de sa naissance.
Dans les houleuses années 30, les frères Louis et Frans van Bladel furent internes au collège jésuite de Turnhout, après quoi ils entrèrent tous deux dans les ordres. Louis fit des études de philosophie au séminaire jésuite de Nimègue où il apprit à apprécier la philosophie de Hegel. Après quatre années de théologie, il fut ordonné prêtre en 1954 à Louvain; il se rendit ensuite à Münster puis à Rome où il décrocha en 1962 un doctorat de philosophie avec une thèse sur le philosophe idéaliste allemand Schelling.
De 1958 à 1965, il enseigna à l'institut philosophique des jésuites à Heverlee (près de Louvain) et, à compter de 1965 à l'UFSIA (Universitaire Faculteiten Sint-Ignatius - Facultés universitaires Saint-Ignace) d'Anvers. En 1983 et 1987, il fut élu recteur de cette institution universitaire, fonction à laquelle il renonça en 1988, à l'âge de la retraite. Louis van Bladel décéda le 31 juillet 2000, jour de la Saint-Ignace, fondateur de l'ordre des jésuites et patron de l'université où, plus de vingt ans durant, il avait enseigné à des générations d'étudiants la philosophie, la morale, l'anthropologie scientifique et une matière portant le titre expressif d'‘économie, société et foi chrétienne’.
Outre deux ouvrages remarqués (Kerngedachten van Karl Marx - Idées-forces de Karl Marx, 1981 et Christelijk geloof en maatschappijkritiek - Foi chrétienne et critique de la société, 1984), il publia ses principaux articles dans la revue Streven, dont il fut rédacteur des années durant. Il les rassembla en 1989 sous le titre de Materie, macht en minne. Verzamelde opstellen (Matière, pouvoir et amour. Recueil de dissertations), oeuvre qui donne une bonne idée de la diversité de ses intérêts philosophiques, religieux et sociaux.
Le long essai qui introduit son anthologie de Marx montre à quel point sa conception des pensées et des objectifs originels de ce penseur controversé, et de sa persistante influence, était documentée et nuancée: ‘A notre sens, ces pensées et objectifs restent profondément
Louis van Bladel (1923-2000).
déficients dans leur prétention universelle et même dangereux. Mais un humanisme qui, fondamentalement, ne voudrait pas tenir compte de ce que Marx a si justement souligné et de ce que le marxisme sous ses différentes formes a déjà réalisé et donc montré réalisable, serait tout aussi déficient et dangereux, à supposer qu'il soit encore possible.’
(Kerngedachten van Karl Marx, o.c. p. 114).
Au sujet de l'inacceptable ‘modestie’ des économistes qui affirment devoir s'en tenir à l'économie sans avoir à en envisager les conséquences, au terme d'une pénétrante analyse de ce phénomène, Bladel déclare: ‘Cela signifie naturellement que “l'élargissement éthique de l'économie” suppose également l'élargissement éthique de la pratique économique elle-même.’ (Streven, mars 1986, pp. 195-203).
L'université ne peut pas davantage décliner toute responsabilité à l'égard de la société: ‘s'il est quelque chose d'évident pour moi, c'est bien la nécessité d'introduire dans toutes les formations universitaires, quelles qu'elles soient, une plus grande dose de réflexion historique et surtout