), qui formait au départ un duo avec Ronald Smeenk, tôt décédé. Teeuwen est un artiste de cabaret qui ne recule devant aucun tabou - pour autant que ses prédécesseurs en aient encore respecté - et qui semble considérer plutôt comme ennemis que comme amis des groupes entiers de la population. Même le fan le plus endurci se sent parfois mal à l'aise devant le torrent déchaîné de sick-jokes (plaisanteries fielleuses) et d'invectives que Teeuwen déverse dans la salle. Il n'épargne pas davantage ses collègues: dans son quatrième programme couvrant une soirée entière Dat dan weer wel (Voilà qui peut se faire, 2001), à grand renfort de virulentes attaques, il vire à la décharge le cabaret ‘suranné’ de De Jonge et de Van 't Hek. Et il le fait au mépris de toute rationalité et sans le moindre détour, négligeant toute stylisation et nuance - le public se laisse manipuler, non pas par connivence avec l'ironie, mais par un Hans Teeuwen ‘courroucé’ en propre personne. Teeuwen peut en toute tranquillité se permettre cette Publikumbeschimpfung (ce flot d'invectives au public): son talent n'est pas contesté, et la jeunesse surtout le porte aux nues.
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Stand-up comedy
Avant de pouvoir effectuer le grand saut vers les théâtres, Hans Teeuwen exerça brièvement dans ce qu'on appelle la stand-up comedy - une forme de cabaret qui, au cours de ces dix dernières années, a largement déterminé le divertissement théâtral aux Pays-Bas et qui remonte à de grands artistes américains comme Lenny Bruce et Richard Pryor. C'est surtout dans les années 1980 que le genre gagna énormément en popularité, tant aux États-Unis qu'en Angleterre. Aux Pays-Bas, c'est Raoul Heertje (o1966) qui introduisit la stand-up comedy en 1990. Avec quelques collègues, il lança le Comedytrain, compagnie dont les membres se produisent essentiellement dans des cafés, environnement où l'artiste doit faire ses preuves en conquérant un public qui n'est pas venu en premier lieu pour la comedy. Selon Hans Teeuwen: ‘L'avantage de se produire dans un café est
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Herman Finkers (o1954) (Photo H. Makkink).
qu'on apprend à se battre pour attirer l'attention. Ce n'est pas du tout cuit. Il faut réellement se décarcasser pour trouver le ton juste’. ( TheaterMaker, décembre 2000). Le stand-up comedian se caractérise par le dialogue humoristique - généralement violent de ton - que l'artiste essaie d'engager avec les gens qui l'entourent, dialogue dont il doit s'efforcer de garder toujours en main les ficelles. Dès qu'il remarque que le public est indifférent ou rebelle, il lui faut trouver de nouvelles entrées pour forcer le succès.
La rude école que s'imposent volontairement les stand-up comedians a livré coup sur coup de grands artistes. Hans Sibbel (o1958), Dolf Jansen (o1963) - ensemble le duo Lebbis et Jansen - Lenette van Dongen (o1958), Theo Maassen (o1966): ce ne sont là qu'une poignée de noms d'artistes de cabaret célèbres formés par le Comedytrain. Les prestations dans les cabarets mènent la plupart du temps à une participation à l'un des quatre principaux festivals de cabaret du pays. Quand cette participation débouche sur un couronnement, il faut ensuite aussi vite que possible - le succès du curriculum ultérieur en dépend - recourir aux médias électroniques pour mettre le pied à l'étrier au jeune artiste. Pour faire court, disons que si sa tête tarde à apparaître sur le petit écran, il peut renoncer à tout espoir de poursuite de carrière.
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La télévision: un podium
C'est surtout la Vara, le traditionnel organe socialiste au sein du système de télévision publique, qui a toujours marqué sa prédilection pour le cabaret néerlandais. Mais maintenant que le cabaret connaît une sorte de haute conjoncture, les autres télévisions aiment prendre leur part du gâteau, si bien qu'il peut arriver à la télévision néerlandaise de ne pas connaître de semaine sans cabaret. Paul de Leeuw (o1962), Marc-Marie Huibregts (o1967), Dolf Jansen et Jörgen Raymann (o1966) se sont vu attribuer leur propre talkshow, divers programmes de variétés font appel à des
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Hans Teeuwen (o1967) (Photo F. Jansen).
artistes de cabarets pour épicer la chose et beaucoup de soirées de spectacle sont intégralement diffusées en une ou deux émissions.
Il y a en outre ce qu'on appelle les Cabarestafettes. Sous ce nom, dans une distribution changeante, trois artistes chaque fois nouveaux - généralement vainqueurs d'un des festivals du pays - font la tournée des théâtres, accompagnés d'un présentateur expérimenté. A un stade ultérieur, la télévision diffuse des compilations de ces spectacles, depuis janvier de cette année sous le nom de Cabaretiers on tour. L'importance de tels programmes ne saurait être sous-estimée: alors qu'auparavant un talent en herbe devait parcourir un chemin long et difficile via des centres de quartier et des centres de jeunes avant d'être reconnu, il lui suffit maintenant d'un quart d'heure de télévision pour conquérir son propre public.
Signalons au passage un cabaret que seules radio et télévision proposent à notre appréciation. Entre 1974 et 1998, Kees van Kooten (o1941) et son ami d'enfance Wim de Bie (o1939) étaient probablement les figures les plus célèbres de la télévision néerlandaise, après avoir prouvé leur énorme talent à la radio. Le duo commentait l'esprit du temps dans la meilleure tradition du cabaret ‘classique’, avec une pénétration exceptionnelle et un sens extraordinaire des potentialités de la langue. Le programme Jiskefet, incroyablement populaire ces dix dernières années, constitue un exemple actuel de cette sorte de cabaret télévisé. Certes, ces trois réalisateurs - qui ont également fait leurs débuts à la radio - préféreraient sans doute ne pas être rangés parmi les artistes de cabaret, leur tournure d'esprit étant trop conventionnelle et leur méthode trop absurdiste. Pourtant les sketches dans lesquels ils se produisent, du moins la partie enregistrée en présence du public, trahissent une indéniable parenté avec l'oeuvre résolument contestataire d'un Hans Teeuwen.
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L'artiste de cabaret - acteur
Le cabaret a pris une telle universalité qu'il n'oblige même plus à sortir de chez soi. Un critique de télévision ironisait récemment: ‘On dirait que chaque soir la moitié de la population regarde l'autre qui fait le pitre sur scène’ (NRC Handelsblad, 7 janvier 2002). En dehors des médias, un autre genre de divertissement, la comédie musicale, a réussi depuis à se développer puissamment, grâce aux lourds investissements d'un certain nombre de grands producteurs commerciaux. Une comédie musicale aux grands rôles confiés à quelques personnalités connues de la radio et de la télévision semble un divertissement idéal pour le Néerlandais qui peut se le permettre financièrement, mais aussi une sortie adéquate pour le personnel des grandes entreprises.
Le théâtre conventionnel menace toutefois de devenir le dindon de la farce: la foire d'empoigne aux subventions officielles y a pris des dimensions caricaturales; quant au public, le nombre de tempes grises y croît de façon inquiétante. Il est frappant de constater que ce sont précisément les compagnies qui ont intégré des éléments de cabaret à leurs représentations qui réussissent le mieux à se maintenir. Carver en est un bon exemple: ce trio d'acteurs à succès qui s'enracine dans le mime balance déjà depuis douze ans à la frontière entre théâtre et cabaret. Les représentations naissent toujours d'improvisations, c'est à peine si l'on y raconte une histoire, on peut plutôt parler de ‘documentaire théâtral’ construit, tout comme un programme de cabaret, de scènes particulières sans grande cohérence entre elles. Les acteurs sont orfèvres en création de personnages typiques, ont un sens aigu du timing et s'entendent à révéler infailliblement l'absurdité du quotidien. Le public de Carver est essentiellement constitué de jeunes gens qui - tout comme le public de cabaret - ne veulent en fait qu'une seule chose: être divertis de minute en minute. Un commentateur parle même dans ce contexte d'un problème chronique: ‘Du fait de la réputation du groupe - Carver, c'est la grande rigolade -, dès leur entrée, les spectateurs ont déjà le plexus solaire secoué d'hilarité et leurs hurlements de rire enlèvent à l'histoire toutes ses nuances’ (NRC Handelsblad, 22 décembre 2001).
Outre Carver, il y a divers autres groupes - Orkater, Alex d'Electrique, Echte Mannen (Vrais hommes), Mug met de Gouden Tand (Moustique au dent doré) - qui donnent des représentations plus ou moins marquées par l'esprit du cabaret. L'humour, le caractère visuel et un style de jeu ciblant directement le public sont caractéristiques du théâtre de ces compagnies. La féconde interaction entre cabaret et théâtre apparaît en outre dans le fait qu'on confie de plus en plus souvent des rôles de pièces plus ou moins classiques à des artistes de cabaret. Dès la saison 1993-1994, Freek de Jonge interprétait le rôle du fou dans Le Roi Lear de Shakespeare au Nationale Toneel de La Haye; au cours de la saison 2000-2001, Peter Heerschop (o1960) et Viggo Waas (o1962) du groupe de cabaret Niet Uit Het Raam (NUHR - Pas par la fenêtre) jouaient dans En attendant Godot de Beckett au Noord Nederlands Toneel de Groningue; au cours de la saison 2001-2002, l'humoriste Eric van Sauers (o1964) était le protagoniste éponyme d'une version hilarante de l'Othello de Shakespeare, également produite par le Noord Nederlands Toneel. Et plus tard dans la saison, cette même compagnie présentait la première de Lenny Bruce, pièce de théâtre consacrée à la vie mouvementée de ce comique légendaire, avec dans le rôle principal alternativement le
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Nilgün Yerli (o1969) (Photo N. van der Lende).
stand-up comedian Raoul Heertje et l'artiste de cabaret Hans Sibbel. Mais le phénomène ne se limite pas au théâtre: dans des séries télévisées et dans des films, on fait également de plus en plus souvent appel au talent d'acteur des artistes de cabaret, et certes pas exclusivement pour des rôles comiques.
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Un jeu sans frontières
Le fait que l'artiste de cabaret se manifeste de plus en plus comme un artiste de scène à tout faire - à la télévision, au théâtre, au cinéma - ne signifie pas nécessairement que tous les artistes de cabaret soient des talents multiples. Mais cela en dit long sur la vendabilité du ‘produit’ cabaret aux Pays-Bas. Sa cote est si haute que le cabaret a peu à peu marqué de son sceau une part considérable de la vie culturelle. Non seulement dans les médias électroniques mais même dans les médias écrits nous ne cessons de buter sur les noms des principaux artistes de cabaret. Toon Hermans déjà commença vers la fin de sa vie à publier des recueils de poèmes et de réflexions; Freek de Jonge publia les textes de ses premiers spectacles, mais aussi des récits autobiographiques et des romans; Youp van 't Hek écrit depuis des années des rubriques dans un quotidien national et atteint avec la publication de ses méditations des tirages à faire rêver chaque éditeur. D'autres artistes de cabaret encore troquent de temps à autre la fugacité de leur métier pour la permanence de l'imprimé.
La réalisation de spectacles de cabaret, le métier d'acteur au théâtre ou sur le grand écran,
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la rédaction de récits ou de rubriques, la caricature - autant d'expressions artistiques qui se situent plus ou moins dans le prolongement les unes des autres. Aussi arrive-t-il que certains artistes - fût-ce momentanément - effectuent le chemin en sens inverse, par exemple d'écrivain à artiste de cabaret. C'est ainsi que l'écrivain Boudewijn Büch (o1948) vit sa renommée s'accroître du fait des comptes rendus de voyage qu'il donnait régulièrement à la télévision, en suite de quoi, au cours de la saison 1996-1997, il tâta de la scène de cabaret - sans grand succès du reste -. Et, pour s'en tenir à ce seul autre exemple, au cours de la saison 2000-2001, le caricaturiste Gummbah (pseudonyme de Gert-Jan van Leeuwen, o1966) se produisit, avec Hans Teeuwen et le metteur en scène - artiste de cabaret Pieter Bouwman (o1958), dans Poelmo, slaaf van het zuiden (Poelmo, esclave du sud), série de shows théâtraux diffusés par la télévision en six livraisons.
Le cabaret néerlandais est devenu un jeu sans frontières, un jeu auquel - heureusement - participent de plus en plus souvent des artistes sans antécédents néerlandais, notamment Jörgen Raymann, Surinamais d'origine, Nilgün Yerli (o1969), Turc d'origine et Najib Amhali (o1970), né au Maroc. Tous trois exploitent leurs antécédents allochtones, mais leur satire vise toutes les cultures qui enrichissent leur nouvelle patrie - et, outre leur indéniable métier, c'est là une des raisons de leur succès auprès d'un large public multiculturel.
On peut cependant se demander si l'expansion effrénée du cabaret ne comporte pas le risque d'une certaine surexposition. D'autant plus que l'inflation quantitative est loin de se doubler toujours d'une amélioration qualitative. De plus en plus, les jurys de festivals nationaux se plaignent de la baisse de niveau, et le spectateur que le théâtre ou la télévision confrontent à la jeune génération d'humoristes, doit en effet trop souvent noter une décevante médiocrité. A quoi s'ajoute qu'un divertissement qui se contente d'envisager la société sous l'angle d'une satire sans risque, finira bien un jour par ennuyer.
Si les autres formes de divertissement public - formes qui prennent bien au sérieux, elles, les évolutions qui affectent la politique et la société - étaient en mesure de consolider leur position concurrentielle, le niveau du cabaret aux Pays-Bas ne pourrait qu'en profiter. En d'autres termes: la balle est maintenant dans le camp des créateurs du répertoire dramatique régulier, des compagnies qui, à force de donner dans l'expérimentation, ont largement perdu le contact avec le public. C'est à eux de retrouver le chemin de la base et d'engager la restauration d'un certain équilibre entre les arts de la scène: le temps est plus que mûr!
Jos Nijhof
Professeur de néerlandais dans l'enseignement secondaire.
Adresse: Berkenkade 14, NL - 2351 NB Leiderdorp.
Traduit du néerlandais par Jacques Fermaut.
Jusqu'au 6 octobre 2002, le musée du Theater Instituut Nederland organise l'exposition Dringende kwesties. Cabaretiers over god, oranje en andere zaken (Questions brûlantes. Conférenciers dissertant sur dieu, orange et autres thèmes). Adresse: Herengracht 168, NL-1016 BP Amsterdam (www.tin.nl / www.theatermuseum.nl). |
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