leur salut dans une Belgique mieux placée en la matière. Autre point délicat: la politique vis-à-vis des demandeurs d'asile et le pourcentage des ressources consacré à l'aide au développement. Le VVD se demande pourquoi diable ce sont précisément les Pays-Bas qui doivent toujours jouer les têtes de file sur ce point.
On est parvenu à un accord sur les problèmes non économiques, comme celui du ‘mariage des homosexuels’ et de la législation sur l'euthanasie, que la mouvance progressiste veut voir réglés, pour profiter de l'absence du gouvernement d'un CDA freinant des quatre fers à ce sujet. Autre point délicat: l'amélioration de l'infrastructure. Au sein de l'Europe, les Pays-Bas sont le pays le plus densément peuplé, 373 habitants au kilomètre carré contre 107 seulement pour la France. Le VVD veut tout faire pour rendre accessibles deux mainports (le port mondial de Rotterdam et l'aérodrome de Schiphol), ainsi que pour doubler Schiphol d'un aéroport à aménager devant la côte sur une île à créer en mer du Nord; le PvdA, plus soucieux de l'environnement, élève des objections. Pour combattre les embouteillages, dans la Conurbation-Hollande (Amsterdam-Utrecht-Rotterdam et environs) densément peuplée, on a introduit aux heures de pointes une ‘circulation payante’, on y a aussi limité la vitesse maximale à 100 km/h de 7.00 à 19.00 h. Les partis divergent aussi sur la santé publique et le recrutement de policiers supplémentaires pour faire face à une criminalité croissante sur la voie publique, qui n'épargne pas non plus les Pays-Bas. L'expérience de ‘Violet I’ a appris que les prises de positions divergentes ont généré la défiance entre le PvdA et le VVD: dans ‘Violet I’, celle-ci pouvait encore être aplanie par un D66 fort, disposant d'un puissant ministre des Affaires économiques, Wijers, un manager-né qui a déclaré forfait pour Violet II, du fait de son aversion pour le métier politique.
Il ne fut pas le seul ministre de ‘Violet I’ à quitter la politique, ce qui fit parler de tromperie vis-à-vis des électeurs, car il avait été dûment élu! Une deuxième raison explique que ‘Violet I’, après trois longs mois, ait mené à ‘Violet II’: l'attitude de D66, qui - en dépit de ses sévères pertes aux élections - exigea et obtint un poste ministériel supplémentaire; on vit dans ce comportement une motion de défiance vis-à-vis de l'ensemble du programme. Le cabinet, dirigé par un homme qui inspire confiance, le ministre-président Wim Kok (o1938, PvdA) compte non pas quatorze mais quinze ministres: 6 PvdA, 6 VVD et 3 D66. Contrairement à ‘Violet I’, ‘Violet II’ est composé de personnes formées à l'activité politique. C'est ainsi que le ministre des Affaires étrangères aux démarches originales Hans van Mierlo a cédé la place à un personnage confit de raideur fonctionnaire, le ministre Jozias van Artsen; que le secrétaire d'État à la Culture, le littérateur Nuys, a été remplacé par l'économiste Van der Ploeg. Il est typique que le ‘bouillant’ ministre de l'Aide au développement, Jan Pronk, ne revienne plus avec ce titre, parce qu'il estime le budget insuffisant pour la politique qu'il entend mener vis-à-vis du tiers- monde. Le fait qu'on lui ait maintenant confié un autre poste, indique que Kok avait besoin d'un ‘chien de garde de gauche’ à l'intérieur d'un cabinet ‘Violet II’ peuplé par le VVD de puissants ministres de convictions libérales de droite. Si l'on considère généralement qu'un
accord de gouvernement n'est qu'une ‘défiance coagulée’, l'accord qui marque le départ de ‘Violet II’ est tellement détaillé qu'on peut le qualifier de ‘complètement verrouillé’. Les trois fractions de la députation se sont liées par cet accord.
Conséquence: il reste peu de latitude à la députation nouvellement élue et précisément très rajeunie pour suivre avec un regard critique son ‘propre’ cabinet; et c'est davantage encore le cas de l'opposition chrétienne-démocrate, qui éprouve toujours bien de la peine à jouer son rôle, après avoir elle-même monopolisé le gouvernement pendant près d'un siècle.
Kees Middelhoff
(Tr. J. Fermaut)