existerait-il entre le ‘volume’ de l'oeuvre de Van Maerlant et la ‘fusion’ entre clergé et chevalerie (à moins que l'incise ne se rapporte au caractère ‘puissant’ de l'oeuvre, auquel cas elle est particulièrement mal placée)? Et que peut bien signifier ici, en fin de phrase, ‘la plus ancienne de toute l'aire des langues vulgaires’? L'auteur a-t-il voulu dire: la plus ancienne oeuvre de caractère encyclopédique? On en est réduit à deviner. Et lorsque quelques lignes plus loin il est certifié qu'aucune oeuvre ‘n'a laissé autant de sources’ que celle de Van Maerlant, la perplexité est de mise!
Excellents, en revanche, sont les chapitres consacrés à la grande période allant de 1560 à 1725, au
xviiie siècle et au début du
xixe. Ici, abreuvé d'informations complexes mais claires, le lecteur va de découverte en découverte, et il convient de saluer le travail impeccable d'E.K. Grootes, de Maria A. Schenkeveld-Van der Dussen, de Hanna Stouten et de Willem van den Berg. Tout au long de ces pages, on découvre non seulement les grands coryphées du
xviie siècle (Hooft, Bredero, Vondel, Cats, Huyghens, De Swaen) mais aussi des figures moins connues tels le poète religieux Jacob Revius ou l'ironique Willem Godschalck van Focquenbroch, auteur de
Thalia of geurige sang-godin (Thalia ou la muse parfumée), recueil publié en 1665 et dédié à Sara, un petit singe... Dans tous ces chapitres le lecteur sera avant tout agréablement surpris par le bon équilibre entre l'analyse du contexte historique et culturel, d'une part, et, d'autre part, un examen pertinent des écrivains et de leurs oeuvres principales. Il apprendra ainsi à évaluer les conséquences de la Révolte néerlandaise contre la puissance espagnole coïncidant avec le renouvellement renaissant; la scission de plus en plus prononcée entre Nord et Sud; la fin inéluctable des rhétoriqueurs; l'importance du nouveau théâtre, de la littérature éducative et de la polémique religieuse; le rôle croissant joué par les femmes (d'Anna et Maria Tesselschade au
xviie siècle jusqu'à Elisabeth Wolff-Bekker et Agatha Deken au
xviiie); l'influence cruciale
des
périodiques au
xviiie siècle, tel le
Hollandsche spectator de Justus van Effen, etc. Une seule remarque critique: si les auteurs de cette
Histoire s'arrêtent assez longuement au cas de Belle van Zuylen, qui au
xviiie siècle écrivit en français sous le nom de Mme de Charrière, pourquoi ne pas avoir abordé (ne fût-ce qu'en une ou deux pages) la haute figure de Baruch Spinoza, lequel créa aux Pays-Bas, en latin, une des oeuvres philosophiques les plus considérables de tous les temps et qui marquera de son influence certains des écrivains néerlandais ultérieurs?
Si la partie consacrée au xixe siècle jusqu'aux années 80 se révèle bien charpentée et attentive aux grandes figures de Multatuli au Nord et de Guido Gezelle au Sud, les chapitres portant sur les années 80 et 90 sont, certes, remarquablement documentés mais laissent à désirer quant à leur structure: une périodisation excessive de la matière provoque une regrettable dispersion de