Septentrion. Jaargang 28
(1999)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Edlef Romeny, ‘Le grand cerisier’, 130 × 120, 1989.
Till Uylenspiegel, dessin d'Élisabeth Loosen, détail.
Werner Lambersy (o1941) (Photo Jean-Paul Stercq).
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ActuellesLa Provence n'a rien perdu du puissant attrait qu'elle exerce sur les artistes du nord. Quantité de peintres néerlandais et flamands s'y établissent et intègrent à leur oeuvre la couleur et l'ambiance propres à la contrée. Ainsi Edlef Romeny qui vit le jour en 1924 à Bois-le-Duc (Pays-Bas). Les Éditions Édisud d'Aix-en-Provence ont consacré un bel ouvrage d'art illustré à son oeuvre (1997). Les contributions de ses trois auteurs, Charles Wentinck, Serge Bec et Marie-Jo Latorre y paraissent tant en français qu'en anglais. Outre des articles consacrés à l'oeuvre et à la vie de Romeny, l'ouvrage comporte une liste détaillée des expositions de ce peintre dans divers pays. Edlef Romeny a passé une bonne partie de sa vie en Suède. Il ne s'est fixé en France qu'en 1980 et petit à petit la Provence est devenue pour lui l'unique territoire. Son oeuvre, riche notamment d'une foule de portraits, de paysages et de natures mortes, a subi diverses influences modernes. Toutefois, elle a gardé une forte unité de style dans lequel les abstractions n'occupent pas une place essentielle mais n'apparaissent qu'incidemment. Romeny est arrivé, en dépit de ses illustres prédécesseurs, à créer sa propre Provence. ◆ La légende de Till Uylenspiegel, dont les origines remontent au xve siècle, a connu bien des adaptations, la plus connue étant celle de Charles de Coster (1827-1879). L'écrivain français Jean Sadyn vient de publier aux Éditions Houtland une version originale de l'ouvrage de De Coster (1998). Rebelle et rusé, Till Uylenspiegel symbolise la résistance des Flamands du xvie siècle à l'oppression de Philippe II, infant d'Espagne. L'adaptation de Jean Sadyn offre une description de ces temps troublés où sévissaient guerres de religion, Inquisition, pillages et supplices. Toutefois, quand Jean Sadyn traite de cette époque, il semble aussi penser à la nôtre. | |
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Adresse: Éditions Houtland, 5, avenue Foch, F-59114 Steenvoorde. ◆ Un des épisodes les plus remarquables de l'histoire du livre en Belgique a eu lieu pendant la première moitié du xixe siècle. Tout le secteur fut alors bouleversé par la contrefaçon. Cette industrie colossale eut à son actif, sans que les auteurs ou les ayants droit puissent s'y opposer, la reproduction, la traduction et l'adaptation des ouvrages étrangers, principalement français. Malgré l'importance capitale du sujet pour l'histoire du livre en Belgique, la contrefaçon n'avait pas, jusque récemment, fait l'objet d'une étude approfondie. Le volumineux ouvrage que François Godfroid (o1947) a publié fin 1998, est la première importante approche scientifique du phénomène. Dans Aspects inconnus et méconnus de la contrefaçon en Belgique, l'auteur, qui a grandi dans une famille de libraires et de bibliophiles avertis, éclaire les facettes les plus diverses du sujet. L'édition est assurée par l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, rue Ducale 1, B-1000 Bruxelles. ◆ La Vrije Universiteit Brussel (université de langue néerlandaise de Bruxelles) accorde déjà depuis bien longtemps une particulière attention aux interactions entre les cultures d'expression néerlandaise et française. Cet intérêt se concrétise notamment par la création, fin 1998, d'une chaire Émile Verhaeren (1855-1916). Cet écrivain flamand qui publia son oeuvre en français est un symbole de ces ‘interférences culturelles’. A l'occasion de la solennité qui marqua l'ouverture de cette chaire, la Nieuw Tijdschrift van de Vrije Universiteit Brussel (Nouvelle revue de l'Université libre de Bruxelles) a consacré un numéro thématique à ‘L'interaction entre les littératures d'expression néerlandaise et française passées et actuelles’ (mars 1999). Anne Marie Musschoot, professeur de littérature néerlandaise à l'Université de Gand, y met en lumière les fructueux contacts établis en Belgique à la fin du xixe siècle entre le monde culturel d'expression néerlandaise et son homologue d'expression française. David Gullentops, chargé de cours de littérature à la Vrije Universiteit Brussel et coordinateur de la chaire Émile Verhaeren, évoque les rapports qu'entretenait Verhaeren avec la Flandre, le ‘flamand’ et la littérature ‘flamande’. Son collègue Bart Vervaeck étudie la parenté entre le roman Naar Merelbeke de l'écrivain flamand Stefan Hertmans (o1951) et certains éléments romanesques poststructuralistes et modernistes chez des écrivains français. Dans l'article final, Koen Daenen décèle une base commune à l'oeuvre en prose de l'écrivain néerlandais P.F. Thomése (o1958) et à la philosophie de Husserl et de Derrida. Adresse de la rédaction: Rectoraat VUB, Pleinlaan 2, B-1050 Brussel. Voir Septentrion, XXV, no 1, 1996, pp. 55-63 et XXVII, no 1, 1998, pp. 18-29. ◆ Werner Lambersy (o1941) est l'un des poètes belges francophones les plus doués du moment. Lambersy travaille déjà depuis longtemps à Paris comme chargé de la Promotion des lettres belges au Centre Wallonie-Bruxelles, mais il n'a jamais tout à fait détourné le regard de la ville qui le vit naître, Anvers. Témoin le livre Anvers ou les anges pervers, dans lequel l'auteur livre quelques clés de sa vie et de sa personnalité. L'ouvrage est paru en 1994 aux Éditions les éperonniers. Le même éditeur vient maintenant d'en mettre également sur le marché une version en langue néerlandaise intitulée Antwerpen of De engelen van het verderf. La traduction est de la main de Frank de Crits. Le lecteur y apprend à connaître la plus grande ville flamande comme un lieu où l'imagination s'emballe et où l'imaginaire domine sans pudeur la réalité. Pour Lambersy, Anvers est devenue, à travers les siècles, une ville profondément double, à la fois assurée et craintive. Adresse: Éditions les éperonniers, rue Picard 7, B-1000 Bruxelles. Voir Septentrion, XXIV, no 2, 1995, pp. 84-85. | |
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La ‘Statenbijbel’, 1967.
◆ Hella S. Haasse (o1918) est l'un des écrivains néerlandais les plus appréciés de la francophonie comme en témoigne la présentation de son oeuvre dans le Monde des Livres du 20 août 1999. Une bonne part de ses romans et nouvelles ont déjà fait l'objet d'une publication en français. Ce sont surtout les traductions de romans historiques comme Het woud der verwachting (En la forêt de longue attente), De Heren van de thee (Les Seigneurs du thé) et De scharlaken stad (La ville écarlate) qui ont connu un franc succès. L'oeuvre de Haasse est très diverse et se caractérise par un chassé-croisé constant de genres différents. Témoin Locataires et sous-locataires récemment paru chez Actes Sud (1999). La version originale de ce roman, Huurders en onderhuurders, date de 1971. La traduction française est d'Annie Kroon. Dans Locataires et sous-locataires, une fantaisie policière en huis clos, l'auteur combine l'étude de moeurs, le roman noir et la parodie. Les quatre personnages principaux sont un fonctionnaire mythomane, une divorcée aux dents longues, un professeur idéaliste et une jeune étudiante. L'enquête menée pour explorer ces personnages disparates est avant tout prétexte à une réflexion sur la création. Voir Septentrion, XV, no 1, 1986, pp. 12-19 et XXII, no 1, 1993, pp. 30-35. ◆ On fête en 1999 le centenaire de la naissance de Maurice Carême (1899-1978), poète et éminent traducteur de poésie de langue néerlandaise. A l'instigation de la Fondation Maurice Carême ont lieu pendant toute l'année des journées d'hommage, des expositions, des conférences et des concerts. Une des principales journées d'hommage s'est déroulée le 4 mai 1999 au Procope à Paris. Ce jour-là, une plaque commémorative a été placée à l'extérieur du restaurant où, en 1972, Maurice Carême fut élu Prince en poésie. Adresse de la Fondation Maurice Carême: avenue Melba 14, B-1070 Bruxelles. Voir Septentrion, XXVIII, no 2, 1999, p. 93. | |
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◆ Le néerlandais est l'une des premières langues modernes dotées d'une traduction de la Bible. De nos jours aussi, une version néerlandaise nouvelle et oecuménique de la Bible occupe non seulement des traducteurs mais aussi des néerlandistes et des écrivains. A cette occasion, la Bibliothèque royale de Belgique (Bruxelles) a organisé, du 18 juin au 3 juillet 1999, l'exposition ‘La Bible en néerlandais. Une étonnante histoire’. L'intérêt s'y portait tout spécialement sur les arrière-plans sociétaux et religieux au cours des siècles. On y a également mis en lumière le rôle prépondérant de l'imprimerie. Dans les grands Pays-Bas de l'époque, la traduction de la Bible a généralement conduit à des luttes violentes où s'opposaient ceux qui estimaient que la traduction de l'Écriture menaçait l'unité du christianisme et ceux qui souhaitaient insuffler une vie nouvelle à l'Église chrétienne. C'est à un moment crucial de ces luttes que nous devons l'un des plus grands monuments de la langue néerlandaise, la Statenbijbel publiée en 1637 aux Pays-Bas septentrionaux, sur ordre du Synode calviniste de Dordrecht, et traduite en néerlandais à partir du texte de base hébreu et grec. La Statenbijbel revêtait une grande importance non seulement du point de vue historico-religieux mais aussi du point de vue linguistique. Elle constitue l'une des bases du néerlandais actuel. ◆ La situation linguistique de Bruxelles et environs présente une exceptionnelle complexité et fait l'objet de bien des publications. Le germaniste bilingue Guy vande Putte a acquis la notoriété par quelques études toponymiques et historicolinguistiques sur des communes de la périphérie bruxelloise. Son dernier livre Belgica creola rassemble en un seul volume les versions néerlandaise et française. Il porte comme soustitre ‘Le contact des langues en Périphérie bruxelloise. L'exemple d'Overijse’ et étudie, au travers d'une recherche historique et sociolinguistique sur la région d'Overijse-Rosières (au sud de Bruxelles), les contacts entre les mondes germanique et roman. L'auteur en tire des suggestions pour la politique de l'année en cours. Belgica creola est paru aux Éditions Epo (Lange Pastoorstraat 25-27, B-2600 Antwerpen ou Haachtsesteenweg 255, B-1030 Brussel). ◆ Façon d'écrire... façon de parler, ainsi s'intitule l'émission animée chaque lundi de 20 à 22 heures par Annie Rak sur le premier réseau public de la RTBF, la radio de Belgique francophone. Le programme traite entre autres de la littérature en Belgique. Septentrion a été invité dans l'émission à l'occasion du numéro spécial sur ‘La Grande Guerre’ (XXVII, no 3, 1998). Furent également abordés Harry Mulisch (o1927), à l'occasion de la parution de La découverte du ciel aux Éditions Gallimard (Septentrion, XXVIII, no 1, 1999), et André Baillon (1875-1932), à l'occasion d'une remarquable biographie de Frans Denissen (Septentrion, XXVIII, no 2, 1999). ◆ Le département néerlandais de l'Université catholique de Louvain (UCL) couronne tous les trois ans un mémoire de littérature néerlandaise présenté à cette université. Ce prix Roger Henrard, du nom de l'ancien professeur de néerlandais de l'UCL, entend stimuler l'étude scientifique de la littérature néerlandaise. En 1999, on le décernait pour la quatrième fois. L'heureuse élue fut Anne-Laurence Poelaert, auteur d'un mémoire sur ‘l'espace romanesque’ dans quatre romans de Monika van Paemel: Amazone met het blauwe voorhoofd (Amazone au front bleu), De confrontatie (La confrontation), Marguerite et De vermaledijde vaders (Les pères maudits). Monika van Paemel (o1945) est l'une des intéressantes femmes de lettres flamandes des dernières décennies. Dans son oeuvre teintée d'autobiographie, elle prend résolument position contre un monde petit-bourgeois et belliqueux mené par les hommes. Elle s'est à maintes | |
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Marcel Proust (1871-1922).
Helene Nolthenius (o1920) (Photo Flip Franssen).
reprises risquée à des expérimentations formelles, ce qui confère une dimension supplémentaire à son oeuvre. Le roman De vermaledijde vaders est paru en traduction française (1990) aux Éditions Actes Sud sous le titre Les pères maudits. Voir Septentrion, XVIII, no 2, 1989, pp. 3-10. ◆ Le jury du Prins Bernhard Fonds néerlandais a décerné en 1999 à Thérèse Cornips (o1926) le prix de traduction Martinus Nijhoff. Cette distinction est accordée tous les ans à l'auteur de la traduction en néerlandais d'une importante oeuvre littéraire (ou à l'auteur de la traduction d'une oeuvre de langue néerlandaise) et assortie de la coquette somme de 100 000 florins (soit environ 333 000 francs français ou deux millions de francs belges). Thérèse Cornips a traduit presque toutes les parties du cycle romanesque de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu. Elle a également traduit du français des oeuvres de Violette Leduc et de Marguerite Duras. ◆ L'écrivain néerlandais Helene Nolthenius (o1920) vient d'obtenir le prix Anna Bijns 1999. Cette distinction biennale a pour objectif de promouvoir la ‘voix féminine’ dans la littérature néerlandaise. La lauréate reçoit une sculpture de 5 000 florins (soit quelque 16 500 francs français ou 100 000 francs belges). L'oeuvre de Helene Nolthenius se situe presque intégralement dans la mouvance de l'histoire italienne. Elle a notamment publié des romans historiques qui se situent au Moyen Age et à la Renaissance italienne. Elle écrivit également des ouvrages et des essais sur la musique et la culture italienne en général. Le jury du prix Anna Bijns loue les grandes qualités littéraires de l'oeuvre de Nolthenius, laquelle ne témoigne pas seulement de ‘métier et d'érudition mais aussi d'un regard pénétrant sur les relations humaines, et marie de façon convaincante la fiction à la réalité historique’. Voir Septentrion, XXIV, no 3, 1995, pp. 29-36. | |
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◆ Le 8 août 1999 décédait le linguiste flamand Willem Grootaers. Il était né en 1911. Grootaers était un dialectologue de renommée mondiale. Il cartographia les groupes de dialectes de Chine et publia un atlas en six volumes des langues populaires japonaises. Il écrivit également une foule d'articles scientifiques sur la linguistique, le folklore, l'épigraphie et l'iconographie de la Chine et du Japon. A la veille de la seconde guerre mondiale, missionnaire scheutiste, Grootaers prit le chemin de la Chine. En 1943, l'occupant japonais l'interna dans une jésuitière abandonnée où il se lia d'amitié avec le philosophe français Teilhard de Chardin. Au lendemain de la guerre, professeur de linguistique générale à l'Université catholique de Pékin, il fonda le Bureau of Linguistic Geography. Lors de la prise du pouvoir par les communistes, Grootaers dut quitter la Chine. Il gagna Tokyo, où, professeur à l'université Sophia, il exercerait une grande influence sur la linguistique japonaise. L'empereur du Japon lui décerna le titre de ‘Commandeur de l'Ordre du trésor sacré’. Voir Septentrion, XXII, no 4, 1993, pp. 76-77. ◆ Septentrion (XXVIII, no 2, 1999, pp. 33-35) vient de consacrer un article à l'écrivain André Baillon (1875-1932). A la page 34, une erreur s'est glissée dans la légende de l'illustration. André Baillon y apparaît en compagnie de son épouse Marie Vandenberghe et non de sa maîtresse ultérieure Marie de Vivier.
Hans Vanacker |
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