Septentrion. Jaargang 29
(2000)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Hubert Lampo (o1920).
Paul Menses, portrait de Jan Wolkers, dessin, 1984.
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ActuellesOn considère généralement Raoul Servais (o1928) comme le ‘père’ du film d'animation belge. Persévérant et battant, toujours en quête de nouvelles voies, Servais a connu de grands succès même hors de Belgique. Presque tous ses films ont remporté des prix importants aux festivals cinématographiques internationaux. Avec Harpya (1979), Servais a même obtenu la palme d'or du meilleur court métrage au Festival de Cannes. La monographie bilingue Raoul Servais. Itinéraire d'un ciné-peintre-A Painter-Filmmaker's Journey (1999) propose une image limpide de l'oeuvre de Servais. Ses auteurs, Philippe Moins et Jan Temmerman emmènent le lecteur dans le monde merveilleux de Servais et révèlent son universalité tant artistique que personnelle. Ils s'intéressent en particulier à l'engagement social de Servais, à son admiration pour de grands peintres comme l'expressionniste Permeke et le surréaliste Delvaux et à ce qu'il est convenu d'appeler la ‘Servaisgraphie’. Cette technique cinématographique combine prise de vues réelles et images animées. Un chapitre est réservé à l'importance de Servais dans le film d'animation contemporain en Flandre. Adresse: VZW Stichting Raoul Servais, Kortrijksesteenweg 1104, B-9000 Gent. Voir Septentrion, IX, no 1, 1980, p. 84.
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A l'occasion du quatre-vingtième anniversaire du prosateur Hubert Lampo, la Vrije Universiteit Brussel, pendant néerlandophone de l'Université libre de Bruxelles, a consacré, fin août 2000, un symposium à son oeuvre, symposium expressivement intitulé Hubert Lampo: vrijgeest en boodschapper van het onbewuste (Hubert Lampo: esprit libre et messager de l'inconscient). Après quelques romans qualifiés par lui-même de ‘psychoréalistes’, Lampo opta au début des années 60 pour le ‘réalisme magique’, | |
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genre littéraire qui s'attache à reconnaître la frontière entre rêve et réalité. De komst van Joachim Stiller (La venue de Joachim Stiller) constitue son roman ‘magico-réaliste’ le plus célèbre. C'est surtout dans De zwanen van Stonehenge (Les cygnes de Stonehenge), publié en 1972, que Lampo révèle l'assise théorique de son oeuvre magico-réaliste. Lampo a toujours manifesté un grand intérêt à la littérature de langue française. Fort tôt, il fut fasciné par l'histoire romanesque du Grand Meaulnes d'Alain Fournier. Il a également traduit en néerlandais quelques écrivains français comme Anouilh, Sagan et Jean Ray. En 1989, l'Université Stendhal de Grenoble a décerné à Lampo le titre de docteur ès lettres honoris causa. Voir Septentrion, XIX, no 2, 1990, pp. 27-32.
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A quoi pourrait bien ressembler la littérature néerlandaise de la deuxième moitié du xxe siècle sans l'écrivain-né et le révolutionnaire de la plume qu'est Jan Wolkers? Cet auteur, qui fête en 2000 son soixante-quinzième anniversaire, a connu ses plus grands succès dans les années 60 et 70. Avec son authenticité crue et ses descriptions sans fioritures de la sexualité, Wolkers a, au début des années 60, déclenché une révolution littéraire dans des Pays-Bas encore majoritairement petits-bourgeois. Avec véhémence, il essayait de se dépêtrer de sa sévère éducation calviniste. Des best-sellers comme l'essai Gesponnen suiker (Barbe à papa, 1963) et les romans Terug naar Oegstgeest (De retour à Oegstgeest, 1965) et Turks fruit (Les délices de Turquie, 1969) firent de lui l'interprète à la fois honni et adulé d'un féroce conflit de générations. L'adaptation de Turks fruit au cinéma contribua encore à accroître sa popularité auprès de la jeune génération. L'esprit du temps ayant changé, l'oeuvre ultérieure de Wolkers parle moins à l'imagination du grand public. Et pourtant, elle manifeste toujours de grandes qualités littéraires: une langue sculpturale, biblique, une extrême sensibilité au détail et la renversante vigueur des évocations de ses souvenirs de jeunesse mythifiés. Wolkers n'est pas seulement célèbre comme écrivain mais aussi comme plasticien. A l'en croire, ses peintures et sculptures vaudraient même mieux que son oeuvre littéraire. Voir Septentrion, XIV, no 2, 1985, pp. 17-28.
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En 2000, les annales bilingues De Franse Nederlanden - Les Pays-Bas Français comptent 25 ans d'âge. Cette publication de la Stichting Ons Erfdeel se propose de fournir au lecteur une information de qualité sur les facettes les plus diverses des Pays-Bas français et sur les relations de cette passionnante contrée avec la Flandre belge et les Pays-Bas. A l'occasion de ce jubilé d'argent, la rédaction des annales a organisé une soirée littéraire et musicale au prestigieux Hospice Comtesse de Lille. Cette soirée empruntait son nom à un vers de Hugo Claus (o1929): ‘De quoi parler ce soir?’. A une courte allocution introductive du rédacteur en chef Jozef Deleu sur les objectifs des annales succéda un programme littéraire et musical varié, en grande partie en français. Des écrivains et des artistes néerlandophones de premier plan participèrent à la soirée. Les poètes Rutger Kopland (o1934) et Miriam Van hee (o1952) lurent des extraits de leur oeuvre et le chanteur Dirk van Esbroeck (o1946) chanta des poèmes de M. Vasalis (1909-1998), Luuk Gruwez (o1953) et J.J. Slauerhoff (1898-1936). On déclama également nombre de poèmes de Hugo Claus. L'intérêt porta aussi sur de la littérature et de la musique directement liées à la Flandre française. La romancière de Flandre française Annie Degroote lut des fragments d'Archives du Nord de Marguerite Yourcenar et Dirk van Esbroeck interpréta quelques ‘Chants populaires des Flamands de France’ d'Edmond de Coussemaker. Chacune des cinq cents personnes présentes se vit offrir un ouvrage de 128 pages comprenant, outre l'ensemble des textes littéraires, une | |
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Jacques Darras (o1939).
Stefan Hertmans (o1951) (Photo David Samyn).
Pieter Saenredam, la ‘Domtoren’ d'Utrecht, sans date, Bibliothèque nationale, Paris.
présentation des écrivains figurant au programme. Les interventions en langue néerlandaise y figurent dans leur version originale et en traduction française.
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Depuis le milieu de l'année 2000, l'amateur de surf sur Internet et de langue et de littérature néerlandaises trouve son bonheur au site DBNL, sigle de Digitale Bibliografie voor de Nederlandse Letteren (Bibliographie digitale des lettres néerlandaises). Ce site en néerlandais émane de la Maatschappij der Nederlandse Letterkunde (Société de littérature néerlandaise) basée à Leyde et a pu être réalisé grâce au soutien de la Nederlandse Taalunie (Union linguistique néerlandaise) et de la Nederlandse Organisatie voor Wetenschappelijk Onderzoek (Organisation néerlandaise de recherche scientifique). Le site comporte deux parties: littérature et linguistique. Dans la première, on peut demander des informations sur la nouvelle littérature d'expression néerlandaise accessible sur Internet et sur les écrivains néerlandais et flamands des périodes ci-après: le Moyen Age, le Siècle d'or (xviie), les xviiie, xixe et xxe siècles. Pour chaque auteur, on donne une courte information biographique et une liste de ses publications. On signale également les biographies d'écrivains parues. Au département linguistique, on trouve des données sur la langue néerlandaise ainsi que les rubriques lexicographie, syntaxe, phonologie, sémantique, morphologie, maîtrise de la langue, apprentissage de la langue et sociologie linguistique. On y renvoie très souvent à toutes sortes d'ouvrages de référence. Notons toutefois que la plupart des rubriques du département linguistique sont encore en cours de réalisation. https://www.dbnl.org
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Le 28 septembre 2000, dans l'hôtel bruxellois Errera, centre de réception du gouvernement | |
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flamand, a eu lieu la signature solennelle de l'‘Accord de coopération culturelle linguistique, pédagogique et scientifique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement flamand’. Les signataires étaient, côté français, Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes et, côté flamand, Patrick Dewael, ministre-président. L'accord a été conclu pour une période de cinq ans. Il concerne la culture, les médias audiovisuels, les nouvelles techniques de l'information, l'enseignement, la jeunesse, les sports, la formation universitaire, la recherche scientifique et technologique. L'objectif essentiel est la promotion de projets communs: échanges d'événements et de personnes, coproductions, organisation de formations, projets de recherche, enseignement des langues, etc. Par cet accord, la France reconnaît la nouvelle réalité étatique belge qui confère d'importantes compétences aux communautés ainsi que le droit de signer des traités internationaux. De son côté, la Flandre souligne ainsi l'importance de la France au regard de sa propre politique étrangère.
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La Villa Mont-Noir de Saint-Jans-Cappel (près de la frontière franco-belge) fait pleinement honneur à son statut de Centre départemental de résidence d'écrivains européens. Guy Fontaine, qui dirige ce somptueux endroit où Marguerite Yourcenar a passé les dix premiers étés de sa vie, ne cesse d'organiser des soirées littéraires avec les écrivains qui résident à la villa. Le 28 septembre 2000, c'était le tour de l'écrivain français Jacques Darras et du poète et prosateur flamand Stefan Hertmans. Le prosateur, essayiste et traducteur Jacques Darras, doyen de la faculté des langues étrangères à l'Université de Picardie (Amiens), est passionné par l'histoire de la Flandre. Il lut quelques passages de son oeuvre qui témoignent de cet intérêt. Stefan Hertmans (o1951) est célèbre dans la néerlandophonie comme poète, essayiste et prosateur. Après des débuts d'auteur ‘hermétique’ réputé difficile, Hertmans n'a cessé d'évoluer, et son oeuvre, attachée à explorer les passerelles entre le possible et l'impossible, a gagné en accessibilité. A quelques poèmes et fragments de prose près, presque tous parus dans Septentrion, cet écrivain n'a pas encore bénéficié de traductions françaises. Son oeuvre n'en mérite pas moins qu'on s'y intéresse, également dans les pays d'expression française. Voir Septentrion, XXVII, no 1, 1998, pp. 18-29.
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Pieter Saenredam (1597-1665) est la figure de proue de la peinture d'architecture néerlandaise du xviie siècle. Il est célèbre par son rendu fidèle d'églises et d'autres édifices majeurs. Du 5 novembre 2000 au 4 février 2001 inclus, le Centraal Museum d'Utrecht consacre une exposition à ‘l'oeuvre utrechtoise’ de Saenredam. En 1636, Saenredam travailla durant vingt semaines consécutives à Utrecht. Il les utilisa à dessiner les églises médiévales de la ville. Les années suivantes, de ces dessins et études préparatoires, il tira des peintures d'architecture de qualité. L'exposition s'intéresse beaucoup aux méthodes de travail novatrices de Saenredam. Il fut le premier à respecter scrupuleusement la réalité dans son rendu de l'intérieur des églises. Pour ce faire, il élabora avec le géomètre Pieter Wils une technique, révolutionnaire pour l'époque, à base d'esquisses complètes, de relevés séparés de détails, de plans et de ce qu'on pourrait appeler des schémas de construction. Adresse: Nicolaaskerkhof 10, PB 2106, NL-3500 GC Utrecht. Voir Septentrion, XXV, no 3, 1996, pp. 10-16.
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Chaque numéro de la revue Archipel. Cahier international de littérature offre son lot varié de proses, d'essais et de poésie. Alain Germoz, son directeur, veille à ce que des écrivains d'expression néerlandaise y figurent régulièrement. Dans le volume XV, paru en octobre 2000, on trouve notamment le poème en prose Polonaise voor het voetvolk (Polonaise pour la piétaille) de l'écrivain flamand J.M.H. Berckmans (o1953), | |
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tant en néerlandais que dans la traduction française de J.L. Cornille. Le poème trahit le syndrome maniaco-dépressif qui caractérise toute l'oeuvre de Berckmans. La revue publie aussi le cycle de poèmes de Lucienne Stassaert (o1936) intitulé Al nader en nader (Plus dénué, dénudé), en néerlandais et dans la traduction d'Henri-Floris Jespers. Le prosateur Fernand Cuvelier (o1926) est également d'origine flamande, mais il publie en français. La revue reprend sa nouvelle Le chat d'Uccello. Adresse: Jan van Rijswijcklaan 7/2, B-2018 Antwerpen.
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Suzanne Lilar (1901-1992), épouse de l'ex-ministre belge Albert Lilar et mère de l'écrivain Françoise Malet-Joris, appartenait à la dernière grande génération d'écrivains flamands à accéder à la célébrité grâce à une production intégralement rédigée en français. Son oeuvre, surtout constituée de théâtre, de prose et d'essais, reste tout à fait actuelle. Dans son étude Suzanne Lilar, Colette Nys-Mazure souligne l'intuition fondatrice qui gouverne la vie et l'oeuvre: au-delà de l'amour profane et de l'apparence, l'âme cherche autre chose. Colette Nys-Mazure établit un lien très net entre l'oeuvre de la mystique flamande Hadewych (xiiie siècle) et celle de Suzanne Lilar. Pourtant, comme femme libre qui revendique le jeu et l'intervalle pour exister en toutes dimensions, Lilar ne se laisse ni enfermer ni définir. Suzanne Lilar est paru aux Éditions Labor dans la collection ‘Un livre une oeuvre’. Voir Septentrion, XXII, no 2, 1993, pp. 79-80.
Hans Vanacker |
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