aérospatiale. Construisant des avions de 50 à 107 sièges, Fokker semblait tout à fait désigné pour s'intégrer dans DASA, elle-même constructrice d'avions de 20 à 36 places et détenant une participation de 38% dans le projet Airbus où elle collabore à la conception d'avions de taille plus importante. Au sein de DASA, Fokker était appelé à jouer un rôle de premier plan dans la conception, la production, et la vente d'avions de 65 à 130 places.
Dans ce but DASA acquit, en 1993, 78% des titres de Fokker Holding, l'État néerlandais demeurant propriétaire des 22% restants. De son côté, Fokker Holding détenait 51% des actions de Fokker, les autres 49% étant cotées en Bourse. Ainsi donc, tout en ne possédant qu'une participation de 40%, Daimler-Benz/DASA disposait quand même de la majorité des droits de vote au sein de Fokker. Par ailleurs, il était prévu que Fokker Holding ouvrirait ultérieurement son capital à d'autres constructeurs européens.
Face à des avionneurs européens, tels que le français Aérospatiale et le britannique Aerospace qui s'étaient d'ailleurs associés à l'italien Alenia au sein du consortium AIR, le couple DASA/Fokker apparaissait comme un concurrent redoutable. Il n'empêche que la stratégie mise au point par DASA et attribuant à Fokker un rôle primordial, aboutit à un échec total, dû non pas à un manque de collaboration entre Fokker et DASA mais à toute une série de facteurs externes.
Au cours des années 1993 et 1994, le marché de l'aéronautique se détériora de façon dramatique. Au même moment, de puissants constructeurs américains tels que
Boeing et
MacDonnell Douglas se lancèrent sur le créneau des avions régionaux. Fokker produisant aux Pays-Bas et gêné par un florin fort, subit de plein fouet la concurrence de constructeurs établis dans des pays appartenant à la zone dollar. Afin d'y faire face, il fallait, vu la faiblesse de la devise américaine, abaisser
de façon drastique les coûts de production. On y à procédé par étapes. Employant 13 000 salariés en 1989, Fokker n'en comptait plus que 7 800 début 1996. Par ailleurs, avec l'accord du personnel, les salaires avaient été amputés de 10%.
Cependant, toutes ces mesures n'ont été qu'un coup d'épée dans l'eau. Les pertes de la société s'élevaient à 460 millions de florins (1 500 millions de FF / 9 200 millions de FB) en 1993, à 449 millions de florins (1 496 millions de FF / 8 980 millions de FB) en 1994 et à 651 millions de florins (2 170 millions de FF / 13 020 millions de FB) au cours du premier semestre de 1995. En dépit de l'injection d'un milliard de florins (3,3 milliards de FF / 20 milliards de FB) en 1994, les fonds propres de Fokker ont fondu comme neige au soleil. Aussi l'entreprise s'est-elle vue contrainte de s'adresser conjointement à DASA et à l'État néerlandais pour leur demander une nouvelle injection d'argent frais.
Après les pertes subies au cours du premier semestre de 1995, Fokker ne pouvait poursuivre ses activités que grâce à DASA, disposée à se porter garante de lui durant les négociations engagées par Daimler-Benz et l'État néerlandais afin de trouver une solution.