linguistiques s'inscrivent dans les données fondamentales de la réalité belge.
L'historienne allemande a étudié la politologie, les lettres modernes et l'histoire, notamment à la Sorbonne, a été promue docteur en sciences politiques à l'Université de Paris-Dauphine et enseigne à l'Institut d'études politiques de Lille. Sa thèse de doctorat a pour objet l'influence de la politique linguistique sur la naissance et l'évolution de l'État belge. Elle a été retravaillée et réduite à un livre de 450 pages, constitué pour un tiers par des références, la bibliographie et les notes biographiques.
Astrid von Busekist maîtrise aussi le néerlandais. Elle a pu consulter les pièces d'archives et les ouvrages de base écrits en cette langue et s'appuyer non seulement sur les avis d'historiens wallo-belges tels que Jean Stengers et José Gotovitch mais aussi d'experts flamands tels que Lode Wils et Harry van Velthoven.
Son ouvrage avance que tous ceux qui veulent essayer de comprendre la mise en place de l'actuelle structure fédérale de la Belgique doivent remonter à la situation telle qu'elle existait à la fin du xviiie siècle, époque à laquelle les classes dirigeantes dans les Pays-Bas méridionaux - la Belgique ultérieure - parlaient le français et où le terme ‘le flamand’ constituait une dénomination commune pour un ensemble de dialectes dépourvus de tout prestige. L'Église catholique y dominait la société et coiffait les évolutions tant sociales que culturelles. Le latin constituait la langue véhiculaire à l'université.
La Révolution française mit fin à ce régime. Le nouvel État français reprenait le rôle de l'Église. Il prônait l'union de tous les citoyens autour d'une philosophie laïciste unique qui acquit le statut de religion d'État. La langue française devint l'instrument par excellence de cet alignement. Après l'annexion des Pays-Bas méridionaux, la France procéda à une francisation lente mais systématique de la partie ‘flamande’ des Pays-Bas méridionaux.
La francisation officielle (1795-1815) fut
interrompue provisoirement lors de la création du nouveau royaume qui réunissait les Pays-Bas septentrionaux et méridionaux sous la dynastie de la maison d'Orange. Mais le roi Guillaume I
er aussi voyait dans la politique des langues un moyen de diffuser l'idée étatique et aspirait à ce que les dialectes flamands se fondent à terme dans la langue culturelle néerlandaise unique.
Astrid von Busekist décrit la politique linguistique française et néerlandaise, approfondit les réactions belges qui aboutiraient finalement à la scission en 1830 et situe l'essor du nationalisme linguistique dans la perspective du romantisme européen. Elle esquisse l'émergence d'une intelligentsia flamande qui a fait ses études sous le royaume des Pays-Bas, ce qui lui a fait découvrir la valeur du néerlandais, et qui entend faire reconnaître sa langue et sa culture comme équivalentes aux françaises dans les provinces flamandes de la Belgique. Cette élite flamande considère cette aspiration comme une expression