Philippe Noble), le grand roman de Du Perron, paru en 1935 avec une préface d'André Malraux: c'est ‘l'expression la plus complète de notre génération’. Ce n'est donc pas un hasard si Dubois avait en sa possession l'exemplaire unique de Het land van herkomst, annoté par Du Perron pour Jan Greshoff (1888-1971, le grand stimulateur des lettres néerlandaises dans l'entre-deux-guerres), indispensable à une compréhension exacte de l'oeuvre dans sa relation entre réalité historique et fiction.
Dubois s'arracha par l'écriture à un milieu étriqué et au catholicisme borné de sa jeunesse. Il se mua en pessimiste lucide, empruntant à Malraux sa devise: ‘La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie.’ Dans ses Memoranda, II, Retour Amsterdam-Brussel, il conféra une touche de légèreté à ce pessimisme: ‘A la question ‘à quoi bon?’, je puis toujours répondre: ‘à mon bon plaisir’. Pour définir son attitude face à la vie, il finit par préférer le terme de ‘lucidité’ à celui de ‘pessimisme’.
Dubois ne termina pas son secondaire; après bien des errances, il aboutit dans le journalisme. A la fin des années 30, il fut accueilli à Bruxelles, ‘sauvé’ même s'il faut l'en croire, par Jan Greshoff. De 1942 à 1949, Dubois résida de nouveau dans la capitale belge, où il commença par gagner sa vie comme correspondant du quotidien néerlandais
De Tijd. Il y rencontra sa femme Simone de Bruyn, originaire de Gand. A partir de 1945, il travailla comme journaliste pour le journal flamand
De Nieuwe Standaard, puis
Pierre H. Dubois (1917-1999) (Photo David Samyn).
pour l'hebdomadaire
De Spectator. C'est marié et père qu'il rentra aux Pays-Bas en 1949 et, après un intermède comme conseiller littéraire de l'éditeur amstellodamois Meulenhoff, il fut de 1952 à 1980 directeur de la rédaction artistique du quotidien
Het Vaderland à La Haye.
Au cours de ses années bruxelloises, il entra en contact avec la littérature flamande. Il resterait un intermédiaire entre le Nord et le Sud, tant le Sud immédiat, la Flandre, que le Sud plus lointain, la France.
Il fut le découvreur de Simenon pour les Pays-Bas, traduisit Flaubert, Montherlant et Sartre et, secondé par son épouse Simone Dubois-De Bruyn, bien avant qu'Isabelle de Charrière/Belle van Zuylen (1740-1805) ne connût une grande notoriété, il se consacra longtemps à l'étude de sa vie et de son oeuvre. Il en résulta, outre une active collaboration aux côtés de sa femme à une édition critique des oeuvres complètes, une