Échanges
Les 25 ans des annales ‘De Franse Nederlanden / Les Pays-Bas Français’
Depuis un quart de siècle déjà, les annales bilingues De Franse Nederlanden/Les Pays-Bas Français informent sur le passé et (surtout) le présent du Nord-Pas-de-Calais. Affichant une qualité scientifique irréprochable, elles s'intéressent de près aux relations que - de plus en plus sur fond de coopération européenne - cette région entretient avec la Belgique et les Pays-Bas. La nouvelle maquette et les nombreuses illustrations en couleurs confèrent à ces 25es annales une allure plus festive qu'à l'accoutumée.
Au niveau des contenus, la moisson se révèle particulièrement riche. Les annales débutent par une série de six articles réunis sous le titre ‘Une frontière, deux langues’ et consacrés, d'une part, à la situation du néerlandais dans le Nord de la France, en Wallonie et à Bruxelles et, d'autre part, à celle du français à Bruxelles, en Flandre et aux Pays-Bas. En bonne logique, ce dossier est présenté dans les deux langues. Quel accueil chacun des territoires précités réserve-t-il à la langue voisine? Comment, en particulier, celle-ci est-elle enseignée à côté des autres langues ‘étrangères’, telles que l'anglais, l'allemand, l'espagnol, etc.?
Greetje van den Bergh décrit ce que, d'une certaine manière, on pourrait appeler la débâcle du français aux Pays-Bas. Elle nous montre comment cette langue, écrite et (en partie) parlée par les élites sociales et culturelles au xviiie siècle, y est presque tombée dans les oubliettes, tout comme l'allemand d'ailleurs. Comment s'en étonner si l'on sait que, sous la poussée de l'internationalisation des échanges, les universités néerlandaises recourent pour l'essentiel à des manuels rédigés en anglais?
Dirk van Assche constate que depuis une dizaine d'années, l'enseignement du néerlandais enregistre des progrès significatifs dans le Nord de la France, tant dans le primaire que dans le secondaire. Siegfried Theissen et Philippe Hiligsmann s'efforcent d'expliquer pourquoi, en Wallonie, les francophones parlent si mal le néerlandais. L'interminable ‘guérilla’ opposant en Belgique les deux communautés linguistiques y est certainement pour quelque chose. Mais les auteurs font état d'un renversement de situation assez radical: ces dernières années, les francophones s'appliquent, beaucoup plus que par le passé, à amèliorer leur maîtrise médiocre de la seconde langue nationale.
La situation dans les écoles primaires flamandes à Bruxelles se révèle tout à fait particulière (Gijs Carré). Dans certains établissements, le nombre des enfants néerlandophones n'atteint plus que 10% à 15% des effectifs. Il en ressort que - bien que le français reste à Bruxelles la langue de loin la plus importante - la connaissance du néerlandais y est de plus en plus requise. Les succès qu'engrange la Flandre sur le plan économique n'y sont sans doute pas étrangers.
Rudi Janssens observe que le français ne constitue nullement un bloc monolithique à