rigueur budgétaire et croissance ne sont pas incompatibles. Sa monnaie est la plus forte de l'Union européenne, et il bénéficie des taux d'intérêt les plus bas. Il crée des emplois par centaines de milliers. Last but not least, la Hollande finance 70% de ses retraites par des fonds de pension, y compris pour les fonctionnaires, sans que sa protection sociale ait à en souffrir’.
En 1994, 1995 et 1996, la croissance de l'économie néerlandaise a dépassé de 0,5% la moyenne européenne. Au cours de la même période, l'emploi a progressé d'environ 1,25% par an alors qu'il stagnait partout ailleurs en Europe. Dans le même temps, le déficit public a baissé et l'État a réussi à maîtriser ses dépenses.
L'économie néerlandaise, telle qu'elle se présente aujourd'hui, ne ressemble plus du tout à ce qu'elle était au début des années 80. Entre 1981 et 1983, on enregistrait la perte de 100 000 emplois par an (sur une population avoisinant les 15 millions d'habitants) alors que le déficit public se gonflait d'une manière inquiétante et que les charges collectives étaient de dix points supérieures à la moyenne européenne. Entre 1970 et 1985, la population active et le revenu par habitant n'ont cessé de décroître.
Fin 1982, les Pays-Bas ont infléchi de façon drastique leur politique économique. Depuis lors, celle-ci a été poursuivie sans le moindre changement tant par les gouvernements successifs que par les syndicats et les organisations patronales. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) parle à ce propos d'un ‘structural adjustment’ (ajustement structurel).
Jusqu'à la fin de 1982, un rôle primordial a été assigné à ce qu'on appelle la ‘conduite macroéconomique’ de la politique économique. Les résultats escomptés ne se sont pas produits. Bien au contraire. Le déficit budgétaire n'a cessé de se creuser, la pression fiscale n'a fait que s'alourdir, sans générer des résulats positifs sur le plan macroéconomique. A partir de 1983, en revanche, le gouvernement a mené une politique axée sur la maîtrise des dépenses publiques, sur la réduction des déficits et, dans la foulée, sur l'allégement des impôts.
Les résultats de cette nouvelle politique ne se sont pas fait attendre. En 1983, les dépenses publiques représentaient encore 60% du PIB (Produit intérieur brut), dépassant de 10 points la moyenne européenne. A l'heure actuelle, elles n'excèdent guère les 50%, s'alignant ainsi sur la moyenne de l'Union européenne. Calculé d'après les normes retenues par l'Union monétaire européenne, le déficit budgétaire s'élevait, en 1996, à 2,5% (la moyenne européenne atteignant 4,5%).
La modération salariale approuvée, fin 1982, par les syndicats et le patronat, a contribué dans une mesure non négligeable au redressement de l'économie néerlandaise. Depuis 1983, l'augmentation des coûts salariaux cumulés par unité de produit est de 40% inférieure à celle enregistrée chez les partenaires européens. En 1983, les coûts du travail ne représentaient pas moins de 93% de la valeur ajoutée. Actuellement, ils ont été ramenés à 84%.
La modération salariale s'est appuyée sur l'allégement des charges décidé par le gouvernement, ce qui a permis de réduire de 13% l'écart entre les salaires bruts et les salaires nets. La diminution des charges a pu être réalisée à la suite des nombreuses coupes claires effectuées dans les budgets de la Sécurité sociale en vue d'en assurer la survie.
Ces dernières années, on constate un changement important dans la gestion des fonds publics, davantage axée sur l'investissement au détriment des dépenses de consommation. Au cours des années 80, les dépenses de l'État se sont accrues de quelque 20% alors que, dans la même période, les investissements dans le secteur public baissaient de 10%. A présent, la tendance s'est renversée. Le gouvernement entend poursuivre ses efforts en investissant de façon substantielle dans l'infrastructure du pays.