Flandre notamment par son livre révélateur sur l'assassinat du communiste liégeois Julien Lahaut, par de nombreuses études consacrées à divers aspects de la vie sous l'Occupation et surtout par ses émissions sur la seconde guerre mondiale à la télévision flamande. Dans une vingtaine de chapitres succints et alertes, il nous présente un résumé scientifiquement fondé de ce que nous savons aujourd'hui sur les aspects les plus divers de la vie quotidienne dans la Belgique occupée.
L'historien flamand Guy Vanthemsche retrace l'histoire de la naissance de la sécurité sociale depuis sa mise en oeuvre jusqu'au début des années 60, période à laquelle elle a fait l'objet, pour la première fois, de mises en question. Il s'agit là d'une approche scientifique originale qui évoque pour la première fois les intentions des pères spirituels de cette sécurité sociale, le climat d'improvisation dans lequel le gouvernement Pierlot a fait discuter et adopter par le Parlement le projet d'‘une’ sécurité sociale conçue et établie pendant les années de guerre sans lui laisser beaucoup de possibilités de contradiction. Il indique comment la sécurité sociale, à vrai dire, n'a jamais été réalisée intégralement telle qu'elle avait été conçue initialement et comment le problème du financement du système a suscité les premières discussions fondamentales dès le début des années 60.
Avec
L'uranium. La Belgique et les Puissances, les chercheurs francophones Pierre Buch et Jacques Vanderlinden nous réservent le récit sans conteste le plus déconcertant. Ils racontent comment les Belges ont fait expédier par bateau vers les États-Unis, la première fois en 1942 et la dernière fois en 1960, la quasi-totalité de la production des mines d'uranium katangaises de Shinkolobwe, tout cela sans la moindre information ni écrite ni orale - même pas à huis clos -, des milieux politiques de la rue de la Loi à Bruxelles. S'il est exact que les Américains ont payé - mais pas royalement - le minerai d'uranium, ils n'ont jamais vraiment tenu leur promesse de partager avec les Belges leurs
connaissances et expériences en matière d'énergie atomique. Tout cela parce qu'au cours des derniers mois de la guerre, en 1944, le gouvernement Pierlot à Londres se montrait si pressé de regagner la Belgique que les Américains ont pu leur arracher une sorte de contrat sempiternel portant sur l'acheminement de tout l'uranium encore congolais à l'époque vers les États-Unis hormis de petites quantités vers la Grande-Bretagne. Les Belges ont respecté cet accord sans guère poser de questions - et sûrement pas à voix haute - jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus de la mine de Shinkolobwe qu'un site d'archéologie industrielle. Il s'agit là d'un récit auquel les manuels d'histoire politique de la Belgique consacrent à peine une note en bas de page. Ce volume, malheureusement, n'est pas d'une lecture facile. L'ouvrage constitue surtout la énième illustration des chemins particulièrement tortueux qu'emprunte le processus décisionnel politique.
Marc Platel
(Tr. W. Devos)