l'issue de l'une de ses dernières campagnes vaines, le vieux stathouder soupira: ‘C'est la paix’.
La paix était difficile à établir pour des raisons de politique aussi bien intérieure qu'étrangère. Au début des négociations de paix, l'absence d'une autorité unique au sein de la République, représentée par une seule et même personne, se fit ressentir, mais c'était là précisément l'un des problèmes qui avaient généré le conflit. L'attachement de chacune des provinces et villes ayant droit de vote à la participation au niveau de la politique gouvernementale eut aussi pour conséquence que tous avaient leur mot à dire en matière de guerre et de paix. La Zélande, par exemple, se montrait fortement opposée à la paix: en premier lieu, elle craignait pour sa sécurité militaire, puis, nettement plus uniformément calviniste que la libertaire Hollande, elle souhaitait poursuivre le combat, notamment pour des raisons religieuses. En outre, nombre de personnes en Zélande étaient activement et financièrement associées à la course lucrative de la Compagnie des Indes occidentales au détriment du transport des marchandises entre l'Espagne et ses territoires. Ces motifs d'ordre idéologique et économique ont retenu jusqu'au bout la Zélande d'apposer sa signature sous le traité de paix.
Pour ce qui est de la politique étrangère, une complication surgit dans les rapports avec la France. En 1635, la République et la France avaient signé un traité d'assistance mutuelle dirigé contre l'Espagne et les Pays-Bas catholiques. La République s'était engagée à ne pas conclure de paix sans l'avis de la Couronne française. Les
Gerard ter Borch, ‘De bezwering van de vrede tussen de Nederlanden en Spanje te Münster, 15 mei 1648’ (Le sermon de paix entre la République des Provinces-Unies et l'Espagne à Münster, le 15 mai 1648), ‘National Gallery’, Londres.
Néerlandais interprétaient cette clause comme ‘une obligation de consultation’ de la France; les Français, par contre, estimaient que la République ne pouvait pas conclure de paix avec l'Espagne sans l'‘assentiment’ de la France. La France s'efforcça jusqu'au bout d'empêcher la République de conclure la paix, soit par des pressions diplomatiques, soit en corrompant des représentants néerlandais. Même après la signature du traité, les Français poursuivirent leur travail de lobbying: ils trouvaient dans l'ambitieux stathouder Guillaume II (1647-1650) un partisan de la reprise de la guerre contre l'Espagne. Finalement, les nécessités financières amenèrent la République à se résoudre à une paix unilatérale avec l'Espagne.
La proclamation officielle de la paix dans les villes et provinces de la République suscita des festivités et des feux de joie. Quelques villes s'abstinrent cependant, notamment Leyde, en Hollande, qui redoutait un nouvel essor de l'industrie textile dans les Pays-Bas royaux au détriment de ses propres intérêts dans ce secteur. Mais même en la présente année jubilaire de